j'observe les étoiles

Lucian crut voir dans la nuit une traînée de poussière parcourir le ciel noir. Ses bras mous se posèrent sur le rebord de la fenêtre, et ses yeux observaient, tout simplement. Il ne disait rien, laissait le bruit des oiseaux remplir l'espace; la flûte enchantée du vent faisait voler ses mèches châtains. Lucian eut un petit sourire face à l'immensité de l'univers, dont il voyait seulement un petit bout, qu'il apercevait de son étroite fenêtre. Ses pieds lui semblaient froids, même sous sa chaude couverture. Le chétif jeune homme ferma ses paupières, sentit l'air infiltrer la pièce, et l'odeur de vanille, qui flottait dans la chambre, amenée jusqu'à ses narines. Tout était bien. Son cœur restait en paix, il respirait calmement, il se sentait presque raffermi. Il entendit la porte doucement s'ouvrir, mais n'eut pas la force de se retourner. Lucian savait qui venait le voir, il reconnaissait le propriétaire de ces pas doux qui arrivaient.

- Milo, tu fais quoi devant la fenêtre ?

Il s'assit à côté de lui. Tout de suite, Lucian n'avait plus froid aux pieds, et puis son sourire s'agrandit; il semblait curieusement réchauffé. Il daigna répondre, les yeux toujours rivés vers le ciel.

- J'observe les étoiles, Michael. Elles me rendent vivantes.

Il y eut un silence, qui n'était pas désagréable, plutôt apaisant. Ensemble, ils aimaient bien laisser le silence s'imposer dans leurs conversations, et puis les mots n'étaient pas forcément nécessaires. Le temps, le silence, ils ont de la valeur pour eux. Surtout quand ils ne sont pas toujours sûrs de faire le prochain jour.

- Toi aussi, tu me rend vivant, lâcha Michael.

Ce dernier ne pouvait pas savoir combien cette petite phrase avait de l'importance dans le cœur de Lucian, seulement rempli de Michael. Cette fois-ci, il se retourna, et leurs deux yeux se rencontrèrent dans la nuit. La couleur sombre de la chevelure de Michael se fondait dans la pénombre, mais sa peau très blanche attirait l'œil du chétif. Michael sourit.

- Moi aussi, j'aime les étoiles. Elles m'apaisent. Tu imagines, en devenir une ?

- Peut-être que lorsqu'on mourra, on sera des étoiles. Puissantes, et inspirantes.

Lucian le regardait toujours, même si le jeune homme observait le plafond. Il n'avait plus besoin de sa couverture, alors ses pieds repoussèrent le tissu chaud. Michael posa sa tête contre l'épaule de Lucian. D'habitude, c'était plutôt l'inverse, alors le jeune homme se sentit privilégié, comme s'il avait reçu un cadeau non prévu.

Les deux laissèrent le silence dire ce qu'il avait à dire, encore. Lucian pensait aux battements de son cœur qui accélérait pour rien, laissait son ami dans ses pensées.

- Ensemble contre la multitude, lui rappela subitement Michael. Tu t'en souviens ?

- Je me souviens de tout ce que tu dis, murmura Lucian. Ensemble, toujours.

Et il reporta son regard sur les étoiles, les joues roses.

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