One Month Of Love (3)
— Hey, je n'ai pas l'habitude de m'incruster au concert d'anciens amis, mais aujourd'hui, c'est un peu un jour spécial pour moi et je voudrais jouer un morceau de Her Majesty pour une personne qui me tient beaucoup à cœur, Déborah, cette chanson est pour toi.
Je commence alors à jouer les accords de First Date, même si en temps normal, je ne la joue pas sans le groupe. Surtout que ce n'est pas moi la compositrice, mais c'est une situation exceptionnelle et j'ai demandé l'autorisation de Dean pour ça de toute manière. En plus, cette musique n'est peut-être pas celle qui a le plus de signification à nos yeux, mais c'est l'une de celle que j'associe à nos meilleurs moments et qui nous représente le mieux. Et il faut bien avouer qu'elle est juste magnifique.
Je commence à entonner les paroles, mais je les prends directement au deuxième couplet, celui qui nous ressemble le plus, puis j'enchaîne sur le refrain et conclus par la fin émouvante qui m'a toujours beaucoup touché et ça depuis le début. Sur la dernière note, tout le monde m'applaudit et je vois Déborah complètement hypnotisée et fascinée par moi, la plus belle des récompenses et de très loin, c'est exceptionnel de voir des paillettes briller sur ses yeux et son sourire s'élargir un peu plus à chaque instant.
— Merci, merci beaucoup Brinsley Schwarz, je vous adore, vous êtes fantastique, vraiment, je suis sérieuse, remercié-je avant de redescendre de scène avec mon violon.
— Tu es complètement folle ! s'exclame Déborah quand je me rassois à notre table tandis qu'en fond, le groupe annonce la prochaine musique qui n'est autre que Love Song celle que j'ai « demandé ».
— Si j'étais vraiment folle, je t'inviterais à danser là maintenant. Exactement comme ça, ajouté-je en me levant de nouveau et en lui tendant la main. M'accorderiez-vous cette danse ?
Elle me regarde en ne paraissant pas en revenir, complètement étonnée par mon geste. Mais elle se lève à son tour et prend ma main. Autour, quelques personnes nous surveillent encore, mais très peu et nous ne faisons même pas vraiment tache puisque d'autres couples se sont également levés. Et quoi qu'il en soit, quand bien même nous nous ferions vraiment remarquer, je n'en aurai un peu rien à faire. Je vais juste danser avec Déborah, même si ce ne sera pas du grand art, même s'il n'y a pas beaucoup de place, ça n'a aucune importance. Bon, ce n'est pas très pratique, il n'y a vraiment pas de place, nous ne pouvons que faire quelques pas et les répéter jusqu'à la fin de la musique, mais c'est quand même génial et nous nous éclatons.
C'est définitivement super marrant de danser, même quand ce n'est pas en freestyle complet. Nous finissons même en fou rire, n'en pouvant plus de nous, mais heureuse. Cette journée sera la meilleure que nous avons passée ensemble ou peut-être la meilleure de l'année, je ne sais pas trop, mais ce qui est sûr, c'est que c'est la meilleure de quelque chose, aucun doute là-dessus. Nous nous effondrons presque sur nos chaises à la fin, à la fois essoufflées et heureuses.
— Comme ça, j'aurai eu une dernière danse avec toi, affirmé-je en souriant toujours plus.
— Qui te dit que c'était la dernière ? remarque-t-elle énigmatique. Peut-être que moi aussi j'ai prévu quelque chose.
Bonne perspective franchement.
Nous finissons d'écouter le concert, puis nous sortons. Nous marchons alors de nouveau dans les rues éclairées par les lampadaires pour aller dans la dernière destination de la journée avant de reprendre la voiture et de rentrer.
— Qu'est-ce que tu me réserves encore ? demande-t-elle en commençant à comprendre que ce n'est pas le bon chemin pour retourner à la voiture.
— Une surprise bien sûr, mais tu vas voir, tu vas reconnaître.
