Hostilités.

Nori Kimura savait qu'Ayaka n'avait rien d'une figure parentale ordinaire. Elle n'était pas du genre à passer une après midi à faire des gâteaux avec lui, ou à lui apprendre à faire du vélo pendant des heures. Ni même à organiser des soirées pyjamas avec ses amis de l'école. Mais, Nori ne s'en plaignait pas. Au contraire, ce qu'était Ayaka pour lui lui convenait parfaitement. Elle lui avait inculqué plusieurs règles qu'il avait toujours mis un point d'honneur à suivre.

"Ne laisse personne te manquer de respect."

"Sois gentil avec ceux qui se sentent rejetés."

"N'aies jamais honte de demander ce que tu mérites."

Et enfin la plus importante d'entre toutes, que la jeune femme n'avait jamais manqué de respecter :

"Si tu as besoin d'aide, dis le moi. Je réglerai n'importe lequel de tes problèmes."

Celle ci, Nori avait pu la vérifier à maintes reprises. Surtout, il avait pu constater à quel point Ayaka réglait rarement les choses de la même manière que les autres parents.

En effet, un soir en sortant de l'école, Nori avait expliqué à Ayaka qu'un enfant le chahutait depuis plusieurs jours.

Ayaka avait simplement haussé un sourcil et lui avait demandé de lui indiquer de quel enfant il s'agissait.

Le laissant sous la surveillance d'un des responsables de la sécurité de son école, elle était allé discuter à l'abri des regards avec cet enfant et sa mère.

Même pas dix minutes plus tard, Nori avait comprit que leur discussion n'avait rien eu de courtois, quand la mère de son camarade de classe, les cheveux en bataille et une joue plus rouge que ce qu'elle aurait dû, était venue avec son fils s'excuser platement et lui assurer que ça ne se reproduirait plus.

Nori avait été tranquille depuis ce jour là. Plus aucun enfant n'avait osé s'en prendre à lui. Quand il avait demandé à Ayaka ce qu'elle avait fait, elle lui avait assuré qu'elles avaient uniquement discuté entre adultes.

Ainsi était Ayaka. Elle réglait les problèmes de Nori avec une méthode bien à elle. Nori ne posait jamais plus de question que ça. Il la trouvait géniale avec lui et c'était tout ce qui lui importait.

Cependant, depuis quelques temps Ayaka était différente. Plus méfiante que d'habitude selon lui. Il n'était pas rare qu'il la surprenne à regarder tout autour d'elle quand ils étaient dans la rue. Qu'elle serre sa main un peu plus fort lorsqu'un inconnu s'approchait d'eux. Surtout, Nori avait remarqué qu'elle ne dormait que très peu, ces derniers temps. Comme si elle avait... peur ?

Comment Ayaka pourrait avoir peur de quelque chose ? Se demandait Nori. Elle n'était pas du tout de ce genre là.

Aussi, il y a deux jours elle avait eu l'air totalement paniqué. En effet, il y avait un nouvel élève dans sa classe. Ce dernier lui avait proposé de passer la journée chez lui. Quand il en avait parlé à Ayaka, son expression avait changé.

- Comment il s'appelle ? Avait elle demandé, comme si son état d'esprit allait dépendre de cette réponse.

- Il s'appelle Jim. Avait répondu Nori un peu perdu.

- Je te demande son nom de famille Nori !

Elle s'était emporté et c'était la première fois que ça lui arrivait.

- Je... je ne sais pas.

- Alors, tu n'iras pas.

- Mais pourquoi ?

- Parce que je ne sais pas qui c'est ! Hors de question que tu sois dans un endroit que je ne connais pas ! Tu as compris ?!

- Mais, Aya. Tous mes copains y seront ! On va s'amuser. C'est pour son anniversaire.

- C'est pas mon problème ! Je t'ai dit non !

Elle criait à présent. Mais elle ne semblait pas en colère. Elle semblait à bout. C'était la première fois qu'elle lui refusait quelque chose. Surtout, la première fois qu'elle lui criait dessus comme ça.

- On ne fait jamais rien comme les autres de toutes façons. Avait râlé Nori, avant de se réfugier dans sa chambre.

Entendant cette phrase, Ayaka s'était sentie coupable. Il ne savait rien de ce qui se passait en ce moment. Elle s'était pourtant promis de lui offrir une vie normale. Elle en était maintenant à avoir peur d'un enfant, juste parce qu'elle ne le connaissait pas.

Elle comprenait qu'il était déçu. C'était de son âge d'aller chez ses amis pour un anniversaire. Mais elle ne pouvait pas se permettre de lui dire oui. Elle avait peur. Vraiment peur, pour lui.

Elle se trouvait ridicule de penser qu'un des camarade de classe de Nori, pourrait être un appât. Pourtant cette idée ne lui sortait pas de la tête. Elle était loin d'avoir à faire à des anges. Alors, se servir d'un enfant pour en attirer un autre n'était pas si idiot pour elle.

Quelques minutes après s'être calmée, elle était allée retrouver Nori dans sa chambre. Le petit garçon boudait toujours.

Elle s'était accroupi à son niveau tandis qu'il triturait un de ses jouets entre ses doigts. Il avait fini par relever la tête et voir le regard désolé de sa tante.

- Pardon. Avait elle dit. Je n'aurai pas dû te crier dessus. Excuse moi. Je ne le ferai plus. Si tu veux... on peut inviter quelques uns de tes amis ici un de ces jours. Je veux juste... éviter qu'il t'arrive quelque chose.

