Honnêteté
- Je ne savais pas qu'on avait invité toute la ville, pour déjeuner. Ironise Ran Haitani, faisant allusion à l'abondance de nourriture sur la grande table des espaces communs.
Cette remarque est pour Mikey. Toutefois, il ne relève pas. Son esprit est ailleurs. Comment se fait il, qu'Ayaka soit partie avec Kakucho et soit revenue avec Izana ?
Il a l'impression très désagréable, qu'Izana a toujours un coup d'avance sur lui. Comme si, il connaissait mieux Ayaka. Comme si, ils avaient cette sorte de lien tacite, qui n'existe pas entre Mikey et elle. Ça a le don de lui taper sur le système.
- Et puis, on a mit la main sur une centaine de poulaillers ou quoi ? C'est quoi tous ces karaage ? Rajoute Rindou.
A cette remarque, Ayaka lève son regard vers Mikey, assis en face d'elle. Elle pouffe de rire et lui adresse un sourire complice.
Tout à coup, plus rien n'existe dans l'esprit de Mikey, que l'image de ce sourire qu'elle lui offre.
- Au moins, ça empêchera certains de me voler ma nourriture. Lance Ran, dans un regard assassin à Koko.
- Pour la énième fois, Ran. Souffle Koko. Ce n'est pas moi, qui te vole tes karaage quand tu en as !
- C'est ça oui ! Arrête de mentir tu veux !
- Il ne te ment pas. Intervient Ayaka. C'est moi qui les mange.
Le visage de Ran se fige. Il ne s'attendait pas à cette révélation. Izana, aux côtés d'Ayaka, se fend d'un rire moqueur.
- Ah, Ran. Soupire t'il. T'es sympa mais t'es pas très futé.
- Et mes excuses alors ? Demande Koko.
- Dans tes rêves ! Réplique l'interessé. Je pensais que c'était toi, le plus grand escroc de cette bande.
- Ça, ça me vexe. Dit sérieusement Ayaka. C'est à moi que tu dois des excuses.
- Tu peux courir !
- Tu vois, c'est pour ça que c'était ton frère le gigolo. Il est plus sympa. Soupire Ayaka.
- Espèce de... Commence Rindou.
- Tiens ta langue ! Le coupe Izana, le regard noir.
Le silence prend place à présent. Rindou aurait dû savoir que ce qu'il s'apprêtait à dire, allait sûrement énerver Izana.
Plusieurs fois, il s'est emporté quand il entendait de mauvaises paroles au sujet d'Ayaka.
Bien que parfois c'était elle qui les provoquait, Izana n'a jamais supporté que l'on ait une mauvaise opinion d'elle.
Comme il n'a pas vraiment supporté, que Mikey marche sur son terrain. C'est Izana, qui a trouvé Ayaka. C'est lui, qui l'a ramené près d'eux. Surtout, selon lui, c'est lui qui l'aime le plus.
Mikey a juste besoin d'affection. Alors pourquoi, ne va t'il pas en chercher ailleurs ? Pour Izana, Mikey comble son manque d'attention et d'affection avec elle, tandis que lui, ferait tout et n'importe quoi pour qu'elle soit heureuse. Même accepter cet arrangement, qu'il n'aurait accepté pour personne d'autre.
Lui l'aime vraiment. Selon lui, Mikey est incapable de savoir, le genre de femme qu'est Ayaka. Il ne voit pas que parfois, elle souffre. Que parfois, elle doute. Que cette façade si froide et désinvolte, renferme autre chose. Il ne saurait pas prendre soin d'elle, comme le fait Izana. Pourquoi est ce que Mikey s'obstine dans ce cas ?
Pour Izana, la preuve qu'il ne se trompe pas, réside dans ce genre de moment. Celui où Rindou s'apprêtait à lancer une insulte à Ayaka et où Mikey n'a pas bronché.
Toutefois, Mikey pense autrement. S'il ne dit rien, c'est parce qu'il sait qu'Ayaka est capable de se défendre seule, sans aide. Ce serait l'infantiliser que de répondre à sa place. Chose que selon Mikey, Ayaka ne supporterait pas.
Ils ont deux manières différentes de l'aimer. Mais tout deux l'aiment vraiment. Ils se rejoignent sur un point cependant. Ils feront en sorte qu'elle décide elle même, d'arrêter cet accord entre eux, pour en choisir un.
