ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 9 - 𝔏𝔞 𝔉𝔬𝔯𝔢̂𝔱 𝔖𝔞𝔫𝔰 ℭ𝔬𝔲𝔩𝔢𝔲𝔯𝔰

Sur les vagues turquoises de Ténésis, la mer de Gora, Heli tomba une nouvelle fois à l'eau. En sois, le surf était déjà un sport compliqué, mais chez les Ores, c'était carrément impossible ! Il fallait chevaucher un palakama (Heli avait prit le soin de demander ce que c'était avant d'atteindre l'océan). C'était une espèce de poisson géant, ressemblant à un tapis. Cette créature plate à la peau glissante n'était pas charmante du tout. Ses organes étaient visibles à travers sa peau translucide comme faite d'eau. L'enfant ignorait s'il devait admirer ça ou plutôt en être dégoûté. Le palakama possédait deux branches transparentes d'un bleu phosphorescent, il fallait s'y accrocher pour ne pas finir à l'eau. Cependant, malgré son physique peu attirant, ce poisson allait à une vitesse incroyable. Il donnait l'impression de voler sur les vagues. Pour Klaus, c'était d'une facilité déconcertante, qu'il se issait sur son poisson pour enchainer les grosses vagues. Mais du côté d'Heli, ce n'était pas gagné. Heureusement qu'il avait un masque sinon il sentit avoir bu la tasse. Une fois de plus, Klaus vint à son secours. Il le souleva pour l'installer sur la bestiole marine. C'était assez excitant de monter un animale ; un cheval, un dromadaire, etc.. Toutefois, rester sur le dos d'un poisson géant était encore plus sensationnelle, et stressant également.

"On va y aller doucement cette fois, proclama-t-il. Ne te redresse pas tout de suite si tu le sens pas. Déjà, si t'arrives à tenir la vitesse du palakama, assis, c'est déjà bien.

— Et qu'est-ce que je dois faire pour pas tomber ? demanda le garçon, qui ne voulait pas du tout se prendre une grosse vague dans la figure. Le masque le protégera, mais le choc restera le même.

— Accroche-toi bien aux branches, lui conseilla l'orien. Regarde."

Klaus approcha son palakama par la branche, puis l'enfourcha. Il attrapa ces fameuses branches de sortes à faire des reines. Heli l'imita, quand il attrapa les tiges, une impression de fragilité l'ébranla ; il avait peur que s'il tirait trop fort, les branches de la créature se briseront.

L'orien partit devant en donnant un léger coup de pied sur la côte droite du poisson. Sauf qu'au lieu de sauter sur les vagues comme tout à l'heure, il tourna la tête vers l'enfant. Ensuite, fit un mouvement d'entrain, semblable aux mots "suis-moi !". Heli concéda aussitôt. Il tapa doucement le palakama à l'aide de son pied, tandis qu'il se tenait fermement aux branches de l'animal. Klaus l'attendait patiemment.

"On va déjà essayer d'avancer progressivement, énnonça-t-il. Si tu veux aller à droite, tire sur la branche de droite, si tu veux aller à gauche, tire sur la branche de gauche. Si tu veux avancer, donne un coup de pied, si tu veux reculer, donne deux coups de pied. Et si tu veux aller tout droit, tire sur les deux. Ok ?"

L'enfant hocha la tête. En vérité, il ne savait pas s'il avait tout retenu, même si Klaus lui avait déjà expliqué ça. Peut-être que cette fois, le garçon n'allait pas oublier. Ceci dit, il n'avait pas non plus un fort équilibre, il n'avait d'ailleurs jamais été sur le dos d'une créature marine. C'était sûrement son manque d'expérience qui le faisait chuter, et pas sa mémoire de poisson rouge. Bon, un peu quand même, puisque le garçon était obligé de réciter tout les noms de ses "amis" (s'il pouvait se permettre de les appeler comme ça) dans sa tête "June, Bexie, Neyema, Kiré, Klaus, Tooxs et Two" pour ne pas les effacer. Pendant les nuits, du moins, le peu de temps qui lui restait pour réfléchir. Semblable à une poésie ou une prière. En y repensant, Heli ne voyait pas tellement le lien avec la situation d'aujourd'hui. Neyema, Kiré et Tooxs étaient partis vers les Terres Ouvertes - une immense prairie multicolore, la plus grande de Gora - et Two était posé sur la plage. Pour accédé à l'océan, il fallait descendre un pente verdâtre en dessous de la falaise. Le sable apparaissait ensuite en petit tas, puis devenait de plus en plus présent, jusqu'à qu'il prenne sa place. L'eau s'étirait tendrement sur les côtes et le chant des amas détendait le jeune garçon. La mer était bien calme et le soleil éclatait sa lumière. Heli se demandait toujours ce qu'était l'immense forme ronde dans le ciel, sauf qu'il ne préféra pas poser cette question à Klaus. Il trouvera sa réponse plus tard. L'enfant ignorait ce que Two faisait, de toute façon, il n'avait pas besoin de l'apprendre puisqu'il était en cours de surf accompagné de M. Jones (Klaus avait insisté pour qu'Heli le nomme ainsi).

