- Je ne comprend pas pourquoi tu ne lui as pas dit la vérité. Je veux dire... elle l'a deviné. Pourquoi tu lui as pas confirmé que ce cadeau vient de toi ? Demande Kakucho à Izana, alors qu'ils sont dehors.

- Je la connais. Soupire Izana. Si je lui avais dit, elle me l'aurait rendu.

- Ça m'étonnerait. Elle est scotchée à ce livre depuis ce matin. Pour le lui prendre il faudra sûrement lui couper les mains.

Izana a un sourire attendrit après les paroles de Kakucho.

- Tant mieux dans ce cas. Assure t'il.

- Izana. Souffle Kakucho. Explique moi. Ça ne te ressemble pas de laisser les autres, récolter tes lauriers. Encore moins Mikey.

- Mikey... il a besoin d'elle. Moi... j'ai juste besoin qu'elle soit heureuse. Selon elle, je ne peux pas la rendre heureuse. Alors... peut être que lui le peut. Explique Izana, baissant la tête.

Ça ne ressemble pas à Izana, ce genre d'attitude. Pourtant, sa sincérité transparaît dans sa voix. Il a vraiment l'air de penser ce qu'il dit. Surtout, ça a l'air de lui faire un mal de chien de l'admettre.

- Concentrons nous sur la mission tu veux ? Intervient Izana, ramenant l'attention de Kakucho sur lui. N'essaie pas de me comprendre. Même moi j'ai du mal. Conclut il, dans un petit rire triste.

Dans les espaces communs du QG, Ayaka donne raison à Kakucho. Voilà des heures que son regard ne s'est pas levé de son livre. Elle est confortablement installée dans un des canapés et n'a adressé la parole à personne depuis ce matin. Quelques discussions ont eu lieu autour d'elle, elle n'y a pas fait attention.

Toutefois, Mikey finit par s'installer à côté d'elle. Passant ses bras autour d'elle, il arrive enfin à attirer son attention. Elle lui adresse un petit sourire et il prend la parole.

- Ce livre te plaît à ce que je vois. Lui sourit il.

- Oui, vraiment beaucoup. Dis moi... où est ce que tu l'as trouvé ?

- Oh... dans une librairie. Dit il simplement.

- Une librairie ? Répète Ayaka, perplexe.

- Oui. Tout ce qu'il y a de plus banal.

Ça c'est impossible. Se dit Ayaka. Voilà des années qu'il n'est plus édité. Il ne se trouve dans aucune librairie. Elle le sait parfaitement.

- Pourquoi tu as pris celui là ? Lui demande t'elle, cherchant à confirmer son intuition d'hier soir.

- J'en sais trop rien. La... la couverture m'a plu.

Il ment. C'est évident. Ils passent tous leur temps à lui mentir, ou quoi ? Il est évident que ce n'est pas lui, qui a choisit ce cadeau.

Se replongeant dans son livre, elle repense à la seule fois, où elle a parlé de son amour immodéré pour ce livre.

Elle était avec Izana, autour d'un verre dans le bar privé du QG. Elle ne se rappelle plus comment ils en étaient arrivé à parler de littérature. Mais elle se souvient en revanche, qu'ils étaient assez éméchés et qu'ils avaient l'alcool joyeux.

- Moi je me souviens qu'à l'orphelinat, on nous lisait le même livre tous les jours. Avait déclaré Izana. Je ne me souviens plus du titre mais je pourrai te le réciter du début à la fin. Riait il.

Il avait bu une gorgée de son verre et avait fixé son regard droit devant lui, avant de reprendre la parole.

- Cette nuit était la dernière où elle respirait le même air que lui, où elle pouvait regarder la mer profonde et le ciel étoilé. Une nuit éternelle, une nuit sans rêves l’attendait, puisqu’elle n’avait pas d’âme. Avait il clamé, dans un ton imitant les plus grands conteurs.

Ayaka avait rit, sous le regard faussement vexé d'Izana.

- C'est la petite sirène ça, Izana. Riait elle encore.

- Quoi ? T'étais avec moi à l'orphelinat ? Avait il plaisanté.

Elle secouait la tête, riant toujours.

- Je ne savais pas que tu aimais lire. Avait reprit sérieusement Izana.

- Je n'ai pas lu beaucoup de livres, pour être honnête. Certains m'ont plu. Mais... il y en a un que j'ai particulièrement adoré. Je l'ai dévoré la première fois. Puis je l'ai relu des dizaines de fois. Je devais avoir quinze ou seize ans quand mes parents me l'ont offert. Mais... on a déménagé quand ils sont morts et... le livre s'est perdu dans les cartons. Je l'ai cherché des années plus tard. Je voulais le racheter mais il n'est plus édité. Je désespère de le trouver un jour. C'était... un des rares souvenirs qu'il me restait de mes parents.

