- Tu sais... on l'encourage à continuer mais honnêtement, à sa place, je serai tout aussi perturbé qu'elle. Voir un gosse que tu ne connais pas qui te ressemble autant, ça a de quoi te refroidir. Explique Rindou à Kakucho, dans le bureau de ce dernier.

- Je suis d'accord avec toi. Soupire Kakucho, s'adossant un peu plus sur le dossier de son fauteuil. Il lui ressemble parce qu'elle ressemble énormément à sa sœur. Ça doit pas l'aider. Puis elle a raison. C'est un enfant. Il n'a rien demandé lui.

Rindou s'avachit lui aussi un peu plus dans son fauteuil. Il a un petit rire que Kakucho ne comprend pas.

- Je ne pensais vraiment pas changer d'avis sur Ayaka, un jour. Se justifie Rindou. Mais, quand j'ai entendu Eiji se vanter de ce qu'il lui avait fait avec autant de suffisance et presque de fierté... ça m'a mit hors de moi. Elle ne méritait pas ça.

- Personne ne mérite ça.

- Non, c'est vrai. Je la pensais juste super égoïste, superficielle et avec des mœurs vraiment légères. Je me sens un peu coupable de ne pas avoir cherché plus loin. Comme... toi tu l'as fait. C'est aussi pour ça que je veux l'aider. Je veux me racheter.

- On est le résultat de ce qu'on a vécu. Quand je l'ai vue réagir, le soir où on est sortit faire la fête avec ton frère et Izana, j'ai compris que quelque chose n'allait pas. Mais, je ne pense pas qu'elle t'en veuille d'avoir pensé ça d'elle. Elle se fiche de ce qu'on peut penser d'elle.

- Justement c'est ça qui me dépasse ! Pourquoi elle ne dit rien ? Parfois, elle s'en prend plein la tête et elle ne relève même pas ! C'est pas son genre pourtant.

Kakucho a un petit sourire entendu. Lui aussi a du mal à comprendre pourquoi elle préfère laisser passer.

- Je ne sais pas non plus. Dit il. Peut être, qu'elle a juste pas envie de se prendre la tête ?

- Non. C'est comme si... elle se punissait. Je sais pas comment t'expliquer. J'ai l'impression qu'elle laisse dire, parce qu'elle pense qu'elle le mérite.

Rindou marque un point. Il y a du vrai dans ce qu'il suppose. Il y a sûrement des choses qu'Ayaka ne s'est pas pardonnée.

- Eiji mérite vraiment de payer Kakucho. Affirme Rindou.

- Je pense la même chose. Mais, cette décision revient à Ayaka.

Rindou hoche la tête. Il a raison. Ils ne peuvent rien faire tant qu'Ayaka ne prend pas une décision.

Dans la nuit, Ayaka est interpellée par des bruits sourds, venant d'en dessous ses appartements. En effet, elle est juste au dessus de la salle d'entraînement.

Qui peut bien s'entraîner à une heure pareille ? Se demande t'elle, constatant qu'il est minuit passé. Elle ne dort pas de toute manière. Alors, elle décide d'aller vérifier par elle même.

C'est un spectacle qu'elle n'aurait jamais cru voir, qui se déroule sous ses yeux. Mikey frappe dans tout ce qu'il peut. L'observant plus attentivement, elle remarque que ses mains sont tuméfiées et saignent un peu. Depuis combien de temps, est ce qu'il est là ?

Alors qu'elle s'apprête à s'en aller, Mikey l'aperçoit.

- Je vais y aller. Assure t'elle. Désolée de t'avoir dérangé. S'excuse t'elle, tournant les talons.

- Dis leur. Lance Mikey, la faisant se retourner.

- Hm ?

- Dis leur ce que je t'ai fait.

Il s'avance vers elle et elle constate son regard vide et perdu.

- Non. Répond t'elle, dans un souffle.

- Dis leur... ils... ils pensent du mal de toi... alors que...

- Je m'en fous ! Répond t'elle fermement.

- Pas moi... pas moi.

Il a l'air épuisé. Il est à la limite de tomber de fatigue. Pourquoi est ce qu'il se met dans cet état ? S'interroge la jeune femme. On peut se sentir aussi coupable, après ça ?

- Je ne passerai pas pour une victime Mikey !

- C'est pas à toi, à avoir honte de ça. C'est moi le connard dans cette histoire.

Il baisse son regard et voit les marques sur les poignets d'Ayaka. Il les prend délicatement dans ses mains et semble bouleversé. Ayaka n'arrive pas à bouger, malgré son envie de s'en aller.

- Pardon... je te demande pardon. Dit il, la voix tremblante.

La jeune femme prend une grande respiration et retire ses mains des siennes.

- Soigne tes mains. Lui conseille t'elle, avant de s'en aller.

Quand elle a regagné sa chambre, elle s'adosse contre la porte et se laisse glisser le long de l'entrée. Ses genoux à présent contre sa poitrine, elle les entoure de ses bras et enfoui son visage dedans. Elle pleure à présent et elle ne sait même pas précisément pourquoi.

Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle n'arrive pas à s'arrêter. Comme si, elle avait besoin que tout sorte.

Elle a envie d'aller voir Izana. C'est la seule chose dont elle a envie. Mais, elle ne le fera pas. Malgré les paroles rassurantes de Kakucho tout à l'heure, elle reste persuadée que c'est elle qui l'a blessé. Elle ne veut pas que ça se reproduise. Surtout, elle ne voudrait pas qu'il pense qu'elle se sert de lui, alors que ce n'est pas le cas.

