Manjiro.

Assise sur un des canapés des espaces communs, Ayaka a du mal à rester concentrée. Elle somnole même. Elle remercie le ciel, qu'il n'y ait aucune réunion importante aujourd'hui.

Elle tente de retrouver ses esprits. Aujourd'hui, il faut qu'elle expose des idées à Kakucho et Rindou, pour mener à bien son plan. Elle se maudit, d'avoir eu l'idée de boire autant hier. Sa nausée lui laboure le ventre et son crâne menace d'exploser tant il lui fait mal.

Voyant son état, Ran ne peut s'empêcher de prendre la parole.

- Dure soirée, Ayaka ? Se moque t'il.

Pour toute réponse, elle lui adresse un doigt d'honneur et son regard fatigué.

- Tu es malade ? S'inquiète Mikey, regardant Ayaka.

Ayaka le regarde à peine, avant de lâcher un soupir mauvais et de détourner le visage.

Il n'a donc même plus le droit de lui adresser la parole ? Ni même de s'inquiéter pour elle ? C'est en train de le rendre fou. Il savait qu'elle s'éloignerait. Mais il ne pensait qu'elle en arriverait là. Il croyait qu'elle le connaissait assez, pour savoir qu'il ne lui ferait jamais de mal intentionnellement.

- C'est une maladie plutôt courante la gueule de bois. Se moque Koko, sortant Mikey de ses pensées.

- Qu'est ce que tu en sais toi ? Grogne Ayaka, se massant les tempes.

- Tu as une gueule à faire peur, voilà ce que j'en sais.

- On peut même plus cuver tranquille. Râle Ayaka, s'allongeant complètement dans le canapé mettant son bras en travers de ses yeux.

Même la luminosité de la pièce est une torture. Elle ferme les yeux essayant de faire passer son insupportable migraine.

Quelques minutes plus tard, malgré ses yeux clos elle sent une présence près d'elle. Elle ouvre rapidement les yeux et par réflexe, retient fermement le bras de Mikey, au dessus de son visage.

- Je... je voulais juste que tu te sentes mieux. Lui explique t'il, désignant du regard la serviette humide qu'il tient dans son autre main.

- J'ai pas besoin de toi, merci. Lui répond t'elle sèchement.

Jetant un regard difficile aux alentours, Ayaka remarque qu'il n'y a plus qu'eux. Depuis combien de temps, a t'elle les yeux fermés ?

- Aya... Souffle Mikey. C'est juste une serviette.

- Encore une fois, je n'en ai pas besoin.

- Écoute... tu as sûrement une grosse migraine alors...

- Mikey. Soupire t'elle, en s'asseyant. Je préfère qu'on s'en tienne aux politesses de base.

Il s'assoit en face d'elle, sur la table basse, avant de lui répondre.

- Je sais que ça ne sera plus comme avant, toi et moi. Assure t'il. Mais... je voudrais... essayer.

- Tu ne peux pas. Ce qu'il s'est passé... je ne peux pas l'accepter. Alors... oui... certaines femmes ont vécu pire, bien pire. Mais... c'est sûrement parce qu'elles ont pardonné ce genre de choses, qu'elles ont connu pire. Je ne prendrai pas ce risque.

Mikey semble dépité. Elle a raison. Il a beau lui avoir assuré que ça ne se reproduirait plus, même lui n'en est pas sûr.

Pourtant, il a envie de faire des efforts. D'essayer de se débarrasser de ce qui le rend violent et incontrolable. Mais... à quoi bon, si la personne pour qui il veut faire ça, ne veut pas de ces efforts ?

- Si tu veux changer. Reprend Ayaka. Fait le. Mais... ne le fait pas pour moi. Fait le parce que c'est le mieux pour toi. Pour toi et moi... c'était fini ce soir là. Désolée si j'ai pu te laisser penser le contraire.

- Non... tu ne l'as pas fait. Mais je ne te mentais pas, quand je t'ai dit que je t'aimais. Je t'aime vraiment. Alors... je ne pourrai pas arrêter de m'inquiéter pour toi. Même si tu préfères que ce soit de loin. Je vais changer, Aya. Je vais me débarrasser de ce qui va pas chez moi. Tu verras. Quand j'irai mieux... je viendrai te récupérer. Assure t'il, avant de s'en aller.

Mikey en est sûr à présent. Il veut être avec elle. Cela fait plusieurs jours que Mikey cherche un moyen de se débarrasser de ses démons. Frapper dans tout ce qui se trouve dans la salle d'entraînement, l'aide à se défouler mais ne change rien à la situation.

Alors, il a décidé de se renseigner sur des moyens de faire mieux. De ce qu'il a comprit, beaucoup font des thérapies. Pour lui, aller voir un psy relevait de la folie. Mais, n'est il pas fou finalement ? Pourquoi ne pas tenter ? Si ça ne l'aide pas, il trouvera autre chose.

C'est donc avec une boule au ventre qu'il ne connaissait pas, qu'il arrive devant un cabinet privé où il a prit rendez vous, quelques jours plus tôt.

"Un chef de gang qui va voir un psy, pour contrôler sa violence. On aura tout vu !"