"Allez viens !" élança l'orien, avant de se jeter sur les vagues en tirant sur les branches de son poisson.

Le jeune garçon ne se sentait pas réellement capable d'affronter les vagues à son niveau actuel. Il se résigna à rejoindre Klaus doucement, il essayait de ne pas tirer trop fort. Lentement mais sûrement.

L'enfant songea au courant qu'il avait un manque de concentration, faute à ce qui s'était produit sur la falaise. En effet, jamais il n'avait soupçonné que Klaus désirait un ami. Heli commençait à se fixer sa personnalité : joueur. En matière de jeux, personne ne pouvait battre le garçon, mais l'orien explosait tout les scores. De plus, il avait toujours ce sourire laqué aux lèvres et n'hésitait pas à prendre son grand frère au dépourvu et à se moquer de lui quand l'occasion se présentait. Cependant, l'idée que Klaus tienne à lui faisait chaud au cœur, toutefois, d'un autre côté, Heli était partagé par autre chose.

"HELI !! hurla l'orien. HELI VIENS VOIR !!"

Prit par la panique, l'enfant accéléra sa vitesse vers l'appel. Et si Klaus était en danger ? Le garçon ne préférait pas y penser, la réponse s'afficha juste devant ses yeux : une immense bête marine flottait dans l'eau. Elle était inanimé, son corps se laissait porter par le courant alors que du sang s'en échappait. Cette créature était bien plus grande qu'un palakama, Heli pouvait facilement s'asseoir sur sa nageoire tandis que Klaus arrivait à escalader son dos. Elle croisait les nageoires d'une baleine, sa tête s'apparentait à celle d'un dragon et son pelage était composée de plumes bleutés. Etonnement, ces plumes étaient transparentes et de larges branchies y apparaissaient. Ses yeux jaunes fixaient le ciel.

Klaus était sur le dos de la bête marine, il s'avérait l'examiner, jusqu'à tomber sur une nageoire s'évaporant dans l'air. Heli était bouche bée.

"C'est un Lekan, révéla amèrement l'orien. Celui-là était un bébé. Avant qu'il ne se fasse tuer.

— Par qui ?" demanda l'enfant, anxieux de parler de mort.

Le premier indiqua la caudale qui avait déjà complètement disparu.

"Les Trois Frères."

Le jeune garçon étouffa un cri. Ce pourrait-il que..

"Tu les connais ? interrogea Klaus.

— Oui.. oui, Will m'en a parlé.

— Qui est Will ?

— Mon parrain, il est gentil, oui, très gentil.

— J'espère le rencontrer un jour. J'ai déjà entendu le mot parrain. C'est fou que tu connaisse Les Frères, mais je suis poses qu'ils ne passent pas inaperçu."

L'enfant se contenta d'hocher la tête. 

"Son sang est frais, continua l'orien, en touchant l'eau rouge du bout des doigts. Il saigne depuis aujourd'hui."

Heli n'osait pas le questionner sur comment il savait tout ça. Peut-être que chez les Ores, ils apprenaient à révéler quand une créature a été tuée, quelque chose dans le genre. Il stressait en premier lieu sur la pensée que Les Frères aient atteint Gora.

"Ça veut dire que.. commença le garçon.

— Oui, devina l'autre. Ils sont ici. Et s'ils ont eu le temps de tuer un bébé Lekan, ils ont le temps de tuer les derniers Ores. Il faut prévenir Ney' et les autres ! Va à la falaise, attend-moi là bas, je vais appeler mon père ! "

Heli fournit deux coups pour reculer, puis tenta de tourner vers la droite. Il fonça vers la plage, là où Two attendait.

