Confrontation.

Quelques heures plus tôt, Ayaka rentre chez elle après avoir été chercher Nori à l'école. Le petit garçon, avait l'habitude de lui raconter en détails sa journée.

En temps normal, elle l'écoutait attentivement. Mais, depuis son altercation avec cet homme venu lui réclamer de l'argent qu'elle ne lui doit même pas, elle était ailleurs.

Elle se demandait pourquoi, il n'y avait plus rien eu. Des menaces comme ça, ne s'arrêtent pas du jour au lendemain selon son expérience.

Ayaka se demandait à quel moment, ils allaient passer à l'action. Elle avait renforcé sa vigilance. Elle ne dormait que d'un sommeil très léger et surveillait le moindre bruit qu'elle pouvait entendre chez elle.

Ainsi, elle avait prévu de déménager. Ce pays était grand et les appartements ne manquaient pas. Encore moins pour ceux qui en avait les moyens.

Ayaka les avait. Elle les avait précisément grâce à l'argent d'Eiji. Son travail n'était qu'une couverture. Elle n'en avait pas réellement besoin. Mais, elle voulait changer de vie, pour le bien être de Nori. Être une femme honnête, bien différente de celle qui avait quitté le Japon.

Bien qu'elle gardait des réflexes de son ancienne vie, elle espérait ne pas en avoir besoin. Pourtant, la voilà aujourd'hui, à regarder par dessus son épaule. Comme avant qu'elle ne rejoigne Izana. Elle détestait ça. Elle détestait la sensation d'être une proie. Elle avait décidé de tout faire, pour que ce ne soit plus le cas. Cette fois pourtant, elle était seule et ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps.

Arrivée dans leur appartement, Ayaka salue Kate d'un sourire sincère. Kate est une femme qu'elle a engagé pour prendre soin de Nori, quand elle n'est pas là.

Elle lui avait été d'une aide précieuse. C'était une femme d'environ vingt ans de plus qu'elle. Un amour et surtout, une femme digne de confiance, selon Ayaka.

Elle l'avait aidé quand Ayaka doutait franchement d'elle avec Nori. Il lui arrivait de craquer. Ayaka n'aurait jamais imaginé devoir s'occuper d'un enfant. Elle n'y connaissait rien et surtout n'en avait aucune envie avant. Alors, elle ne se sentait pas à la hauteur.

A chaque fois qu'elle doutait, Kate était là et la rassurait. Elle lui expliquait qu'elle n'avait pas besoin d'être parfaite. Juste de faire de son mieux et que de toute façon, Nori était très heureux avec  elle. Elle lui remontait le moral de façon remarquable à chaque fois.

Pour Nori Ayaka était sa seule famille et surtout un repère précieux. Bien qu'elle en doutait, il l'aimait énormément. Elle avait une manière bien à elle, de lui apprendre des choses sur la vie, mais il aimait ça.

- Vous devriez vous reposer. Dit Kate à Ayaka, une fois Nori dans sa chambre. Vous avez l'air fatiguée.

Face à cette sollicitude, Ayaka sourit de nouveau.

- Oui, j'ai l'intention de prendre quelques jours la semaine prochaine ne vous en faites pas.

Un peu plus tard, Ayaka était prête à aller travailler.

- Je serai de retour, quand il se réveillera. Assure la jeune femme.

- Bon courage. Lui lance Kate, une fois qu'elle passe la porte.

La fête bat son plein, dans le bar où travaille Ayaka. C'est un des établissement, les plus populaires de la ville et elle y a trouvé un emploi très facilement, tant la fréquentation est importante.

Ayaka aime bien cet endroit. Le travail n'est pas une corvée et surtout, les employés défilent et ont du mal à retenir son nom. Jamais un seul, ne s'en est souvenu du premier coup et certain ne s'en souviennent toujours pas. Ça l'arrange bien, elle ne va pas le nier. Alors, elle ne les reprend jamais.

Après une bonne centaines de cocktails servie, Ayaka souffle un peu et se tourne vers l'entrée, pour jauger l'ampleur du travail qui lui reste.

Puis, soudainement, elle se fige.

"Non, impossible. Qu'est ce qu'il fait ici ?"

Il ne l'a pas encore vue, mais Ayaka sent dans son ventre une douleur atroce. Comme un coup se poing, venu s'écraser dedans avec une violence inouïe.

Elle n'a pas le temps de se poser trop de questions. Il faut qu'elle se cache ne serait ce que le temps qu'il compte passer ici. Elle informe rapidement un de ses collègues qu'elle prend une pause et déguerpit en vitesse.

Alors qu'elle pense être tirée d'affaire, en sortant discrètement par la porte de derrière, elle n'a pas le temps de souffler qu'on lui retient le bras.