Elle avait l'air vraiment nostalgique quand elle parlait de ce livre. Izana avait retenu le titre et s'était promit de le trouver. Il en avait fait une priorité depuis six mois.

Il avait cherché partout. Les librairies d'occasion, les particuliers, les petites annonces, rien à faire. C'était comme si ce livre n'avait jamais existé.

Puis, avant hier, il avait enfin trouvé. Une vente aux enchères. La toute première édition de ce livre, se vendait aux enchères. Jamais il n'aurait pensé que ce livre intéressait autant de monde. Il y a laissé pas mal d'argent, mais préfère passer sur ce détails. Kakucho lui ferait la morale et Koko ferait sûrement un AVC.

Ça lui a coûté une somme astronomique. Mais, ce qui le console un peu, outre le fait de faire plaisir à Ayaka, c'est que les bénéfices de cette vente aux enchères, reviennent aux orphelinats.

Sortant de ce souvenir, Ayaka a maintenant les idées claires. C'est Izana qui lui a offert ce livre. Pourquoi est ce qu'il lui a mentit ? Pourquoi Mikey lui ment il à présent ? Ils la pensent idiote ? Ils pensaient vraiment qu'elle ne le saurait pas ? Pourquoi tout le monde lui ment en permanence ?

Sans vraiment s'en rendre compte, elle se défait de l'emprise de Mikey et se redresse.

- Où est ce que tu vas ? Lui demande Mikey, un peu surprit.

- Je... je dois faire des recherches pour une mission. Explique t'elle, avant de s'en aller.

En effet, elle préfère oublier toutes ses questions pour le moment et se pencher sur quelque chose de plus important. C'est donc dans un des bureaux, qu'elle décide de se plonger dans les données contenues dans cette fameuses cartes.

Pendant quelques temps, elle regarde l'écran de l'ordinateur, à s'en brûler les yeux. Puis, elle tombe sur la période de la création de cette entreprise. Les fonds transférés à l'ouverture de ce compte, correspondent à une forte somme d'argent. L'intitulé de ce virement, fait tilter Ayaka : héritage - Kohaku.

Ayaka a peur de comprendre. Son nom de famille devant ses yeux, lui laisse présager que quelque chose de louche, se cache derrière ce virement. Surtout, elle n'a jamais eu connaissance d'une telle somme, que ses parents auraient laissé. Quand le notaire a procédé à l'exécution du testament, il n'y avait que quelques meubles et la maison qu'elle et sa sœur ont vendu pour se trouver un appartement.

Rien de ce qui restait, ne justifie une somme pareille. Comment se fait il, qu'elle n'en ai jamais entendu parler ? Elle cherche dans son esprit, comment sa sœur s'y est prit. Elle ne trouve pas.

Alors, il lui vient une idée. Détourner des fonds ou un héritage semble complexe. S'il y a bien quelqu'un qui peut l'aider à y voir clair dans tout ça, c'est bien Kokonoi Hajime. Lui, aura sûrement une explication, qu'Ayaka n'arrive pas à trouver.

Elle entre donc dans son bureau, bien décidée à y voir plus clair.

- J'ai besoin de tes lumières. L'informe t'elle.

- Je t'écoute.

- Voilà. Je dois me renseigner pour une mission, mais il y a pas mal de zones d'ombres. Des secrets que j'aimerai bien découvrir. J'ai besoin que tu utilises ton flair pour l'argent.

- Ça a l'air dans mes cordes.

- Imagine que tu aies une petite sœur. Vos parents sont morts et tu veux lui cacher une grosse partie de l'héritage qu'ils ont laissé. Comment tu t'y prendrais ?

- Hmmm... j'essaierai de soudoyer le notaire. Mais... ça a l'air compliqué, les notaires sont plutôt honnêtes.

- Non. C'est... ta petite sœur qui a trouvé le notaire. Elle s'est occupée de tout.

- Alors, je cacherai sûrement cette partie de l'héritage, avant la mort de mes parents.

Ayaka semble sonnée. Comment Mako, s'y serait elle prit ? Une idée la traverse et ça lui fait froid dans le dos.

- Mais... ça veut dire que... tu saurais quand tes parents allait mourir, non ?

- C'est ce que ça implique, oui. Peut être qu'ils sont morts d'une longue maladie ? Suppose Koko.

- Non... ils sont mort dans un accident.

- Dans ce cas... il y a des chances pour que cet accident n'en soit pas un. Conclut Koko, sûr de lui.

Soudain, Ayaka manque cruellement d'air. Elle a l'impression qu'on vient de la frapper avec une violence inouïe dans le ventre. Elle tremble et a du mal à respirer, ce que Koko voit clairement.

- Ça va ? S'inquiète t'il.

