CHAPITRE 7.
Noah avait passé une nuit agréable, même s'il était certain qu'elle aurait pu l'être encore plus s'il avait eu la chance la passer aux côtés d'Isaac. Lorsqu'il se réveilla ce matin-là, il se sentit un peu plus léger que les jours précédents et descendit au rez-de-chaussée de meilleure humeur.
Une cuillère à la main, il touillait son café sans grand enthousiasme lorsqu'Adam fit irruption dans la pièce à vivre. Julie, elle, dormait encore profondément.
— Bonjour.
Surpris, Noah leva les yeux sur son père qui se préparait lui aussi une tasse de café.
— Tu me parles, maintenant ?
Même s'il lui en voulait, Noah ne put empêcher l'espoir d'envahir ses poumons, son ventre, son cœur. Son père ne lui semblait plus aussi désagréable que la veille et, de toute évidence, il était de bonne composition ce matin-là. Adam s'installa à table face à lui, sa tasse fumante entre ses mains, et lui annonça :
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je t'ai suivi cette nuit. J'étais à la patinoire.
Sous l'effet du choc, Noah s'étrangla avec la cuillérée de céréales qu'il venait d'enfourner dans sa bouche. Il fit cesser la toux en buvant quelques gorgées de jus de fruits tout en posant sur son père des yeux grand écarquillés : il n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait.
— Et tu as raison, ajouta Adam. Toi et Isaac n'êtes pas nous. Nos problèmes ne doivent pas être les vôtres.
Si l'on avait dit à Noah qu'il aurait cette conversation ce matin-là, alors qu'il était encore tout endormi, il ne l'aurait pas cru. Il ne le croyait pas. Était-il en train de rêver ou son père se montrait-il réellement... compréhensif ?
— Vous vous aimez, constata Adam. Ça aussi je l'ai compris. Et je suis désolé d'avoir réagi comme un idiot lorsque tu me l'as dit.
— Ça veut dire que... que tu acceptes ?
Noah sentit les larmes lui monter et le bonheur réchauffer son cœur. Un sourire étira ses lèvres rosées avant même que son père ne lui donne une réponse ; car il le sentait. Il sentait et voyait que la situation avait changée. Il connaissait Adam.
— Ça me dérange, mais je l'accepte. Pour toi. Je veux que tu sois heureux, Noah, et si c'est avec Isaac alors... qu'il en soit ainsi.
Le menton tremblant, Noah se leva de table, la contourna, et vint serrer son père dans ses bras. Julie, qui venait de descendre les escaliers, les regarda avec fierté de ses yeux encore tout endormis. Tout comme Noah l'était, elle fut soulagée de voir père et fils se réconcilier.
— Mais j'aimerais quand même le rencontrer. Officiellement. Invite-le à dîner ce soir ?
Un tel revirement de situation laissa Noah sur les fesses. Il s'était levé convaincu que cette journée serait à nouveau horrible, que son père ne lui pardonnerait peut-être pas, et pourtant ils en étaient là : Isaac – un McGill – était invité à leur table.
— Hem... je sais pas s'il...
— S'il peut, bien sûr, déclara Adam.
Noah s'empressa d'extirper son téléphone de sa poche et envoya un SMS à Isaac, conscient que lui téléphoner n'aurait servi à rien. En effet, son petit-ami ne répondait au téléphone que lorsqu'il était hors de la maison, toujours effrayé à l'idée que son père puisse surprendre l'une de leurs conversations. Et Noah savait, ce matin-là, qu'ils étaient certainement tous les deux en train de prendre leur petit-déjeuner tel que lui le faisait avec Adam.
SMS, DE : Noah.
08:27 AM — Tu avais raison. Mon père l'accepte. Il veut que tu viennes dîner ce soir. J'espère que tu pourras te libérer, au moins quelques heures. Je t'aime.
Malgré le SMS qu'il venait d'envoyer, Noah y croyait peu. Ils étaient veille de finale ; le genre de journée où l'on commençait déjà à vivre le lendemain. Et si Noah considérait qu'Adam était dur lors de ce type de journée, il n'imaginait même pas à quel point McGill pouvait être horrible – et il préférait ne pas l'imaginer, en toute honnêteté.
— Comment tu te sens ?, demanda Adam qui pensait d'ores et déjà à la finale du lendemain.
— Bien mieux, maintenant.
