Chapitre 53
Toute la semaine, c'était le même emploi du temps. Pire encore, Jungkook devait exercer cet emploi d'hôte à mi-temps, dès son arrivée à l'entreprise.
Il s'était courbé, pour la première et avant-dernière fois de la journée devant son patron, puisqu'il l'avait autorisé hier à procéder ainsi.
Et le même scénario s'était répété. La même énergie en début de journée, qui s'évaporait au fil des heures et des rendez-vous. Cependant, au fil des jours de la semaine, Jungkook avait eu l'autorisation de surligner, et non pas de rayer, deux entreprises qui selon Hercule, pouvait potentiellement prétendre à une collaboration.
Et en ce moment même, Jungkook était entrain d'en amener un, détestable.
_ Veuillez me suivre, je vous accompagne au bureau de Monsieur. Il lui avait dit lorsqu'il s'était présenté au bureau de Yoongi, seul bizarrement, Yuna ne l'avait pas accompagné.
_ Vous êtes qui vous ? Il le regarda de haut en bas.
Yoongi haussa les sourcils à son ton condescendant, et échangea un regard outré avec Jungkook, qui voulait tout dire.
_ Toutes mes excuses. Le stagiaire se contraigna à dire. J'aurai dû me présenter : Jeon Jungkook, assistant personnel de Kim Taehyung.
_ À ton âge ?
Il était encore hargneux, et un peu réaliste aussi. Le brun répliqua, un peu agacé.
_ Oui, Monsieur, à mon âge.
_ Tu as quel âge ? Il était passé du vouvoiement au tutoiement hyper rapidement, aussi bien que son respect pour le plus jeune était existant.
Jungkook expira, serra même la mâchoire de frustration de ne pas pouvoir le remettre à sa place, sous l'oeil compréhensif du secrétaire qui rêvait de la même chose.
_ Sauf votre respect, ça ne vous regarde pas.
Le vieil homme écarquilla les yeux, fit une grimace outrée, puis répliqua.
_ Tu es bien audacieux. Je ne pense pas que ton supérieur accepterait ton impertinence.
_ Il n'a pas à se plaindre de mon comportement, avec lui.
Jungkook lui tenait tête, et bien qu'il était un invité, il était hors de question qu'il se laisse marcher dessus.
Monsieur Park allait très certainement répliquer, mais un certain noiraud voulu mettre fin à leur conflit.
_ Ce n'est pas convenable de faire attendre Monsieur Kim. Si vous voulez bien suivre Monsieur Jeon sans faire plus d'histoires, merci. Yoongi avait dit poliment, mais son ton était clairement énervé.
_ Monsieur Park, de l'entreprise Pictures. Jungkook amena le représentant au bureau son supérieur, essayant de ne pas cracher sur son nom.
Un vieil homme qui n'était pas fort aimable, d'après ce qu'il venait d'échanger avec lui.
Puis, il voulu rejoindre sa table, prévoyant évidemment d'écouter leur conversation qui allait être pour le moins explosive. Cependant, le vieillard ne semblait pas en avoir fini avec lui. En fait, c'était à peine s'il avait commencé.
_ Tiens avant de t'asseoir, utilises toute ta fougue pour me ramener un café, Jeon.
De sa voix chevrotante, il avait annoncé dans la salle en s'asseyant sur la chaise face au bureau. Et ce que le brunet ne pouvait pas remettre en cause, c'était que le viel homme avait bonne mémoire.
Taehyung fronça les sourcils en entendant sa demande, mais aussi ce qu'il sous-entendait. Il jeta un regard à Jungkook qui le lui rendit un peu énervé, et rien que tout ça lui fit comprendre qu'il devait avoir eu une petite conversation avant.
Jungkook se dirigea donc vers la cuisine aménagée du bureau, laissant la porte ouverte pour ne pas louper une miette de conversation.
_ Vous êtes donc Kim Taehyung.
_ En personne.
_ Vous êtes bien jeune.
Jungkook roula des yeux au ciel. A croire que ce gorille n'avait que ça à la bouche. Il n'attendait plus qu'il lui demande son âge, aussi. Tiens d'ailleurs, cela lui fit prendre conscience qu'il ne le connaissait pas non plus. Et qu'il serait curieux de le savoir.
_ Sans être indiscret, combien d'années possedez-vous ?
Le stagiaire se rapprocha de la porte, tendant l'oreille et retenant sa respiration.
_ Assez pour être à la tête d'une entreprise mondialement reconnue et devant la vôtre, Monsieur Park.
Jungkook retint un sourire fier.
Bien envoyé, Monsieur.
