11h57 Pessimiste

Une grande route, de grands bruits, de petits gens.
Nemo marche sur la bande d'arrêt d'urgence, une voiture s'arrête près de lui.

- Tu veux que je t'emmène quelque part, petit ?
- Où allez vous ?
- À Thanat', un village à quelques kilomètres au nord.
- Ça me va.
- Alors monte.

Il grimpe dans l'habitacle. Elle démarre.

- Comment tu t'appelles, petit ?
- Nemo.
- Qu'est-ce que tu faisais sur cette route, Nemo ?
- Je marchais.
- Pour aller où ?
- Je ne sais pas, je voulais juste quitter la ville.

Elle le regarde, suspicieuse.

- Je croyais que tu allais à Thanat'... Tu ne serais pas en train de fuguer, rassure-moi.
- Non, non, vous inquiétez pas.
- Pourquoi es-tu parti alors ?
- Je voulais voir des couleurs.

Elle s'adoucit.

- Alors tu es sur la bonne route, il y en a plein au village.
- Tant mieux.

Il sourit légèrement.

- Je peux comprendre qu'on en ait marre de la ville au bout d'un certain temps. Tout y va si vite et il y a tellement de bruits ! Puis le gris c'est pas trop joli, quand même... Enfin, au moins ils essayent de faire des efforts, avec leurs petits parcs qu'ils construisent par ci par là.
- Ils ont pas trop le choix, les gens deviendraient fous sans un semblant de nature. On reste des animaux.
- C'est peut-être vrai, je sais pas. Mais au moins la ville a le bénéfice de nous faire rencontrer des gens très diversifiés.
- Au fond, ils sont tous pareils, ils l'expriment différemment mais ils restent tous malheureux.

Elle lui jette un rapide coup d'œil avant de revenir sur la route.

- Ce n'est pas parce qu'il y a des moments d'abattement pour chacun qu'ils sont tous "malheureux".
- C'est pas parce qu'ils sourient ou rigolent de temps en temps qu'ils sont heureux non plus.
- Tout n'est pas noir ou blanc. Je n'ai pas dit qu'ils étaient nécessairement heureux mais ils ont sûrement leurs moments de plaisirs ou de bonheurs, ce qui suffit à faire qu'ils ne sont pas entièrement malheureux, ni complètement heureux, si tu veux.
- Quand la palette devient plus noire que blanche, j'ai quand même tendance à appeler ça du malheur.
- Je trouve pas. À voir les choses en noir, tu les rends encore plus sombres qu'elles ne le sont réellement autant faire l'inverse, ça aidera peut-être à chasser l'ombre de ta palette.

Il réfléchit.

- Je trouve que c'est se voiler la face que d'essayer de se persuader de ce genre de choses. Le monde est comme il est, ça n'y changera rien.
- Le monde est comme on le perçoit aussi. On peut pas tout changer mais rien que le voir d'un autre œil peut le rendre plus beau et plus agréable à vivre.
- Hm, je sais pas. Je crois que je n'y arrive pas.
- Ça s'apprend, avec le temps et les bonnes personnes.
- Probablement.

Il hausse les épaules.

- Au fait, je crois que je ne vous ai pas demandé votre prénom.
- Je m'appelle Ophélie.

Il hoche la tête et sourit doucement.

- Merci, Ophélie.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top