Partie 1
Deux personnes discutaient, mais elle n'en reconnu qu'une seule : son Mari, Edouard. Il discutait avec une femme dont la voix lui était inconnue. La discussion était à peine audible à cause du vent qui soufflait à l'extérieur. Mais Hélène parvint à percevoir quelque chose alors que les rafales de vents se calmaient.
- Edouard, il est temps. L'opération doit commencer, dans la semaine au plus tard. Nous devons mettre à jour et démanteler cette organisation. Après il sera trop tard.
Hélène fut interloquée, Edouard était en train de la trahir ! Mais la conversation ne s'arrêtait pas là :
- Ma chère, dit-il d'un ton indigné. Tu sais très bien que je fais de mon mieux, ce n'est pas facile, il faut le faire en douceur sinon elle risque de tout découvrir et tu sais comment elle réagirait, elle risquerait d'informer les autres.
- Ah voilà ! Parlons-en des autres ! Qui sont-ils ? Quels sont leurs noms ? Toutes ces informations nous en avons besoin !
- Ne crie pas Léa, elle risque de nous entendre.
- Qui elle ?
- Hélène voyons. Elle ne doit pas savoir que cette opération existe. C'est pour son bien.
- Quoi ? Je croyais qu'elle était partie faire une promenade !
- Tu vois bien qu'avec ce temps elle ne pouvait pas sortir. J'ai déjà eu du mal à lui faire prendre une pause, dans notre chalet des Highlands, en la persuadant que c'était pour sa sécurité ! Elle déteste venir dans cet endroit, je ne sais pourquoi...
Hélène décolla son oreille de la porte. Elle détestait ce chalet car il y avait des peaux de bêtes partout et des têtes de cerfs dans la chambre et dans le salon. Mais là n'était pas le plus important, Edouard l'avait bel et bien trahie. Elle pencha sa tête de nouveau pour avoir plus d'informations, mais elle posa son pied sur une latte qui grinça. Maudite vieille maison ! La conversation s'arrêta. Elle entendit des pas s'approcher de la porte. Elle couru se réfugier dans la cuisine en essayant de faire le moins de bruit possible. Quand la porte s'ouvrit, elle était derrière le mur du salon, essoufflée.
- Hélène ? Tu es là mon amour ? dit Edouard.
Elle décida de lui répondre.
- Oui mon chéri, je viens de finir mon livre « Trahison ». Et tu en es le personnage principal, faillit-elle dire. Mais elle s'abstenu.
- « Trahison » ? Jamais entendu parler, enfin bon, nous avons une invitée. C'est une ancienne collègue, et maintenant une collaboratrice. Léa O'Connor.
Léa sortit de la pièce et vint vers Hélène qui entre temps s'était tournée vers son « Mari », si elle pouvait l'appeler encore ainsi.
- Bonjour, Hélène ravie de vous rencontrer, Edouard m'a beaucoup parlé de vous.
Quand Hélène vit le visage de la jeune femme, elle fut stupéfaite, la femme qui se tenait devant elle était très belle, elle avait les cheveux blonds et les yeux bleus. Et elle lui rappelait quelqu'un mais impossible de savoir qui.
- Oh... Edouard tu ne m'avais pas prévenu que nous avions une invitée. Mais ce n'est pas un problème, j'ai toujours de quoi faire un peu plus à manger, car vous allez rester, Léa, n'est-ce pas ?
- Pardon ? Dit la jeune femme.
- Oh, mais voyons, ce ne serait certainement pas poli si je ne vous invitais pas à manger.
- Ma chérie, tu sais Léa ne peut pas rester très long...
- Non, non, ça ne me dérange pas, je suis ravie de dîner avec vous.
Edouard regarda Léa, atterré, elle venait de se mettre en danger volontairement. Edouard était un homme assez grand aux yeux bleus et avec des cheveux châtains clairs, il avait un caractère très discret et était d'une grande prudence. Il était très réfléchi, avait toujours un plan de secours, c'est ce qui avait charmé Hélène, il y a quelques années. Il était intelligent et ne prenait jamais de risques inutiles, c'était une sorte d'intellectuel.
Maintenant Hélène ne savait pas si elle pouvait continuer à lui faire confiance. Mais il valait mieux jouer la comédie encore un peu pour en découvrir plus.
- D'ailleurs le dîner est prêt mon chéri, Léa si vous voulez bien me suivre jusqu'à la table ?
- Bien sur, merci beaucoup pour votre hospitalité.
- Oh, mais de rien, installez-vous, je reviens avec le dîner.
Hélène partit vers la cuisine et écouta pour voir s'ils parlaient, mais pas du tout, ils étaient prudents, ils savaient qu'elle risquait d'entendre. Elle chercha dans la cuisine un couteau si jamais il fallait se défendre et apporta un gratin de ratatouille fait maison avec de la sauce soja.
- Voilà le plat est servi dit elle en s'asseyant, elle voulut prendre le couteau pour couper les parts, mais son mari prit les devants.
- Tu trembles ma chérie, laisse moi faire, dit-il calmement.
