Vérité.
- Désolée, je t'ai réveillé ? Demande Ayaka à Mikey, alors qu'elle enfile un T-shirt, assise sur le bord du lit.
- Non. T'en fais pas. Répond Mikey, en se redressant.
Il se glisse vers elle et se place derrière elle pour l'enlacer. Il embrasse son cou, provoquant un rire chez Ayaka.
- Mikey. Soupire t'elle. Kakucho demande à me voir.
- Hier et ce matin... si je ne te connaissais pas, je penserai qu'il y a quelque chose entre vous. Plaisante t'il.
- Je crois que Kakucho préférerait s'arracher un bras. Précise Ayaka.
Mikey continue à parcourir le cou d'Ayaka avec ses lèvres, l'enlaçant un peu plus fort.
- Si je traîne trop, Kakucho va râler. Explique Ayaka.
- Tu as peur de lui ? Rit un peu Mikey.
- Non, mais quand il râle il m'ennuie.
- C'est sûrement la dernière fois que je me réveille avec toi, laisse moi en profiter un peu.
Ça ressemble presque à une supplication. Ayaka ne le laissera sûrement plus passer toute la nuit avec elle. Il en est bien conscient. Il donnerait cher, pour que ce moment avec elle, ne s'arrête jamais. C'est comme si, il était dépendant de tout ce qu'elle est. Une dépendance, qui connaît aussi les moments de manque quand elle n'est pas là.
Ayaka finit par se redresser et se retourne vers Mikey.
- Il faut vraiment que j'y aille. Prend ton temps. A plus tard.
Elle disparaît par la porte et Mikey s'affale sur le lit, posant son bras en travers de ses yeux. Elle va finir par le rendre dingue, si ce n'est pas déjà fait.
Arrivée dans le bureau de Kakucho, le jeune homme pose devant elle une photo, qu'elle observe en fronçant les sourcils.
- Tu m'as fait venir de bon matin, pour me montrer la photo d'un homme moche, Kakucho ?
Kakucho ne peut pas retenir le rire désespéré qui lui échappe. Ayaka a souvent de drôles de réflexions.
- Lui, c'est Jonko Yamato. Explique Kakucho.
- Je suis censée le connaître ?
- C'est l'associé du mari de ta sœur.
- Pourquoi tu me montres ça ? Se méfie Ayaka.
- Tu veux te venger du mari de ta sœur. Mais... le tuer serait une bien maigre compensation, comparé à ce qu'il t'a prit. Alors... je me suis dit qu'en passant par son associé, on pourrait passer par son associé pour... l'escroquer d'abord.
- On ? Fait Ayaka, arquant un sourcil.
- Je t'ai dit que je t'aiderai Ayaka. Encore une fois, je ne suis pas homme à revenir sur une parole que j'ai donné.
- Pourquoi tu veux m'aider, au juste. C'est pas tes affaires.
- J'ai l'intention de te prouver que tout les hommes ne sont pas des monstres. Certains sont fiables.
- Tu y gagnes quoi toi ?
- Rien. Je te le promet.
Kakucho est honnête avec elle. Ayaka ne croit en aucun homme. Pour elle, soit ils sont violents, soit ils cherchent quelque chose. Rien n'est désintéressé chez eux. Kakucho l'a compris et compte bien lui prouver qu'elle se trompe.
- Tu as pensé à quelque chose, je me trompe ? Demande Ayaka.
- Je me disais que comme toi et moi on a pas grand chose à faire aujourd'hui, on pourrait aller faire du repérage près des bureaux de sa société.
- Tu veux m'accompagner et ça... sans rien en échange ?
- Rien du tout. Juste la satisfaction de t'aider.
- On verra bien. Soupire t'elle.
- On y va ?
- Maintenant ?
Kakucho hoche la tête, se redresse et montre les clefs de sa voiture à Ayaka. Elle soupire et finit par le suivre. Après tout, pourquoi ne pas faire équipe si ça peut l'aider. Puis, elle doit avouer qu'escroquer le mari de sa sœur, la tente bien après tout.
Kakucho a raison sur un point. Cet homme lui a prit beaucoup trop de chose pour qu'elle se contente uniquement de le tuer.
Plusieurs dizaine de minutes plus tard, les cheveux camouflés dans sa perruque brune courte et ses lunettes de soleil, cachant la moitié de son visage, Ayaka est dans la voiture de Kakucho devant un grand building en centre ville.