Elle repense à leur discussion dans le parc. Comment est il tombé amoureux d'elle ? Pourquoi ? Il y a beaucoup mieux qu'elle, pourtant. Une femme, qui ne le blessera pas sans le vouloir. Il peut en trouver une. Alors, pourquoi est ce qu'il l'a choisie elle ? Il est devenu fou ?

Plus elle y pense plus son envie d'aller le voir, grandit. Elle veut juste, se retrouver dans ses bras, pour cette nuit. Ses bras où elle a l'impression que rien ne peut l'atteindre. Mais, elle ne peut pas lui faire ça. Pas après sa confession. Pas quand elle ne sait pas ce qu'elle ressent.

Ainsi, elle réprime son envie et se traîne jusqu'à son lit. Izana lui manque dans ces moments là. Lui, il sait la rassurer et l'apaiser malgré la personne qu'il peut être. Elle enfouit son visage dans son oreiller et tente tant bien que mal de se calmer et de se reposer.

La nuit sera courte pour elle, ainsi que pour Mikey et Izana. Tous trois ont la même question à l'esprit. Comment est ce qu'ils en sont arrivés là ? Il ne devait s'agir que d'une relation sans prise de tête, pouvant être atypique et amusante. Aujourd'hui, c'est bien plus compliqué.

Le lendemain, Sanzu est dans le bureau de Kokonoi. C'est le seul qui veut bien l'écouter. Surtout c'est le seul, qui n'a pas l'air d'avoir le choix.

Sanzu le fait rire de temps en temps, mais ce matin, il se passerait bien de son évidente mauvaise humeur.

- Tu te rend compte ? Elle a osé me dire que si Mikey me le demandais, j'aboierai !

Koko a du mal à retenir son rire. Pourtant, il trouve ça bien envoyé. Surtout, il trouve ça juste.

- Qu'est ce qu'elle t'a fait Ayaka au juste ? Demande Koko. Pourquoi tout ce qu'elle fait t'énerve ?

- Elle ne te saoule pas à toi ?! Tu as vu comment elle agit ? Elle manque totalement de respect à Mikey !

- Ah... je vois. Soupire Koko.

Cette admiration sans borne pour Mikey, dépasse l'entendement pour Koko.

- En plus, il s'en fout ! Râle Sanzu.

- S'il s'en fout, c'est réglé non ?

- Non ! Elle a pas le droit de faire ça ! Je sais pas ce qu'elle lui a fait, mais c'est pas normal qu'il soit aussi... faible avec elle.

- Qui te dit que c'est elle, qui lui a fait quelque chose ? Peut être que ça s'est mal passé entre eux, tout simplement.

- C'est forcément à cause d'elle !

Sanzu n'entend rien, quand il s'agit de Mikey et ça commence à sérieusement agacer Koko. Pour Sanzu, Mikey est irréprochable. Il pourrait faire les pires atrocités il lui trouverait des excuses.

Ayaka avait raison. Pense Koko. Sanzu aboierai tous les jours pour Mikey. C'est en quelques sortes ce qu'il fait.

- Je ne comprend pas que tu la défende tout le temps. Rajoute Sanzu.

- Je ne la défend pas. Contrairement à toi, je suis objectif. Ce n'est jamais la faute que d'une seule personne. Ils sont deux dans cette histoire. Puis, contrairement à toi, je ne suis pas jaloux d'Ayaka.

- Je ne le suis pas ! S'insurge Sanzu.

- Bien sûr que tu l'es ! Tu es jaloux parce que Mikey ne t'accorde plus autant de crédit et d'importance depuis qu'elle est arrivée. Admet le et tu iras mieux ! Il serait peut être temps que tu commences à vivre pour toi. T'es à deux doigts de l'ulcère si tu n'en as pas déjà un.

Sanzu préfère râler et s'en aller. Il n'aime pas ce que Koko vient de lui dire. Koko le regarde partir er secoue la tête. Il n'a pas voulu le vexer. Il voulait uniquement exprimer son opinion.

Sanzu continue de marmoner ses complaintes, arpentant les couloirs.

"Elle les a tous attendrit ou quoi ?"

"Ils ne voient pas ce qu'elle veut faire ?"

"Elle veut détruire Mikey."

"Moi je suis pas idiot. Moi j'ai vu clair dans son jeu. Je ne la laisserai pas faire."

Sans s'en rendre vraiment compte, il se retrouve dans les espaces communs et croise par inadvertance le regard d'Ayaka.

- Tch. Fait il, dans un regard dédaigneux.

En réponse, Ayaka roule des yeux et secoue la tête.

- Prétentieuse. Crache t'il.

- T'as pris quoi ce matin encore ? Souffle Ayaka.

- Rien du tout j'ai les idées très claires ! Je suis le seul ici, à te voir telle que tu es ! Une pétasse sans cœur.

- Ferme ta gueule ! Lance Mikey, se levant de sa place.

- Regarde comme elle agit avec toi ! Tu penses que c'est normal ?

- Tu ne sais rien du tout ! J'ai été... je l'ai...

- Tais toi ! Intervient Ayaka, se levant à son tour.

Elle a rapidement compris qu'il voulait avouer ce qu'il s'était passé. Elle ne veut pas. Son intervention si soudaine, à jeté un immense silence, qu'Ayaka brise.

- Moi, je ne suis pas une victime. Je ne suis pas comme elle.

Sur ces mots énigmatique pour certains, elle disparaît.