Ayaka quant à elle, est un peu ailleurs. Elle repense aux paroles d'Izana.
"Je viendrai toujours pour toi, Aya."
Est ce qu'il le pense ? Est ce que pour la première fois depuis longtemps, un homme peut se soucier réellement d'elle ? Elle n'a pas la réponse, mais pourtant elle se sent bizarre. Comme si... elle y croyait.
Peu à peu, son esprit divague. Elle se pose des questions qu'elle ne se poserait pas en temps normal. Est ce que pour une fois, quelqu'un pourrait vraiment l'aimer, sans se jouer d'elle ? Si c'était vrai, qu'est ce qu'elle ferait ? Izana serait il, autre chose qu'un homme à l'égo démesuré ?
Il est venu pour elle. Il l'a fait. Il est venu la réconforter sans se poser de question. Pour la première fois, elle se sent importante pour quelqu'un. Ce constat lui provoque une sensation étrange, qui lui est inconnue mais elle lui plaît un peu.
Inconsciemment, elle pose sa main sur celle d'Izana qui est dans le vide. Sans que personne ne le remarque, il entrelace leurs doigts et affiche un discret sourire.
Ce contact plaît à Ayaka plus qu'elle ne le pensait possible. C'est pourtant un geste si simple. Mais, il a une signification bien plus importante et ils le savent tout les deux. C'est alors, qu'une agréable chaleur s'empare d'Ayaka. Elle est plaisante et surtout... rassurante.
En début de soirée, Ayaka déboule dans le bureau de Kakucho, assez surprit de la voir.
- Si j'ai bien compris... ton but de ces deux derniers jours, c'est de me prouver que certains hommes sont fiables, c'est ça ? Demande Ayaka.
- En gros oui. Confirme Kakucho.
- Très bien. Alors... je pense que je peux faire quelque chose pour toi aussi.
- Qui est ?
- Je veux t'apprendre que ça fait pas de mal de se détendre un peu et de se... décoincer.
- Je ne suis pas coincé, Ayaka. Proteste Kakucho.
- Oh s'il te plaît ! Je peux presque voir le manche à balai qui sort de ton...
- Ça va j'ai compris ! La coupe Kakucho.
- Tu vois, même le mot cul c'est difficile à entendre pour toi.
Kakucho soupire et s'enfonce un peu plus dans son fauteuil.
- En quoi c'est mal d'avoir une certaine discipline ? Demande le jeune homme.
- Même les saints ont le droit de s'amuser. Donnant donnant Kakucho. Moi je veux bien écouter tes leçons de morale. Alors, laisse moi t'emmener avec moi ce soir.
- Pourquoi ? S'inquiète Kakucho.
- Rien qui ne fasse atteinte à ta dignité. T'en fais pas, je te défendrai si on menace ton honneur. Ironise t'elle.
Kakucho lâche un rire désespéré mais décide de la suivre. Après tout, pourquoi ne pas l'écouter pour cette fois ? Peut être que ça lui permettra aussi de la connaître un peu plus ?
Il est vrai que ça fait longtemps qu'il n'a pas lâché prise. Ça pourrait peut être lui faire du bien ?
C'est ainsi qu'il se retrouve dans la voiture d'Ayaka, alors qu'elle conduit.
- Où est ce qu'on va ? Lui demande t'il.
- Tu verras bien. J'ai une question. Je peux te la poser ?
- Oui, je t'écoute.
- Pourquoi tu as appelé Izana ce matin ? Je veux dire, tu lui dis de m'éviter comme la peste et pourtant, tu l'appelles pour qu'il vienne me chercher.
- Tu avais besoin de quelqu'un. Je me suis dit que ce serait le meilleur choix. Qu'il saurait te rassurer. Après tout... je pense qu'il te connaît un peu plus que moi.
Ayaka rit un peu, soupire et se concentre de nouveau sur la route.
- Alors c'est ça ton truc à toi ? L'altruisme à outrance ? Tu me détestes et pourtant tu as voulu m'aider.
- Je ne te déteste pas. Je te l'ai déjà dit. Je veux juste éviter qu'Izana souffre.
