Kisaki Tetta a toujours considéré Ayaka comme sa plus grande rivale dans le domaine de la stratégie, de la manipulation et de l'intelligence pure.

Beaucoup d'hommes sous estiment les femmes dans ces domaines. Kisaki n'est pas de ceux là. Bien au contraire, il pense que ce sont des femmes dont il faut le plus se méfier.

"Donnez lui un flingue et de quoi réfléchir, et cette femme mettra à genoux le monde entier."

C'est ce qu'il avait toujours pensé d'Ayaka. Il le pense encore. Il avait eu quelques informations sur elle quand Izana l'avait recrutée.

Il savait qu'elle avait attiré l'attention de leur gang en escroquant de manière remarquable tout ceux qui croisaient son chemin. Bien avant qu'Izana ne décide d'aller la chercher, elle avait attiré l'attention de Kisaki.

Ayaka pouvait être un atout majeur. Pourtant, ça lui donnait une vraie dangerosité selon lui. Elle, ne se laisserait pas manipuler facilement.

Puis, il l'avait vu évoluer au fil des missions. Il avait vu en elle, ce qu'il y avait en lui. Une intelligence à toute épreuve, cette capacité à réfléchir à une vitesse hallucinante et à se sortir de n'importe quelle situation uniquement avec sa tête. Ils étaient pareils, à une différence près.

Cette différence qui visiblement était à l'avantage d'Ayaka. Elle, n'avait pas peur de se salir les mains. Elle était effrontée et téméraire. Ce qui la poussait à toujours agir et réfléchir ensuite. C'est ce qui d'un côté, fascinait Kisaki.

Lui avait besoin de penser à tout avant de se lancer dans quelque chose. Ayaka en revanche, fonçait tête baissée. Lui avait besoin de s'assurer de s'en sortir. Elle, savait qu'elle pourrait s'en sortir quoi qu'il arrive. Lui, faisait confiance à la préparation. Elle, se faisait confiance à elle même.

C'était aussi cette différence qui avait fait pencher la balance en la faveur de la jeune femme. Elle avait, malgré elle, prouvé qu'elle était plus utile que lui. Le privant du monopole de la stratégie qu'il avait. Pour ne rien arranger, Izana et Mikey s'étaient entichés d'elle, le privant encore plus, de l'emprise qu'il pouvait avoir sur eux.

Pourtant il avait bien remarqué une chose, qui était en sa faveur à lui. Lorsqu'il s'agissait de protéger les personnes auxquelles elle tenait sans l'avouer, Ayaka ne réfléchissait plus aussi bien. Mais même dans ces cas là, ses raisonnements et ses actions étaient redoutables.

Ainsi, qu'elle ait deviné qu'il était derrière un bon nombre d'imprévus qu'ils ont eu, n'étonne en aucun cas Kisaki. Seulement, il espérait qu'elle s'en rendrait compte trop tard.

Ça n'arrange pas ses affaires. Surtout, elle semble déterminée à en finir avec cette histoire. Là aussi, il y a une différence entre eux. Ayaka n'a peur de rien. Même pas de lui.

Pourtant, elle ne l'a jamais sous estimé. Elle sait à quel point cet homme en colère en face d'elle peut être dangereux. Surtout, elle sait qui lui est loyal.

- Si tu faisais sortir Hanma de sa cachette ? Lui suggère t'elle. J'en ai marre d'être épiée.

Hanma apparaît donc derrière Kisaki avec ce sourire, qu'Ayaka trouve particulièrement infecte.

- Tu es sexy quand tu es aussi sérieuse, Aya. Lui fait remarquer Hanma. Un vrai plaisir de te voir comme ça.

Ce sourire graveleux qu'il affiche en ce moment, fait lever les yeux au ciel à Ayaka. Lui n'est pas aussi futé que son ami. Mais il est tout de même quelqu'un dont elle se méfie.

- Bien. Intervient Kisaki. Tu as exposé ta petite théorie. Bien pensé je l'admet mais... je n'ai rien à voir là dedans.

- S'il te plaît. Tout pue ton œuvre. Réplique t'elle.

- Et j'aurais fait tout ça juste pour me débarrasser de toi ?

- Je te gêne dans le contrôle. Ce n'est un secret pour personne. Tout ça pour te faire remarquer d'une fille... c'est beaucoup de boulot quand même tu ne trouves pas ?

- Va te faire foutre !

Ayaka avait trouvé le point faible de Kisaki. Tout comme il avait trouvé le siens. Et leurs points faibles étaient de la même nature.

- Plus tard si tu veux bien. Répond t'elle calmement. Mais je dois reconnaître que tout ce que tu as fait, force le respect. Ça a vraiment dû te faire chier que je sois encore sur ton chemin après tout ça.

- Tout ça quoi ? De quoi tu parles exactement, hein ? Tu penses toujours que tu es sur la bonne voie ?

- J'en suis certaine oui. Tu avais un contrôle parfait avant que j'arrive. Plus j'étais là, moins ils t'écoutaient. Alors, il fallait que tu reprennes le contrôle. Quand Mikey s'est dit qu'il y avait un problème en lui et qu'il devait le résoudre pour moi, tu as cherché comment tu pourrais en tirer profit. Mikey n'aurait pas eu l'idée d'un psy tout seul. Alors... tu l'as guidé parce que tu savais très bien où l'envoyer. Ma sœur savait pour lui et pour Izana. Ça m'étonnerait que ce soit vraiment de sa belle mère qu'elle ait apprit tout ça. Ça m'étonnerait aussi qu'elle ait eu l'idée, de le droguer jusqu'à l'overdose toute seule. Tu savais que j'irai à sa rencontre. Tu pensais que ce serait plus simple que quelqu'un d'autre s'occupe de moi.