Nous continuons notre chemin jusqu'à arriver dans un parc. Déborah me regarde alors bizarrement, n'ayant pas encore deviné où nous allons. Nous sommes dans le noir en plus vu que le parc lui n'est pas éclairé contrairement aux rues... Heureusement que je connais le chemin... Du moins, je pensais le connaître, puisque là, je ne suis plus aussi sûre de moi, nous devrions déjà être arrivés...
— C'est malin, je nous ai perdues... On va se retrouver à passer une nuit à la belle étoile, soupiré-je pour rire même si je prends un ton très sérieux ou presque.
Même dans le noir, je sens ses yeux indignés sur moi.
— Tu n'aurais pas pu prendre une lampe torche par exemple ?! s'énerve-t-elle presque.
— C'est bon, je rigole, je vois notre destination. Et de toute façon, le parc est petit, on trouvera vite la sortie.
— J'espère bien, rigole-t-elle, au pire, moi je m'en sortirais alors tout va bien. Oh ! On est là ! s'exclame-t-elle en reconnaissant le planétarium.
— Oui et cette fois, on ne devrait pas être dérangées, remarqué-je en repensant à la dernière fois où nous étions tombées sur mon ancien patron.
— C'est sûr, on est en pleine nuit, à la limite il y aura des femmes de ménage et encore ! s'amuse-t-elle tandis que je sors mes clefs pour ouvrir la porte.
Je nous fais rentrer dans le bâtiment et cette fois, nous allumons les lumières, tant pis pour la discrétion, mais il n'y a rien d'autre pour nous éclairer, de toute manière, personne ne verra rien. Nous retournons alors à l'observatoire et cette fois, je peux lui montrer tout le ciel étoilé, lui parler des constellations, de leur histoire, ce qui rend le moment magique tout comme cette journée.
♚
Le lendemain, le réveil n'est pas réellement dur, mais ni elle ni moi ne voulons bouger du lit même si nous savons très bien qu'il va bien falloir faire quelque chose à un moment ou un autre. Mais nous savons aussi très bien ce que ça implique de se lever et de quitter les bras de l'une et de l'autre pour une dernière fois, pour la toute dernière fois. Et nous ne sommes pas vraiment prêtes, même si ça va bien être obligatoire que ça arrive à un moment ou un autre puisque nos adieux sont dans très exactement deux heures...
Nous n'avons peut-être presque pas dormi de la nuit, mais il nous reste encore tant de choses a nous dire, tant de moments à vivre, tant d'instants à savourer... Et c'est déjà fini ou presque... Je ne veux pas que ça arrive, je n'ai vraiment pas envie de lui dire en revoir, c'est bien la dernière chose que je veux lui dire. J'y suis préparée évidemment, ça fait deux semaines que j'en ai pris conscience et que je m'y prépare mentalement. Mais ça ne rend pas la perspective simple, encore moins agréable et ça ne réduit sûrement pas la peine que je vais ressentir... Pour me réconforter, je me répète qu'au moins, nous avons la chance de savoir exactement quand est-ce que nous allons nous perdre l'une l'autre, c'est un privilège que nous avons, nous ne pouvons pas vraiment nous plaindre, surtout que nous avons pu profiter à fond de nos derniers jours, et ça, c'est juste énorme.
Nous finissons par nous motivés à nous lever quand même, il faut bien que nous bougions. Bon, en soi, nous pourrions rester ici à attendre, parce qu'elle peut très bien partir en restant allonger dans mes bras. Mais ce n'est quand même pas l'idéal et Déborah tient à dire adieu à Warren aussi, ce que je comprends. En plus, c'est mieux que nous soyons debout, au moins, ça nous permet de faire quelques dernières choses même si nous n'avons plus beaucoup de temps.
Une fois debout, nous nous habillons et nous descendons prendre un petit déjeuner, même si nous passons plus de temps à parler qu'à manger. Le mieux, c'est que l'ambiance n'est même pas triste, presque au contraire, je pense qu'il nous reste encore beaucoup de joie de vivre d'hier, c'est sans doute mieux comme ça. Je pense que ni elle ni moi ne voulons avoir pour dernier souvenir de l'autre une personne triste alors qu'en réalité, nous sommes tout le contraire et que nous sommes presque toujours heureuses.
