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Past

Sangbum jeta un regard inquiet à sa petite-amie, qui fixait son bol de céréales d'un regard vide. Il fut tenté de dire quelque chose, mais elle releva la tête et un sourire éclaira son visage.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle d'une voix douce.

Sangbum sentit son cœur se serrer, et il demanda :

- Tu es sûre que ça ira ?
- Bien sûr, assura-t-elle d'un air confiant. Je vais continuer à apprendre le français pendant que tu iras travailler. Je te ferai aussi à manger pour ce soir.

Son petit-ami hocha la tête, peu rassuré. Depuis leur arrivée à Paris, un mois auparavant, Tsuyu avait perdu son éclat. Elle continuait de sourire, mais elle était vide, et il le sentait. Elle était plus souvent dans la lune, le regard absent. Elle se répétait plusieurs fois et oubliait tout ce qu'il lui disait. Il arrivait parfois à Sangbum de voir des larmes apparaître dans ses yeux. Mais inlassablement, elle les essuyait et passait à autre chose, sans un mot.

Sangbum s'inquiétait, mais il ne savait pas comment aborder le sujet. Tsuyu avait tout abandonné derrière elle, son frère, sa meilleure amie, sa vie. Elle était encore sous le choc, et Sangbum tentait de tout son être de l'aider. Même si la tâche n'était pas facile.

Le garçon se leva et embrassa Tsuyu sur le front.

- Passe une bonne journée.
- Merci, toi aussi.

Tsuyu ne lança pas un seul regard à son petit-ami, jusqu'à ce qu'il sorte de l'appartement. Elle soupira et finit son bol, avant de le poser dans l'évier et de s'écrouler dans le fauteuil. Les larmes coulèrent de ses yeux, et elle ne tenta pas de les essuyer. Elle se haïssait. Elle haïssait sa vie, elle haïssait sa sexualité, elle haïssait tout ce qui l'avait emmené ici. Parfois, elle se surprenait même à haïr Sangbum. Et elle pleurait encore plus.

Elle savait qu'elle était pathétique. Elle ne faisait que traîner dans la maison, tandis que Sangbum allait travailler. Elle lui était redevable, et elle n'était même pas capable de payer sa dette. Elle n'arrivait même pas a apprendre le français correctement. Sangbum lui avait proposer de plonger dans la langue en sortant de l'appartement pour marcher dans les rues et tenter de dialoguer avec les gens. Mais Tsuyu était terrifiée.

Lorsqu'elle était sortie de l'appartement pour la première fois, elle et Sangbum étaient allés voir la Tour Eiffel. Tsuyu rêvait d'y aller, mais sur place, elle s'était soudain sentie oppressée. Il y avait trop de monde, des militaires, des touristes. Et si quelqu'un la reconnaissait ? Et si quelqu'un en parlait à ses parents ? Si elle les croisait par hasard ? Sa tête avait été remplie de questions, et elle avait passé tout son temps à scruter la foule autour d'elle, ou à garder la tête baissée selon les endroits.

Au début, Sangbum n'y avait pas prêté attention. C'était lorsqu'ils s'étaient arrêtés au milieu d'un pont pour admirer la Seine, qu'il avait vu Tsuyu sursauter et reculer lorsqu'un bateau était passé au-dessous. Elle avait aussitôt tourné son visage de l'autre côté, en fuyant le regard de son petit-ami. Celui-ci avait décider de la ramener à l'appartement.

Ils avaient essayé de sortir plusieurs fois après ça, visiter la ville, les monuments, mais à chaque fois, Tsuyu finissait inlassablement par prendre peur. Ils avaient donc décider qu'elle resterait à l'appartement jusqu'à ce qu'elle se sente prête à sortir. Mais pour l'instant, Tsuyu ne semblait prête à rien.

La jeune fille sortit de sa torpeur pour prendre une douche et s'habiller. Elle jeta un coup d'œil à sa trousse à maquillage, et secoua la tête. Elle n'avait même plus la force de se rendre présentable. Elle sortit un cahier, un livre de français, et se mit au travail. Elle passa toute la journée à écrire, lire, faire ses exercices. Sangbum les corrigerait à son arrivée.

A la fin de l'après-midi, Tsuyu prépara le dîner. Du riz, des haricots rouges et du poulet. C'était facile à préparer, et ne prenait pas énormément de temps. Quand Sangbum rentra, il sourit en voyant la jeune fille placer les couverts sur la table. Il l'enlaça et l'embrassa dans le cou.

- Ta journée s'est bien passée ?
- Génial, répondit simplement Tsuyu. J'ai fait mes exercices.

Sangbum les regarda, corrigea les fautes, et il s'installa à table avec Tsuyu. Ils se servirent et commencèrent à manger, lorsque Sangbum brisa le silence.

- Ça te dit d'aller au cinéma demain soir ?

Tsuyu tressaillit, mais elle répondit calmement.

- Pourquoi pas.
- Tu penses que ça ira ?
- On verra sur place.

Tsuyu sentit la main du garçon attraper la sienne.

- Tu sais que je suis là, pas vrai ?
- Oui, répondit-elle d'une voix douce en plantant son regard dans le sien. Je sais.

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