- Je n'aime pas me salir les mains tu as raison. Mais... empoisonner mon boss ? Tu me prends pour qui ?

- Pour ce que tu es. Un maniaque du contrôle. Puis... le plan avec Mikey n'a pas marché. Alors tu as essayé de miser sur Eiji. Ça a dû être vraiment rageant de voir qu'une paire de jambes à suffit à déjouer tes plans. Ma paire de jambes qui plus est. T'as pas choisit le plus futé. Et je pense même... que c'est toi qui a suggéré à Eiji de vendre de la drogue dans nos rues. Pour que chacun d'entre nous... se retrouve impliqué là dedans. Vas y regarde moi et dis moi que je me plante sur ça aussi.

Kisaki ne dit rien et préfère la laisser continuer. Il préfère connaître tout ce qu'elle sait.

- Puis... je suis partie. Tu t'es dit que tes problèmes étaient derrière toi. Que je ne te gênerai plus. Grosse erreur. Tu avais encore moins de contrôle puisque Mikey et Izana me cherchaient. Alors... tu as préféré me retrouver toi même. C'était pas vraiment compliqué. Si je n'avais pas laissé de trace, c'est que quelqu'un m'avait aidé. C'est fou comme on pense pareil toi et moi.

Hanma a un petit rire. Visiblement cette situation l'amuse. En effet, lui n'aurait jamais poussé aussi loin un raisonnement. C'est comme un combat cérébral qui se joue devant lui et il s'en délecte.

- Alors. Reprend Ayaka. Tu as juste eu à chercher laquelle de mes anciennes co détenues avait ce genre de talent. T'es pas allé la voir. T'es pas aussi idiot. Elle m'aurait prévenue. T'as juste fait en sorte d'accéder à ses dossiers et tu m'as trouvé. Tu as donc envoyé ce mec à ma poursuite, en pensant que ça suffirait. Tu as même fait en sorte que Matthew Johnson lui prête main forte. Une agence immobilière sur le déclin, une famille à nourrir... un peu d'argent et c'était réglé.

- J'apprécie le fait que tu me penses aussi malin, Ayaka. Ironise Kisaki.

- Je ne te sous estimes pas... nuance. Puis ces gars n'ont pas suffit. Tu as donc envoyé les autres sur cette piste. En faisant passer ça pour une invitation d'un autre gang. Tu sais... je me suis demandée à quoi ça leur servirait qu'on s'entretue. Une organisation Japonaise... c'était pas vraiment leur problème. C'est toi que ça arrangeait.

- Vous faire vous entretuer ? Quel aurait été mon intérêt là dedans ? Si vous mourez tous... je n'ai plus rien, tu t'en doutes.

- Il te resterait Mikey et Izana. C'était ça le but. Tu as manipulé Sanzu, sachant qu'il se ferait sûrement buter juste après. Comme ça... Mikey n'avait plus que toi. Tu as même essayer de faire buter Kakucho.

- Ah oui ? Et quand ça ? Éclaires moi s'il te plaît.

- Un soir où il était bourré un mec voulait lui voler son porte feuille. Mais enfin... si on est un petit voleur à la tire qui profite juste de l'ivresse d'inconnu... est ce qu'un flingue dans la poche intérieure de sa veste est nécessaire ? Je ne penses pas. T'as pas mis le plus courageux sur le coup. Rit elle un peu. Mon poing dans la figure et il avait oublié qu'il était armé. C'était affligeant.

Kisaki commence à trembler nerveusement et sa machoire se serre. Comment peut elle tout observer à chaque fois ?

- Ça n'a pas fonctionné non plus. Alors... tu as continué à manipuler Sanzu. Tu l'as guidé toi même dans cet entrepôt. Tu savais que Kakucho me suivrait. On sait tous à quel point lui, il est droit et loyal malgré les différents qu'il peut y avoir. Vingt hommes contre trois, c'était presque du tout cuit. Honnêtement... même moi j'ai cru qu'on allait y passer. Puis... il ne te restait plus qu'à te débarrasser d'Izana. Parce que la seule personne qui t'intéresse vraiment en fin de compte... c'est Mikey. C'est pour ça que l'obsédé que tu as lancé à mes trousses en a après Izana. Parce que c'est toi... qui veut te débarrasser de lui. Comme ça Mikey serait vraiment tout seul. Puisque dans ton plan... moi aussi je suis morte.

- Tu as une imagination débordante Ayaka. Vraiment je suis fasciné.

- C'est moi qui suis fascinée. Honnêtement pour cet objectif... je n'aurai pas fait mieux, je l'avoue. Tu es vraiment douée. J'ai tout de même une autre question, si tu permets.

Elle ne lui laisse pas le temps de répondre, sort son arme et la pose entre eux au milieu de la table.

- Pourquoi ne pas me tuer toi même ?

Même Hanma ne s'attendait pas à un tel aplomb. Elle s'est désarmée elle même et pense tout de même s'en sortir. Il en a un rire presque choqué. Kisaki a raison. Elle est vraiment fascinante.

- Vous êtes déjà recherchés pour meurtre... un de plus quelle différence ça fait ? A moins que...

Elle reprend son arme et la pointe sur Kisaki.

- Tu préfères que ce soit moi qui te tue !

- C'est de la connerie de penser que je te laisserai lui faire quoi que ce soit ! Intervient Hanma, pointant son arme sur elle.

- Et c'est de la connerie de penser que je suis venue seule. Rétorque Ayaka.

A ces mots, Kakucho et Sanzu apparaissent à ses côtés. Kisaki dégaine son arme et chacun se tient en joue.

- Bien. Fait Ayaka. Trois contre deux. Ça se termine avec vôtre rédition ou dans un bain de sang. A vous de voir.