- Et pour Jonko ? Demande Kakucho, lors d'une réunion.

- Il va falloir l'éliminer. Déclare Ayaka, d'un ton si détaché que ça en ferait frémir plus d'un.

Voyant que sa réponse ne récolte que le silence, Ayaka soupire et s'explique.

- Outre sa peur irrationnelle de moi, c'est surtout parce qu'il pense protéger Mako qu'il nous aide. Quand il comprendra que je me fous de lui depuis le début, la peur s'en ira et la colère la remplacera. Il va nous poser des problèmes. Je ne veux pas de problème.

Ce genre de discours pourrait être effrayant pour quiconque ne la connaissant pas. Mais, pour ses compagnons, c'est un discours tout ce qu'il y a de plus normal chez Ayaka.

Elle pragmatique et surtout sans pitié pour des gens qu'elle considère comme secondaire.

Elle l'est encore plus maintenant qu'il s'agit de vengeance personnelle. Il ne reste plus que deux semaines, avant que son plan prenne fin.

Au court des deux semaines précédente, le gang ne s'était jamais fait autant d'argent aussi facilement. Le dispositif placé chez Eiji, est drôlement efficace. Ce dernier ne se rend compte de rien, grâce à l'aide de Jonko. Une aide apporté sous la menace.

Ayaka mentirait si elle disait qu'elle n'aimait pas faire peur à Jonko. Kakucho et Rindou s'en donnent à cœur joie aussi quand ils en ont l'occasion. Autant rire un peu. En effet, Jonko est la caricature du peureux.

Durant ces deux semaines, Ayaka a aussi rendu visite à sa sœur, lui exposant les avancées d'un plan qui n'existe même pas. A chaque visite dans le dos d'Eiji, Mako n'a pas manqué de faire en sorte que Nori passe du temps avec Ayaka. Une sorte de mise en garde que la cadette juge répugnante.

"Comment peut elle se servir de son propre fils, pour me faire du chantage ?'

Il fallait que Nori s'éloigne d'ici. Qu'il ait une meilleure vie. Alors la détermination d'Ayaka à l'emmener avec elle, n'avait fait que se renforcer. Il fallait qu'elle le sorte de là. Sinon, il allait finir comme elle et elle ne le voulait pas. Elle avait tour prévu mais devait encore mentir aux entre membres du gang.

En effet, plus son plan approchait de son terme, plus s'en décision de s'en aller, se faisait claire et précise.

- Pour Nori, tu n'as toujours pas trouvé de solution ? Demande Rindou, la sortant de ses pensées.

- J'y travaille. Assure t'elle, dans un sourire.

- On pourrait le garder ici ? Propose Sanzu.

- Bien sûr ! Comme ça il jouerait avec nos flingues ! Quelle bonne idée ! Ironise Ayaka.

- C'est ce que je faisait à son âge ! Proteste Sanzu.

- Je suis pas sûr que ce soit rassurant. Intervient Koko.

- Quoi qu'il pourrait aussi jouer avec tes billets. Rajoute Ran à l'intention de Koko.

- Non. Il ne fera rien de tout ça. Soupire Ayaka. Il aura une vie tranquille. Assure t'elle. Il... il nous reste de la famille qui vit à l'étranger. Je les contacterai. Ment elle.

De la famille ? Elle n'en a plus. Nori partira avec elle. Elle ne le leur dira pas. Depuis ces deux semaines et sa dernière discussion avec Kakucho, Ayaka a fait en sorte de le convaincre qu'elle allait rester. Malheureusement, ça a fonctionné.

Kakucho semble avoir oublié ce que lui avait dit Ayaka des mois auparavant.

"L'escroquerie est un art et elle est une vraie artiste."

Ainsi, manipuler à sa guise est une chose presque trop simple pour elle. Sans le savoir, c'est Kakucho qui lui a dit comment faire.

En lui expliquant les erreurs qu'elle avait commises et qui lui avait mit la puce à l'oreille, elle les a tout simplement corrigé.

"Je suis content que tu reviennes sur ta décision." Lui avait il dit.

Ainsi, elle avait regagné sa confiance et il ne se méfiait plus.

Ce qui avait conforté Ayaka dans sa décision, était le fait que Mikey semblait de plus en plus mal à mesure que son rapprochement avec Izana se faisait sentir.

