CHAPITRE XVI
Juin 1696, Académie de Magie Beauxbâtons...
Achille se promenait, en compagnie de Julius et Gontran, dans le parc de l'école. Il faisait particulièrement doux ce matin là. Le soleil venait tout juste de passer au dessus de la cime des arbres. Les rares élèves déjà réveillés profitaient du calme matinale et en appréciaient le silence, Achille tout particulièrement.
- Hector était-il réveillé ? Demanda Achille à ses amis, rompant la quiétude de leur promenade.
- Son lit semblait vide quand je me suis levé, dit Gontran. Pourquoi ?
- Non, pour rien, répondit Achille.
Ils continuèrent de marcher en silence pendant quelques minutes avant que Julius et Gontran n'aillent déjeuner.
- Allez-y, je vous rejoindrai ! Leur dit Achille alors que ses amis l'attendaient. Je vais profiter d'être seul un moment, avant que ma "gloire éternelle" ne me rattrape, ajouta-t-il en riant.
Une fois seul, Achille ferma les yeux et se concentra pour écouter ce que son esprit percevait. Les pensées de Julius et Gontran étaient les plus proches mais elles s'éloignaient. Les suivantes se trouvaient dans les murs du château, dans la Salle du Grand Couvert pour la plupart. Il semblait donc qu'il soit seul dehors. Pourtant, Achille le savait, Hector était quelque part.
C'est en déambulant qu'il le repéra. Plus exactement, il repéra une sorte de mur invisible au-delà duquel sa Légilimancie ne pouvait rien entendre. Et qui d'autre qu'Hector pratiquait l'Occlumancie à l'école ?
Se dirigeant vers ce mur, Achille parvint à une petite mare où se déversait une cascade. Cascade derrière laquelle il trouva Hector, assis, les yeux fermés, plongé dans une transe profonde. Achille n'annonça pas son arrivée. Il restait là, debout, à fixer son ami. Il le dévisageait et, aux grimaces qui parcouraient le visage d'Hector, Achille sût qu'il se battait contre quelque chose dans son esprit. Peut-être était-ce l'Occlumancie que pratiquait Hector qui lui donnait cet expression tendue. Plus Achille le regardait, moins les pensées extérieurs lui parvenaient. Il se sentait serein, apaisé, tranquille. Il se surpris à penser « il est beau » mais cette pensée fut chassée par le silence qui se faisait dans son crâne. Il ferma les yeux pour profiter de ce moment de calme intérieur, et quand il les rouvrit, ceux d'Hector étaient si près qu'il ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait : Hector avait posés ses lèvres sur les siennes.
Cela ne dura guère plus d'une seconde, et Achille recula si vite qu'Hector n'eut même pas le temps de réagir. Ils se dévisagèrent, sans mot dire, tout deux terrifiés. À cet instant il eût un aperçu de l'esprit de son ami. Des pensées fusaient à toute allure dans la tête d'Hector, et sans logique de défilement. Il voyait se succéder des visages connus comme inconnus, des souvenirs de lieux, il entendait des voix qui posaient des questions...
Tout cela lui donna mal à la tête. Soudain, il vit son propre visage, un grand sourire aux lèvres, de celui qui faisait rêver les filles, un regard attendrissant qui semblait percer l'âme même. Une sensation heureuse et douce accompagnait cette vision.
Achille sorti de la tête d'Hector. Il croisa son regard et une phrase lui parvint. Elle ne fût pas prononcée, juste pensée. Achille l'entendit, et Hector savait qu'il l'avait entendu. Il adressa un sourire timide à Achille mais ce dernier se détourna et s'enfuit en courant. Hector resta seul, abattu. S'asseyant contre la paroi de la grotte et resta là, sans même pleurer.
Hector n'osa plus parler à Achille jusqu'à la fin des cours. Il le fuyait dès qu'il s'approchait, mangeait seul, ne s'asseyait plus à la même table lors de leurs cours en commun. Quand vint la période des vacances d'été, ils ne se saluèrent pas, Hector s'étant arrangé pour partir la veille au soir.
