Chapitre cinq : ⚔️
Je me réveille, frigorifiée, et peine à me relever. Je remarque que je suis dans la charrette, et qu'elle bouge. Ça me fait penser que je fais totalement confiance à Alejandro, je ne sais pas du tout où on va. Je m'assoie difficilement.
-Témis ! T'es veillée !
-Oui bonhomme, je suis réveillée.
-A va ?
J'acquiesce en souriant, puis regarde Guerios. J'ai l'impression qu'il me fait la tête.
-Alejandro ? Tu me boudes ?
Il ne me répond pas, puis à force de supplications, fini par ouvrir la bouche.
-Qu'est ce qui t'a pris ?! Tu voulais mourir ! Tu ne t'imagines même pas l'angoisse que j'ai ressenti quand je me suis levé ce matin, et que tu étais quasiment en hypothermie sur la rive ! J'ai eu si peur... Ne refais jamais ça !
C'est... touchant de voir à quel point il était inquiet. Toute ma vie, personne ne s'est jamais inquiété pour moi. Mes parents attendaient de moi le meilleur, et c'est mon père qui m'a jetée dans le lac en plein hiver, soit disant pour "m'endurcir". Ça a marché, sans aucun doute, mais je n'ai jamais vraiment connu l'amour. Je ne sais pas ce que c'est se s'inquiéter pour quelqu'un.
-Je te le promet. Où est ce qu'on va depuis quelques jours ? N'oublie pas notre vengeance.
Il sourit d'un air victorieux.
-Ne t'inquiètes pas, je n'oublie pas, ça va te plaire. On pourra peut être même recruter des gens.
Je soupire, exaspérée par son lâcher prise. Je m'enroule dans ma veste en poil de renard, et fini par m'assoupir, bercée par la voix d'Alejandro qui chante un chant traditionnel de chez lui.
-Artémis, debout, nous sommes arrivés !
Guerios me secoue, un air euphorique sur sa face. Je me relève, et observe ce qui m'entoure. Nous sommes au abord d'une arène de combat, près de nous sont posés d'autres véhicules, notamment des calèches de riches, signe que les combats d'aujourd'hui sont importants. Il me prends par la main, et m'explique qu'il a eu des places grâce à une connaissance, puis se dirige vers la file qui se déroule près de l'entrée.
Quand nous entrons, je remarque que l'arène est très grande, ce qui n'est pas très étonnant dans la capitale. Nous finissons par trouver nos places, et Kean s'installe sur mes genoux, et s'endort. Cela m'arrange, il ne verra donc pas l'horreur qu'est un massacre pour un enfant.
Le combat commence, opposant deux guerrier musclés torse nus. Les deux hommes se battent avec acharnement, sous les cris encourageants des spectateurs. Au bout d'une bonne heure de combat énergique, le plus petit des deux tranche d'un coup précis la nuque de son adversaire, provoquant des hurlements de joie dans l'arène.
Deux combats suivent ainsi, et je vérifie toutes les minutes que Kean est bien en train de dormir. Avec chance, il semblerait qu'il ait mal dormi cette nuit, car il n'a fait que dormir.
À la fin de ce troisième combat, un homme de grande taille s'arrête au centre de l'arène, et porte un amplificateur de voix à sa bonne bouche.
-Mesdames et Messieurs, merci d'accueillir notre donateur d'aujourd'hui, le grand Kaelynn Péneas !
Tandis que la foule acclame ce... type, je me fige. Alejandro me jette un regard affolé, mais je me reprends. J'applaudis, même si tout mon être me crie de ne pas le faire.
Cette ordure finit par entrer dans l'arène, où il salue les femmes qui se cassent la voix à hurler. Il parcourt de son regard les gradins, où il s'arrête sur moi. Je plante mon regard dans le sien, alors que la distance est très grande. Je m'efforce de paraître nonchalante, mais je suis certaine que mon regard brûle de rage. Je perçois l'étonnement dans le sien, mais je me détourne pour discuter avec Alejandro.
Alors qu'il se tourne, je l'observe. Des muscles saillants, une démarche assurée, un visage fin... Je ne suis pas encore à sa hauteur, j'ai encore besoin d'entraînement. De beaucoup d'entraînement.
Lorsqu'il finit par s'en aller sur un clin d'œil, je réprime un frisson de dégoût. Cet homme me répugne du plus profond de mon être. Cet être abject est ma définition du dégoût à l'état pur. En gros, je ne l'aime pas, mais alors pas du tout.
Trois heures plus tard, alors que la nuit commence à tomber, nous quittons l'arène. J'ai bien dormi, Kean aussi, alors avons prévu de faire un jeu de société, le seul que nous avons, avant de nous coucher. Alejandro nous regardera jouer.
Ça me rappelle que, pendant les combats, il s'est éclipsé pour "aller aux toilettes". Je ne le crois pas une seconde. Ce soir, quand nous jouerons, je lui demanderai ce qu'il est réellement parti faire. Espérons qu'il me fasse assez confiance pour me le dire.
Nous montons dans la charrette, et partons pour quelques heures de route. Plus nous avançons, mieux c'est.
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Je lance le dé, ça tombe sur le six. Je sors un cavalier de son écurie, et relance. Un. J'avance mon pion, et donne le dé à Kean. Il lance à son tour, et je m'adresse à Guerios.
-Qu'est tu réellement parti faire en plein combat ?
-Tu veux la vérité vraie ?
-Évidement.
-Je suis allé voir ma connaissance pour essayer de recruter des combattants.
Mon être tremble d'excitation face à cet information.
-Trois hommes.
-Ce n'est clairement pas assez, mais c'est un début.
-Je leur ai dit de nous rejoindre dans une tanière, dans approximativement cinq mois. Ils seront dans les parages.
-En gros, on a cinq mois pour former notre armée.
-Pas exactement, il nous faut au moins trois cent soldats dans cinq mois, c'est quasiment impossible. Pour arriver aux six mille, on verra après.
-Nous avons cinq mois, soit cent cinquante jours. S'il nous faut trois cents personnes, deux par jours, soit quatorze par semaine, et soixante par mois. C'est réalisable, si on s'y met dès demain.
-C'est quasiment irréalisable.
-Quasiment. On va y arriver. Il ne nous faut que de la volonté.
Kean nous rappelle que nous sommes en pleine partie de jeu, nous le terminons avant de nous coucher. Je cogite de longues heures, avant d'enfin m'endormir.
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