A vrai dire, il en rajoutait. Il le faisait exprès la plupart du temps. Il pensait que si elle se sentait coupable elle reviendrait vers lui. Par moment, ça fonctionnait. Elle lui accordait plus de temps et d'attention et c'était ce qu'il voulait. Il espérait qu'elle retombe dans ses bras avec le temps. C'était fourbe et sûrement malsain comme stratégie mais Mikey s'en moquait tant qu'elle était près de lui.

Izana n'était pas dupe. Il voyait clair dans le jeu de Mikey. Il le lui avait dit pourtant. Il ferait tout pour l'éloigner de lui. Alors c'était ce qu'il faisait. Mais, Izana n'en parlait pas avec Ayaka. Se disputer avec elle, comportait un trop grand risque que Mikey parvienne à ses fins. Ça l'agaçait. Pourtant quand Ayaka passait ses nuits avec lui, il ne s'en souciait plus. Elle le rendait fou. Il le savait. Mais cette folie était la plus agréable qu'il avait connu.

- Donc... qui se charge de Jonko ? Demande Mikey.

- Je peux le faire si vous voulez. Répond Ayaka. Ce ne sera pas un problème.

Sanzu a un soupir outré, qui fait se tourner les autres vers lui.

- Qu'est ce qui te chagrine ? Demande Izana, arquant un sourcil.

- Elle fait tous les trucs marrants. Se plaint il.

- Je voulais juste lui offrir une mort rapide, mais si tu tiens à t'amuser... Fait Ayaka.

- Alors ce sera moi ! S'exclame Sanzu, le regard pétillant.

- Assure toi quand même qu'il est bien mort. Souffle Kakucho.

- Mais enfin, pour qui tu me prens ? Ce sera le plus mort de tous les morts !

Mikey se pince l'arrête du nez. Sanzu est bien un des seuls à voir ce genre de chose comme un jeu. Pourtant s'il y a bien quelqu'un à qui on peut faire confiance à ce sujet c'est bien Sanzu.

- Tu ne feras rien, tant qu'on ne te l'aura pas demandé c'est clair ? Gronde Mikey.

- Je me tiens prêt !

Rien à faire, Sanzu a toujours la même excitation quand à cette mission qui lui est confiée.

- Bien. Commence Izana. Sur cet élan de joie, je crois que la réunion est terminée.

Tous quittent les lieux les uns après les autres, vaquant à leurs occupations.

Un peu plus tard, Izana se trouve dans le bureau de Kakucho. Le jeune brun entend parler d'Ayaka tous les jours. Il en ferait presque une overdose.

- Izana. Rit il amusé. J'aime beaucoup Ayaka, mais tu en parles tellement que j'en serai presque à la détester.

- Mais elle est si mignone !

Izana ressemble à un adolescent qui a sa première petite amie. C'est assez marrant à voir quand on sait on égo démesuré.

- Mignone ? La femme qui proposait de tuer un mec il y a une heure à peine ? Lui rappelle Kakucho.

- Mais justement ! Elle est faite pour moi ! Tu en connais beaucoup qui proposerait ça sans sourciller ?

- Non je reconnais que non. Rit Kakucho.

- Elle est parfaite. Reprend Izana, l'air rêveur.

A dire vrai, ça ne dérange pas Kakucho de voir Izana aussi heureux et enthousiaste. C'est juste très différent de ce dont il a l'habitude.

De son côté, Ayaka est dans le bureau de Koko. Ils font un point sur ce qu'Eiji leur rapporte.

- Encore un peu et on pourrait carrément prendre notre retraite. Jubile Koko. Ça ne te plairait pas toi, une vie normale ? Loin des gangs ?

- Si. Soupire Ayaka. J'en rêve tous les jours. Malheureusement, le crime nous va si bien.

- Tu penses qu'on est condamné à faire ça pour le reste de nos vies ?

- Je pense oui. Répond Ayaka, l'air dépité. On a pas le choix. On ne l'a plus depuis longtemps.

Koko est d'accord avec elle. Lui aussi aimerait avoir une vie paisible de temps en temps. Mais elle a raison. La voie qu'ils ont choisit, on ne la quitte jamais vraiment. Même si on fait tous les efforts possible, tôt ou tard ça nous rattrape.

- Hey, Aya. Fait Koko.

- Hm ?

- Fait en sorte que Nori n'ait jamais à devenir comme nous. C'est ta famille malgré tout.

- J'en ai bien l'intention ne t'en fait pas.