Mahal.

C'est au petit matin qu'Ayaka se réveille pour la seconde fois. Le soleil commence timidement à pointer le bout de son nez et en se retournant dans son lit, Ayaka voit Izana penché sur la table de chevet de cette chambre.

Il est beau, paisible et concentré. Les rayons du soleil à peine chauds se reflétent sur la peau halée de son torse nu.

Curieuse de savoir ce qu'il fait, Ayaka se place derrière lui, enlaçant sa taille, lui provoquant ainsi un petit sourire. Se hissant légèrement sur la pointe de ses pieds, elle pose son menton sur son épaule afin de voir à quoi il est occupé. 

Muni d'un stylo, il écrit sur un papier fournit par l'hôtel, un mot dans une langue qu'elle ne connait pas.

- Qu'est ce que ça veut dire ? Lui demande t'elle, embrassant le creux de son épaule, une fois la dernière lettre tracée.

Il a fait attention à avoir une jolie écriture. Il tient à ce que ce soit beau. Remarque Ayaka.

- Mahal. Prononce t'il. Aux Philippines, ça désigne l'amour. Et aussi quelque chose de cher. On appelle Mahal, quelqu'un qu'on aime et qui nous est précieux.

Elle appuie un peu plus ses lèvres contre sa peau. Cette explication la fait rougir, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi.

Il se tourne vers elle dans un sourire attendrit, face à la douceur matinale de la jeune femme.

- Alors... Reprend t'il. Mahal te va parfaitement bien, selon moi.

Elle sourit et l'embrasse avec une tendresse qu'elle ne se connaissait pas elle même. Il lui plait tellement quand il est ainsi. Aussi tendre, honnête et doux.

En général, il ne faut pas longtemps avant qu'il ne tourne tout lui même à la rigolade. Comme s'il ne pouvait pas rester ainsi trop longtemps. Ce matin là ne fait pas fait exception.

- Mais... toi tu peux continuer à m'appeler vôtre majesté. La taquine t'il, dans un sourire moqueur.

Dans un regard outré, elle s'éloigne de lui et lui lance un de ses coussins dessus. Il réplique en faisant de même et tout deux sont devenus semblables à deux enfants joyeux, qui n'ont qu'en tête d'être heureux.

Ces dernières heures passées avec Izana, sont pour Ayaka semblable à un rêve. Comme quelque chose qu'elle ne méritait pas. Quelque chose qu'elle s'interdit.

"Un mois." Se dit elle, une fois qu'ils sont prêts à s'en aller.

"Il ne nous reste qu'un petit mois."

Avant de sortir de cette chambre où le temps ne semble pas le même, Ayaka a prit soin d'emporter le papier où Izana a écrit ce fameux mot. Elle l'a enfouit précautionneusement dans son sac. Elle ne sait pas pourquoi mais ce simple mot, écrit sur un papier lui procure une sensation plus qu'agréable.

C'est une toute autre ambiance dans la tête d'Ayaka en ce début d'après midi. Sa perruque sur la tête et ses lunettes noires posées sur son nez, elle s'apprête à entrer dans le bâtiment de la société d'Eiji, pour honorer le rendez vous qu'elle attendait.

Toute la haine qu'elle ressent pour lui l'envahit à mesure qu'elle se rapproche de son bureau, ayant eu l'accord de la secrétaire. Elle ne doit rien laisser paraître et ce n'est pas chose aisée. Elle le hait de tout son être.

Elle a tenu à se rendre à ce rendez vous seule. Bien que plusieurs lui aient proposé de l'accompagner. Pour elle, c'est son combat et elle doit se confronté à Eiji seule.

Pourtant une certaine angoisse monte en elle. C'est la première fois que ça arrive lors d'une mission. Sans doute que c'est la première fois, qu'elle met à exécution un plan qui l'implique personnellement.

Elle frappe à la porte du bureau d'Eiji. Pour se donner du courage, elle prend une profonde inspiration.

Lorsqu'elle voit son visage, un frisson de dégoût la traverse. Elle le réprime et affiche le meilleur souvenir qu'elle peut avoir.

Elle s'assoit face à lui, croisant lentement ses jambes, obtenant ainsi toute l'attention d'Eiji. Il fallait s'en douter. Se dit Ayaka déjà agacé.

- Je suis ravi que nous soyons en tête à tête, mademoiselle Woodward. Lui dit il, laissant courir un regard pressant sur elle.