Kakucho fait un signe de tête à Ayaka, pour qu'elle porte son attention sur l'entrée du bâtiment. Elle reconnaît Jonko, grâce à la photo qu'elle tient dans ses mains.
- C'est une société cotée en bourse. L'informe Kakucho. Les actions se vendent à prix d'or. Il y a pas mal d'argent à lui prendre.
Ayaka hoche la tête et commence à réfléchir à un moyen d'approcher Jonko, sans qu'il ne dévoile leur rencontre à son associé.
Alors qu'un plan commence à prendre forme dans son esprit, elle se fige. Sortant de ce building, les cheveux en bataille et le regard fuyant, c'est sa sœur qu'Ayaka aperçoit. Sa machoire se serre.
Sept ans. Sept ans qu'elle ne l'a pas vu. Sept ans qu'elle a besoin de réponse. L'occasion est trop belle. Sa sœur est seule et elle se dirige vers des petites ruelles.
Elle ouvre la portière et n'entend plus rien autour d'elle, ni même les avertissements de Kakucho, convaincu que c'est une très mauvaise idée. Ayaka n'est pas du genre à reculer ni à changer d'avis. Alors, c'est au croisement de deux ruelles désertes qu'elle interpelle sa sœur.
- Bonjour Mako.
La jeune femme se retourne. Elle lance un regard interrogateur à son interlocutrice.
- On se connaît ? Demande t'elle, méfiante.
Ayaka soupire et retire ses lunettes de soleil, plantant son regard dans celui de Mako.
- A-Ayaka ? Fait Mako, presque dans un état de choc.
Mako tremble un peu. C'est comme si elle refusait d'y croire. A part quelques bégaiements inaudibles, rien ne peut sortir de sa bouche.
- Ressaisis toi, Mako. Lance froidement Ayaka.
- Je... je pensais... que tu avais quitté le pays.
- Comme quoi. Soupire Ayaka. J'ai besoin qu'on discute.
- Je... je ne pense pas que ce serait une bonne idée.
- Tu me dois bien ça. Je veux savoir... pourquoi ? Pourquoi tu m'as envoyée en prison ?
- C'est compliqué.
- J'ai tout mon temps. Tu vois, j'ai eu sept ans pour essayer de trouver une explication. J'ai le droit de savoir. Je voulais juste t'aider moi ! Je voulais que tu sois en sécurité et tu l'as choisit lui.
- Toi, tu pouvais te débrouiller toute seule. Lâche Mako. Toi, tu as toujours été intelligente. C'était toujours toi, celle qu'on remarquait. Celle qu'on admirait. Celle qu'on aimait. Pour une fois, que c'était moi qu'on préférait... il a fallut que tu t'en mêles.
A l'entente de ses déclarations, Ayaka a un rire presque dément. Elle n'en revient pas. Comment peut elle lui donner cette explication ?
- Tu te fous de moi, là ?
- Non. Tu sais... il ne me frappait pas souvent avant que tu t'en mêles. Il avait raison. Tu étais juste jalouse. Jalouse que pour une fois, on me choisisse moi.
Le rire nerveux d'Ayaka, redouble d'intensité.
- Jalouse de quoi, Mako ?! Des coups qu'il te donne ?
- Il ne m'en donne plus. Presque plus, depuis que tu es allée en prison. En fait, c'était toi qui l'énervait. C'etait toi le problème ! Si tu avais laissé tomber, il se serait sûrement calmé. Je l'aime Ayaka ! Personne ne passera avant lui.
Ça fait mal, vraiment très mal. Pour Ayaka, c'est comme si chaque mot sortant de la bouche de Mako, était un coup en plein visage. Comment peut elle être aussi convaincue de ce qu'elle dit ?
- Je t'ai toujours enviée Ayaka. Toi et tout ce qui fait ta personne. Mais... j'ai trouvé mon mari. Lui... il m'a fait comprendre que je n'étais pas inférieure à toi. Lui, il me préfère à toi.
Est ce qu'elle a toujours pensé ça ? Ayaka se demande comment, elle n'a rien remarqué. Comment c'est possible, de ressentir ça pour sa propre sœur ?
- Il te manipule Mako. Affirme Ayaka, tentant de garder son calme.
