Past

- Pourquoi tu es venue à Daegu ?

Tsuyu tourna la tête et leva un sourcil interrogateur. Bae était allongée sur l'herbe à côté d'elle, et la regardait en attendant sa réponse. Cela faisait un peu plus d'un mois que Tsuyu était arrivée, et l'automne arrivait à grand pas. Bae l'avait invité à sortir pour traîner un peu en ville, et pour apprendre à se connaître. Elles avaient passé l'après-midi dans le parc, allongées côte à côte sous le soleil. Mais celui-ci commençait à descendre, tout comme la température.

Tsuyu secoua la tête et lâcha :

- Longue histoire.

Bae soupira. Parfois, Tsuyu était invivable. Elle ne savait pas énormément de choses sur elle, et la tendance de son amie à se replier sur elle-même aux moments les plus improbables ne facilitaient pas les choses.

- J'ai tout mon temps, répondit Bae en se redressant et en balayant son dos pour enlever les feuilles mortes accrochées à son pull. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je ne crois pas aux rumeurs qui passent dans le lycée.
- Qu'est-ce que tu en sais ? Peut-être que je me drogue ?
- Ce n'est pas ça.

Tsuyu soupira.

- Dans mon ancien lycée, on va dire que je n'étais pas vraiment un modèle de perfection. J'ai eu pas mal d'avertissement pour mon travail et mon comportement. Je me suis faite renvoyer après m'être battue avec un garçon.
- Tu t'es battue ? s'exclama Bae, surprise. Pourquoi ?
- Il avait une petite amie, et il était violent. Le matin, elle est arrivée avec des bleus un peu partout sur ses bras. C'était une fille sympa, et elle était super calme. Alors je me suis énervée, et dès que j'ai croisé son mec, je l'ai frappé. Et j'ai continué jusqu'à ce qu'un surveillant nous sépare.
- Oh.

Tsuyu lança un regard à son amie, silencieuse.

- Je ne sais pas si tu as bien fait de faire ça, mais... il l'a mérité.
- Je sais. Ça a poussé sa petite amie à rompre avec lui, tout le lycée a su pour son comportement, et il s'est fait exclure du lycée. Et moi avec.
- C'est injuste ! Tu as fait ce qu'il fallait !
- Parfois, les gens ne le comprennent pas, fit sagement Tsuyu.

Elle se releva, suivit de Bae qui épousseta le dos de son amie.

- Tu as des feuilles sur toi. On fait quoi maintenant ?
- Je sais pas... Je t'offre un café ?
- T'es pas obligée, bafouilla Bae.
- Tu es mon amie, répondit Tsuyu en haussant les épaules. C'est normal.
- D'accord.

Les deux filles se rendirent au café le plus proche pour se prendre des chocolats chauds. Elles déambulèrent dans les rues, et entrèrent dans quelques magasins. Elle s'arrêtèrent ensuite dans une papeterie, et Tsuyu fit la razzia des stylos gels. Bae la regarda, amusée.

- Je suis une acheteuse compulsive, ne ris pas de moi, geignit Tsuyu quand elles arrivèrent devant la caisse.
- Je n'ai rien dit, sourit son amie.

Tsuyu paya ses stylos et s'éloigna du comptoir pour les ranger dans son sac. Elle sortit du magasin, avant de se rendre compte que Bae n'était plus avec elle. Elle se retourna pour se retrouver nez à nez avec son amie. Ses joues rougirent violemment, et elle recula d'un pas.

- Tu ne m'as pas attendu, bouda Bae.
- Désolée.

Tsuyu avait l'impression que sa gorge était sèche. Elle secoua la tête.

- Je te raccompagne chez toi ? proposa-t-elle en bafouillant.
- Avec plaisir.

Tsuyu se mit en marche, perdue dans ses pensées. Elle sentit une main se glisser dans la sienne.

- Tu marches beaucoup trop vite ! se plaignit son amie en entrelaçant leurs doigts.

Tsuyu fit tout son possible pour rester naturelle, mais à l'intérieur, elle commençait à paniquer. Qu'est-ce qu'il se passe ? Elle resta silencieuse pendant tout le trajet, retournant la situation dans tous les sens, sous les yeux inquiets de Bae.

- Tu es sûre que ça va ? Tu n'est pas en train de tomber malade ?
- Ça va, sourit Tsuyu. Tu n'as pas à t'inquiéter.

Moi si. Quand Tsuyu se retrouva devant la maison de Bae, loin du centre-ville, la nuit était tombée.

- Tu peux rester à la maison si tu veux. C'est dangereux de se promener seule la nuit.
- T'inquiète Bae, personne ne va me faire du mal.

Bae fit la moue, peu rassurée. Elle ouvrit cependant son sac pour en sortir un carnet rose pastel. Elle le tendit à Tsuyu.

- Cadeau !
- Qu'est-ce que... Mais... Pourquoi ? parvint à demander Tsuyu.
- Tu es mon amie. C'est normal, sourit Bae. Je me souviens t'avoir entendu dire que le rose était ta couleur préférée.

Tsuyu serra le carnet contre elle, avant de prendre Bae dans ses bras.

- Merci, murmura-t-elle.

Elle ne se souvenait pas de la dernière fois où quelqu'un lui avait offert un cadeau. Le plus souvent, quand on lui achetait quelque chose, on attendait toujours quelque chose d'autre en retour. Mais pas aujourd'hui. Les filles se séparèrent, et Tsuyu se mit en marche, le cœur battant. Il lui fallut quelques minutes avant qu'une pensée la fasse arrêter.

Et si j'étais amoureuse d'elle ?