Noah ferma les yeux lorsque son père déposa un petit baiser sur sa tempe. Ils terminèrent leur petit-déjeuner tandis que Julie commençait déjà à réfléchir, à voix haute, au repas qu'elle préparerait le soir-même pour la venue d'Isaac.
— Quel est son plat préféré ?, demanda-t-elle toute excitée.
— C'est une plaie, avoua Noah. Il n'aime rien. On ferait mieux de commander des pizzas.
Julie rétorqua, mais les pizzas furent votées à deux votes contre un. La petite famille ricana et traîna dans la pièce à vivre quelques minutes supplémentaires et ce fut aux alentours des dix heures que Noah et Adam, rollers aux pieds, se retrouvèrent dans l'allée.
— Prêt ?
— Prêt.
Ce fut ainsi qu'ils débutèrent leur rituel. Remonter sur la glace, deux jours plus tôt, avait donné à Adam l'envie de rechausser ses vieux rollers. Même s'il avait eu l'habitude, au cours des dernières années, de laisser Noah gérer seul son « décrassage » de veille de match, il avait ce jour-là envie de le partager avec lui. Ils patinèrent alors côte à côte, dans les lotissements déserts, et prirent ensuite les différentes pistes cyclables de la ville. Ils ne croisèrent pas grand monde, à leur plus grand bonheur, et apprécièrent en silence et chacun de leur côté le moment qu'ils partageaient ensemble.
— On fait une pause ?
Ils s'arrêtèrent près du city-stade, sur ce même banc où Noah, près d'une semaine plus tôt, avait tout avoué à Charlie. Essoufflés, ils burent quelques gorgées d'eau et apprécièrent les rayons du soleil qui, malgré le vent froid, réchauffa leur visage. Ils reprirent leur respiration, silencieux, avant qu'Adam ne demande :
— Comment vous vous êtes rencontrés toi et Isaac ? Je veux dire... comment est-ce que ça a commencé ?
Noah s'était douté que la question finirait par lui être posée, soit par Adam directement soit par sa mère. Il esquissa alors un sourire et craqua ses doigts sur ses cuisses. Ses rollers aux pieds, il s'affala sur le banc après en avoir défait les lacets.
— Tu te souviens du meeting d'inter-saison ?, Adam hocha la tête. J'en avais marre de poireauter alors je suis sorti prendre l'air. Il était là. J'étais prêt à faire demi-tour. Sauf qu'il m'a demandé « comment tu gères d'être le fils de Banks ? » ; et j'ai vu que pour une fois il était sérieux et que ce n'était pas une façon de me chambrer.
Les souvenirs remontèrent à la mémoire de Noah et firent dresser les poils sur ses bras. Il avait ressenti tellement de choses ce soir-là, comme une évidence, qu'il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir revivre ce moment. Lorsqu'il comprit qu'Adam ne lui répondrait que lorsqu'il aurait terminé de lui raconter son histoire, il poursuivit :
— Je ne peux pas te l'expliquer mais... j'ai ressenti qu'il souffrait vraiment, et ça m'a étonné. Alors je me suis assis près de lui et je lui ai répondu. Sincèrement. Il m'a parlé lui aussi ; c'est là que j'ai appris que son père le battait. Le bat encore. Il s'est même mis à pleurer. Je suis resté à ses côtés.
Noah s'était même rapproché de lui. Leurs épaules s'étaient frôlées et, en signe de réconfort, il avait posé sa main sur son avant-bras. En revanche il n'avait pas parlé, car un brouhaha collectif provenant du parvis de la salle avait laissé entendre que la soirée était terminée et, ainsi, ils s'étaient séparés.
— Quelques jours plus tard il m'a envoyé un message sur Insta. C'est comme ça qu'on a commencé à discuter, un peu tous les jours. Ça a commencé comme ça.
Adam se sentit fier de son fils. Même, lorsqu'il parvint à mettre de côté le fait qu'Isaac était le fils de son ennemi juré, il trouva ça plutôt adorable et romantique. Il passa son bras autour des épaules de Noah et l'attira à lui. Ce dernier, lui, posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux. Adam osa finalement demander :
— Depuis combien de temps... son père le traîte-t-il ainsi ?
— Depuis la mort de sa mère. Mais... je crois que ça s'est aggravé depuis quelques années. Depuis le haut niveau.
— Oh.
Noah sentit son cœur se serrer. Il détestait penser à ça ; aux coups, aux bleus sur le corps d'Isaac. Il détestait l'imaginer seul chez lui, battu, tandis que lui vivait dans une maison parfaite avec des parents parfait. Parfois même il se haïssait, se culpabilisait, mais Isaac lui rappelait toujours une chose essentielle : ce n'était pas de sa faute.