Après quoi, nous nous posons un peu dans le canapé en écoutant un peu de musique pendant que nous parlons de tout ce que nous voulons que l'autre sache, tous les moindres détails possiblement importants. Dix minutes avant dix heures, elle me donne de derniers conseils par rapport au futur, ils sont pour la plupart assez étranges, voire incompréhensibles, mais j'en prends note quand même, après tout, elle est beaucoup plus au courant que moi à ce sujet-là. Puis une fois que tout est dit, nous sortons rejoindre mon frère pour les adieux. Ils sont sans doute moins déchirants que ceux qu'il y aura entre Déborah et moi, mais je commence déjà à avoir les larmes aux yeux, mon jumeau lui pleure très franchement et je vois aussi Déborah s'essuyer les yeux.
Je n'ai vraiment pas envie qu'il soit dix heures, mais alors vraiment, vraiment pas, je n'ai qu'une envie, c'est d'arrêter le temps, peut-être juste pour une journée, ce serait déjà énorme et surtout exceptionnel. Mais je n'ai pas ce pouvoir et le moment fatidique est dans moins de cinq minutes...
— Il faut qu'on y aille, Débrah... remarqué-je tandis qu'elle serre Warren une dernière fois dans ses bras en riant et en pleurant à la fois.
Elle acquiesce et dit une dernière fois en revoir à Warren avant que nous retournions dehors une nouvelle fois. Nous allons alors ensemble main dans la main jusqu'au premier virage et cette fois-ci, c'est l'heure de nos adieux... Je crois que c'est foutu pour que notre dernier moment ensemble se fasse sans larme, nous sommes déjà en train de pleurer sans avoir dit le moindre mot...
— C'est le moment... finis-je par murmurer à son oreille en la prenant dans mes bras et en la serrant le plus fort possible pour tenter de la rendre la plus réelle possible.
Je ne pourrais jamais vivre avec elle, mais au moins, elle a vraiment été là, j'ai pu la connaître, j'ai pu l'aimer, je peux la prendre dans mes bras, l'embrasser. Elle est vraiment là et elle existe, ce n'est pas une illusion, ce n'est pas non plus un rêve, elle est de chair et d'os. Un jour, elle existera et je l'aimerai toujours autant, quoi qu'il arrive...
— Je t'aime, chuchote-t-elle comme si elle avait peur que quelqu'un d'autre entende ces mots qui me sont dédiés. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, ne l'oublie jamais parce que moi, je suis folle de toi. Vis ta vie sans moi, surtout ne m'attends pas, tu mérites de trouver quelqu'un, même si ce quelqu'un n'est pas moi. Et profites-en, tu es un don du ciel et tu ne dois pas le gâcher.
— Moi aussi je t'aime et ça ne change pas, même si tu me vois avec d'autres filles, tu auras toujours une place dans mon cœur, que tu le veuilles ou non. Et toi aussi tu as intérêt à vivre ta meilleure vie et d'en profiter à fond, personne ne le fera pour toi et ne me regrette surtout pas, ce serait une erreur d'être déçue de ce qui nous est arrivé, c'était parfait et c'est tout ce qui compte. Je t'aime, ajouté-je en l'embrassant une dernière fois, savourant une dernière fois ses lèvres contre les miennes et son visage entre mes mains.
Elle finit par s'éloigner un peu de moi, le front toujours collé au mien. Je regarde ma montre, plus que vingt secondes.
— Il faut que tu y ailles, annoncé-je.
Elle pose de nouveau ses lèvres contre les miennes, juste le temps de quelques secondes et s'éloigne. Je me retourne alors pour ne pas la voir partir et pour ne pas courir le risque de la voir disparaître de la réalité et de ma mémoire. Je surveille l'heure attentivement et une fois que je suis certaine qu'elle est partie, quand je regarde de nouveau, elle a définitivement disparu...
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