J'ai peur.

J'ai toujours été un froussard, depuis tout petit. Ce n'est pas moi qui courais après l'aventure criant au monde que j'étais plus fort que lui, je savais que c'était faux, qu'il me battrait dans tous les cas.

À quoi bon faire quoi que ce soit d'autre ?

Alors, je me contentais de passer, de figurer, une ombre parmi les enfants turbulents.

Perdu dès la naissance, voilà tout ce qui est vrai chez moi. On m'a lâché dans un univers vide plein d'incohérences sans rien me dire. On m'a fait naître pour me tuer juste après.

Je suis un simple agneau égorgé dont le sang s'enfuie lentement.

J'avais de l'amour, du soin et de l'attention. Mes parents se pressaient contre moi, m'entouraient et me berçaient. Mais leurs étreintes ne m'apportaient que la crainte du néant. Comment aurais-je fait une fois ce calme brisé, une fois que la société m'aurait trainé par les pieds dans le monde froid et étranger ?

Je n'ai pas voulu savoir alors je n'ai pas fait.

Le vase fendu est bientôt vide.

J'ai peur.