— Je veux que tu saches... je n'ai pas fait ça pour t'embêter, papa. Ça m'est tombé dessus. Je me suis attaché à lui et maintenant...
— Maintenant c'est lui qui compte.
— Oui.
Ils se sourient et restèrent silencieux un moment. Lorsqu'ils quittèrent enfin les lieux, patinant côte à côte sur une piste cyclable, tous deux se sentaient un peu plus légers et, surtout, fiers l'un de l'autre. Adam admirait la façon qu'avait Noah de parler du garçon qu'il aimait et Noah, lui, était fier qu'Adam, finalement si compréhensif et gentil, soit son père. Il regretta qu'Isaac n'ai jamais connu un tel comportement paternel, mais parvint à mettre cette tristesse de côté lorsqu'il arriva chez lui : Isaac lui avait répondu, quelques minutes plus tôt, tandis qu'il patinait.
SMS, DE : Isaac.
12:01 PM — Je passerai, mais je ne pourrai pas rester longtemps. Je serai là à 18h – mon père a une réunion de pré-finale avec les dirigeants de l'équipe.
Et contrairement ce à quoi Noah s'était attendu, les fameuses dix-huit heures arrivèrent bien vite. Lorsque la sonnette retentit dans la maison Banks, des assiettes de petits fours étaient déjà posées sur la table de la pièce à vivre, à côté de quelques bouteilles de boissons sans alcool. Adam craqua nerveusement ses doigts tout en regardant Noah se précipiter sur la porte d'entrée. Julie, elle, patientait sagement dans le canapé.
— Hey, souffla Noah à l'attention d'Isaac.
— Hey.
Isolés dans l'entrée, Noah profita de ce moment d'intimité pour voler un petit baiser à son copain : il lui avait terriblement manqué et, ce, même s'il l'avait vu la veille. Il le trouva extrêmement mignon, ses cheveux bouclés en pétard sur sa tête et vêtu de vêtements de sport polaires. Si ses parents n'avaient pas été là, dans la pièce à côté, nul doute qu'il aurait attiré Isaac dans sa chambre et se serait blotti dans ses bras jusqu'au petit matin.
— Je flippe, avoua Isaac dans un murmure.
— T'inquiète pas.
Comme pour se donner du courage – car l'instant était terriblement gênant – Noah glissa sa main dans celle d'Isaac et l'attira dans la pièce à vivre. Il y régnait une ambiance familiale et chaleureuse, bien loin de la froideur et de l'angoisse dans laquelle Isaac était obligé, jours après jours, de vivre et de grandir. Il s'y sentit bien, et son angoisse redescendit d'un cran lorsqu'il remarqua qu'Adam Banks ne le regardait pas avec dégoût ni colère. Au contraire, il lui adressa même un petit sourire discret. Julie, elle, sentit son cœur fondre de bonheur en voyant la main de son fils dans celle d'un aussi beau garçon qu'Isaac.
— Bonsoir, dit maladroitement Isaac.
— Bonsoir, Isaac.
Noah resta figé sur la poignée de main qu'échangèrent son père et son petit-ami. Il n'aurait jamais imaginé, avant ce soir-là, qu'une telle situation puisse se produire : un McGill sous son toit, serrant la main de son père. Et pourtant, c'était en train d'arriver. Il eut le sentiment de nager en plein rêve, et eut l'impression que tout était désormais possible.
— Tu restes dîner ?, demanda Adam.
— Hem... non, je... j'aurais adoré mais...
Isaac serra très fort la main de Noah dans la sienne, mal à l'aise. Il ne savait que dire, ne souhaitant pas étaler sa vie dès son arrivée au domicile Banks. Seulement, Adam s'empressa d'ajouter :
— Je comprends. Noah m'en a parlé.
À cet instant, Adam Banks remarqua sur le visage de son invité quelques bleus, discrets, signe qu'ils étaient anciens et disparaissaient peu à peu. Leurs regards se croisèrent et le visage d'Isaac se décomposa : il ne voulait pas être pris en pitié. Pire, il ne voulait pas que cela se sache. Il eut la nausée.
— Une prochaine fois, sourit Adam.
Ils s'installèrent à table, tandis que la replay d'un match de la NHL passait sur l'écran plat. Noah picora d'entrée de jeu dans les différents petit-fours que sa mère avait fait dorer, se disant que manger lui permettrait de se détendre – et ce fut le cas. Isaac, lui, regarda avec envie ce qui se trouvait autour de lui.
