Consternation

Bien décidé à ne pas laisser sa situation avec Ayaka telle qu'elle est, Mikey va la trouver en début de soirée. Il entend bien avoir des réponses sur les raisons de son comportement.

Il frappe à sa porte et obtient un marmonement en guise de permission d'entrée. Ouvrant la porte, il trouve Ayaka assise en tailleurs sur son lit. Elle est entourée d'une certaine quantité de feuilles de papiers remplies de notes et de griffonnages dont elle semble être l'auteur.

Elle est tellement concentrée, qu'elle ne lève même pas le regard vers lui. Ce n'est que lorsqu'il s'approche et qu'il laisse son regard s'attarder sur les papiers, qu'elle a une réaction. Elle réunit rapidement ce qui est autour d'elle, pour les cacher derrière son dos.

- Qu'est ce que je peux faire pour toi ? Lui demande t'elle, soutenant son regard pour éviter qu'il ne laisse traîner le siens ailleurs.

- J'ai besoin qu'on discute.

- De quoi ? Soupire t'elle.

Il s'assoit avec elle et lui répond :

- De... toi et moi. Depuis ton anniversaire, je te sens ailleurs et très distante. Est ce que j'ai fait quelque chose de mal ?

- Non. Souffle t'elle. Tu as fait ce que tout le monde fait. Tu m'as mentit. Puisque ça semble être monnaie courante chez tout le monde... je ne sais pas si on peut dire que c'est mal.

- De quoi tu parles ? Quand est ce que je t'ai mentit ?

Elle le dévisage silencieusement. Il compte vraiment faire comme s'il ne comprenait pas ? Il finit par capituler. Il souffle et la regarde. Il ne comprend pas en quoi c'est si grave, qu'il ne lui ai rien dit sur la provenance de ce cadeau.

- C'est parce que tu sais que c'est Izana qui te l'a offert que tu le prends comme ça ? Demande t'il.

- Pense ce que tu veux.

Elle n'a pas vraiment l'énergie ni même l'envie de lui expliquer pourquoi elle lui en veut. S'il ne le comprend pas tout seul, c'est son problème après tout.

Surtout, elle a des choses plus importantes à régler. Sa vengeance est la seule chose sur laquelle elle veut se concentrer.

- Quoi ? C'est tout ? S'emporte Mikey. C'est tout ce que tu comptes me donner comme explication ?

Il crit à présent. C'est la première fois qu'il lui crit dessus. Ayaka ne sait pas vraiment comment réagir. Alors, elle préfère se taire et ne pas le regarder. Elle se dit qu'ainsi, il se calmera.

Malheureusement, c'est tout le contraire qui se passe. Mikey sent sa colère monter à mesure qu'elle l'ignore. Sa machoire se serre. Il a le droit à une explication. Du moins, il en veut une.

Sans vraiment comprendre lui même, il saisit fermement les deux poignets d'Ayaka et la plaque violement contre le matelas de son lit.

- Répond moi ! Ordonne t'il.

Même lui, ne comprend pas ce qui lui prend. Il n'a jamais eu l'intention, d'être violent avec elle. Il ne sait pas pourquoi, mais il n'a pas pu s'en empêcher. C'est comme s'il n'était plus lui même.

- Tu me fais mal. Gémit douloureusement Ayaka, très apeurée à présent.

Voyant son regard terrifié, sentant sa respiration saccadée et ses tremblements, Mikey se reprend et la lâche immédiatement. Il a l'impression d'avoir été une autre personne pendant un instant.

Ayaka se redresse et se recroqueville sur elle même, massant ses poignets douloureux.

Jamais, elle ne l'avait vu ainsi. Ce regard qu'il avait il y a quelques secondes, est une des choses les plus effrayante qu'Ayaka n'avait jamais vu.

- Pardon... pardon. Fait Mikey, essayant lui même de comprendre ce qu'il vient de se passer.

Il tente de s'avancer vers elle, pour la rassurer mais elle recule instantanément.

- Non... n'aie pas peur de moi s'il te plaît. Je suis désolé... je suis vraiment désolé.

Sa demande ressemble presque à une supplication.

- Je... je ne le referai plus... je te le promet... pardon... pardon.

- Laisse moi s'il te plaît. Lui demande t'elle, la voix tremblante.

