Une place publique, vide de sons, pleine de fleurs.

Nemo se promène seul et aperçoit un chat noir qui le regarde, allongé sur un banc.
Il s'approche lentement et s'assoit à ses côtés.

- Tu es bien beau, toi.

Il avance une main vers lui, le chat se redresse un peu.

- N'aie pas peur, je ne te veux aucun mal.

Le chat renifle sa main et finit par s'adoucir, se rallongeant à nouveau.

- Voilà, ne te dérange pas pour moi, je ne fais que passer.

Il approche sa main à nouveau.

- Tu veux bien ?

Le chat cligne des yeux, Nemo caresse doucement son poil.

- Tu es tout chaud, c'est agréable. Ça me donne envie de prendre un bain de soleil moi aussi.

Il s'adosse contre le banc et ferme les yeux.

- Ta vie doit être si douce à passer tes journées, là, à lézarder au soleil. Tu es bien chanceux.

Une brise légère fait bruisser les feuilles, il ouvre les yeux.

- Mais peut-être que toi aussi tu as des soucis parfois. Lorsque l'hiver arrive, tu dois avoir bien froid. Tu as un chez toi ?

Le chat le fixe.

- J'espère pour toi, c'est bien de pouvoir se sentir chez soi quelque part.

Il marque une pause et détourne le regard.

- Enfin, je crois. Je me souviens plus trop, ça fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé.

Il sourit tristement.

- Et ça ne m'arrivera plus jamais.

Il rit ironiquement.

- Parfois je me dis que je fais une erreur en choisissant de mourir comme ça, que peut-être je fais le mauvais choix et que je ne devrais pas tant m'accrocher à cette nouvelle résolution.

Il relève la tête vers le ciel.

- Et en même temps, je me dis que je n'ai plus rien à faire ici, que je n'ai plus de raisons de continuer tout ce simulacre. Puis, si je revenais sur ma décision alors je perdrais tout le sens que j'ai gagné aujourd'hui à faire cela.

Il baisse les yeux sur le chat, ses yeux brillent.

- Mais j'ai peur. L'idée de mourir reste terrifiante. Qu'est-ce qu'il y a après ? J'en sais rien, moi.

Le chat se redresse et s'approche de lui, Nemo lui caresse mécaniquement le dos, il sanglote.

- Mais le pire c'est que la vie me fait tellement flipper à côté que je préfère mourir plutôt que de la subir plus longtemps.

Le chat monte sur ses cuisses et vient se lover contre lui, Nemo renifle, il se calme.

- J'arrête, t'inquiète pas, tout va bien.

Il sourit un peu, le soleil sèche ses larmes lorsqu'il se laisse aller en arrière, le visage vers le ciel.

- Ce n'est qu'un mauvais moment à passer.