— Merci de m'avoir invité, finit-il par dire d'une voix peu assurée.
— Je voulais rencontrer le petit-ami de mon fils, sourit Adam.
— Je suppose que vous auriez préféré que ce soit quelqu'un d'autre...
Étant donné qu'ils ne s'étaient toujours pas lâché les mains, Noah vint serrer les doigts de son copain entre les siens. Du bout de son pouce, il caressa également le dos de sa main ; une façon pour lui de lui dire de ne pas s'inquiéter, que tout se passait bien et que tout irait bien.
— Tu n'es pas ton père, dit simplement Adam.
Isaac baissa les yeux : non, il ne l'était pas. Lui, jamais il n'aurait levé la main sur son enfant. Jamais il ne l'aurait traité de moins que rien, de bon à rien. Jamais il ne se serait montré aussi odieux envers sa progéniture. Isaac était tout ce que son père n'était pas – n'était plus ; doux, intelligent, drôle et protecteur.
— Papa..., souffla Noah.
— Je ne vais pas tourner autour du pot longtemps, Isaac. Si j'ai demandé à Noah de t'inviter c'est pour une bonne raison.
Noah se figea sur sa chaise, tout simplement car il n'avait aucune idée d'où son père voulait en venir. Qu'allait-il leur annoncer ? Que voulait-il dire par « une bonne raison » ? Le jeune Banks lança un regard paniqué à sa mère qui, un petit sourire en coin, venait de s'installer à table. Tous les quatre ressemblaient à la petite famille parfaite dont Isaac avait laissé tomber le rêve.
— J'étais à la patinoire hier, j'ai suivi Noah. J'ai vu... ce que tu as sur le corps. J'en ai discuté avec Noah. Je sais que vous aurez votre diplôme, parce que vous êtes de bons élèves, et que vous partirez bientôt pour Boston. Je ne tiens pas à contacter les services sociaux, mais je ne peux pas fermer les yeux sur ce qu'il se passe. Alors si tu le souhaites, sache que tu peux t'installer ici jusqu'à votre départ pour Boston. Et en ce qui concerne ton père, j'en fais mon affaire.
Noah s'étrangla avec la bouchée de petit-four qu'il venait de mâcher. Ses joues devenues pâles virèrent alors au rouge tomate et sa nuque se mit à lui piquer. Tout comme ce fut le cas pour Isaac, il sentit aussi son corps se réchauffer subitement et son ventre se tordre. De surprise, de bonheur ou de douleur, il n'était pas sûr de le savoir, mais le sentiment fut agréable. Les larmes embuèrent ses yeux, et ses doigts resserrèrent leur emprise autour de ceux du jeune McGill.
— Je... heu...
Isaac, lui, n'en croyait pas ses oreilles. Lui qui s'était fait tout un monde de cette soirée chez les Banks tombait des nues : ils le voulaient – l'acceptaient ! – sous leur toit. Ils étaient prêts à l'aider, à le protéger de son père, quitte à ce que, évidemment, la situation entre les deux adultes s'envenime un peu plus. Julie et Adam Banks voulaient le bonheur de leur fils, et donc le sien également. Il se sentit privilégié, bien que les mots de son père lui revinrent vite à la mémoire et lui firent penser qu'il ne méritait en aucun cas leur aide.
— C'est comme tu le souhaites, Isaac. Mais sache que notre porte est ouverte, pour toi.
Noah avait envie de sauter sur son père pour le serrer dans ses bras jusqu'à l'étouffement. Il n'arrivait pas à croire, lui non plus, ce qu'il venait d'entendre. Il ne comprenait pas comment Adam, si réticent au départ, pouvait se montrer si ouvert d'esprit désormais. Il se sentait sur un petit nuage, sous le choc mais également soulagé de constater que son père, souriant et visiblement ému, ne mentait et ne se forçait pas : il envisageait réellement d'accueillir Isaac chez eux.
— Je ne sais pas quoi dire..., souffla Isaac. Merci beaucoup.
— Prends le temps d'y réfléchir.
Noah s'y voyait déjà ; vivre avec Isaac, ici, dans cette maison. Il s'imaginait le déposer au lycée de Saint-Paul tous les matins, et se coucher près de lui tous les soirs. Isaac, lui, fantasmait sur le même genre de journées mais était beaucoup moins sûr de lui : que dirait son père et ses amis s'il s'installait ici ? Il ne voulait pas que son père créée des problèmes aux Banks – et ce même si Adam venait clairement de lui dire de ne pas s'en soucier – et craignait de se mettre tout le monde à dos. D'être vu comme un traître.