_ Je ne vous demanderais pas le vôtre, pas seulement parce que ça ne m'intéresse pas, mais par pure politesse, je ne voudrais pas vous mettre mal à l'aise.
Le brunet était agréablement choqué.
Le blond avait enchaîné cela face à un aîné, et bien qu'il faisait croire à des paroles respectueuses, sa réponse était rabaissante.
Peut-être, que juste un peu, Jungkoon sentait son cœur battre d'admiration.
_ Je vois que votre assistant tient de vous. Le vieillard répliqua.
_ En effet. Le blond lui assura, d'un ton confiant et fier. Mais nous ne sommes pas là pour parler de ces choses. Qu'avez-vous à me proposer ?
Jungkook récupéra le plateau sur lequel il disposa le café, et pensa même à en préparer un pour le blond, pensant qu'il en aurait bien besoin lors de cet échange.
Des cafés noirs, sans sucres bien évidemment, à l'image des deux fortes têtes qui se battaient en un duel générationnel derrière leurs sourires factices.
Il retourna dans la salle principale, son visage neutre prétextant aucune attention à ce qu'ils se disaient, puis déposa les boissons sur le bureau.
_ Merci, Jungkook. Taehyung lui adressa un regard et un sourire reconnaissant, pour l'attention.
De toutes façons, il jetterai le café dans l'évier après.
Le brunet alla s'asseoir, prit un stylo en main, et se mit à dessiner dans le coin d'une feuille, dans le but évidemment d'avoir un support pour entendre la suite.
_ Mon entreprise est une fondatrice du mouvement des réalisateurs en Corée. De ce fait, j'ai plus d'expérience, de ressources, et nous avons déjà réalisé de grandes vidéos. Si je suis là, aujourd'hui, ce serait pour vous léguer du bon matériel, en échange d'un peu de publicité.
_ Je n'ai pas besoin de matériel. Et j'ajouterais même que cette collaboration ne changera pas le fait que nous sommes en concurrence.
_ Cette proposition fera pourtant accroître votre entreprise, Hercule.
Il avait nommé par son surnom dans le milieu, d'un ton faussement admiratif.
_ Je sais m'en charger seul, merci.
Les deux continuaient cette discussion en apparence relative aux affaires, mais il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle était bourrée de critiques et de reproches.
_ En êtes-vous sûr ? Ou n'est-ce plutôt pas votre père qui vous a mit à la tête du fruit de son travail, comme l'on donnerait un château fort en jouet à son enfant ?
Jungkook releva la tête, parce qu'il voulait véritablement voir le visage du blond à ses mots.
Il le vannait encore sur son jeune âge, et à ce niveau-là, peut-être était-ce de la jalousie.
Et contrairement à ce qu'il pensait, le fait qu'il sous-entende que la société en était arrivé là grâce au grand homme qu'était Zeus, n'énerva pas le concerné.
Il ne tiqua même pas. Ou plutôt, si, un sourire amusé déforma ses traits durs.
C'était une expression mauvaise.
_ Si vous étiez correctement renseigné, vous sauriez que mon père n'est pas dans notre secteur. De même qu'il est normal que vous ayez ce doute, mais mon père m'a simplement léguer l'endroit, qui n'était qu'un bâtiment abandonné à l'origine. Si Hercule est à ce niveau aujourd'hui, c'est uniquement grâce à mes actions et mes directives.
Il se défendait simplement, calmement par des mots véridiques. Alors qu'il aurait pu simplement le mettre dehors lorsqu'il avait commencé ses provocations, il voulait lui répondre.
Et ça n'étonna pas Jungkook.
_ Vous êtes bien ambitieux.
_ Il le faut.
L'ambiance dans la salle était évidemment tendu, et le brunet en avait marre d'entendre des conneries. Il faut dire que Kim Taehyung se débrouillait pas mal pour le remettre à sa place, mais que sa position ne lui permettait pas la violence des mots.
Il était important, et avait une grande influence dans l'industrie de la réalisation et de la production.
Jetant un regard à l'heure, il constata qu'ils se rapprochaient d'un autre rendez-vous, et qu'il était évident que Taehyung ne choisirait pas de travailler avec cette entreprise.
Alors, il pouvait le jeter.
Pas lui précisément, parce qu'il n'en avait pas le droit, tout comme le blond lui avait interdit d'intervenir. Cependant, ça restait très frustrant, et Jungkook était beaucoup moins patron que son patron - déjà qu'il ne l'était pas beaucoup-. Mais avant tout, il était rancunier. Il se ferait un plaisir de lui apprendre sa fougue, comme il l'avait dit.
_ Je reconnais que vous avez du talent, malgré votre jeune âge. C'est bien dommage, de le gâcher la constitution d'une garderie, que dis-je, d'une crèche.