"Papa, assigna Klaus, après avoir appuyer sur son accroche. Papa répond vite !"


Jackson entendit la voix de son fils à travers sa propre accroche, Sally s'approcha pour essayer de percevoir la conversation. L'orien posa son pouce sur son cou.

"Qu'est-ce qu'il y'a Klaus ? interrogea-t-il, le prenant peu au sérieux.

— Les Frères ! Ils sont là ! Ils ont tué un Lekan et..

— Attend, coupa son père. Ne me refais pas le même coup que la semaine dernière, ne me demande pas de venir pour rien. Tu ne sais pas à quel point c'est..

— Mais c'est la vérité !! (il en hurlait presque, Jackson ressentait ses cordes vocales à travers son cervical) Le corps du Lekan va disparaitre !! Il n'y a que..

— Grant qui peut faire ça, termina ce dernier, qui avait reprit cet appel à l'assidu. L'orien se tourna vers sa femme. Les enfants sont en danger."

Sally n'attendit pas, elle sauta dans le vide pour se faire intercepter par un Hibou géant. Jackson la rejoins sur le saut suivant.

***

Heli aperçu Klaus grimper rapidement sur la falaise. Il avait tout et très brièvement, expliqué à Two ce qui s'était passé avec la créature morte. Celui-ci l'avait emmené au sommet des roches, puis l'enfant avait obéit à l'ordre de Klaus : l'attendre.

Il ne fallut pas longtemps pour qu'il finisse sa monté, Heli le rejoint aussitôt.

"Il.. il faut.. dit l'orien, essoufflé. Pardon.. pardon je n'ai jamais... jamais escaladé aussi vite de ma.. de ma vie (il s'arrêta un instant pour récupérer).. On va devoir courir jusqu'aux Terres Ouvertes.."

Two ne patienta pas plus longtemps, il décolla du sol.

"C'est par où ?" demanda la bestiole.

Klaus désigna les arbres jaunes d'une forêt proche. Oui, les arbres n'étaient pas verts, mais jaunes ! Heli était intrigué par leur étonnante teinte.

"C'est de l'autre côté de La Forêt Sans Couleurs, ébaucha l'orien, qui avait reprit une respiration normale. Il faut faire très vite !"

Two fonça droit vers la forêt, sauf qu'il n'y pénétra pas, il la survolait !

"Oh le tricheur !" s'écria Klaus en traçant.

Heli s'élança à son tour. Plus à bride abattue qu'il le pensait, il atteignit La Forêt Sans Couleurs. Il ne prit pas le temps d'observer l'endroit, le temps était compté. Alors que l'enfant explosait les arbres qui bloquaient sa ligne de course, leurs feuillages changea de teinte : ils devinrent violacé. Plus le garçon en explosait, plus les couleurs laissaient place à d'autres. Jusqu'à la teinte rosé, qui créa un brouillard sans fin. Même le ciel était devenu invisible. Ce brouillard troquait du rouge au violet, puis au bleu, au vert, au jaune, au orange et ainsi de suite. Brusquement, Heli s'arrêta net. Il ne savait pas où il allait, la brume était tellement épaisse qu'il ne pouvait distinguer les arbres. Et d'un coup, sa peau le démangea atrocement. Il se gratta, encore et encore, quand l'arrivé du sang le picota. En plus d'être rougeâtre, ses bras étaient désormais couvert de cruor et pour en ajouter, ses mains le brûlait. Semblable au contact d'un objet chauffé. A chaque instant qu'il passait ses ongles, sa peau demandait encore plus. L'enfant regarda son corps, un à un, ses membres semblaient se faire piquer par des centaines de moustiques. L'intensité était telle, que l'enfant aliéna des petits cris d'algie. Il se recrobilla sur lui-même bien que ses jambes le démangeait également. Heli rentra sa tête dans ses genoux, ses doigts s'attardaient désormais à son petit cou, qui ne tarda pas à permettre au sang de couler. C'était insupportable, il avait besoin que ça s'arrête. Il avait besoin d'aide, il voulait Will. Il voulait qu'il soit là, qu'il lui dise ce qu'il fallait faire.

Oh Will, j'aurais dû tout te dire. Comme ça, tu serais là.

Le jeune garçon tourna la tête, il n'y avait rien, pas l'ombre de Klaus ou Two. Ses yeux se remplissaient de larmes, sa main gauche racla son genou.

Sans s'en rendre compte, il enflamma toute la forêt.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top