Egalité.

De la musique, de la fumée, des rires gras et de l'alcool coulant à flot. Voilà les soirées auxquelles Ayaka Kohaku est habituée depuis un an déjà. Elle est entourée de ceux qu'elle qualifie comme ses collègues de travail.

Des criminels, tous autant qu'ils sont. Elle l'est aussi. Toutefois, aucun remord ne la traverse. L'argent efface la culpabilité. C'est une sorte de devise pour elle.

Une autre devise lui est connue. Faire passer ses propres intérêts, avant le reste. Quelque soit la situation, Ayaka pense avant tout à elle et uniquement à elle.

La pitié, la honte, la générosité, l'altruisme. Toutes ces choses lui sont étrangères, ou du moins, elle ne s'en est jamais embarassée. Pourquoi l'aurait elle fait ? Personne ne penserait à elle, si elle ne le faisait pas.

C'est en suivant Izana Kurokawa, qu'elle s'est retrouvée dans cette organisation. Il l'a rencontrée, un an auparavant.

Son incroyable malice et sa grande intelligence, avait aidé la jeune femme à se faire un nom, dans le monde du crime. L'argent était sa seule motivation. Elle arrivait à escroquer n'importe qui.

Contrairement aux apparences, ce n'était pas de son physique avantageux dont elle se servait, mais bien de ses méninges. Elle pouvait se faire passer pour n'importe qui. Une femme d'affaire étrangère, une baronne de la drogue, un investisseur potentiel ou encore une secrétaire docile et un peu naïve. Un vrai caméléon.

En entendant parler, Izana avait trouvé judicieux de l'embarquer avec lui dans l'organisation qu'il dirige, avec Manjiro Sano.

Le seul argument qu'avait retenu Ayaka était le salaire qu'il lui offrait. Tous avaient bien comprit que c'était la seule chose qui comptait pour elle.

Alors, elle n'avait pas hésité. Elle s'était même dit que ce serait beaucoup plus simple. On lui fournissait tout. Le gîte, le couvert et en plus, elle était payée pour faire ce qu'elle faisait de mieux, l'escroquerie.

Travailler uniquement avec des hommes, pouvait être contraignant en effet, mais Ayaka s'en fichait et y trouvait plusieurs avantages. Deux avantages, plus exactement. Les deux leaders de cette organisation. Manjiro Sano et Izana Kurokawa.

Cette relation très étrange et presque malsaine qu'elle entretenait avec eux, n'était un secret pour personne et rien, ne la dérangeait là dedans.

C'est d'ailleurs ce qu'elle s'apprête à prouver à Ran Haitani, s'avançant vers le comptoir auquel elle est accoudée, un sourire béat et presque idiot aux lèvres.

- Tout va comme tu veux, à ce que je vois. Lance Ayaka à Ran, une fois qu'il est assit à ses côtés.

- On ne peut mieux. Sourit largement Ran, désignant de la tête les quelques femmes, amenées ici pour la soirée.

- Je l'aurai parié. Soupire t'elle.

- Et toi ? Avec lequel des deux tu vas... passer ta nuit ?

- Je te trouve bien curieux, Ran.

- Oh tu fais ce que tu veux. Mais... à ta place, je ferai attention à ma réputation.

- Ma réputation ? Rit elle.

- Oui... ça ne te gêne pas de... te partager ? Je veux dire... tu sais l'image que ça te donne ?

- Si j'avais été un homme, tu aurais dit que j'étais un héros. Mais là... tu es clairement en train d'insinuer que je suis une pute.

- Un homme et une femme... c'est différent.

- Pas du tout ! Soit tout les deux sont des héros, soit tout les deux sont des putes.

- Donc toi... ça ne te gêne pas de... coucher avec deux hommes ?

- Pourquoi ça me gênerait ? Eux, ça ne les gêne pas que je sache. Cette relation aussi bizarre soit elle, me plaît. Je ne vois pas de raison d'en avoir honte. Tu couches avec une fille différente, quasiment tous les soirs et tu n'en as pas honte. Au contraire, tu t'en vantes.

- C'est pas pareil. Répète Ran en soupirant.

- Non, c'est vrai. Toi... on n'arrive plus à compter tes conquêtes.

Ran a un petit rire et reprend la parole.

- T'es une sorte de féministe ?

- Je suis juste pour l'égalité. Si ton comportement ne pose pas de problème, je ne vois pas pourquoi, le mien en poserait.

- Je capitule. On ne tombera jamais d'accord. Rit il de nouveau.

- Ça c'est parce que tu es le pire macho que je connaisse.

