C'est le début d'après midi quand Ayaka se réveille. Son sommeil n'en était pas vraiment un. Elle est beaucoup trop préoccupée pour arriver à se reposer. Après s'être passé de l'eau sur le visage, elle descend dans les espaces communs et ne trouve personne.

Elle n'y prête pas attention. Elle a surtout faim. Elle cherche dans les placards autour d'elle. Il n'y a rien. Elle avait presque oublier que personne ne fait les courses ici, excepté lors de soirées organisées.

Puis, elle se souvient d'où se trouve la réserve de tayakis de Mikey. Elle ne va pas se gêner. De toute façon, il n'est pas là. Elle revient s'assoir sur une des chaises hautes disposées autour du comptoir en marbre, servant habituellement de bar, les mains pleines de ces fameux gâteaux.

Avant qu'elle n'en prenne une première bouchée, elle entend une voix derrière elle qui la fait sursauter.

- C'est à moi ça ! Lance Mikey, arquant un sourcil et venant s'assoir près d'elle.

Elle ne se démonte pas et fait glisser un tayaki vers lui.

- Tiens. Dit elle. Je veux bien partager.

Mikey a un soupir outré. Le culot d'Ayaka le désharçonne toujours.

- Tu comptais en plus en manger plusieurs ? S'indigne t'il.

- Je t'avais prévenu que j'avais trouvé ta cachette. Explique t'elle.

- Oui. Admet Mikey. Mais tu avais dit que tu arrêterais d'en manger quand je me serait remis et... ça fait un moment que je suis remis.

- Tu ne vas tout de même pas priver une femme de son repas, Mikey enfin !

Il rit un peu et soupire.

- Non, bien sûr que non. Je ne peux rien te refuser de toutes façons. Chuchotte t'il.

Assez fière de sa petite victoire, Ayaka croque fermement dans le tayaki entre ses doigts dans un regard presque provocateur.

- N'en rajoute pas non plus. Désespère Mikey.

C'est au tour d'Ayaka de rire un peu. Retrouver ce genre de moment simple avec Mikey lui plaît. Kakucho s'est énervé contre elle et elle s'est sentie rejetée par Izana. Alors, elle se dit qu'elle peut bien profiter d'un peu de douceur pour le moment.

- Où sont les autres ? Demande t'elle finalement.

- Plusieurs petites missions de routine. Affirme Mikey, savourant son tayaki.

- Vous auriez dû me réveiller, dans ce cas.

- Tu avais l'air d'avoir bien besoin de repos. D'ailleurs... qu'est ce qui t'a prit d'enlacer Sanzu ?

Ce n'est pas de la jalousie. C'est vraiment de la surprise. S'il y a bien quelqu'un qu'Ayaka n'enlacerait jamais en temps normal, c'est bien Sanzu.

- Je ne sais pas. Répond t'elle. Une impulsion sûrement. Soupire t'elle.

- Tu es préoccupée en ce moment, je trouve. Plus que d'habitude en tout cas.

- C'est sûrement la mission qui arrive.

Tendrement, il dépose sa main sur sa joue et la caresse avec son pouce.

- Tu sais que tu peux tout me dire, pas vrai ? Lui dit il.

Bien sûr qu'elle le sait. Avant que la situation ne se dégrade entre eux, Mikey a toujours été une oreille attentive. Ce qui a toujours surprit Ayaka, tant les apparences jouent contre lui

Elle appuie sa joue contre sa main. Elle cherche du réconfort et de la tendresse. Ce que Mikey semble prêt à lui donner maintenant.

Elle remarque que le jeune homme, fixe ses lèvres depuis quelques secondes. Il se rapproche et elle le laisse faire. Leur lèvres finissent par se rencontrer et Ayaka répond à ce baiser qu'il lui propose.

Ça c'est égoïste. Elle en est parfaitement conscience. Elle compense et le laisse se faire de faux espoirs. Mais elle avait besoin de se sentir importante. C'est ce qu'il lui fait ressentir, alors elle en profite, bien que ce ne soit pas du tout le bon comportement pour le préserver.

Mais après tout, comme le pense Kakucho, il n'y a rien de bon chez elle, n'est ce pas. Alors autant ne pas le faire mentir pour le moment.

Oui cette phrase sortie de la bouche de Kakucho, résonne en elle et n'a pas quitté son esprit. S'il le pense, c'est sûrement qu'il a raison.

Dans ce baiser qu'il apprécie pourtant, Mikey sent enfin quelque chose, qu'il a pourtant chercher à nier depuis quelques temps.

"C'est lui qu'elle aime, pas moi."

Lorsqu'ils se séparent, Mikey souffle du nez, la tête et a un sourire dépité.

- Je ne peux pas rivaliser, hein ? Marmone t'il, pour lui même.

