Kill Me (1)

Je marche précautionneusement entre les tas des bazars de l'appartement de Leroy pour pouvoir enfin atteindre l'escalier menant au grenier, me demandant bien quel nouvel animal il a bien pu ramener en moins de vingt-quatre heures. J'ouvre la porte et comme je m'y attendais, le renard de King me bondit dans les bras, c'est définitivement toujours un petit monstre celui-là. Après lui avoir donné une petite caresse, je le pose par terre et laisse passer Déborah devant, histoire que Rox ne lui saute pas trop dessus.

À l'étage, il n'y a pas seulement Leroy, il y a aussi Ann, en train de s'occuper d'un louveteau, dont les frères et sœurs sont dans une des nombreuses cages de la pièce, à l'opposé de celle d'un petit hérisson.

— Salut ! D'où ils viennent ceux-là ? demandé-je ne m'étonnant même de la présence de mon amie, la vétérinaire vient souvent chez King pour s'occuper de ses animaux sauvages. Je croyais qu'il n'y avait plus de loups en Angleterre.

— Moi aussi, mais un chasseur les a amenés à la clinique, je ne sais pas d'où ils viennent, nous avons eu de la chance qu'ils ne se soient pas fait tuer, affirme Ann tout en donnant le biberon à l'animal.

— Mais d'ailleurs, nous sommes jeudi, non ? réagis-je en comprenant que mon amie n'était pas censée travailler aujourd'hui.

— Oui, je ne travaille pas normalement, arrête de me faire la morale parce que je bosse trop ! Mais tu sais bien que c'est moi qui m'occupe des animaux « exotiques », j'étais obligée de venir quand même, se justifie-t-elle en devinant clairement ma pensée.

Mais elle n'a pas besoin de le faire, elle fait bien ce qu'elle veut, elle est grande et je ne suis pas là pour lui faire la leçon.

— D'ailleurs, tu n'es pas toute seule Terrie ! tilt Leroy, avec plusieurs trains de retard, en remarquant sans doute que maintenant la présence de Déborah, ce garçon n'est vraiment pas attentif. C'est Déborah, c'est ça ? J'ai vraiment une horrible mémoire pour les prénoms.

J'ai presque envie de lui faire remarquer qu'il n'a tout simplement pas de mémoire, il ne faut pas chercher plus loin, mais je ne le dis pas assez vite et Déborah parle avant :

— Oui, c'est ça... Désolée de déranger d'ailleurs, je venais juste voir tes animaux...

— Pas de problème, tu n'as pas besoin de te justifier, tu es avec Terrie de toute manière, remarque-t-il en insistant sur le avec, comme s'il pensait que j'étais en couple avec Déborah ou alors je me fais des films et il n'y a aucune arrière-pensée dans sa phrase... Si tu veux d'ailleurs, je peux te les montrer moi-même, ils me connaissent mieux que Terrie, ajoute-t-il.

— Oui, je veux bien, merci.

— Attends King, ne pars pas comme ça, j'ai besoin de deux mains de plus pour tenir le louveteau ! s'exclame Ann quand ce dernier se lève.

— Je suis là sinon, je peux t'aider, remarqué-je en remplaçant Leroy tandis que celui-ci redescend avec Déborah, suivie par Rox, qui se comporte définitivement comme un chien, j'en suis frappée à chaque fois que je viens.

Mon amie m'explique alors rapidement comment tenir l'animal pour qu'elle puisse continuer de le biberonner. Et une fois qu'elle est sûre que Leroy ne l'entend pas, elle vérifie :

— On est d'accord qu'elle va clairement se faire draguer ?

— Absolument... Elle n'est d'ailleurs pas près de s'en débarrasser, elle est célibataire, il me semble, ajouté-je en repensant à la manière dont Ann a repoussé ses avances lorsque je les ai présentés.

Je ne sais d'ailleurs pas bien pourquoi je pense que Déborah va le repousser, après tout, Leroy est plutôt bel homme.

— La pauvre... Bien que, hier, il ne lui a presque rien dit, nous sommes peut-être des mauvaises langues... espère-t-elle en se levant pour aller reposer le louveteau et en récupérer un autre dont elle ne s'est pas encore occupée.

— On parle de Leroy là, remarqué-je juste pour lui rappeler que ce dernier est un dragueur invétéré et qu'elle rêve si elle espère le contraire.

Réagissant de sa bêtise, elle explose de rire, effrayant ainsi le petit animal entre nous. Et malgré ça, je me joins à sa raillerie.

La vétérinaire, par contre, s'arrête immédiatement de s'amuser pour cesser de terroriser le pauvre animal. Mais vu le rouge qu'elle a aux joues, ce n'est pas une tâche facile, je la connais, quand elle commence à rigoler, c'est pour dix minutes. Moi, j'ai un peu plus de mal pour ne plus rigoler, mais je finis aussi par y parvenir. Une fois notre sérieux reprit, nous continuons donc de nous occuper des bébés loups, tout en continuant de discuter, et nous avons presque terminé quand Déborah revient avec Leroy, parlant tous les deux des tableaux qu'a peints le garçon.

