S'il y a bien une chose qu'il faut savoir sur Ayaka Kohaku, c'est à quel point elle peut devenir mauvaise quand elle est en colère. C'est ce que Jonko Yamato vient d'apprendre, plaqué contre un mur d'une ruelle reculée, la lame d'un couteau plaquée fermement sur sa gorge.

Ce qui lui fait le plus peur en ce moment n'est pas la menace de se faire égorger, mais bel et bien le regard furieux qu'Ayaka pose sur lui.

- T'essaies de nous la faire à l'envers Jonko ? Demande t'elle, la machoire serrée.

- J-je ne vois pas... de quoi vous parlez. Répond t'il, plissant les yeux à cause de la douleur aiguë sur sa gorge.

- Ah non ? Alors pourquoi mon boss était à deux doigts de l'overdose à cause des merdes que tu as vendu dans nos rues ? Pourquoi est ce que dans son téléphone, il y avait un message de ma sœur ?

Le regard désespéré et complètement perdu de Jonko, fait prendre conscience à Ayaka qu'elle ne s'adresse peut être pas à la bonne personne. Comme si elle était redevenue lucide, Ayaka le défait doucement de son emprise. Reprenant son souffle, Jonko se masse la gorge.

- Non. Fait elle dans un souffle. Non... tu n'es au courant de rien. Toi... t'es juste le débile dont elle se sert.

Il se serait sûrement vexer pour ce genre se parole en temps normal. Mais, tout de suite, elles lui semblent vraiment salvatrice.

- Où est Mako en ce moment ? Demande t'elle sèchement.

Il reste silencieux. Il cherche à protéger Mako. L'état actuel d'Ayaka, ne lui dit rien qui vaille. Elle pourrait s'en prendre à Mako et ça, Jonko ne l'accepterait pas.

Cependant, Ayaka n'est pas d'humeur à supporter son élan de romantisme idiot. Dans une pulsion qu'elle ne se connaissait pas, elle entaille d'un geste rapide la peau de bras de Jonko, qui se mord les lèvres.

- Répond moi !

Le courage de Jonko disparaît rapidement. Ayaka ne semble même plus humaine en ce moment.

- Chez elle. Murmure t'il. Eiji... n'est pas avec elle.

Sans un autre mot ni regard, Ayaka s'en va rapidement, la rage au ventre et la fureur dans le regard.

Dans sa voiture, roulant à une allure déraisonnable, Ayaka se repasse en boucle le message de Mako dans le téléphone de Mikey.

Ayaka. Il faut qu'on se voit si tu ne veux pas qu'il fasse une overdose - Mako.

Comment est ce qu'elle a pu l'atteindre ? Mikey n'est pourtant pas du genre à se droguer, ni même à faire confiance au premier venu. Comment est ce qu'elle a pu faire ça ? Pourquoi veut elle la voir ?

Elle se fiche des réponses pour le moment. La seule chose qu'elle a en tête, c'est faire payer sa sœur pour ce qu'elle a fait. Ce qu'elle a fait à Mikey et ce qu'elle lui a fait à elle.

Elle arrive en moins de temps qu'elle ne le pensait devant chez Mako. Quand elle se gare, elle vérifie par la fenêtre que sa sœur est bien seule. Ça à l'air d'être le cas.

Elle claque la porte de sa voiture, pose sa capuche sur sa tête et remarque non sans surprise, que le véhicule toujours posté derrière cette maison, n'est plus là.

C'est par une fenêtre, laissée ouverte, qu'elle s'engouffre dans la maison. Lorsqu'elle fait face à Mako, le silence se fait et les deux se toisent du regard. Dans sa poche, Ayaka triture son couteau, elle ne sait plus vraiment quoi faire à présent.

- Et bien. Commence calmement Mako. Tu en as mis du temps. C'est vraiment dur de te joindre Ayaka. Tu es assez méfiante.

- A qui la faute ?

Pendant un instant, Ayaka se dit que Mako doit sûrement avoir été mise au courant par Jonko, pour sa couverture auprès d'Eiji. Toutefois, elle préfère ne pas en faire mention, tant qu'elle ne sait pas vraiment de quoi il en retourne.

- Comment ne pas se méfier quand je vois ce que tu es capable de faire ? Crache Ayaka. Pourquoi t'en prendre à lui ?

- Honnêtement, c'est le pur hasard. Je cherchais un moyen de te contacter, depuis le jour où on s'est revu. C'est toi qui m'a donné ce moyen. C'est à cause de toi, qu'il est dans cet état.

Ayaka se fige. Cette culpabilité depuis qu'elle a vu Mikey et sa détresse revient la frapper de plein fouet.

- Non. Dit elle, la voix tremblante. Non... c'est pas ma faute... c'est la tienne.

- Pourtant, c'est à cause de toi qu'il a dû aller voir une psy, je me trompe ? Tu l'as rejeté 

- Qu'est ce que tu en sais ?

- Malheureusement pour lui... son intention de changer pour toi, l'a conduit chez la meilleure psy de la ville. Ma belle mère.

- Si elle était si douée que ça, elle aurait dû faire quelque chose pour son taré de fils.

Ayaka est clairement à bout de nerfs. Mais, elle tient à entendre les explications de Mako, elle veut comprendre. Surtout, elle veut entendre ce qu'elle sait.

- Parce que tu crois, que ce mec vaut mieux ? Rit Mako. Il t'a frappée si je ne me trompe pas. Au final. Pouffe t'elle. T'es pareille que moi.

- Non. Je serai jamais comme toi. Jamais. Répond Ayaka, comme si elle avait peur que ce ne soit réel.

