Now Remined Me (2)

De retour dans les vestiaires, nous remettons une tenue plus classique, du moins pour ceux qui ont voulu mettre une tenue de scène, en silence, mais je sens que je ne vais plus tarder à avoir un commentaire sur mon comportement, j'ai franchement merdé pendant ce concert.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé tout à l'heure, Terrie ? m'interroge Dean, me confirmant qu'ils ont tous très bien remarqué que j'étais bizarre et que je n'ai pas agi comme j'aurai dû.

— J'ai cru voir quelqu'un que je connaissais quand j'étais enfant, affirmé-je n'osant pas aborder le sujet de l'amie imaginaire, je me doute bien que ça ne peut pas être ça puisque je ne suis pas la seule à l'avoir vu.

— Quelqu'un qu'on connaissait ? s'inquiète Warren, semblant plus effrayé pour moi qu'autre chose.

Normal, ce n'est pas à cause de lui que nous devons maintenir le secret autour de notre enfance et de nos identités.

— Oui, mais ce n'est pas ça, j'en suis certaine.

— Tu es vraiment sûre ? vérifie Ruth comprenant aussi bien que mon jumeau les problèmes que ça pourrait entraîner.

— Absolument. Allez, venez, on va manger maintenant, j'ai faim, affirmé-je en tenant absolument à ne plus y penser.

Nous regagnons donc la salle de concert où sont disposées plusieurs tables pour les repas le long des murs. Maintenant que la salle est de nouveau quasiment vide, ça semble étrange que notre concert se soit tenu là quelques minutes plus tôt. Normalement, il ne devrait rester qu'Ann dans la salle, c'est la seule qui devrait y être sachant que nos spectateurs d'un soir sont ressortis, pourtant, l'inconnue est toujours là, dans le coin opposé. Je ne sais pas du tout ce qu'elle fait encore là et j'ai très sérieusement peur de le savoir. Sans compter qu'elle semble presque se cacher, comme si elle ne voulait pas être remarquée.

J'ai vraiment envie de me poser à une table tranquillement avec mes amis, mais je veux aussi savoir d'où je connais cette fille. Je veux comprendre ce qu'il se passe. Je n'aime pas les mystères, ils m'énervent. Alors déraisonnablement, je dis au groupe que je reviens dans deux secondes et qu'ils n'ont qu'à s'installer, tandis que je vais voir la métisse.

— Salut, nous nous sommes déjà vus, non ? lui demandé-je quand j'arrive à ses côtés.

Elle me regarde étonner, comme si c'était inconcevable pour elle que je lui parle.

— Je... Euh... Peut-être... hésite-t-elle en paraissant complètement perdue.

— Peut-être ? C'est vraiment une réponse ? rigolé-je tout naturellement.

— Désolée... J'ai peut-être déjà assisté à un concert de Her Majesty ou de Look...

Maintenant qu'elle parle un peu plus, j'entends un léger accent français. En plus de son visage, sa voix aussi me dit quelque chose, mais je ne sais toujours pas d'où. C'est épatant, je suis presque certaine de son nom, mais je n'ai aucune idée d'où je la connais. Elle est tout de même assez étrange comme fille, elle ne paraît pas sûre de ce qu'elle dit du tout. J'ai presque envie d'en rire, mais ça ne se fait pas.

— Ça va ? m'inquiété-je.

— Oui, oui, je suis juste un peu... perdue ?

— Tu n'aurais pas déjà été aux Kiribati par hasard ? l'interrogé-je cherchant vraiment à comprendre.

— Absolument pas, affirme-t-elle pour la première fois certaine de ce qu'elle dit

OK, mon cerveau m'a dupée et a falsifié mes souvenirs. Du coup, je ne sais toujours pas d'où je la connais et j'ai presque l'air d'une idiote. Bien sûr qu'elle n'a jamais été aux Kiribati, il n'y a jamais de touristes là-bas, il n'y a jamais personnes d'ailleurs. Je ne suis même pas sûre que cette fille sache placer le pays sur une carte, encore moins mon île natale.

— Bon Terrie, tu viens manger ? J'ai faim, moi ! s'exclame Leroy n'étant toujours pas patient quand il est question de nourriture. Si tu veux parler avec ton amie plus longtemps, elle n'a qu'à venir à table avec nous.

Quel ventre sur patte ce mec. Mais sa réflexion n'est pas complètement idiote, ce n'est pas la première fois qu'un ou une fan mange à la même table que nous, Leroy et Warren en ont déjà invité, ce n'est pas trois petits albums qui vont changer le monde ou la façon dont les gens nous voient.

— C'est vrai, si tu veux venir à la même table que nous, ça ne me gêne pas. Sauf si tu ne veux pas manger bien sûr, fais comme tu veux, affirmé-je en ne voulant pas être impolie ou insistante en lui demandant ça.

Ses yeux se mettent alors à pétiller, comme si je lui avais proposé le saint Graal, et elle hoche la tête très fort, comme si elle avait peur que je ne voie pas sa réponse. Elle est vraiment étrange cette fille.

Je rejoins mes amis et elle me suit presque sautillante sur les quelques mètres. Je m'installe à côté d'Ann, tandis qu'elle se met en face, à la dernière place logique et disponible, elle sort alors un petit bonjour hésitant.