Il faisait encore clairement référence aux employés jeunes qu'il avait sélectionné. Monsieur Park s'était fait accueillir par quatre personnes, et toutes étaient assez jeunes. Il ne fallait pas mentir, une grande partie des employés l'étaient.
Vanne de trop.
_ Rien ne vous oblige à rester ici. Il paraît évident, au vu des classements, que Monsieur Kim n'a aucunement besoin de votre aide pour monter encore plus haut.
Les deux en plein débat - dispute- se regardèrent dans le blanc des yeux, avant de comprendre que cette voix n'appartenait à aucun de l'un ou l'autre.
Ils tournèrent leurs têtes vers ma source de cette voix, un peu prétentieuse certes. L'invité s'offusca, tandis que l'invité de ses lieux n'avait toujours pas réalisé que son assitant prenait sa défense.
_ Je ne crois pas que tu sois en position de parler, dois-je rappeler ton âge et ta position ?
_ Non, merci. Mais je me ferais une joie de vous raccompagner à la sortie. Avec un sourire fier, bien sûr.
Monsieur Park écarquilla les yeux, puis se releva brusquement, se dirigeant vers la table de l'assistant, qui se releva aussitôt pour lui faire face.
_ Tu te prends pour qui ?
_ Pour personne d'autre que moi-même monsieur. Je n'ai aucune raison de prétendre vouloir être quelqu'un d'autre, moi. Votre mépris pour notre jeunesse et la réussite de Hercule, ne sont pas justement une forme de jalousie cachée, et des choses dont vous rêvez d'être ?
Le plus âgé craqua. Il passa la limite verbale, puisque sa main vint attraper son col de chemise et rapprocher sa tête de la sienne une tentative d'intimidation. Si bien que Jungkook pouvait sentir son souffle sur son visage, et voir toutes les rides de sa peau.
_ Tu es qui pour me parler comme ça ?? Tu n'es qu'un gamin ! Tu es à peine majeur.
Il lui avait crié au visage. Mais ce ne fût apparemment pas assez pour le brunet qui répliqua.
_ Vous radotez, Monsieur. Il lui ricana au nez, yeux dans les yeux, ne se méfiant pas de la main sur col qui déformait sa chemise.
_ Jungkook, ça suffit.
Suite à sa voix en colère qui venait de s'imposer dans la pièce, le viel homme retira sa main, et se recula, en un sursaut.
Le brun releva les yeux vers ceux du blond, autoritaire, et se retint de soupirer.
C'était injuste.
_ Vous devriez le remettre en place plus souvent. Le vieillard semblait satisfait.
_ Je n'ai pas besoin de vos conseils, disparaissez.
Hercule semblait vraiment en colère pour le coup. Il s'était levé de son fauteuil et ses yeux semblaient lancer des éclairs.
Jungkook eu presque envie de suivre le vieillard, pour ne pas rester seul avec lui.
Mais ça arriva.
Il baissa la tête, en entendant ses pas se rapprocher, jusqu'à qu'ils arrivent dans son champ de vision.
_ Regardes-moi. Il ordonna.
Ce que Jungkook fit, après avoir déglutit.
_ Je ne t'avais pas dit de ne pas intervenir ?
_ Il l'a cherché, Monsieur.
Les deux échangèrent un regard intense, ils étaient vraiment proches maintenant. Et le fait d'avoir eu un vieux gorille en comparaison si près de son visage, ne faisait que rendre le beauté de Kim Taehyung plus irréelle.
En tout cas, Jungkook se fit cette réflexion.
_ Tu n'interviens plus. Qu'importe ce qu'il a pu te dire avant, ou comment il se comporte avec moi, je n'ai pas besoin de ton aide. On ne doit pas avoir de problèmes avec les autres entreprises, d'autant plus que cet homme est reconnu et a beaucoup de relations. Compris ?
Il était encore plus beau énervé, une autre réflexion que le brun ne réussit pas à dissimuler.
Mais il hocha la tête, les sourcils froncés. Ça ne lui plaisait pas.
_ Est-ce bien clair, Jungkook ?
Il redemanda, quemandant une réponse orale.
_ Oui, monsieur.
Il répondit avec un volume sonore assez fort, voulant lui faire comprendre qu'il avait comprit, et qu'en l'occurence, le blond devrait rapidement s'éloigner de lui.
_ Bien. En remettant son col déformé par la poigne de l'homme qui avait osé déposer sa main sur lui, il sourit, satisfait, tandis que le grondé baissa le regard.
Ou peut-être était-ce un sourire reconnaissant, malgré sa raison qui venait de lui dicter ses ordres.
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