Ayaka met plusieurs secondes à lui répondre. Son regard est dans le vide et sa machoire se serre. Elle se souvient des conclusions de l'accident. Les freins ont lachés. Il devient évident, qu'ils n'ont pas laché tout seul. Alors... on lui a prit les seules personnes qui l'ont un jour aimée ? Sa sœur... a tué ses propres parents ?

- Ayaka ! Fait plus fermement Koko, pour la ramener avec lui.

Sa voix fait se lever le regard d'Ayaka vers lui. Elle est complètement abasourdie. Comme s'il venait de lui révéler, la pire horreur de toute sa vie.

- Je sais que c'est horrible d'imaginer ça. Rajoute Koko. Mais...

- T'en fait pas ! Ça va. Le coupe t'elle.

Elle se redresse difficilement sous le regard préoccupé de Koko.

- Merci. Souffle t'elle. Tu m'as beaucoup aidée.

- Je t'en prie. Mais... tu es sûre que tout va bien ?

Personne n'a jamais vu Ayaka aussi déstabilisée. Encore moins pour quelque chose, qu'elle dit ne pas la concerner.

En réponse à Koko, elle hoche simplement la tête et s'en va rapidement. Elle a l'impression d'étouffer. Elle a besoin d'air.

Elle sort rapidement du QG et s'adosse au mur de façade, se tenant la poitrine. Elle est en train de faire une crise d'angoisse. Devine t'elle, tant respirer lui fait mal.

"Je n'ai rien vu."

"Comment c'est possible, d'être aussi conne ?"

"Tout le monde m'a toujours mentit !"

"Tout le monde m'a toujours prise pour une idiote."

"Ça continue même aujourd'hui."

"Il n'y a que mes parents qui m'ont aimée. Personne d'autre."

"On me les a enlevés. Ils me les ont enlevés."

"Je ne laisserai pas passer ça, jamais."

Sa respiration devient de plus en plus douloureuse. Elle se laisse glisser par terre, raffermissant sa prise sur sa poitrine. Tout son corps lui fait mal.

C'est ce moment, que choisissent Kakucho et Izana pour revenir de mission. La voyant ainsi, ils s'avancent rapidement vers elle, constatant son état des plus préoccupant. Izana s'accroupit près d'elle et tourne son visage vers Kakucho.

- Va chercher Mikey. Ordonne t'il.

Kakucho est un peu étonné de sa demande mais s'exécute, alors que l'attention d'Izana, se reporte sur Ayaka.

- Calme toi. Tout va bien. Tu es en sécurité ici, je te le promets. Dit il, lui caressant délicatement le visage.

A ce contact, elle semble se calmer un peu, sa respiration reprend lentement, un rythme plus ou moins régulier.

Elle saisit fermement la main d'Izana. Elle lui fait presque mal, mais il la laisse faire.

- Tout va bien. Lui répète t'il. Calme toi.

Izana se mord les lèvres, la voir ainsi lui déplaît fortement. Qu'est ce qui a bien pu lui arriver, pour qu'elle se retrouve dans cet état ? Il sent la pression d'Ayaka sur sa main, s'accentuer de plus en plus.

- Mikey va arriver. Calme toi, je te promets que ça va aller. Assure t'il.

En effet, Mikey arrive quelques secondes plus tard. Izana se retourne vers lui et se redresse. Il passe à côté de lui et se penche à son oreille.

- Prend soin d'elle, c'est ton rôle maintenant.

Mikey ne comprend pas vraiment et le regarde s'éloigner. Il compte bien avoir une discussion avec lui après.

Pour le moment, il se concentre sur Ayaka, qui semble presque calmée. Elle reste silencieuse et Mikey arrive à l'entraîner vers ses appartements.

Une fois devant la porte, elle prend la parole uniquement pour lui dire, qu'elle préfère être seule. Il le comprend et la laisse tranquille.

"J'ai assez vu de mensonge, pour aujourd'hui." Se dit elle.

Mikey profite de ce moment, pour aller voir Izana. Il a besoin de comprendre son comportement.

- Pourquoi ? Lui demande t'il simplement, une fois qu'il l'a trouvé.

- Hm ? Fait il arquant un sourcil.

- Pourquoi tu me laisses le beau rôle avec elle ?

- Elle va mieux ? Lui demande t'il, ignorant sa question.

- Elle avait l'air oui. Mais... répond moi !

- Je te l'ai dit, c'est ton rôle maintenant. T'as gagné Mikey, félicitations.

Le voyant tourner les talons, Mikey est encore plus perplexe. Ça ne ressemble pas à Izana. Pas du tout. Il se souvient que lorsqu'il s'est avancé vers Ayaka, elle était déjà presque calmée. Alors... est ce qu'il a vraiment gagné ?