— Comment t'appelles-tu ? demande Warren suspicieux, depuis la place à la droite de la jeune femme, connaissant toutes mes amies, ce n'est pas étonnant qu'il l'interroge, il doit se douter que je ne la connais pas réellement.

La pauvre, elle va sans doute subir un interrogatoire en règle et je vais sans doute en profiter pour apprendre discrètement d'où je la connais, ça m'énerve vraiment de ne pas savoir.

— Déborah...

J'avais raison ! Je ne sais pas par quel moyen, mais j'avais raison, je connaissais donc son nom, épatant. Bon, je pensais qu'elle s'appelait Débrah, mais ça peut très bien être un surnom.

— Tu vis à Londres ou tu es en vacances ? continue mon frère, sachant très bien que je ne lui ai jamais parlé d'une Déborah, maintenant, il doit la prendre pour une journaliste, lui qui les a en horreur.

Ou alors il soupçonne que c'était mon centre d'attention lors du concert et il veut comprendre ce qu'il s'est passé. Ce que je comprends très bien aussi. J'aimerais d'ailleurs tout autant avoir des réponses, même si je ne suis pas sûre d'en obtenir.

— Je ne suis que de passage...

— Tu fais quoi comme métier ?

— Je ne travaille pas... je suis étudiante en droit.

— Et tu as quel âge ?

— Vingt et un ans, depuis quelques jours.

— Tu es Sagittaire ?

Elle le regarde sans comprendre, je crois que nos fans ne comprendront jamais notre fascination générale pour les signes astrologiques.

— Oui, rigole-t-elle ne semblant pas convaincue. En quelque sorte.

Je n'ai jamais vu quelqu'un réagir ainsi, encore un point étrange, que mon frère semble décider d'ignorer. Il continue de l'interroger un moment, lui demandant d'où elle vient, ce qu'elle fait là, il lui demande même ce qu'elle a comme passion, si elle joue de la musique et bien d'autres choses.

Rapidement, j'écoute encore leur « conversation » – qui s'apparente plutôt à un interrogatoire –, mais je discute aussi avec Ann et Ruth, je n'ai pas de raisons de rester bêtement captivée par leur discussion, sinon je vais devenir malsaine. Et nous sommes tous contents quand notre repas arrive après que nous ayons passé commande. Nous continuons de parler, à droite, à gauche, tout en mangeant. Je remarque juste, du coin de l'œil, que Déborah est fascinée par le monologue de Warren, depuis qu'il a appris qu'elle est pianiste, je comprends d'ailleurs plutôt bien son envoûtement, même si mon jumeau n'a que vingt-trois ans, il a une culture musicale et une passion dans ce qu'il dit assez épatant, je ne sais même pas d'où il la sort, pourtant, j'ai grandi avec lui. Heureusement pour moi – surtout si je ne veux pas partir trop tard –, mon jumeau n'est pas lancé sur le sujet de la littérature, je devrais réussir à l'arracher de sa conversation à la fin de la soirée.

Une fois le dîner terminé, nous récupérons nos instruments sur la scène et nous payions chacun notre addition avant de sortir du bar pour rentrer chacun de notre côté. Au moment de se dire en revoir, Warren demande à Déborah dans quel hôtel elle est – ils ont vraisemblablement bien sympathisé durant le repas, honnêtement, si mon frère n'était pas complètement gay, je pourrais même croire qu'il la drague. Quand elle répond qu'elle est au Royal Horseguards, je suis carrément étonnée, c'est un hôtel cinq étoiles, je n'aurais jamais parié sur le fait que des de leurs clients venant dans un pub comme celui-ci, il n'est pas miteux, mais ce n'est pas le grand luxe non plus.

— Ça fait une trotte à pied, remarqué-je. Si tu veux, Warren ou moi, nous pouvons te déposer, c'est sur notre chemin de toute manière.

C'est faux, entièrement faux, c'est même à l'opposé, mais j'ai toujours une fâcheuse tendance à être trop gentille, ce n'est pas si grave que ça après tout et à chaque fois que j'aide quelqu'un, je me dis que pour une fois je fais plaisir à mes parents avec mes actes. Bon, vu comme je les ai déçus définitivement rien que par la personne que je suis, ils s'en fichent sans doute royalement que je sois généreuse, mais je préfère penser le contraire, c'est plus agréable. Évidemment, je ne fais pas ça pour eux, mais je pense tout de même à eux en le faisant.

— Je veux bien, ça m'évitera de marcher, affirme Déborah en me regardant, ayant presque l'air d'être désolée d'être aussi envahissante.

— Moi, je ne peux pas, j'ai un ami de fac qui fait une soirée ce soir, il faut que j'y aille maintenant, minuit, c'est l'heure où toutes les bonnes soirées commencent, déclare Warren.

Il se fout de moi, il est minuit et demi ! Il a conscience que j'ai une montre ? Qu'est-ce qu'il le fait là au juste ? Je pense qu'il ne vaut mieux pas savoir, c'est bien comme ça.

— Alors, viens, dis-je en avançant vers ma vielle Ford.

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