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Même s'il est très jouissif d'avoir raison, il existe des situations où l'on voudrait volontiers s'être trompé. Des situations dont le dénouement est si catastrophique qu'on voudrait le changer en faveur d'une fin heureuse que le début ne présageait pourtant pas.

Quand Ava lui avait parlé de sa relation avec cet Anthony Escott, Leiah l'avait vu d'un très mauvais œil, et cela, avant même de l'avoir rencontré. Elle n'avait pas manqué de le signifier à sa cadette qui avait choisi d'ignorer sa mise en garde pour poursuivre tête baissée son idylle avec son prince.

Si pour une fois en vingt-trois ans, Ava Rodrigo avait pris en compte un avis extérieur, Leiah ne serait pas assise dans un commissariat à répondre à des questions de policiers le jour de l'An.

— Bien, vous allez tout reprendre depuis le début, cette fois en n'omettant aucun détail, conseilla l'un des officiers chargés de prendre sa déposition.

Leiah se pencha en avant, les coudes en appui sur la table. Elle jeta un coup d'œil à l'assistance pendue à ses lèvres. Cela ne faisait que trente minutes que Leiah était confinée dans cette petite pièce à peine aussi grande que la minuscule chambre de son appartement, mais elle avait l'impression d'être assise là depuis une éternité. Le temps peut vraiment paraître long quand tout ce qu'on peut faire, c'est rester assis sur une chaise à relater des faits qu'on souhaiterait ne pas avoir vécu. Des faits que la jeune femme, après une inspiration, se remit à conter.

« La première fois que j'ai entendu parler de Tony, c'était il y a à peu près un an, à un dîner de famille organisé par mes parents. Ava était en retard. Cela ne lui ressemblait pas. Elle a beaucoup de défauts, mais le retard n'en fait pas partie. Nous avons tous été surpris. Quand je dis nous, je veux dire mes parents José et Elena, ma fille Iris et moi. Ava est arrivée à vingt et une heures, exactement deux heures après ce qui était convenu.

J'étais dans la cuisine, occupée à réchauffer les plats, quand je l'ai vu sortir d'une superbe voiture de sport rouge. Une de ces voitures à douze millions de dollars que son petit ami Vince Rogers chauffeur routier, ne pourrait jamais s'offrir. Ce qu'elle me confirma à la fin de la soirée en me parlant de ce nouveau mec qu'elle avait rencontré sur Instagram.»

— Tu le verrais que tu en tomberais amoureuse. Il est super canon en plus d'être plein aux as, commenta Ava en remuant lentement sa tasse de café.

Leiah tira une bouffée de sa cigarette, adossée contre l'évier de cuisine.

Les Rodrigo étaient divisés en deux camps. Ceux qui prenaient un café après dîner et ceux qui préféraient, à la place, allumer un bâton de cigarette. Deux comportements qui traduisaient la différence de personnalité des deux sœurs.

— Et Vince ? Demanda Leiah en expulsant la fumée de sa cigarette.

Ava leva le sourcil.

— Quoi, Vince ?

— Qu'est-ce qu'il devient dans tout ça ?

— Relax, je ne compte pas le jeter. En tout cas, pas pour le moment, ajouta Ava à mi-voix.

Leiah soupira.

— Je te connais, Ava. Déjà, gamine, tu mettais de côté tes anciens jouets quand tu en recevais de nouveaux.

— Comme tu peux le constater, je ne suis plus une gamine.

Leiah voulut objecter, mais se ravisa. Il était inutile de toute façon. Car une fois qu'Ava prenait une décision, aussi mauvaise fut-elle, rien ni personne ne pouvait la faire reculer.

— Et quand aurais-je la chance de rencontrer ce Tony dont je risque de tomber amoureuse ? demanda-t-elle finalement.

Ava sourit.

— Bientôt. Mais tu auras intérêt à bien te tenir.

— Je ne te promets rien s'il est brun. Tu me connais ceux-là, j'y résiste difficilement.

— Je t'aurai à l'œil.

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