- Il savait que tu me dirais ça. Il... il l'avait prédit ce jour là, quand tu l'as frappé. Il m'a dit que tu ne pourrais pas supporter que moi je sois heureuse. Il avait raison.
- Non mais tu t'entends ? Tu crois vraiment à ce que tu dis ? Il t'a manipulé à ce point là ?
- Il ne m'a pas manipulé ! Crit Mako, à présent. Je ne suis pas faible d'esprit ! D'après toi, de qui venait l'idée de la plainte qui t'a envoyé en prison ? Tu me penses toujours faible d'esprit maintenant ? Toi en prison, j'ai pu récupérer ta part de l'héritage de papa et maman, pour aider mon mari à monter sa société ! Tu me penses toujours, stupide Ayaka ?
Ko debout. Ayaka ne comprenait pas vraiment le sens de cette expression, avant. A ce moment précis, elle la comprend parfaitement. Elle est sonnée, en colère, dévastée.
Personne n'a jamais pensé à elle. Personne ne l'a jamais vraiment aimée. Sa sœur s'est même servit d'elle et semble lui avoir voué une haine invisible. Réaliser ça fait mal. Tellement mal, que c'est une douleur qu'elle ne pensait jamais connaître un jour. Elle pensait avoir connu toutes les douleurs possibles.
Prenant une grande inspiration, elle arrive à retrouver ses esprits et son regard à cet instant, gêlerait l'enfer lui même.
- Crois moi Mako, je vais te donner d'autres raison de me détester.
Ayaka laisse sa sœur plantée là. Peu importe les conséquences de cette conversation, elle les affrontera. Ils paieront pour ça. Elle s'en fait la promesse.
Elle s'adosse à un mur et se laisse glisser, jusqu'à s'assoir par terre. La voix de Mako, ainsi que ses paroles résonnent dans sa tête. Elle n'entend plus que ça. A tel point, qu'elle décide de se boucher fortement les oreilles avec ses mains.
Soudain, elle n'arrive plus à se contrôler. Elle enfouit son visage dans ses genoux et enfin, toutes ses larmes qu'elle a retenu depuis tellement d'années, sortent.
"Tu n'as jamais compté pour personne, Ayaka."
"On ne t'a jamais aimée."
Alors que ces deux phrases la harcèlent sans relâche, elle entend une voix familière appeler son nom.
Lentement, elle relève la tête et tombe à sa plus grande surprise sur Izana Kurokawa.
- Qu-qu'est ce que tu fais là ? Lui demande t'elle, sanglotant toujours.
- Kakucho m'a appelé. Il m'a dit que tu aurais sûrement besoin de voir quelqu'un, que tu ne détestes pas.
Il s'accroupit devant elle et pose sa main sur sa joue, la caressant avec son pouce.
- Dis moi qui t'a mise dans cet état. Lui demande t'il.
- Personne. Répond t'elle. C'est plus personne.
Elle appuie un peu plus son visage contre la main d'Izana, qui tente de la rassurer. La voir ainsi le rend fou. Jamais il ne l'a vu pleurer et il ne pensait pas que ça le blesserait autant.
- Merci d'être venu. Lui dit elle, sincèrement.
- Je viendrai toujours pour toi, Aya. Toujours. Assure t'il, lui souriant un peu.
Depuis combien de temps, on ne lui avait pas dit ça ? Est ce qu'on le lui avait déjà dit d'ailleurs ? Est ce qu'on s'était vraiment inquiété pour elle, un jour ?
Pour la première fois depuis qu'il la connaît, Izana voit dans le regard d'Ayaka quelque chose comme de la gratitude.
Une fois calmée, Ayaka se retrouve assise aux côtés d'Izana, dans sa voiture. Ce silence ambiant lui fait du bien. Toutefois, elle décide de le rompre.
- Tu le pensais vraiment ? Que tu viendrais toujours pour moi ?
- Oui. Tu peux tout me demander Aya. Demande moi de venir te chercher, de rire, de pleurer ou même de tuer. Je le ferai.
- Embrasse moi.
Il ne se fait pas prier et s'exécute. Elle avait besoin de ce baiser. Comment a t'il réussit à faire ça ? Comment est il arrivé à la faire se sentir importante, après ça ? Elle n'en sait rien. Tout ce qu'elle sait c'est que là, dans cette voiture, dans les bras d'Izana, elle se sent enfin en sécurité.
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