- Tu penses vraiment qu'on est si différentes ? Tu es pourtant tombée sur un homme violent toi aussi.

- Moi je n'ai pas accepté !

- Et ce faisant, tu l'as conduit à sa perte. T'es même pire que moi ! T'aurais dû l'entendre. Se moque t'elle. Le pauvre. Quand j'ai lu les notes de ma belle mère, il était tellement détruit que tu le rejettes. Tu l'as bousillé. Tu détruis tout ce que tu touches Ayaka.

La jeune femme ne dis rien et son corps commence à trembler. Est ce que Mako a raison ? Est ce qu'elle est destinée à détruire ceux qui l'entourent ?

- Mais. Continue Mako. Grâce à ça, j'ai trouvé un moyen de te contacter. J'ai remplacé le traitement que lui donne ma belle mère, par de la drogue. Je te connais... en le voyant dans cet état, tu aurais cherché à comprendre. Alors, j'ai laissé un message sur son téléphone. Plus il sombrait, plus ça te rapprochait de moi. Mais... de ce que j'ai compris tu serais sûrement venu plus vite, si ça avait été Izana.

- FERME LA ! Hurle Ayaka.

Comment Mako peut elle être fière d'avoir fait ça ? Comment peut elle se tenir devant elle et lui exposer ce plan macabre qu'elle a mit en place ? Sans honte ? Sans gêne ? Sans le moindre remord ?

Est elle vraiment semblable à sa sœur ? Elle aussi ferait beaucoup de chose pour parvenir à ses fins. Alors, est ce que la femme qui se tient devant elle, n'est pas simplement son reflet ?

- C'est vrai, tu as raison. Je ne vais pas me perdre en explication. Souffle Mako. Je voulais te contacter, parce que j'ai besoin de ton aide.

- Pardon ? Fait Ayaka, complètement sonnée.

La nuit est tombée et bien avancée au QG, quand Izana peut enfin sortir de cette salle.

Étant donnée la courte période où Mikey à ingéré de la drogue et l'efficacité optimale de cette méthode, le sevrage semble enfin être terminé.

Pour le moment, les frères Haitani, suivant les ordres d'Izana ont installé Mikey dans sa chambre. Il est dans un sommeil profond et ne se réveillera pas avant de très longues heures.

Izana semble épuisé et éreinté. Ça a été une véritable épreuve pour lui, de devoir assister à ça. Calvaire qu'il préfère garder pour lui.

Malheureusement, c'est sans compter sur Sanzu qui ayant vu les nombreuses blessures de Mikey, décide de s'expliquer avec Izana dans les espaces communs.

- Tu l'as laissé se blesser !

- Pas maintenant, Sanzu. Souffle Izana.

- Si on en parle maintenant ! Tu n'as pas honte ?! Tu as vu dans quel état il est ?!

- Laisse le ! Fait fermement une voix derrière Izana.

Lorsque le jeune homme se retourne, il voit Ayaka qui avance pour se placer entre Sanzu et lui. Elle vient de rentrer et a été interpellé par cet échange bruyant.

- Il a fait ce qu'aucun d'entre nous n'aurait eu le courage de faire ! Alors fous lui la paix ! Va passer tes nerfs ailleurs ! Ordonne presque Ayaka, son regard fermement planté dans celui de Sanzu.

Depuis quand Ayaka prend la défense de qui que ce soit ? Se demande Izana. Il n'en sait rien, mais il lui en est reconnaissant.

Dans un claquement de langue dédaigneux, Sanzu disparaît pour se rendre au chevet de Mikey. Ayaka se retourne finalement vers Izana, une fois Sanzu hors de la pièce.

- Je te remercie. Soupire Izana.

Ayaka hoche simplement la tête et s'assoit avec lui dans un des canapés.

- Ça va ? Lui demande t'elle.

- Oh... oui il dort pour le moment, le sevrage l'a épuisé. Il va avoir besoin de beaucoup de repos mais ça ira.

- Non. Toi ? Ça va ? Lui demande t'elle, visiblement concernée.

Ça aussi c'est étrange. Ayaka qui s'inquiète pour quelqu'un est aussi rare que la neige en pleine canicule. Izana baisse la tête, a un sourire fatigué et souffle du nez avant de lui répondre.

- J'ai faillit craquer des dizaines de fois... des dizaines de fois, j'ai voulu lui ouvrir. Mais je n'ai rien fait. Je l'ai regardé souffrir et je l'ai laissé là dedans. Semble t'il déplorer.

Ayaka passe sa main sur la joue d'Izana l'incitant à la regarder et lui adresse un sourire tendre.

- Tu as fait ça pour l'aider. Tu as fait ça pour lui, uniquement pour lui. Ça fait de toi... quelqu'un de meilleur que beaucoup d'entre nous.

Elle semble si triste de lui dire ça, que ça déstabilise Izana. Qu'est ce qu'il lui arrive ? Pourquoi cette attitude si inhabituelle ?

Voyant son regard inquiet, Ayaka lui sourit d'avantage pour ne pas l'inquiéter.

- Tu as l'air fatigué. Lui fait elle remarquer.

- Je le suis oui. Je suis épuisé.

- Alors... Reposes toi sur moi. Je peux gérer ça pour toi.

Jamais Izana ne s'était sentit si important et reconnaissant envers Ayaka. Comme s'il avait besoin d'entendre ce qu'elle vient de dire. Délicatement, il enfouit son visage dans le cou de la jeune femme, la remerciant interieurement d'être là pour lui, en ce moment.

C'est quelques instants plus tard, que Kakucho a un sourire attendrit, voyant Izana endormi dans le canapé des espaces communs et fermement enlacé à Ayaka qui semble veiller sur lui.