- Tu n'aimes pas, avoir plein d'enfants chez toi. Avait relevé Nori.

- Je sais. Avait elle soupiré. Mais je crois que je peux faire un effort. Avait elle sourit timidement. Tu veux bien essayer de me pardonner ?

- Hmm... si on commande des burgers pour le dîner ça devrait aller. Avait fait Nori, faussement vexé.

Ayaka avait eu un petit rire et avait remué la tête, faisant semblant de réfléchir.

- Je crois que ça peut se faire. Avait elle répondu.

Ils avaient rit tout les deux et Nori avait ajouté quelque chose, à laquelle Ayaka ne s'attendait pas.

- Je t'aime, Aya.

C'était la première fois, qu'il lui disait ça. Elle n'aurait pas su expliquer ce que ça lui faisait. C'était bien différent venant de Nori, que d'un homme.

- Moi aussi. Avait elle assuré, un timide sourire aux lèvres.

Durant les deux jours qui lui restait avant la fin de l'ultimatum qu'on lui avait posé, Ayaka avait fait des recherches, sur ce fameux nouvel élève dans la classe de Nori. Un prénom était un mince indice et elle s'en était donné la migraine tant ses recherches avait été longues.

Puis, elle avait trouvé. Interieurement, elle se félicitait d'avoir refusé que Nori aille chez lui. Il s'agissait du fils de cet homme qui était venu la trouver dans le parc. Elle lui ferait payer ça.

Comme convenu la dernière fois, c'est dans ce même parc qu'Ayaka le retrouve, pour lui donner sa réponse qui n'a pas changé. Lorsqu'il s'assoit sur le banc à côté d'elle, elle prend la parole en premier.

- J'espère que Jim, s'intègre bien à sa nouvelle classe.

L'homme a un petit rire et lui répond.

- Je me doutais que vous n'étiez pas assez idiote pour tomber dans un piège aussi grossier, mademoiselle Kohaku.

- Alors, c'était quoi ?

- Un avertissement. Nous pouvons vous atteindre à n'importe quel moment. Il serait bon que vous vous en souveniez.

- Quelque soit ce que vous comptez faire, ma réponse ne changera pas. Je ne vous livrerez personne.

- Vous risquez de gros ennuis.

- Dis celui qui a perdu une dizaine de ses hommes à cause d'une seule femme.

- Vous êtes une énigme, Ayaka. Vous avez une loyauté que je ne comprend pas. Vous les avez pourtant quitté.

- Je ne vous demande pas de comprendre, simplement de me foutre la paix.

L'homme rit de nouveau et entame un discours qui se veut menaçant sur le pouvoir de son organisation. Ayaka ne l'écoute pas. Elle sait qu'elle soit en apprendre plus, beaucoup plus que ce qu'il pourrait lui dire si elle veut les battre. Alors, il lui vient une idée. Une idée qui peut aussi lui garantir de repartir saine et sauve de ce parc.

Pour la première fois de toute sa vie, Ayaka va s'en remettre à la police en patrouille dans ce parc.

Elle capte discrètement l'attention d'un des officiers et lui lance des regards faussement inquiets, tandis que son interlocuteur continue de parler.

Les officiers s'approchent d'eux, sous le regards surpris de l'homme qui ne peut pas s'en aller.

- Tout va bien mademoiselle ? Demande un des officiers à Ayaka.

- Dieu merci vous êtes là. Cet homme me demande des renseignements sur un enfant.

Ce genre d'allégations n'étant jamais prises à la légère, l'homme se fait embarquer sous ses furieuses protestations. Ayaka est même remercié par le policier. Une première. Se dit elle.

C'est à Izana qu'elle choisit d'envoyer un message. Elle a bien l'intention de se rendre au poste de police, un peu plus tard. Eux, auront des informations auxquelles elle n'a pas accès dans ce pays.

Quelques heures plus tard, apprenant que cet homme à été relâché, Izana et Ayaka se donnent rendez vous afin d'aller ensemble récolter des informations.

- Qu'est ce que tu comptes faire, pour que la police te donnes ce genre d'info ? Demande Izana perplexe.

- Tu as visiblement oublié à qui tu t'adresses. Souffle t'elle.

- Non, je n'ai pas oublié non. Je m'adresse à une lâche.

Ayaka souffle mais ne dit rien. A quoi bon entrer en conflit avec lui ? Ça ne résoudra rien. Puis, dans cette situation, ils n'ont pas besoin de ça. Pourtant, son absence de réaction semble rendre Izana encore plus en colère.

- Y a vraiment rien de bon chez toi. Crache t'il.

Ayaka souffle un peu plus bruyament cette fois.

- Kakucho me l'a déjà dit je te remercie. Soupire t'elle.

- Quand ? Demande t'il intrigué. Vous vous êtes revus ?

- Non. Quand il a compris que j'allais m'en aller, c'est ce qu'il m'a dit.

Regardant Izana, Ayaka comprend qu'il n'en savait rien. Jamais elle n'a autant regretté de dire quelque chose. Elle pensait vraiment qu'en vertu de sa loyauté envers lui, Kakucho le lui avait déjà apprit et sûrement même avant qu'elle ne s'en aille. Visiblement il n'en est rien.

- Il savait ?! Demande Izana, la machoire serrée.

- Écoutes...

- Il savait oui ou non ?! S'emporte t'il.

Devant l'absence de réponse d'Ayaka, Izana comprend et dans son esprit, se dessine une nouvelle décision.



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