4.
Qu'est-ce que...
La main sur le cœur, je retiens un cri et attrape mon téléphone. Ouf, il fonctionne toujours.
C'est quoi ce plan ? Une panne d'électricité ?
Je reste sans savoir quoi faire quand une voix résonne :
— Oriane !?
Apparemment, Léa n'était pas aussi profondément endormie que je le croyais. Je me lève d'un bond, manque de me prendre un mur et me précipite en bas des escaliers.
— Je suis là, Léa !
Sa veilleuse serrée contre son pyjama rose, la petite fille finit par apparaître sur le palier.
— Y a tout qui s'est éteint, gémit-elle.
— Tu ne devrais pas dormir ?
Ses cheveux balayent ses épaules quand elle secoue la tête :
— J'arrivais pas à dormir sans Héloïse.
Ah oui, sa poupée.
Vu sa tête, moi ça aurait plutôt été si elle était dans ma chambre que je ne fermerais pas l'œil de la nuit. Je fais signe à la fillette de descendre et ouvre les bras pour la porter. J'avoue que cela me rassure quand même d'avoir sa veilleuse pour m'éclairer un petit peu plus. Grâce à ça, je me fraye un chemin dans le couloir jusqu'à la cuisine et regarde dans la rue. Bizarre, les lampadaires sont toujours bien allumés, et il y a de la lumière dans la maison des voisins.
— Pourquoi c'est tout noir chez nous ?
— Je sais pas du tout Léa.
Chez moi, ça arrive que le courant coupe quand trop d'appareils électriques sont branchés et tournent en même temps, comme les lampes, plus la télé, plus la machine à laver, et le reste. Mais là, la moitié des lumières de la maison étaient déjà éteintes quand j'étais arrivée, alors ça ne peut pas être ça. En fait, j'y connais rien en électricité, mais ça doit sûrement être les plombs qui ont sauté, ou un truc dans le genre.
Je tourne la tête vers Léa qui, les sourcils froncés et la mine renfrognée, ne semble pas, mais alors pas du tout apprécier la situation. Si elle a la phobie du noir, c'est compréhensible. Je pose ma main sur son dos, et prend ma voix la plus douce :
— Louloute, d'habitude ils font quoi tes parents quand il n'y a plus de lumière comme ça ?
— Ils vont dans le sous-sol.
Je vois, c'est probablement là que doit se trouver le disjoncteur. Je n'ai pas trop envie de toucher à tout et de casser quelque chose, et la meilleure solution c'est sûrement d'attendre que ses parents rentrent, mais si je n'essaye pas de remettre le courant, Léa ne va jamais s'endormir. Je prends donc mon courage à deux mains et lui demande où se trouve le sous-sol. C'est sûrement pas si compliqué que ça de rétablir l'électricité, non ?
Arrivée devant la porte, je pose la petite sur le sol et allume la torche de mon portable. Le faisceau est faible, mais ça devrait être suffisant pour pas que je me casse la figure dans les escaliers. En tentant de sourire à mon maximum, je m'agenouille devant la fillette et la prends par la main :
— Bon, tu m'attends ici ma puce, je n'en ai pas pour longtemps. Je descends juste deux secondes pour rallumer toutes les lumières, et je remonte, d'accord ? Tu restes là, tu m'att...
— Non ! Je veux pas rester dans le noir toute seule !, me coupe-t-elle.
La panique se lit dans ses yeux, et ça m'embête vraiment de devoir la laisser là, mais ça risque d'être trop compliqué de tout gérer si elle descend avec moi. J'attrape sa veilleuse :
— Regarde louloute, tu auras de la lumière toi aussi ! Et tu peux pas m'accompagner en bas, il fait encore plus noir qu'ici.
Des larmes perlent à ses yeux. Je me mords la lèvre de culpabilité. D'un geste lent, elle reprend sa veilleuse et baisse la tête en reniflant. Non mais, je peux pas faire ça. Je suis censée m'occuper d'elle, pas la laisser ici sans surveillance. Ça, c'est dix mille fois pire que le coup où je l'empêche de garder sa poupée.
Héloïse... C'est bon ! J'ai une idée !
— Et si Héloïse est avec toi, tu veux bien m'attendre en haut ?
Elle relève ses yeux bleus vers moi. Éclairée comme cela, par le bas, elle donne vraiment l'impression d'être un petit fantôme. Elle hausse les épaules, mais sa figure a l'air moins triste d'un coup.
— Bon et bien, allons la chercher alors !
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