Il rumina tout l'été, noyant ses pensées dans tout ce qui pouvait l'occuper : l'alchimie et les livres, qu'il lisait à une vitesse ahurissante. En trois semaines, il avait dévoré tous les livres qui lui serviraient pour sa septième année. Il maîtrisa bien vite la plupart des sortilèges de défenses et d'attaque qu'on attendrait de lui et continua d'approfondir ses connaissance en magie nordique, qu'il préférait toujours à la magie traditionnelle. Il ne pouvait la pratiquer lors de ses cours, exception faite de ceux du professeur Monblason, lors desquels il n'avait pas besoin de sa baguette pour désarmer les autres. Flavien de Monblason avait d'ailleurs promis à Hector de le présenter à son père, le maître d'arme attitré des Aurors de sa Mage-Jesté, à Paris. Hector profita de ses congés pour se renseigner sur le bretteur. Ce dernier avait un palmarès impressionnant. Il avait tiré lors de nombreux tournoi et demeurait invaincu depuis presque quarante ans. Son fils, professeur à Beauxbâtons n'avait pas à rougir de ce palmarès, le sien n'en étant pas moins bon. Hector songea à lui envoyer une lettre pour lui demander quand pourrait se faire la rencontre, mais se ravisa. Il attendrait la reprise de l'école. En attendant, il s'occupa de son corbeau, Harald, duquel il n'avait guère eu besoin au cours de l'année écoulée, puisqu'il ne recevait pas de courrier. Il passa beaucoup de temps avec lui, lui parlant de tout et de rien. L'oiseau l'écoutait et répondait en croassant. Hector dormait mal, travaillait tard et s'efforçait de ne pas penser. Mais le visage d'Achille lui revenait sans cesse en tête tant et si bien que lorsque la rentrée ne fût qu'à quelques jours, il y pensait encore.
- Si Achille éprouvait quoi que ce soit pour moi, il me l'aurait dit. Il m'aurait écrit, dit Hector à son oiseau qui croassa paresseusement depuis son perchoir.
Il se répéta cette litanie jusqu'à ce que qu'il se rende à l'Académie. Il intégra sa nouvelle classe sans autre problème que la présence de Jade Lestrange parmi ses condisciples. Achille n'était une fois de plus pas dans sa classe. Ils ne purent se voir que le soir du premier jour, juste après le banquet. Achille avait fait parvenir à Hector un parchemin avec un horaire et comme lieu la bibliothèque du cinquième étage. Aussi, ce dernier se présenta à l'heure indiquée, tendu et aux aguets. En montant dans les étages, il avait senti la chaleur caractéristique de la Légilimancie lui masser le cerveau et avait donc fermé son esprit.
Lorsqu'il passa la porte, il le vit. Plus beau que jamais, avec ses cheveux blond qui lui tombaient sur les omoplates, et ses yeux turquoises magnifiques. Il avait aussi pris des couleurs, sans doute le travail aux champs avec son père et ses frères. Il semblait également que ses activités agricoles l'ai rendu plus musclé que d'ordinaire.
Hector détourna le regard et dit d'une petite voix :
- Bonsoir Achille.
- Bonsoir Hector. Je suis content que tu sois venu.
En entendant la voix de son ami, Hector fut parcouru d'un frisson. Il y eut un long silence durant lequel aucun des deux n'osa bouger. Hector le rompis en demandant :
- Tu souhaitais me parler ?
Achille ne répondit pas. Il se contenta de lui sourire, avant de se lancer droit vers lui, de le prendre dans ses bras et de l'embrasser à pleine bouche. Quand Achille le relâcha, Hector en tomba par terre de surprise. Achille, un grand sourire aux lèvres et le regard pétillant lui dit simplement :
- Moi aussi.
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