- Je traite correctement les femmes, Ayaka. S'indigne Ran.

- Oui et tu enchaînes à une vitesse hallucinante, les bons traitements. Le nargue t'elle.

Ran pouffe de rire et secoue la tête. Elle est incorrigible. Surtout, elle n'a que faire de ce qu'on peut penser d'elle, tant qu'elle fait ce qui lui plaît.

Selon Ayaka, un homme et une femme, doivent être jugés de la même manière. Puis, profiter des plaisirs de la vie a toujours été une priorité pour elle, quelques soient les réflexions qu'elle pourrait entendre.

- Sur ce. Reprend Ran. Je te laisse profiter de ta soirée. Sourit il, regardant déjà une des femmes avec qui il a discuté plus tôt.

- Oh je vois. Un autre bon traitement à dispenser ?

- Exactement. Fait il, rejoignant rapidement la jeune femme qu'il dévore des yeux.

Ayaka secoue la tête. C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Pense t'elle. Elle hausse les épaules. Après tout, qu'il pense ce qu'il veut, elle a des choses plus importante à penser.

Comme par exemple, le regard qu'Izana Kurokawa laisse courir sur elle, depuis plusieurs minutes déjà. Elle lui adresse un petit sourire et se lève, quittant la pièce.

Elle sent deux bras s'enrouler autour de sa taille et un baiser est déposé sur son épaule, alors qu'elle se trouve dans le couloir de l'étage du dessus.

- Qu'est ce que te voulais Ran ? Demande Izana, les lèvres toujours contre sa peau.

Elle rit un peu et pose ses mains sur celles jointes sur son bas ventre.

- M'expliquer à quel point j'étais une dévergondée. Explique t'elle.

- Ça lui va bien de dire ça, tiens. Rit il un peu.

Le visage du jeune homme s'enfouit dans le cou d'Ayaka, tandis qu'il y laisse quelques baisers un peu pressants.

- Tu restes un peu avec moi, ce soir ? Souffle t'il, mordillant un peu le lobe de son oreille.

- C'est une idée. Sourit elle, se retournant vers lui.

Elle enroule ses bras autour de son cou et saisit ses lèvres avec les siennes. Une fois détachés, Izana se penche à son oreille.

- Viens.

Il saisit sa main et l'entraîne vers ses appartements, qu'elle connaît très bien.

Des instants plus tard, affalés côte à côte sur le lit, un voile de sueur a enveloppé leurs peaux et leurs respirations peinent à redevenir régulières.

- Oui. Souffle Ayaka. C'était une très bonne idée. Rit elle.

Izana partage son rire, alors qu'elle finit par se relever pour enfiler de nouveau ses vêtements. Une fois qu'elle est rhabillée, Izana lui retient le poignet.

- Hm ? Fait elle, se retournant vers lui.

- Tu ne resteras pas, si je te le demande hein ? Demande t'il, le visage à moitié dans son oreiller.

- Et pourquoi faire ? M'endormir bien au chaud dans tes bras ?

- Pourquoi pas ?

- Izana. Soupire t'elle.

- Est ce que tu restes avec lui, parfois ?

Ayaka souffle. Ils ont une règle pourtant. Ne jamais parler de ce qu'il se passe avec quelqu'un d'autre. Cependant, Izana a laissé cette question lui échapper. Il a besoin de savoir, s'il y a une différence, ou si elle a une préférence. Connaissant Ayaka, il est impossible qu'elle lui réponde honnêtement.

- Ce ne sont pas tes affaires mais... non. Je ne reste pas. Ni avec lui, ni avec toi.

- Toujours aussi insensible, hein ? Aucun sentiment, aucune attache. Rit il.

- Dans le monde où on évolue, on a plus de chance de se faire tuer, que de vivre une jolie histoire d'amour. Des sentiments, ça complique tout. Mais... il y a des choses qu'on peut s'offrir. Argent et plaisir. Je trouve qu'on se débrouille pas trop mal dans ce domaine. Sourit elle, se penchant vers lui pour l'embrasser furtivement. Bonne nuit.

Elle disparaît rapidement, sous le regard d'Izana. Voilà plusieurs mois, qu'ils entretiennent ce genre de relation. Ayaka n'appartient à personne et fait ce qui lui plaît. Elle se laisse guider par ses envies et ses désirs, sans jamais se soucier de quoi que ce soit d'autre.

Izana sait qu'elle a raison. Des sentiments, compliqueraient grandement leur quotidien. Ils sont loin de mener une vie normale.

En chemin vers ses appartements, Ayaka tombe sur Kakucho, dont le regard désaprobateur se pose sur elle.