- C'est un réel plaisir pour moi aussi. Mais appelez moi Kaya.

A cette requête, le sourire d'Eiji s'élargit. C'est à ce moment là, qu'Ayaka sait qu'elle a l'avantage.

"Quel abrutit." Pense Ayaka presque désespéré.

Pendant quelques minutes, ils discutent affaires. Ayaka le mène par le bout du nez et il ne remarque rien. Beaucoup trop occupé à la dévorer du regard.

Ayaka n'y prête pas attention. La seule chose qui l'intéresse, est qu'Eiji finisse par activer sans le savoir l'ingénieux dispositif que Rindou Haitani a discrètement placé sur son ordinateur, la dernière fois qu'ils sont venu ici.

Elle décide de passer à la vitesse supérieure. Sa présence lui devient insupportable.

Il est ce genre d'homme qui se pense plus intelligent, plus beau et plus important que tout le monde. De quoi rajouter encore plus de raison de le détester.

- Vous ne me faites pas confiance Eiji. Se plaint elle faussement.

- J'ai toute confiance en vous. Qui pourrait refuser sa confiance à une si belle femme ?

Une brève nausée s'empare d'Ayaka. Si les enjeux n'était pas aussi important elle lui aurait sûrement vomit dessus. Elle se reprend rapidement toutefois.

- Et bien, j'ai entendu dire que certains de vos actionnaires avaient des droits que je n'ai pas. Des codes d'accès par exemple.

- Vous êtes bien informée. Rit il un peu. Mais, s'il n'y a que ça... je vous les donne tout de suite.

Son sourire est graveleux et son regard n'est clairement pas dirigé sur le visage d'Ayaka. Revoilà cette nausée chez la jeune femme. Vivement qu'elle sorte d'ici.

"Cet homme est un porc."

Lentement, elle se lève et se dirige vers lui. Elle se place derrière sa chaise et se penche en avant. Oui le fait qu'il fasse plus appel à son entrejambe plutôt qu'à ses méninges l'arrange grandement. Elle doit profiter de cette faiblesse chez lui. Bien qu'elle préférerait largement avaler du tue-rat à ce moment précis.

Il est troublé et nerveux, elle le voit rien qu'à ses mains tremblantes sur le clavier. Cachés par ses lunettes, ses yeux se lèvent au ciel.

Regardant l'écran elle a du mal à retenir le sourire triomphant qui menace de lui faire une crampe. Elle y est.

Effleurant son bras au passage, elle s'empare de la souris de l'ordinateur. Se faisant, l'attention et le regard troublé d'Eiji se portent sur elle. C'est ce qu'elle voulait.

- Vous avez besoin d'aide visiblement. Lui dit elle, dans une voix faussement lascive.

Le cœur d'Eiji s'accélère et il ne prête plus attention à rien d'autre qu'Ayaka. En quelques clics, elle a enfin ce qu'elle voulait. Grâce à ça, toutes les données émises par Eiji sont copié dans ce qu'ils ont infiltré dans l'ordinateur d'Eiji. Ainsi, toutes les opérations financières qu'il fera, seront en faveur du gang sans même qu'il ne s'en rende compte.

Il ne reste plus à Ayaka qu'à récupérer discrètement le dispositif. Un jeu d'enfant quand Eiji est tellement subjugué qu'il ne se rend compte de rien.

- C'est donc ça, les codes d'accès ? Demande t'elle, son visage très près du siens.

Il déglutit difficilement, hochant la tête. Elle les note dans son téléphone. Ça aussi ça va lui servir.

Dans un sourire, elle reprend sa place et Eiji, reprend un peu de contenance.

- Je me demandais... Commence t'il, se raclant la gorge. Seriez vous libre pour dîner prochainement ?

Ça a un peu trop bien marché, pour le plus grand désespoir d'Ayaka.

- Vous n'avez pas une femme Eiji ? Tente t'elle. Je ne voudrais pas me la mettre à dos. Je ne suis pas ce genre de femme qui plus est.

- Veuillez m'excuser. Mais... je suis ravi que vous faisiez partie de nos actionnaires. Je ne vous décevrai pas. Assure t'il, sous l'effet de la douche froide.

- Je n'en doute pas. Affirme Ayaka. Je vais devoir vous laisser malheureusement. Mais, on se reverra très bientôt.

- Avec plaisir.