- Je... je ne sais pas ce qui m'a prit... Aya... je voulais pas.

- Mikey... va t'en s'il te plaît. 

Il lui fait peur, vraiment peur et c'est la dernière chose qu'il voulait. Souvent il s'est laissé aller à ce genre de violence, il s'est laissé perdre le contrôle. Pourtant, il ne pensait pas le faire un jour avec elle.

Essayer de lui expliquer ce que lui même ne comprend pas, n'arrangera en rien la situation. Il le comprend quand il la voit prête à disparaître dans le mur, sur lequel elle est appuyée à présent. Elle tremble encore.

- Pardonne moi, s'il te plaît... je ne voulais pas te faire de mal. Lui dit il, avant d'enfin s'en aller.

Une fois la porte refermée, Ayaka est saisie d'une violente nausée. Elle se précipite dans sa salle de bain et elle ne peut s'empêcher de vomir.

Sa respiration est de plus en plus rapide. Elle revoit encore et encore le regard de Mikey. Elle a eu l'impression qu'il n'était même plus humain. Qu'il était juste fait de rage et de violence.

Sanzu lui avait déjà parler de ce genre d'évènement concernant Mikey. Elle n'en avait jamais été témoin jusqu'à ce soir. Est ce que c'est de sa faute, s'il a réagit comme ça ? Est ce qu'elle aurait dû, faire autrement ?

Elle n'en sait rien et la douleur dans ses poignets, l'empêche de réfléchir trop longtemps. Elle ne pensait pas qu'il avait autant de force. C'est comme si elle sentait encore les mains de Mikey serrant fortement sa peau.

Cette nuit là, elle n'a pas fermé l'œil. Comment pouvait il être aussi violent ? Comme ça, d'un seul coup ?

Le lendemain matin, sa nuit blanche transparaît sur son visage quand elle arrive dans les espaces communs. Elle n'adresse ni un mot, ni un regard à qui que ce soit.

Ayaka n'est pas vraiment du matin. Tout le monde le sait mais à ce point là, c'est assez rare.

- Tu t'es levée du pied gauche ce matin ? Lui lance Ran.

Elle pose son regard fatigué sur lui, mais ne lui répond pas.

- Bonjour quand même. Râle un peu l'aîné des Haitani.

- En même temps, voir ta gueule de bon matin, c'est pas le meilleur des réveils. Faut la comprendre aussi. Se moque Sanzu, provoquant certains rires.

- Tu parles ! Se défend Ran. Je suis le plus beau d'entre nous.

- N'abuse pas non plus. Intervient Koko.

- Blague à part... Commence Izana. Aya... tout va bien ?

Après cette question, Mikey pose son regard désolé sur elle. Est ce qu'elle va leur dire, ce qu'il s'est passé hier ? Il le mériterait de toute façon. Il remarque qu'elle essaie discrètement de se masser les poignets sous la table.

"Je voulais pas."

"Je comprend pas pourquoi j'ai fait ça."

"Je m'étais toujours promis de ne jamais levé la main sur une femme, pourtant."

"Je suis un monstre, un putain de monstre."

- Oui... tout va bien. Je suis pas bien réveillée c'est tout. Soupire la jeune femme. Ça ira mieux plus tard.

Ayaka ne tient pas à ce que les autres, sache ce qu'il s'est passé avec Mikey. Ce ne sont pas leurs affaires. Elle aurait dû faire plus attention c'est tout. Selon elle, elle ne peut s'en prendre qu'à elle même. Puis... qu'est ce que ça changerait qu'ils soient au courant de toute façon ?

Plus elle assure que tout va bien, plus la culpabilité de Mikey grandit. Il ne tient plus. Il faut qu'il quitte cette pièce. Ça lui fait mal, de la voir faire bonne figure après ce qu'il lui a fait. Il aurait largement préféré qu'elle lui crache sa colère à la figure.

- Je serai dans mon bureau, si quelqu'un a besoin de moi. Les informe t'il, avant de disparaître.

Ayaka ne pensait pas se sentir un jour, aussi soulagée, à l'idée que Mikey ne soit plus dans la même pièce qu'elle.

- Je serai dans le mien aussi, mais... évitez d'avoir besoin de moi. Plaisante Koko.