- Quoi, encore ? Râle t'elle.

Ayaka ne supporte pas ce côté de Kakucho, qui le force à faire la morale à ceux qu'il juge le mériter. Il n'est pas méchant, mais sa droiture et tout ce qui fait sa personne, ennuient profondément la jeune femme.

- Rien du tout. Répond Kakucho. Tu fais bien ce que tu veux. Fait juste attention.

- Tu devrais te détendre Kakucho, ça ne te ferait pas de mal.

- Et faire comme toi ? Coucher avec qui j'en ai envie sans me soucier du mal que je peux faire ?

- Et pourquoi pas ? Ça te ferait peut étre du bien. Puis, arrête de dramatiser tu veux ? Quel mal ? Ils vont très bien, tout les deux. Si ça ne leur convenait plus, ils l'auraient dit.

- T'es tellement occupée à te regarder le nombril, que tu ne vois rien d'autre.

- Et t'es tellement occupé à désaprouver tout ce que je fais, que tu ne t'amuses jamais. Ça doit être épuisant à la longue, d'épier le moindre de mes gestes. Pourquoi d'ailleurs ? Juste par esprit de contradiction ?

- Ce n'est pas contre toi. Soupire t'il. Mais... j'ai toujours protégé Izana.

- Il est adulte ! On sait ce qu'on fait ! Si tu as finit de me trouver n'importe quel défaut, je vais me coucher.

Elle passe devant lui, sans plus un mot ni un regard. Elle déteste se faire réprimander. Protéger Izana de quoi, au juste ? Cet arrangement qu'ils ont, est précisément fait pour que chacun y trouve son compte.

Selon Kakucho, Ayaka est beaucoup trop égocentrique. Elle ne se rend pas compte de ce que ça engendre. Malgré les apparences, Izana est quelqu'un qui s'emballe rapidement. Il ne serait donc pas étonnant qu'il se soit attaché à la jeune femme, sans qu'elle ne s'en rende compte.

Le problème étant, qu'il ne l'avouerait jamais, par peur qu'elle ne décide de tout arrêter entre eux.

Les appartements d'Ayaka sont situés juste à côté de la grande baie vitrée, donnant sur un balcon, surplombant Tokyo.

Lorsqu'elle regarde par la vitre, elle y voit Mikey fumant une cigarette, le regard dans le vide. Il relève la tête, l'aperçoit et lui sourit. Elle décide de le rejoindre.

- Tu n'as pas sommeil ? Lui demande t'elle, une fois à ses côtés adossée à la rambarde.

- Pas vraiment non.

- Je peux ? Demande t'elle, désignant la cigarette entre ses doigts.

Il hoche la tête et lui tend sa main, qu'elle saisit, prenant une taffe de sa cigarette dans un sourire. Elle expire et se tourne finalement vers la rue.

- Ça tombe bien que tu sois là. Lui dit il, la coupant dans sa contemplation. J'ai quelque chose pour toi. Je voulais te le donner tout à l'heure mais tu étais... occupée.

Voyant le regard qu'elle lui adresse, Mikey se reprend.

- Ce n'est pas un reproche. Je sais que tu fais ce que tu veux. Assure t'il.

Il fouille dans la poche de sa veste et lui tend une petite boîte.

- On avait dit pas de cadeaux, Mikey.

- C'est plus une restitution.

Intriguée, Ayaka ouvre la boîte entre ses mains et tombe sur un petit couteau suisse.

- Tu as dit que tu avais perdu le tiens pendant ta dernière mission. Alors... voit ça comme un remerciement de ton boss, pour travail bien fait.

- D'accord. Dit elle, dans un petit sourire. Merci beaucoup. Ça me fait plaisir.

Il affiche un petit sourire et entoure ses bras autour de la jeune femme, nichant son visage, dans le creux de son cou. Elle lui rend son étreinte.

Il a envie de lui demander de passer du temps avec lui demain. Mais, il sait qu'elle verra ça comme une contre partie à ce cadeau, s'il le lui demande. Alors, il se ravise et profite de l'étreinte qu'elle le laisse lui donner.

Il n'est pas rare, qu'elle le laisse faire ça. C'est même plutôt fréquent. Selon Ayaka, cet accord doit leur être avantageux à tout les trois. Alors, si Mikey a besoin de tendresse et d'affection par moment, elle lui en donne.

Mikey et Izana sont dans le même état d'esprit, ce soir là. Bien que cet accord les arrangeait au départ, maintenant, plus elle passe de temps avec l'en d'entre eux, plus l'autre se sent... jaloux.

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