Ayaka sort enfin de ce bureau. Elle a besoin d'air. Elle a l'impression d'étouffer. Une fois dans sa voiture, un frisson s'empare d'elle. Il la met tellement mal à l'aise. Elle a tellement de dégoût pour lui, qu'elle n'aurait pas tenu plus longtemps.

Elle démarre et s'éloigne rapidement cherchant presque à le fuir le plus rapidement possible.

Arrivée au QG, plus vite que ce qu'elle en est partit, Ayaka est intrigué par ce qu'il se passe devant elle. Sanzu est en train de discuter avec un homme qu'elle ne connaît pas.

Sanzu a l'air nerveux, tendu et mal à l'aise. Assez rare chez lui pour être souligné.

Cherchant son attention, Ayaka lui adresse un signe de la main. Il le lui rend et le regard du jeune homme, lui confirme ce qu'elle pensait. Il n'a pas envie d'être là.

Elle rentre tout de même, allant chercher quelques informations. Quand elle arrive dans les espaces communs, elle est accueilli par les autres.

- Alors ? Lui demande Koko.

- Alors on devient plus riche d'heure en heure. Répond t'elle dans un sourire triomphant, lui tendant le petit appareil qu'elle a dans les mains.

- Je savais que tu y arriverais. Lance Koko, dans une certaine fierté.

- Comment tu vas ? Demande Mikey, assez inquiet qu'elle y soit allée seule.

- Je vais avoir besoin d'une bonne douche. Soupire t'elle.

- Qu'est ce qu'il t'a fait ? S'emporte Izana, suite à cette réponse.

- Rien. Il est juste... écœurant. Mais c'est pas important. Avec qui discute Sanzu, dehors ?

- Takeomi. Déclare Ran.

- Qui c'est ?

- Son grand frère. Précise Mikey. Takeomi fait souvent des missions pour nous en échange d'argent. Parfois, il demande à discuter avec Sanzu. Mais Sanzu s'en sort en général.

- Non. Dit elle simplement.

C'est instinctif à ce moment là. Elle se dirige d'un pas ferme et décidé vers l'extérieur. Il ne s'en sort pas c'est évident. Surtout, elle connaît ce sentiment. Alors, si elle peut le lui éviter, elle ne fera.

Arrivée à la hauteur des deux hommes, Ayaka se place entre eux, sous le regard surprit de Takeomi.

- Je pense qu'il faut que tu t'en ailles. Annonce Ayaka à Takeomi.

- Tu permets ? Je suis en train de parler. Grogne t'il.

- Certes, mais j'ai besoin de Sanzu pour le moment.

Sanzu ne sait plus vraiment ce qu'il ressent. C'est la première fois, qu'on le "défend". La première fois depuis longtemps qu'on s'aperçoit enfin qu'il faut l'aider. S'il y a bien quelqu'un de qui il n'aurait jamais imaginé ça, c'est bien Ayaka.

Mais il est touché par ce geste. Il sait pertinemment qu'elle ment. Elle n'a pas besoin de lui. Elle n'a jamais besoin de lui. Mais alors, pourquoi être venue l'aider ?

- Et moi, je suis en train de lui parler. Répète Takeomi.

- Oui, mais tu as l'air de lui taper sur le système et normalement, je suis la seule à pouvoir faire ça. Affirme Ayaka, s'avançant vers lui. Vas t'en s'il te plaît. T'as pas l'air d'être le bienvenu. Moi en tout cas, je ne bougerai pas tant que tu ne t'en iras pas. Je peux même chanter si tu veux, mais tu ne vas pas apprécier.

Takeomi capitule. Quand une femme a une idée en tête, elle n'en démord pas. Puis, Ayaka n'a pas l'air d'être une femme qu'on ne doit pas prendre au sérieux.

Dans un regard dédaigneux, il finit par s'en aller. Une fois qu'il s'est éloigné, Ayaka se tourne vers Sanzu.

- Ça va ? Lui demande t'elle.

Sans qu'elle ne s'y attende, Sanzu ne dit rien mais l'enlace. Elle se laisse faire, plutôt désarçonée.

- Merci. Lui chuchotte t'il.

Ayaka ne sait pas vraiment pourquoi elle a fait ça. Elle n'a pas pu s'en empêcher. Puis, en y réfléchissant, elle comprend. Elle a fait pour lui, ce qu'elle aurait aimé que l'on fasse pour elle.








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