- Tu ne t'es jamais dit que peut être, il était assez grand pour prendre ses propres décisions ? Qu'il savait ce qu'il faisait ?
- Tu sais... Izana est quelqu'un de très important pour moi. Je veux dire on se connaît depuis...
- Depuis l'orphelinat. Le coupe t'elle. Izana m'a raconté. Je comprend que vôtre lien soit si fort. Je t'assure. Mais... je n'ai aucune intention de le faire souffrir tu sais.
Kakucho lance à Ayaka un regard surprit. Il ne pensait pas que la relation qu'elle entretient avec Izana laissait place à la confidence. Ayaka comprend rapidement ce que son regard veut dire.
- Non, Kakucho. Ce n'est pas uniquement physique. Et oui, j'écoute quand on me parle et je retiens. Je ne suis pas si insensible que ça.
Il doit avouer qu'il le pensait. Il pensait sincèrement qu'Ayaka ne savait rien d'Izana et ne cherchait pas à savoir quelque chose. Pourtant, quand elle continue son récit, il se rend compte qu'elle sait absolument tout de leur histoire et qu'elle en parle même avec une certaine compassion dans la voix. Il l'a peut être jugée trop vite ?
Lorsqu'Ayaka se gare, le jeune homme aperçoit un club. Il est assez petit et la clientèle ne semble pas des plus distinguée.
- Tu veux m'emmener dans ce tripot ? S'insurge t'il.
- Tout juste. Sourit elle.
Kakucho soupire un énième fois et se décide tout de même à la suivre. A l'entrée, le vigile aux airs de bête féroce, leur appose un tampon sur le dos de la main, représentant le logo du club. Kakucho remarque que le regard d'Ayaka s'attarde sur le dessin et puis, elle a un sourire satisfait. Il ne comprend pas trop, mais décide de ne pas y faire attention. Parfois, mieux vaut éviter d'essayer de comprendre Ayaka.
Ils s'accoudent au comptoir et Ayaka commande pour eux. Lorsque leurs verres leurs sont servit, Kakucho pourrait jurer que son alcoolémie monte en flèche rien qu'en en sentant le contenu. Il a une petite moue à laquelle Ayaka répond par un rire.
- On a dit se détendre Kakucho. Arrête de te poser des questions. Tu me vois t'empoisonner ?
- Tu as dis que tu pousserais Rindou sous un train. Lui fait il remarquer.
- Tu vois un train par ici ?
- Non. Mais je jurerai avoir vu un rat nous dire bonjour.
- L'authenticité, Kakucho. Aller... joue le jeu.
Il finit par capituler et boit ce premier verre, trinquant avec elle auparavant. Pendant deux heures, ils boivent, se détendent, rient beaucoup et improvisent même quelques petites danses avec des inconnus. Kakucho doit reconnaître que c'est assez plaisant. Il ne regrette pas d'avoir suivit Ayaka et de pour une fois, n'avoir pensé qu'à lui.
Ils reviennent s'accouder au comptoir dans un autre rire.
- Trois numéros de téléphone ! Tu fais des ravages Kakucho. Rit un peu Ayaka.
Il rit un peu et ne répond pas. Il est vrai qu'il a laissé ce genre de plaisir de côté depuis un certain temps. Non pas que ça ne l'interesse pas, mais il est tellement sérieux, qu'il en oublie que lui aussi pourrait trouver une femme.
Alors qu'il est perdu dans ses pensées, une femme se cogne contre lui. Elle s'excuse platement et Kakucho lui précise que ce n'est rien de grave. Croisant le regard d'Ayaka, la jeune femme lui sourit. Alors qu'elle va pour la dépasser, Ayaka lui saisit fermement le bras et la rapproche d'elle.
- Rend lui ce que tu lui as volé ! La menace t'elle, raffermissant sa prise sur son bras.
- Ayaka ! Ça va pas ?! S'emporte Kakucho.
- Rend lui ! Répète Ayaka, ignorant Kakucho.
La jeune femme sort alors de son corsage un porte feuille qu'Ayaka tend à Kakucho.
- Tu caches beaucoup de choses avec si peu de tissus. Constate Ayaka. Tu permets ?
D'un geste Ayaka dépouille la jeune femme de son butin. Plusieurs portefeuille se trouvent dans ses mains à présent et Ayaka semble en chercher un. Elle finit par le trouver.