- Hm ? Fait Ayaka, n'ayant rien entendu.

- Rien. Lui sourit il, de ce sourire si habituel qui cache tout ce qu'il peut éprouver. Je dois y aller, tu m'en veux pas ?

- Non pas du tout, vas y. Sourit elle à son tour.

Quand Mikey arrive dans son bureau, il s'affale sur son fauteuil fixant le plafond.

"Comment je peux lutter contre lui ?"

"Je ne veux pas la perdre."

"Qu'est ce que je peux faire ?"

Deux heures plus tard, il décide sans vraiment comprendre pourquoi, d'aller parler avec Izana une fois qu'il est rentré. Il déboule dans son bureau, sous son regard intrigué.

- Je l'ai embrassé. Déclare t'il.

Izana soupire et lui répond.

- Oui, hier soir. Je le sais.

- Non. Je l'ai embrasser toute à l'heure.

A ces mots, le visage d'Izana se ferme et son regard s'assombrit.

- Si je gagne, ce sera par dépit. Reprend Mikey. Et tu sais le pire, c'est que ça me dérangerait même pas, tant qu'elle est avec moi. Mais si tu me laisses gagner aussi facilement, je ferai en sorte de l'éloigner de toi. Je ferai en sorte que tu la perdes. Crois moi, je ferai tout ce que je peux. C'est à toi de voir ce que tu veux.

C'est comme s'il l'encourageait à se battre pour elle. Izana ne comprend pas vraiment cette démarche. Le regardant partir, il se demande pourquoi il a fait ça ?

Une chose est sûre, si c'est pour le remotiver, ça à fonctionné à merveille. Plus que ce que Mikey aurait pu imaginer.

En effet, Izana trouve rapidement une idée. L'idée de la dernière chance selon lui, mais il doit essayer. Il est hors de question pour lui de la perdre si facilement.

Alors, quelques instants plus tard, il se débrouille pour croiser Ayaka dans les couloirs. Il s'avance vers elle dans un sourire puant l'assurance, que la jeune femme ne comprend pas.

- Salut, je t'ai vu passer dans les couloirs et je te trouve magnifique. Je m'appelle Izana et toi ?

- Qu'est ce que tu fais ? L'interroge t'elle, les sourcils froncés.

- Je me dis qu'on devrait partir sur de nouvelles bases tout les deux. Alors... Répond t'il, lui tendant la main.

Elle ne fait rien et reste dans son silence. Elle ne comprend rien à ce qui se passe et ne sait pas du tout quoi faire. Presque désespéré par son manque de réponse, Izana soupire fortement.

- Laisse tomber. Dit il en s'en allant.

Il s'éloigne franchement déçu, mais la voix de la jeune femme le fait s'arrêter.

- Ayaka. Dit elle. Je m'appelle Ayaka.

Il baisse la tête et sourit largement avant de se retourner de s'avancer de nouveau vers elle.

- Très joli prénom. Presque aussi beau que toi.

- Tu m'en diras tant. Rit elle un peu.

- Si tu continues à me sourire comme ça, je vais tomber raide dingue de toi, je te préviens.

- Oh. Alors tu es ce genre de dragueur ?

- Hmm. La dernière fois que j'ai abordé une femme différemment, elle m'a donné un tel coup de coude dans le ventre que j'ai faillit m'étouffer. Répond t'il, faisant allusion à leur première rencontre.

- Quelle mal élevée ! Ironise Ayaka.

- Je te le fais pas dire !

Elle a un regard outré, qui fait rire Izana. Elle partage un peu son rire et il reprend la parole.

- Puisque le courant passe bien, que dirais tu de dîner avec moi ce soir ?

- Ça peut se faire mais... j'ai des goûts de luxe je te préviens. Lance t'elle, dans une expression faussement hautaine.

- T'en fais pas. Le luxe ça me connaît... la luxure aussi. Termine t'il, dans un sourire en coin.

- Izana ! Le réprimande t'elle.

- Tu vois ? Tu cris déjà mon nom.

- Espèce de...

- Je te taquine. La coupe t'il, en riant et en la poussant doucement avec son épaule. Va te préparer, on décolle dans une heure.

- C'est pas un peu tôt pour dîner ? Lui demande t'elle intriguée.

- Qui a dit qu'on allait uniquement dîner ? Rétorque t'il, dans une expression confiante avant de s'en aller.

Ayaka secoue la tête dans un sourire idiot. Un mois, c'est le temps qui lui reste auprès de lui. Alors, elle veut lui offrir de beaux moments. Un bel adieu. Elle veut se l'offrir aussi à elle même.

Ce qu'elle ne semble réaliser c'est que c'est ce bel adieu, qui le détruira le moment venu.