Mon cœur s'accélère et je me tourne d'un coup pour éclairer le carton qui contient les autres poupées. Il est vide.

Un gémissement m'échappe et mes yeux commencent à me piquer.

C'est pas possible c'est pas possible c'est pas possible c'est pas...

Quand le faisceau de lumière revient sur le poupon au sol, il est tourné vers moi.

Cette fois-ci, je ne peux pas m'empêcher de crier, et l'adrénaline me donne la force de me relever en bondissant. Néanmoins, je tremble trop pour pouvoir marcher. En plus, je n'arrive pas à détacher mon regard et la lumière de la poupée.

Le flash brille dans son unique œil. J'ai dû mal à respirer calmement, et ma main est tellement moite que je suis obligée de tenir mon téléphone à deux mains pour qu'il ne tombe pas. J'entends la porte du sous-sol se mettre à grincer. Je retiens ma respiration, m'attendant à ce qui va suivre.

Le claquement résonne dans toute la pièce.

—  Léa ?

Un son étranglé a remplacé ma voix. Ma vision se brouille et je sens une larme me couler sur la joue. Je suis à deux doigts de m'effondrer quand la poupée se met à remuer sur le sol. Pétrifiée, je m'arrête aussitôt de pleurer.

Est-ce que je l'ai vraiment vu bouger, ou...

Le poupon relève subitement la tête. Le sang me bat aux tempes, mais je reste immobile, stupéfaite. Alors, s'aidant de ses jambes, la poupée se met debout.

—  Non. Non non non...

Je ne sais même pas à qui je m'adresse : à moi-même ou à elle ?

La poupée me fixe, puis un sourire déforme son visage. J'explose alors et hurle d'horreur à pleins poumons. Je ne vois pas le poupon réagir : je fais volte-face et détale vers l'escalier. L'adrénaline aidant, je retraverse le garage en quelques enjambées, quand quelque chose agrippe ma jambe. Je perds l'équilibre, tombe en avant sans pouvoir me rattraper sur les mains. Mon menton heurte brutalement le sol en ciment et je me mords la langue.

Un goût de sang emplit ma bouche en même temps que des étoiles blanches apparaissent devant mes yeux. J'ai dû lâcher mon téléphone dans ma chute parce que je ne le sens plus entre mes doigts, mais j'ai trop mal pour pouvoir bouger. Je sens soudain un poids sur mon dos et me fige.

Pendant un instant, je crois que j'ai rêvé puis la chose se met à remuer, à grimper. L'objet est en train d'avancer sur mon dos, vers ma tête. Je pousse une plainte et, malgré la douleur, je parviens à me mettre sur le dos. Quelque chose d'autre se hisse alors sur mon ventre. J'essaye de l'en chasser avec mes bras et me met à crier quand je distingue ce que c'est. Une autre poupée.

—  ÇA SUFFIT !! LÂCHEZ-MOI !!!

Un grand bruit éclate. L'instant d'après, toutes les lumières se rallument.