Dans un sursaut elle se tourne vers l'auteur de ce geste et ses craintes se confirment. C'est bien Sanzu et son regard accusateur qui la retient.

- Tu penses vraiment que je ne t'ai pas vue ? Lui dit il, arquant un sourcil.

Elle se détache de son emprise et prend une grande inspiration.

- Qu'est ce que tu fais ici ? Lui demande t'elle, ayant toujours du mal à réaliser qu'il se tient devant elle.

- T'es gonflée. Ricane Sanzu. Un an. Un an sans nouvelle. Tu es partit comme une voleuse et tu me reproches presque de tomber sur toi par hasard. T'es vraiment qu'une putain de lâche.

- Je sais. Lui répond t'elle simplement.

- Quand les autres vont savoir où tu es... je ne préfère même pas imaginer.

- Alors ne leur dit rien. Ça ne sert à rien. Je ne reviendrai pas de toute façon.

- Putain de merde. Tu ne penses vraiment qu'à toi, hein ? Il n'est plus question que de toi ! Tu sais à quel point tu as fait du mal à Mikey, à Izana ? Tu les as détruit et tu penses encore uniquement à sauver tes fesses ? T'es vraiment un poison !

- Et alors quoi ? Tu comptes leur dire où je suis ? Tu ne penses pas que ça les ferait souffrir encore plus ?

- C'est à eux d'en décider ! Tu les as déjà privé de leur droit à la parole en te barrant au beau milieu de la nuit, sans rien dire ! Je ne te laisserai pas ce pouvoir une seconde fois !

Il est hors de question pour Sanzu que ça se passe comme elle le souhaite. Elle a fait trop de mal autour d'elle, pour ne pas en assumer les conséquences.

Dans le regard du jeune homme, Ayaka comprend que quoi qu'elle puisse dire, il a déjà prit sa décision. Il l'a prise au moment même où il l'a vue. Il leur dira tout.

Et c'est ce qu'il fait, le lendemain matin, une fois tout le monde réveillé. Au début, personne ne le croit. Puis, il leur montre une photo qu'il a prit discrètement. C'est bien elle. La nouvelle fait l'effet d'une bombe dans le QG.

Kakucho déteste ce qu'il vient de faire. A quoi bon le leur dire ? Ils ont assez souffert comme ça. Qu'est ce qu'il espère ? C'est vraiment idiot, selon lui, de le leur avoir dit. Il aurait dû garder ça pour lui. Pour le bien d'Izana et aussi de Mikey.

Les deux jeunes hommes d'ailleurs, n'ont pas dit un mot depuis que la nouvelle est tombée. Pour cause, il ne savent même pas ce qu'ils ressentent en ce moment.

Est ce qu'ils sont en colère ? Blessés ? Soulagés ? Aucun d'eux ne sauraient le dire. En vérité, au fond d'eux, ils pensaient ne plus jamais entendre parler d'elle.

Ils réagissent enfin. Sans un mot, Mikey part s'enfermer dans sa chambre. Il ne sait pas quoi faire. Aller la voir ? Pourquoi ? La supplier de revenir ? Il ne lui reste donc plus aucune dignité pour l'envisager ? Il a l'impression que tout tourne autour de lui. Comme si on avait tenté de l'assomer. Il ne sortira pas d'ici de la journée.

Izana lui, a une toute autre réaction. Il feint l'indifférence et refuse d'aborder le sujet aujourd'hui. Pourtant, il a décidé d'aller la voir. Il ne veut pas connaître les raisons de son départ. Il les connaît déjà. Il a besoin de lui dire en face tout le mal qu'elle a pu lui faire. Tant pis pour ce qu'elle ressentira. Pourquoi s'en soucierait il, quand elle même ne l'a pas fait ?

Ainsi, le soir même, il pénètre dans ce bar. Sanzu n'a pas mentit. Elle est bien là. La voir fait mal. Voir ce sourire sur son visage fait mal. Comme si elle l'avait oublié. Comme si tout ce qu'ils avaient vécu ne représentait plus rien pour elle.

Il la fixe jusqu'à ce qu'elle le remarque. Quand leurs regards se croisent enfin, il voit dans celui de la jeune femme une certaine douleur. Comment ose t'elle paraître blessée, alors que c'est à lui que ça fait un mal de chien ?

Leur regard se soutiennent quelques instants et aucun des deux n'osent bouger.

Jusqu'à ce qu'Izana lui désigne les toilettes et s'y dirige. Elle n'a pas le choix, il faut qu'elle aille le voir. Elle lui doit bien ça.

Après quelques instants à l'attendre et après avoir vérifié qu'ils étaient seuls, il la voit face à lui et sa colère ne fait que croître.

- J'y crois pas. Rit nerveusement Izana. T'étais là tout ce temps ? A vivre ta vie d'employée modèle et de mère de substitution ? Tout va bien pour toi à ce que je vois !