- Celui là, je le garde. Dit fermement Ayaka. Tu peux garder les autres, je m'en fous.
- T'as pas le droit ! Proteste la jeune femme.
- Ah oui et tu vas faire quoi ? Porter plainte ? Aller va t'en ! Et pour l'amour du ciel, améliore ta technique !
Quand la jeune femme disparaît, l'attention d'Ayaka se porte sur le portefeuille entre ses mains.
- Je n'avais même pas remarqué. Râle Kakucho.
- Ça. Commence Ayaka, fouillant le portefeuille qu'elle a dérobé. C'est parce que tu vois les femmes comme des créatures douces et innocentes, qu'il faut protéger. Certaines sont comme ça, c'est vrai. Mais d'autres, pourraient te couper la bite avant que tu aies le temps de dire ouf.
- Et toi, tu es dans quelle catégorie ? Rit il.
- La deuxième évidement. Répond t'elle, sans lever son regard.
- C'est quoi ce portefeuille ?
- L'escroquerie est un art, Kakucho. Et moi... Commence t'elle.
Elle prend entre son index et son majeur une carte bien précise, et la montre à Kakucho.
- Je suis une vraie artiste. Conclut elle, dans un sourire fier.
Examinant cette carte de plus près, Kakucho se rend compte, non sans étonnement, qu'il s'agit d'un passe partout portant le logo de l'entreprise qu'ils ont repéré ce matin. Il lui demande de s'expliquer et Ayaka s'exécute.
- Je suis très observatrice, Kakucho. Ce matin, quand j'ai suivi ma sœur, j'ai remarqué plusieurs employés entrer dans le bâtiment. Sur leur main, il y avait des traces d'encre mal nettoyées.
Pour confirmer ses dires, elle lui montre le dos de sa main.
- Exactement le même symbole. Conclut elle.
Elle lui explique alors, avoir cherché cet après midi, à quel club appartenait ce logo et cette chance qu'elle a eu que cette femme, dérobe ce portefeuille alors qu'elle comptait le faire elle même. Cette carte est une base de données. Ayaka l'a su pendant ses recherches de l'après midi. Après ses explications, elle planque le portefeuille derrière le comptoir et enfouit cette carte, dans son soutien gorge.
Kakucho doit bien avouer, qu'il avait largement sous estimé Ayaka. Elle est maline, vraiment très maline.
- En tout cas. Soupire t'elle. On peut s'en aller, si tu veux.
Kakucho partage son avis. Il vaut mieux en rester là pour ce soir.
- Alors ? C'est si mal que ça, d'allier l'utile à l'agréable ? Demande Ayaka, une fois sur le chemin du retour.
- Je dois avouer que ça fait du bien. Tu avais raison.
- Comme toujours.
Une fois arrivés au QG, le silence semble régner, jusqu'à ce qu'ils se laissent guidés par deux voix familières. Discrètement, ils s'installent derrière la porte du bureau de Mikey, où une discussion a lieu. Avec Mikey, ils reconnaissent facilement la voix d'Izana.
- J'ai une longueur d'avance sur toi Mikey, depuis ce matin. Moi j'étais là pour elle. A ton avis, ça va lui prendre combien de temps pour réaliser que c'est moi qui lui faut. Le provoque Izana, un orgueil démesuré dans la voix.
Alors c'est pour ça qu'il est venu. Il n'est pas venu pour elle. Il est venu par égo. Pour pouvoir provoquer Mikey, selon Ayaka. Il n'en a rien à faire d'elle. Il voulait juste gagner la partie.
Ayaka ne s'est jamais sentie aussi stupide. Une douleur s'insinue dans son ventre. Elle l'a cru et elle a eu tort. Elle a cru à cette promesse qu'il serait toujours là pour elle. Elle a cru compter pour lui. Mais, entendant ça elle sait qu'elle s'est trompé et ça fait mal.
- Je me suis trompé Kakucho. Lui chuchotte t'elle. Il y a une troisième catégorie de femmes... les idiotes.
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Petit message : Allez vous abonner au compte de @Pouick_Pouick2. Elle a perdu son compte principal pour une raison absolument absurde et elle a fait ce compte de secours.
Prenez soin de vous ❤️
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