6.
Je lâche mon portable. D'instinct, je ferme fort les yeux, les deux mains contre ma bouche, incapable de bouger ou de respirer.
— Oriane ?
Je suis pétrifiée.
Héloïse me regardait. Héloïse me regardait !!
Je sens mon cœur cogner dans ma poitrine.
— Oriane !
Les deux petites mains de Léa sur mes bras me ramènent à la réalité. J'ouvre les yeux. Je dois avoir une tête à faire peur parce qu'elle a l'air aussi paniquée que moi. Mais son visage adoucit quand elle voit que je vais bien.
— 'Faut pas avoir peur Oriane, on a retrouvé Héloïse ! lance-t-elle d'une voix triomphante.
Non non non.
Non, ça ne peut pas être Héloïse ! Héloïse était sur le canapé. Elle ne peut pas s'être téléportée ! Mes jambes tremblent malgré moi et je sens une terreur sourde me serrer l'estomac. Il faut que je me calme, que j'arrête de penser au visage de ce sale jouet.
Retrouvant un semblant de force, je braque à nouveau le flash de mon portable vers les escaliers. Plus rien. J'ai sûrement eu une hallucination. Cette poupée joue avec mes nerfs. Sursautant tout d'un coup, je saisis Léa par les épaules pour l'approcher de moi :
— Léa, est-ce que... Est-ce que tu l'as vu ?
— Bah oui, mais tu lui as fait peur !
Elle perd son sourire et me lance un regard accusateur. Je prends alors une grande inspiration pour avoir le courage de me relever. Je baisse les yeux vers la petite fille, la surplombant de toute ma hauteur :
— Elle m'a fait peur.
Ça suffit maintenant, l'obscurité va finir par me faire perdre mon câble.
— Est-ce qu'on peut aller la chercher maintenant ? demande Léa.
— Écoute, on ira chercher ta poupée...
— Héloïse !
— Héloïse, je reprends. On attendra que la lumière soit revenue, d'accord ? Ça sera plus simple.
Je prends sa main et l'emmène dans le salon pour ramasser sa veilleuse avant de faire demi-tour vers la cave. Je la fais s'asseoir sur les marches et m'agenouille devant elle. Cette fois-ci, il n'y aura pas de discussions possibles. Plus vite je descendrais à la cave, plus vite le courant reviendrait et plus vite je pourrais mettre Léa et sa saleté de poupée au lit, loin de moi. Je pose la veilleuse sur les genoux de la petite fille et lui attrape gentiment les mains :
— Très bien, alors voilà ce qu'on va faire : tu vas rester là, avec ta lumière, jusqu'à ce que je revienne.
La fillette ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais je ne lui laisse pas l'occasion de protester.
— J'ai besoin que tu m'attendes. Il va falloir que tu m'éclaires pour quand je remonterai, sinon je vais tomber dans les escaliers. Tu comprends ?
Léa secoue vivement la tête de haut en bas, les yeux rivés sur moi. Je lui adresse un sourire réconfortant avant de lui embrasser le front. Ses yeux se sont agrandis au maximum sur son petit visage. Ça y est, je l'ai fait paniquer. En vérité, je ne suis pas, mais pas du tout rassurée à l'idée de partir en expédition toute seule dans le noir en bas, mais ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix.
— Bon, bah c'est parti alors.
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