"Puis franchement, qu'est ce que je peux lui dire ?"

"Si je lui parle trop, elle appellera la police c'est sûr !"

Il ne sait plus vraiment quoi faire. Doit il vraiment y aller ? Doit il faire demi tour ?

"Qu'est ce qui va pas chez moi ?"

"Il faut que j'essaye ! Si je veux un jour une chance avec Ayaka... il faut que j'essaies."

Mikey prend une grande inspiration et entre enfin dans ce cabinet. De ce qu'il remarque, la salle d'attente est faite pour apaiser les patients. La couleurs des murs est douce, l'odeur ambiante est légère et les meubles sont en bois tendre.

Il s'assoit dans un des fauteuils, continuant à regarder autour de lui. Malheureusement, rien ne l'apaise dans cette pièce. Il est même assez nerveux. Sa jambe s'agite frénétiquement malgré lui.

"Qu'est ce que je fous là ?"

"Je suis ridicule. Qu'est ce qu'une psy pourrait faire pour moi ?"

"Elle va juste avoir peur... comme tout le monde."

Il entend son nom résonner dans le couloir voisin. Dans un soupir il se lève et se dirige vers l'origine de cette voix. En chemin, il croise un enfant et sa mère. Lorsqu'il laisse son regard sans émotion s'attarder sur le petit garçon, ce dernier se cache rapidement derrière sa mère, laissant Mikey dépité.

"Même lui, il a peur de moi."

Continuant son chemin, il fait enfin face à une femme, qu'il devine être la psychologue. Une femme au cheveux d'un noir intense, des lunettes sur le bout de son nez et semblant avoir un certain âge.

"Peut être qu'elle a vu d'autres monstres." Essaie de se rassurer Mikey.

Ils se serrent la main et la brune, l'invite à rentrer dans un sourire de convenance. Mikey s'installe dans un sofa prévu pour et c'est dans le fauteuil d'en face que s'installe la psychologue.

Là encore, Mikey observe autour de lui. Il ne sait toujours pas si c'est une bonne idée d'être ici. Il a préféré ne parler de ça à personne. Il ne souhaite pas que les autres aient pitié ou le trouvent ridicule.

- Alors, monsieur Sano. Commence la psy, stoppant net l'observation de Mikey. Pourquoi souhaitiez vous me voir ?

- Je... je sais pas trop. Je... je sais que j'ai un problème mais... je ne sais pas si vous pouvez vraiment m'aider. De ce que j'ai lu sur internet... les gens normaux... font des thérapies quand ils pensent avoir un problème alors...

- Les gens normaux ? Vous ne vous pensez pas normal ?

- Pas vraiment non. Souffle t'il.

- Pourquoi ?

- Vous... vous connaissez beaucoup de gens tellement incapable de gérer leur violence qu'il peuvent faire du mal aux gens qu'ils aiment ? Enfin... vous pensez que ces gens là sont normaux ?

- Vous en pensez quoi vous ? De ces gens là ?

- Ce sont des monstres. Je suis un monstre. Un monstre en puissance en fait. Plus ça va, moins j'arrive à... me contrôler.

Il s'adosse lourdement au sofa et reprend.

- Je sème le chaos. Uniquement le chaos. Pourtant... tous ces gens à qui j'ai fait du mal... ils m'aimaient. Moi aussi... je les aime. Déplore t'il, baissant la tête.

- Quel a été le déclencheur, pour que vous décidiez de venir me voir ?

Avant de répondre, sa jambe s'agite de nouveau et il passe ses mains sur son visage.

- Je... je m'en suis pris à une femme. J'ai... tellement honte de ça. Je lui ai fait du mal et... elle ne me le pardonnera pas.

- Elle vous aimait elle aussi ?

- J'en sais rien. J'en sais rien du tout. Mais... elle était une des rares personnes à ne pas avoir peur de moi. Elle me souriait. Elle me souriait tout le temps. J'ai gâché ça... je m'en suis pris à elle, pour un truc complètement stupide. Je... je n'ai même pas réalisé ce que je faisais. Jusqu'à... jusqu'à ce qu'elle me dise que je lui faisait mal. C'était comme si... ce n'était pas moi. J'ai perdu le contrôle et je ne m'en souviens même pas. Je me souviens uniquement de son regard. Celui que je ne voulais jamais voir. Celui qui me disait qu'elle aurait peur de moi à partir de maintenant. Celui qui disait... c'est terminé. Je ne te pardonnerai jamais. Je ne voulais pas lui faire ça. Elle est... la dernière personne à qui je voudrais faire du mal.

Il semble tellement mal en ce moment que s'en est frappant pour la psy. Rarement, elle avait vu un mal-être aussi profond. Il semble avoir beaucoup plus de problème que ce qu'il veut bien avouer. Un cas comme ça ne s'étudie pas à l'école. De plus, depuis qu'il est entré, l'aura qui émane de lui est sombre et presque étouffante. C'est bien la première fois, que cette femme fait face à tant de noirceur.

- Alors ? Reprend Mikey. Vous pouvez m'aider ?



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