- Izana...

- Quoi ?! Qu'est ce que tu comptes me dire hein ? S'emporte t'il, sans trouver le moyen de se contrôler. Tu m'as trahit ! Tu m'as trahit alors que tu avais promis de ne pas le faire ! Tu m'as abandonné ! Tu m'as laissé derrière toi, sans te retourner ! Comme si je n'étais rien ! Si tu voulais une vie loin des gangs, je te l'aurai offerte ! Tu n'avais qu'à demander ! J'aurai tout fait pour toi, moi !

Le voir dans un tel état fait mal et c'est entièrement sa faute. Ayaka le sait. Que pourrait elle bien lui dire pour apaiser cette colère qui semble le ronger en ce moment ?

- Je... il... il fallait que j'emmène Nori loin de tout ça. Tente t'elle, dans une petite voix.

- Ne te caches pas derrière lui ! Tu es pathétique ! Ça n'a rien à voir avec lui ! T'es qu'une putain de lâche ! T'avais pas le courage de rester auprès de moi ! D'assumer d'être avec moi ! T'as choisit la facilité ! Je ne te le pardonnerai jamais ! T'as aucune excuse ! Rien ne justifie le fait que tu m'aies détruit !

Elle sait qu'il est honnête. Il ne pourra jamais lui pardonner ça. Il s'est sentit trahi, utilisé et comme s'il ne représentait rien pour elle. Comment l'en blâmer quand c'est son choix qui a fait qu'il se sente ainsi ?

- Je... je suis désolée. Dit elle.

C'est ignoble de lui dire ça. Ça n'arrangera absolument rien. Mais elle ne sait pas du tout quoi dire d'autre. Elle n'a pas vraiment le temps d'y réfléchir. Izana se rapproche dangereusement d'elle. Leurs visages sont à une distance ridicule l'un de l'autre et Ayaka, croisant le regard d'Izana, sent son cœur se serrer comme jamais il ne l'a fait.

- Je te hais. Lâche Izana dans un soupir. Putain... je te hais... je te hais autant que je t'aime. Et crois moi, je te hais de tout mon être.

Elle reste silencieuse comme incapable de toute parole et de tout mouvement. Son regard sur elle la transperce tant il est rempli de cette haine qu'il vient de confesser.

Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, il colle son front au sien et ferme les yeux. Comme s'il avait besoin de vérifier que c'était bien elle.

- Je ne sais pas si j'ai envie de te tuer ou de t'embrasser. Confesse t'il, dans un souffle douloureux.

Même ça, ça fait mal. Qu'il ait une telle aversion pour elle qu'il en soit à penser à la tuer, est presque insupportable à entendre. Tout comme il est insupportable, de le voir aussi mal. Elle ne pensait pas que ça arriverait. Elle pensait qu'il l'oublierait, qu'il avancerait, mais pas qu'elle était aussi importante pour lui, au point de lui faire aussi mal, avec son départ.

- Et... qu'est ce que tu comptes faire ? S'inquiète t'elle, fermant les yeux à son tour.

Les yeux toujours clos, elle sent son contact lui échapper. En effet, il se recule et a un autre rire nerveux.

- Rien. Déclare t'il, lui faisant rouvrir les yeux. Rien du tout. Retourne à ta petite vie tranquille. A partir de maintenant, pour moi, c'est comme si tu étais morte.

Sans un autre mot ni regard, il disparaît la laissant là. Elle est comme prise de nausée après ce qu'il vient de se passer. Le revoir fait mal, l'entendre prononcer ces paroles si dures fait mal. Mais elle le mérite. Elle est la seule à blâmer pour ça. Elle est la seule coupable de la souffrance de cet homme que pourtant, elle aime par dessus tout.

Elle se laisse glisser le long du mur derrière elle, enfouit son visage dans ses genoux et elle pleure. Elle a un mal de chien en ce moment et malheureusement elle ne peut rien y faire et encore moins s'en plaindre.

Quand Izana arrive dans le QG provisoire de son gang, il a les traits durcit et le visage fermé. C'est Kakucho qui tente une approche.

- Izana est ce que...

- Fout moi la paix ! Le coupe t'il. Foutez moi la paix tous autant que vous êtes ! Conclut il, dans un ton sec et froid, si habituel chez lui depuis un an.

Parvenu à sa chambre, il en claque violement la porte et ceux présents dans le salon commun, peuvent entendre toutes sortes d'objet atterrir violement contre les murs.

Kakucho soupire, se sentant démuni face à la détresse d'Izana. Il se retourne finalement vers Sanzu.

- Tu es content de toi ? Lui demande t'il.

- Quoi ? S'agace Sanzu. Tu aurais préféré que je garde ça pour moi ?

- Il aurait mieux valut oui.

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