Chapitre trois : 🐎

-Alejandro ! Met y un peu du tien s'il te plaît ! Tu la veux ta vengeance ou pas ?

-Bien sûr !

-Alors arrête de jouer et viens m'aider charger la charrette !

-Olala !

Alejandro a trente ans de plus que moi, et il est moins sérieux que Kean ! Le petit à deux ans et demi, c'est pour dire...

On stagne. Ça fait trois semaines que Guerios m'a rejointe, et on est toujours au même stade. C'est à dire deux adultes et un jeune enfant. C'est tout.

Pour le moment, on va se rapprocher du clan Péneas, pour essayer de trouver un plan, ou autre chose. Je pense que Guerios enclenchera son cerveau de génie plus tard, car là ce n'est pas vraiment ça... Il y a intérêt en tout cas !

Pendant que Guerios dirige le cheval, nous tentons, Kean et moi, de nous trouver un coins assez spacieux pour contenir nos deux corps. Nous finissons par trouver un coin tranquille, et mon ange finit par s'endormir.

La route est longue et éprouvante, Kean n'en peux plus. A vrai dire, moi non plus. Pour tenter de trouver Alejandro, j'ai marché longtemps, portant Kean sur mon dos, et je ne me suis pas véritablement reposée ces dernières semaines. Le chemin n'est pas stable, et mon sommeil aucunement réparateur.

Soudain, une horde de chevaux sauvage apparaît à nos côtés. Je réveille Kean, voulant qu'il profite de ce spectacle magnifique. Plus ou moins trente chevaux qui galopent à nos côtés, des poulains disséminés un peu partout dans le troupeau.

Quelques minutes après le passage des bêtes, un bruit de sabot parvient à mon oreille. J'intime à Alejandro de s'arrêter, un magnifique étalon dépasse en boitant notre charrette. Il s'arrête brusquement, et je remarque que sa jambe avant gauche est inutilisable, sans doute cassée ou foulée. Je descends de la charrue, et essaye de m'approcher de l'animal sans qu'il ne rue. Il souffle des naseaux, mais me laisse toucher sa jambe.

-Alejandro, arrêtons nous, il est tard, et l'étalon a besoin de soins.

Soudainement très sérieux, il décale la charrette sur un terrain de terre, et viens fouiller dans une de ses grandes malles. Il est sort des trucs dont je ne connais le nom, tous plus bizarre les uns que les autres. L'animal finit par s'allonger sur le sol, fatigué. J'en profite pour lui caresser la tête, tentant de le détendre alors que Guerios immobilise son membre.

-C'est foulé. Je propose qu'on reste ici jusqu'à son rétablissement complet, il ne doit pas marcher pendant quelques jours. Il y a une ville, à trois ou quatre kilomètres d'ici. Tu pourrais y aller et me ramener du foin, des pommes et des plumes ? Si tu trouves un ou deux canards en chemin, de quoi bien manger ce soir. Détache Enoraa, tu y seras plus vite. Et emmène ton mioche.

-Je ne peux pas emmener Kean.

Il souffle, puis demande au garçonnet de lui passer la bande de plâtre. Je souris face à l'enthousiasme de mon petit, puis me recule pour détacher un cheval et partir au galop sur le sentier.

Je ne croise pas âme qui vive, ce qui est logiquement normal. Pourtant, j'ai un pressentiment. Je ne sais pas quoi, mais quelque chose se trame, et je n'arrive pas à déterminer si c'est à notre avantage. Peut m'importe, en soi. Laissons couler, le temps nous le dira.

Après avoir acheté les courses commandées par Guerios, je repère une oie traversant maladroitement la route en tentant de se faufiler à travers les passants. D'un seul coup, je prends l'animal par le cou, et un vieil homme s'approche clopin-clopant vers moi, m'offrant un sourire édenté.

-Merci ma petite ! Tu es maigre, et sans doute une famille à nourrir, je te donne cette oie. J'ai assez mangé pour deux semaines avec la deuxième, fait toi un festin ce soir !

-Oh, merci monsieur ! Auriez-vous besoin de quelque chose, d'aide par exemple ?

Il réfléchit, puis me demande de le suivre, il a une commode qui reste devant chez lui, il a le dos en purée de légumes. Je monte l'armoire au dernier étage, puis salue l'homme, repartant avec un bloc de fromage, un ballon en cuir pour Kean, et la fameuse oie.

Les deux hommes ont l'air heureux de me voir rentrer, sans doute affamés. Je remarque que l'étalon s'est endormi, probablement épuisé de cette journée éreintante. Je lui caresse fébrilement les naseaux, et lui passe une poignée de foin, essayant de lui donner faim. L'effet est immédiat ! Il redresse la tête, se met debout, ne posant pas sa jambe blessée, et commence délicatement à manger le foin.

Quand il a finit, il se recouche sur le flanc, et je pose ma tête contre la robe de son ventre. Il ne dit rien, si bien que je m'endors dans cette position.

Ce n'est qu'une dizaine d'heures plus tard que je me réveille, toujours sur le flanc de l'animal, une tête blonde au dessus de moi.

-Témis !

-Salut Kean... Bien dormi ?

-Ui ! Faim !

Je me relève péniblement, mon corps courbaturé suite à ma nuit agitée, l'étalon a beaucoup bougé.

Je lui sers une tranche de fromage de brebis et un morceau de viande d'oie qu'Alejandro à fait cuire hier. Le petit dévore son repas goulûment, se léchant les doigts une fois son déjeuner avalé.

A son tour, Guerios se réveille, grognant son mécontentement d'être réveillé. Les bruits que Kean et moi avons faits se résument à un léger bruit de conversation. Il est vraiment de mauvaise foi. Je me demande comment il était dans le clan Péneas... Sans doute pareil, et sérieux le moment venu.

Je finis ma nuit sur le matelas, tandis que les deux autres tentent de construire un semblant de cabane avec des rouleaux de tissus et des planches de bois.

Lorsque je me réveille, la nuit ne va pas tarder à tomber. Un feu est allumé non loin de moi, et deux silhouette font cuire un volatile. Un autre ombre, plus grosse, est posée à leur côté. C'est l'étalon, il a réussi à se relever.  Je me frotte les yeux, boit une longue gorgée d'eau de la gourde, et me couvre d'un pull, la fraîcheur ayant raison de moi.

Kean se tourne vers moi, il a entendu une branche craquer sous ma botte. Il me tends une brochette, que je croque à pleine dents. Je n'ai pas mangé ce matin, encore moins ce midi.

Alors que les deux garçons partent se coucher, je peine à m'assoupir. Je ne dormirai plus jamais en journée ! Pour me détendre, et aussi me changer les idées, je pars marcher quelques kilomètres.

J'observe le paysage toujours aussi plat et terne du désert quand un léger hennissement se fait entendre dans mon dos. Étonnée et surtout intriguée, je me retourne pour entrevoir une grande ombre noire dans l'obscurité. Je deviens facilement l'origine de la silhouette, la démarche claudicante de cette dernière ne me trompant pas. Je caresse tranquillement l'encolure de la bête, ce à quoi elle se colle un peu plus à moi.

Finalement, nous finissons par rentrer au campement, et je m'allonge dans l'herbe, cherchant le sommeil dans les étoiles. L'étalon se couche à mes côtés, et finit par s'endormir. Le sommeil ne m'emporte que quelques heures après, alors que le soleil donnait sa célèbre teinte orangée au ciel.

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