— C'est génial, non ?
Isaac fut forcé de quitter la résidence Banks aux alentours des sept heures du soir, alors que Julie et Adam s'affairaient en cuisine afin de préparer le dîner pour leur petite famille. Sur le pas de la porte, Noah glissa sa main dans celle de son petit-ami et l'attira contre lui ; il ne voulait pas le laisser partir. Pas après ce qu'il venait de se passer.
— Oui, ça l'est, sourit tristement Isaac.
— Tu vas venir t'installer ici, pas vrai ?, demanda Noah en fronçant les sourcils.
— Je... je sais pas, Noah.
Le jeune Banks se sentit trahi. Non seulement car Isaac rejetait la proposition d'un homme qu'il avait tant espéré convaincre, mais aussi car lui-même se sentait rejeté. Comment Isaac pouvait-il choisir de rester chez lui, seul avec un père violent, plutôt que s'installer ici avec son petit-ami et d'adorables beaux-parents ?
— Quoi, t'es sérieux là ?
— C'est pas si simple...
La voix d'Isaac fut implorante : il n'avait aucune envie de se disputer avec Noah là, comme ça, sur le pas de sa porte. Il n'avait pas encore dit non – même s'il n'avait pas dit oui non plus. Il doutait, et avait besoin de temps pour y réfléchir. Il devait penser à toutes les options, aux pours et aux contres. Aux conséquences qu'aurait sur sa vie et ses proches un aménagement chez les Banks.
— J'y crois pas..., s'agaça Noah.
— Hé... regarde-moi.
Noah ne put qu'obéir, transcendé par la chaleur de la paume d'Isaac sur sa joue. Ce dernier caressait ses lèvres du bout du pouce, ses yeux magnifiques ancrés dans les siens. Noah se sentit au paradis, même si la colère semblait bouillir de plus en plus dans son ventre. Lorsqu'Isaac posa tendrement son front contre le sien et murmura quelques mots contre ses lèvres, il se détendit néanmoins.
— Je n'ai pas dit non... mais j'peux pas décider ça sur un coup de tête.
Noah l'embrassa, une main sur sa nuque et l'autre sur sa taille. Il fit en sorte de transmettre dans ce baiser tout ce qu'il ressentait à son petit-ami. Il aurait aimé lui dire à quel point il l'aimait – et était même fou de lui – mais les mots n'auraient pas été suffisants. Alors il se montra doux, tendre et patient, et sentit son cœur exploser dans sa poitrine lorsqu'Isaac pressa fermement sa taille entre ses doigts. Ses lèvres, chaudes, avaient un goût de « reviens-y » auquel il ne pouvait pas résister ; et ils ne se séparèrent alors que lorsqu'ils furent à bout de souffle, brûlants et tremblants tous les deux.
— Je dois y aller..., souffla Isaac.
— On se voit demain ?
Tous deux ricanèrent puis se sourirent, complices : cette finale s'annonçait particulière. Même s'ils étaient tous deux impatients de la jouer, ils appréhendaient aussi énormément ce qu'il s'y passerait. Ce serait la première fois qu'ils joueraient l'un contre l'autre, un match important, en tant que petits-amis. Chacun voulait gagner, mais voulait aussi que l'autre gagne. Ce qui, au final, était assez embêtant – et n'aurait pas été le cas sept mois plus tôt.
— Je t'aime, souffla Noah.
— Je t'aime aussi.
Ils se volèrent un dernier baiser – qui s'éternisa lui aussi – sous le regard curieux d'Adam et Julie qui s'étaient précipités à la fenêtre afin de les observer.
Lorsqu'Isaac grimpa dans sa voiture et quitta le quartier, Noah se sentit aussitôt vide : il aurait aimé qu'il reste. Et espérait que ce serait le cas bientôt.
. . .
Hey. Tout d'abord désolée pour l'attente ! Je vous avoue que j'ai été prise d'une grande flemme ces derniers jours et n'ai rien fait d'autre de mon temps libre que regarder des films et traîner sur internet aha, je n'avais pas trop envie d'écrire. Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? C'était l'avant dernier ! Je ferai en sorte de poser le dernier très vite, ne vous inquiétez pas (et il n'y aura pas d'épilogue) ! À bientôt, xo.
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