Ce sont les rires qu'il a provoqué qui ramène la jeune femme à la réalité. Elle se sent vraiment bizarre. Elle s'en veut, mais ne sait même pas pourquoi.

C'est lorsque Kakucho la prévient qu'il a besoin de la voir avec Rindou, qu'elle met tout en œuvre, pour retrouver son état normal.

Elle va avoir besoin de toute sa concentration. En effet, Eiji leur demande un autre rendez vous, pour finaliser l'accord factice qu'ils doivent mettre en place.

- Il dit qu'il est à ta disposition, pour prendre ce rendez vous. L'informe Kakucho.

- Le plus tôt sera le mieux. L'informe Ayaka. Cet après midi, ce serait parfait. Enfin... si tu es d'accord. Termine t'elle, s'adressant à Rindou.

- Si ça te convient, je te suis. Assure le jeune homme.

C'est ainsi que dans l'après midi, ils se retrouvent tous les deux dans la salle d'attente du bureau d'Eiji. Ils finissent par avoir la permission d'aller le voir et quand ils pénètrent dans ce bureau, c'est de la surprise qui se lit sur leur visage.

Aux côtés d'Eiji, se tient un petit garçon de quatre ou cinq ans, pas plus selon Ayaka.

- Oh désolé. Je vous présente mon fils. Nori. Déclare Eiji, dans un grand sourire.

Le petit garçon s'avance vers eux et comme par réflexe, Ayaka s'accroupit à sa hauteur. Derrière ses immenses lunettes de soleil, ses yeux s'écarquillent. Ils se ressemblent. Il se ressemblent vraiment. C'est un choc pour elle, en ce moment.

Nori lui offre un grand sourire qu'elle lui rend. Une émotion qu'elle ne connaît pas s'empare d'elle, l'empêchant de dire quoi que ce soit. Alors, elle a un neveu ?

Rindou aussi est assez stupéfait. Il a l'impression de voir Ayaka en enfant, tant l'air de famille est frappant.

- Je ne savais pas que vous aviez un fils, monsieur. Fait Rindou, toujours un peu surprit.

- Appelez moi Eiji. Et oui... je fais tout ce que je peux, pour le préserver en général.

Pas étonnant alors, qu'ils n'aient trouvé aucune trace d'un enfant dans leurs recherches. Pense Rindou.

- J'ai fait ça pour vous. Dit Nori à Ayaka, toujours face à lui.

Il lui tend un origami représentant une fleur de lotus. Il le dépose délicatement dans la main qu'elle lui a tendue et Ayaka parcourt le papier de ses doigts.

- Il adore l'origami. Informe Eiji.

"Comme sa mère." Pense Ayaka.

Sa sœur avait l'habitude de faire des origamis quasiment tous les jours pour calmer son stress. Se souvient Ayaka.

- Je te remercie. J'en prendrai soin. Assure Ayaka à Nori.

Elle est totalement perturbée. Remarque Rindou. On le serait pour moins que ça. Découvrir de cette manière qu'on a un neveu, de surcroît qui nous ressemble autant doit être choquant.

Le petit garçon lui sourit de plus belle suite à sa remarque et Ayaka, est de plus en plus perdue.

Elle se reprend finalement et arrive à garder son sang froid. L'accord est finalement passé entre eux. Ayaka devrait jubiler, mais ce n'est pas le cas. Est ce qu'elle doit aller jusqu'au bout de son projet ?

Quand les portes de l'ascenseur se referment, ses poings se serrent.

- Merde, merde, merde. Comment on a pu rater ça ?! Comment on a pu passer à côté ?! Comment je peux ne pas savoir que j'ai un neveu ?!

- Il a dit qu'il le préservait. Lui répond Rindou. Il doit sûrement faire en sorte que la majorité des gens ne connaissent pas son existence. De ce qu'il a dit, il est dans un internat. Alors... pas étonnant que tu ne l'aies jamais aperçu.

Ayaka soupire et s'adosse au mur, laissant tomber sa tête dessus.

- Mais, au moins, on a ce qu'on voulait pour commencer les choses sérieuses. Conclut Rindou.

- Je... je sais pas si je peux faire ça... je ne peux pas lui faire ça... je ne peux pas lui faire ce qu'ils m'ont fait.

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