— D'ailleurs Terrie, vu que je suis en ville et que Mike travaille, on pourrait manger ensemble, hésite Ann en rougissant, paraissant presque déçue de ne pas avoir pu demander ça avant le retour des deux.

— Bien sûr. Ça ne te dérange pas Déborah ? vérifié-je par politesse, en vrai, même si ça gêne la jeune femme, j'irai tout de même manger avec mon amie.

— Aucun problème, vous pouvez même manger que toutes les deux, je peux me débrouiller toute seule.

— Non, non, tu peux rester avec nous ! affirme la vétérinaire avant que je n'aie dit quoi que ce soit, mais de toute manière, j'aurais dit exactement la même chose, presque au mot prêt.

Déborah sourit, paraissant contente, presque trop, elle a vraiment des réactions disproportionnées, cette fille, c'est très perturbant. Nous disons alors en revoir à King, après qu'Ann lui ait rendu le louveteau, et nous sortons, toutes les trois, vers un pub/restaurant non loin. Rapidement, Déborah entame la conversation avec la vétérinaire, s'intéressant d'abord au métier de cette dernière et assez vite la discussion dévie sur les animaux en général.

J'apprends alors que la métisse a beaucoup d'animaux plus qu'exotiques chez elle, puisqu'elle a plusieurs singes, des zèbres, des serpents, pour ne citer que ceux qui sont notables, car ses parents tiennent un refuge animalier, en plus du club de danse, et qu'ils n'ont donc presque que ça chez eux. Elle a aussi un petit frère, dont elle m'avait déjà un peu parlé, puisque c'est son partenaire de danse, et il est en train de faire des études pour devenir vétérinaire.

Et pendant tout le repas, nous parlons toutes les trois et plus la discussion avance, plus je me rends compte que je m'entends très bien avec elle, il y a presque la même alchimie entre nous qu'entre Ruth et moi ou Ann et moi lorsque nous nous sommes rencontrées. Ann aussi s'entend très bien avec elle, alors qu'elle ne sympathise pas facilement avec les étrangers, la seule fois où je l'ai vu parler autant avec une inconnue, c'est quand je l'ai présentée à la batteuse de Her Majesty.

Quand nous avons fini de manger, nous sortons du pub, après qu'Ann ait payé pour nous trois, même si nous avons insisté pour partager l'addition, mais elle a fait la sourde oreille en prétendant que ça lui faisait plaisir et que c'était à causer d'elle que nous étions venues dans ce restaurant – j'ai beau dire tout ce que je veux, je n'arrive pas à lui faire changer d'avis, têtu comme elle est. Et nous nous baladons en ville, cette fois à trois. Très vite, je prends conscience que c'est dommage qu'il n'y ait pas Ruth avec nous, surtout qu'elle doit tout simplement être chez elle, j'en fais alors part aux deux autres filles, même s'il n'y a que Ann qui soit vraiment concernée.

— Nous sommes des amies indignes ! s'exclame Ann, presque triste. Nous aurions pu la prévenir, nous aurions mangé tous les tr... quatre !

— Nous ne sommes pas des amies indignes ! Ne t'en fais pas, elle doit être avec Scott, elle n'est pas abandonnée !

— Il faut qu'on l'appelle, désespère mon amie. Au moins pour s'excuser, nous sommes vraiment nulles...

— Nous ne sommes pas nulles, elle ne nous en voudra pas, je te dis ! Et ne l'appelle pas, j'ai une meilleure idée, nous allons lui faire une surprise, ajouté-je en ayant soudain une illumination.

— Tu es sûre que nous n'allons pas la gêner ? s'inquiète Ann, presque pas emballée par mon idée.

— Bien sûr, aie confiance en mes idées.

Elle ne répond rien, mais son petit sourire heureux me révèle qu'elle n'est d'accord avec moi, seulement, elle n'était pas confiante, comme d'habitude, rien d'anormal. Je mène alors les deux filles jusqu'à ma voiture et je les conduis jusqu'à la maison de Ruth, qui n'est pas très loin et le trajet passe de toute manière assez vite, puisque nous discutons tout du long. Quand nous arrivons devant chez elle, les lumières sont éteintes. Et même s'il y a sa voiture, je commence à avoir peur qu'elle soit partie avec Scott, je ne sais trop où, et que mon idée de surprise soit donc foireuse. Mais je ne laisse rien paraître lorsque je sors assurée du véhicule, pour aller sonner en affirmant aux filles qu'elle est là, même si je ne suis pas du tout certaine de moi. Heureusement, après quelques secondes, la porte s'ouvre sur la petite blonde, me donnant raison.

— Hey ! Terrie ! Qu'est-ce que tu fais là ?... Attends ? Il y a aussi Ann ?! s'étonne-t-elle alors, beaucoup plus enthousiaste que d'habitude, à croire qu'elle a quelque chose à cacher.

— On se baladait alors on s'est dit qu'on allait passer te voir... On ne te gêne pas d'ailleurs ?

— Non, pas du tout !... Oh, il y a Déborah en plus ?!... Génial... rentrez !... Je reviens dans deux secondes, ajoute-t-elle quand les deux filles m'ont rejointe.

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