- Il n'y a pas de viande ? demanda innocemment Léa.
La salle s'arrêta de vivre, Hélène regarda Léa, stupéfaite, et son mari, surpris aussi par la question de Léa, avait coupé une part de travers.
- Voyons Léa, tu sais très bien que nous sommes tous végétariens.
Hélène explosa :
- Je ne peux pas croire que vous disiez vouloir faire partie de notre organisation et que vous posiez ce genre de question ? Vous mangez des produits issus de la filière animale ? Vous vous fichez donc de comment sont traités les animaux ?
- Oh... Léa vit qu'elle s'était trahie, mais elle rebondit très vite. C'est que j'ai l'habitude de ma famille qui mange de la viande alors je suis un peu surprise c'est tout, dit-elle, tout en souriant.
- Donc vous êtes végétarienne dans une famille de carnivore, je trouve ça remarquable, n'est-ce pas Edouard ?
Edouard fut prit de cours et coupa de travers la part une fois de plus.
- Si, si ma chérie c'est remarquable, vraiment.
- Est-ce que ça va mon chéri ? Tu as l'air stressé. Re-donne moi ce couteau sinon tu vas rayer le plat, dit Hélène d'un ton ironique.
Edouard se rassit fébrilement, et regarda Hélène, médusé. Ce qui fit sourire Léa. Hélène servit les parts à chacun et se rassit en face de Léa. Elle la toisa d'un air méprisant et en voyant le regard interloqué de la jeune femme se reprit et décida de tirer les vers du nez à cette « Léa ».
- Vous voulez donc nous aider si j'ai bien compris ?
- Oui, en fait je suis une informatrice si vous préférez.
- Vous avez donc des sources ? Je serais ravie de savoir qui peut donc nous aider.
Léa regarda Hélène dépitée.
- Léa me disait justement qu'elle devait garder ses sources secrètes.
Léa se leva de la table regarda droit dans les yeux Hélène, et déclara.
- Je ne me sens pas très bien je vous prie d'accepter ce désagrément et je vous dis au revoir et sûrement à bientôt.
Elle fit un signe de tête à Edouard puis à Hélène qui la fusilla du regard et sortit du chalet malgré les bourrasques de vent qui avaient repris. Edouard tapa la table de son poing et déclara furibond :
- Mais Hélène voyons, qu'est-ce qui t'as pris ?
- Je ne peux pas me permettre de faire confiance à des inconnus à ce stade de la mission, dit-elle calmement en continuant de fixer la porte close.
- Mais ce n'est pas une inconnue ! Je te l'ai dit moi-même, c'est une ancienne collègue en qui j'ai entièrement confiance. Tu te prends trop la tête Hélène. Nous réussirons, je te le promets. Hélène se leva brusquement, projetant la chaise au loin.
-Les promesses ne servent à rien ! dit-elle en criant de toutes ses forces. Depuis des années, j'attends ce moment où enfin les Grands Industriels vont payer, de tout le mal qu'ils ont causé aux animaux avec leurs test OGM à la noix, dit-elle en essayant de ne pas devenir vulgaire.
Hélène serra les poings et baissa la tête laissant ses cheveux bruns retomber sur son visage qui était en larmes. Ses yeux verts devenaient rouges à cause de sa tristesse. Elle se ressaisit et finit par dire :
- Dans deux jours, les représentants des grandes nations vont se réunir pour discuter la question des OGM. Nous devrons frapper à ce moment pour marquer les esprits. Le monde comprendra enfin que ces foutus OGM ne sont que malheur et que l'on ne peut pas leur faire confiance car même si les messages qui les accompagnent sont emplis de louanges, comme quoi nous pourrons supprimer la famine en Afrique et ailleurs, il reste de très gros risques. Une seule erreur dans un de ces produits et une épidémie se répand en un rien de temps. C'est la course au progrès et les premiers affectés sont les animaux qui servent de cobayes pour savoir quel produit chimique est moins toxique que l'autre. Bientôt ce ne seront plus les animaux les cobayes, mais des êtres humains. La seule solution est d'arrêter le gâchis et le gavage de certaines populations qui en deviennent obèses alors que d'autres meurent de faim.
Il faut que l'Humanité grandisse, et se reprenne en main, ce n'est plus possible autrement. Nous devons inculquer cet esprit aux plus jeunes d'entre nous car ce sont les seuls qui écoutent car ils ne se sont pas encore fait leur propre opinion et ce sont eux qui dirigeront le monde après nous. « Un adulte n'est qu'un enfant qui a commencé à pourrir », cette phrase n'a jamais été aussi vraie, même les plus grands auteurs, comme René Barjavel le disent. Nous devons agir... Maintenant.
Edouard contempla sa femme qu'il ne reconnaissait plus. Il essaya de prononcer quelque chose mais le ravala aussitôt car Hélène le regardait d'un air froid comme l'acier. Et finit par partir dans la chambre, en ne disant qu'une seule phrase :
- Prépare tes valises nous partons maintenant au QG de Londres, Là où alieu le rassemblement.
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