•1•

Tsuyu mit sa main en visière, éblouie par le soleil qui l'attendait hors de l'aéroport. Après avoir passé près de 14h serrée dans un avion, elle était contente d'enfin pouvoir respirer de l'air pur. Elle tira sa valise violette et la cage de son chat derrière elle, réajusta son béret et ses lunettes de soleil, puis elle monta dans le premier taxi à sa portée. Elle avait hâte de pouvoir enfin se poser, après 4 longues années loin de Séoul. Elle avait presque oublié à quel point cette ville lui manquait.

Elle donna rapidement l'adresse, puis se mit à regarder le paysage défiler à sa fenêtre, pensive. Son plan était monté et bien structuré dans sa tête. Maintenant, il ne restait plus qu'à ce qu'il fonctionne, et tout irait mieux dans le meilleur des mondes. La jeune femme repensa au message que lui avait laissé Sangbum.

Amuse-toi bien ! J'espère te revoir vite.

Elle n'aurait jamais cru qu'il goberait son histoire de camps de vacances aux Alpes. Elle lui avait raconté qu'elle irait faire des randonnées tous les jours, perfectionnerait son français... Autant de mensonges qu'il avait avalé sans difficulté, dieu seul savait pourquoi. Peut-être qu'il sentait qu'elle lui cachait quelque chose et qu'il lui faisait confiance ? De toute façon, en revenant de son voyage d'affaire, il se rendrait compte qu'elle avait tendu le bâton pour se faire battre, et il la ramènerait illico à Paris. Elle avait un mois pour faire retourner la situation en sa faveur. Peut-être deux si elle réussissait à convaincre Sangbum.

Dans quelle merde je me suis fourrée ? soupira-t-elle intérieurement. Elle regrettait presque de s'être embarquée dans cette aventure. Mais après six longs mois de préparation, elle ne pouvait pas s'arrêter si près du but. Elle soupira longuement, ennuyée. Toute cette histoire la rendait folle.

Le taxi s'arrêta devant un grand immeuble, et Tsuyu sortit de la voiture avec ses bagages et son chat. Celui-ci miaula et Tsuyu grogna :

- Oui Croissant, tu auras à manger. Si tu pouvais attendre un instant...

Elle sortit son téléphone portable pour la vingtième fois de la journée, pour vérifier de nouveau l'adresse. Elle avait bataillé pour trouver un appartement proche de son lieu de travail et qui acceptait les animaux, mais elle l'avait fait, et elle allait enfin pouvoir se reposer un peu.

La gardienne de l'immeuble, une femme d'une soixantaine d'années avec un sourire jovial, s'approcha d'elle pour lui souhaiter la bienvenue. Elle lui donna les clés d'un des appartements du dernier étage, et la conduisit jusqu'à celui-ci, sans cesser de lui poser des questions.

- Vous avez l'air épuisée, remarqua la vieille femme.
- Je suis arrivée ce matin de France, avoua Tsuyu d'une petite voix.
- Oh ! Vous êtes française ?
- Non, je suis coréenne. Je suis allée vivre à Paris, et j'ai décidé de revenir.
- Séoul vous manquait tant que ça ?
- Je suis venue retrouver quelqu'un.
- Un garçon j'imagine...

Tsuyu se mit à rougir, mais elle ne répondit rien. La gardienne la laissa devant son appartement. La jeune coréenne ouvrit la porte pour se retrouver dans une vaste salle d'un blanc immaculé, sans le moindre meuble.

- Et merde !

Elle avait oublié ce léger détail. Elle referma la porte et se pencha pour ouvrir la cage de Croissant. Le chat noir miaula et se frotta contre sa maîtresse.

- Bon ben Croissant, je crois que le repos sera pour plus tard.

Elle ouvrit sa valise pour saisir la gamelle et le paquet de croquettes qu'elle avait emmené en dépannage. Elle allait passer son après-midi à faire les courses. Que de joie en perspective. Elle versa les croquettes dans le bol, et profita de l'inattention du chat pour sortir et fermer la porte à clé.

Quand elle se retrouva hors de l'immeuble, il lui fallut plusieurs minutes pour qu'un taxi s'arrête enfin.

Peut-être que j'aurais dû louer une voiture, pensa-t-elle en entrant dans le taxi.

- Vous connaissez un Ikea pas loin ? demanda-t-elle au chauffeur, qui opina. Vous pouvez m'y emmener ?

Le taxi démarra et Tsuyu commença à faire la liste des choses qu'elle allait devoir acheter sur son téléphone. Table, chaises, fauteuils, lit, croquettes pour Croissant... Elle allait faire chauffer sa carte de crédit, mais de toute façon, elle avait largement les moyens.

Elle faillit lâcher son téléphone quand il se mit à vibrer. Elle pesta intérieurement et lut le message qui s'affichait à l'écran. Elle mordilla ses lèvres, et regarda le conducteur.

- On peut faire un détour ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top