#7 The end...

PDV Danaël

Un bal. Comment ne pas trouver cela stupide lorsqu'il clôture la sobre cérémonie des anges gardiens ? Bien évidemment, notre aptitude à protéger de nouveau le monde des vivants avait été connue et reconnue, mais cela ne compensait en rien tout ce que je ressassais dans ma tête.

Soudain, troublant le calme de la forêt où je m'étais réfugié, des notes de musique lointaines retentirent.
-C'est bien, la fête commence... et c'est sans moi, me dis-je amèrement. Je n'ai jamais eu de chance pour ce qui est des choses du cœur.

Pendant près d'une demi-heure, la seule chose qui troublait la monotonie était le changement de la mélodie et des lumières que l'on percevait à l'orée du bois.

-Aucune originalité, ce bal, pensais-je. C'est typique. Les chansons ralentissent et la lumière baisse, jusqu'au moment des danses de couple.

-Cliché et mièvre, ajoutais-je à haute voix.

Surpris par le bruit, un lapin au pelage d'un blanc immaculé, presque surnaturel, sortit des fourrés.

-Tu es mignon, toi...

Il inclina sa tête, comme s'il avait saisi le sens de mes propos. Il s'avança timidement, avec la démarche pataude qui caractérise ceux de son espèce, et se blottit finalement contre moi.

Je le caressai, et me rendait compte que son pelage était plus doux que celui que possèdent habituellement les lapins, lièvres et autres boules de poils.

-Mais tu ne serais pas un peu magique, par hasard ?

J'aurai juré qu'il avait souri, et que c'est à ce moment qu'il a commencé à émettre un halo rosé.
–Voilà un animal qui se prend pour un luminion, maintenant ?

Un froissement dans les buissons se fit entendre. Je m'arrêtai de parler et attendais de voir ce qui se cachait derrière la végétation.

-Je me demande s'il y a des prédateurs dans la faune paradisiaque ? Tu le sais, toi ? Evidemment, je parlais plus à moi-même qu'au lapin. Une voix familière retentit alors.

-Allons, ne gigote pas comme ça, tu vas tomber. N'insiste pas, il vaut mieux que tu t'éloignes du buffet, à moins que tu préfères la proposition de Razzia qui est de faire de toi un civet ?

Jadina s'esclaffa et ajouta :

-Parfois, je me demande s'il a autre chose qu'un estomac.

Elle apparut enfin, tenant dans ses bras un lapin très semblable au mien. Elle le déposa sur l'herbe et lui fit signe de partir.

-Eh bien ? Tu te décides à y aller ? Tu es dans ton environnement, qu'est-ce que tu attends ?

L'animal lui échappa finalement et commença à sautiller, comme pour réclamer son attention.

Ronchonnant pour la forme, la princesse le suivit.
-Me voilà à devoir passer ma soirée avec un lièvre surexcité, tout ça à cause de...

Ses yeux émeraudes tombèrent sur moi et un air de défi apparut sur son visage.

-...Danaël. Qu'est-ce que tu fais là.

-Je n'ai pas à me justifier pour une simple présence, il me semble.

J'aperçut un éclat larmoyant dans son regard, et lorsqu'elle parla, un tremblement était audible dans sa voix.

–Effec... effectivement, je vais... retourner avec les autres.

Elle se mit en marche, le plus lentement possible, sans toutefois se retourner.

Il se produit alors quelque chose de si imprévisible qu'elle faillit crier. Le lapin qu'elle avait relâché la retenait en mordant le bas de sa robe. Un... lapin ?

-Un Kupidon !

Les Kupidon, créatures pacifiques la plupart du temps, dont la passion étonnante est de rapprocher les âmes sœurs.

L'animal possédait une force sans proportion avec sa taille, et força Jadina à s'assoir par terre. Elle eut un moment de surprise, puis fondit en larmes.

-J'en ai assez, assez, assez ! Pourquoi est-ce qu'il n'y a que moi à qui ce genre de choses arrive ?

Je m'approchais d'elle et essuyait ses larmes. Soudain, je me souvenais de ce qu'elle avait dit plus tôt et je m'éloignais d'elle.

-C'est vrai, désolé, tu ne voulais plus me voir.

Elle se passa la main sur le visage et répondit :

-À ce propos, justement...

Elle se rapprocha de moi et me dit :

-C'est moi qui suis désolée.

-Tu n'as pas à être désolée, c'est de ma faute.

-Non, je... Elle ne put s'empêcher de sourire. Désolée, ajouta-t-elle avec précipitation, c'est juste que s'excuser de tout sans se mettre d'accord, c'est un peu...

Je lui rendais son sourire.

-Ridicule ? Oui.

Elle se rapprocha encore. Je pouvais l'entendre respirer.

–Danaël ?

Devais-je répondre à la question ? Sans doute...Mais que dire ?

–...

–Est-ce qu'être mort change quelque chose ?

-Évidemment... Je... ne comprends pas ta question.

-Je... Oh, mais si, tu la comprends ! Ne fait pas semblant d'être un ignorant, et réponds moi.

-Jadina...

J'attrapais son visage et plongeait mon regard saphir dans les émeraudes qui constituaient le sien.

J'inspirai un bon coup, et improvisait une tirade, qui laissa parler mes sentiments et eut bien meilleur effet que ce que j'avais redouté.

-Sur terre où au fin fond de l'au-delà, dans tous tes états et malgré les monstres qui pourraient m'en empêcher, j'essaie d'être là.

J'essaie de partager la douleur dans les moments de peine, j'essaie de recevoir les coups qui te sont destinés. Je veux être là avec toi, je veux que jamais ne finisse le songe qui me prend quand tu es à mes côtés.

Que la vie ait trouvé sa fin ne change rien pour moi, ma seule peur est celle de l'enfer. Et l'enfer est un lieu où tu n'existes pas.

Là où tu le voudras, même en tant que fantôme... Je t'aime, ma princesse.

Elle ne répondit rien. C'était au-delà des simples mots. D'un seul coup, le temps se figea et j'entrevis l'éternité. Alysia avait cessé de tourner et un léger tourbillon de pétales provenant des arbres en fleur vint ajouter la perfection à l'instant.
Jadina posa ses lèvres sur les miennes au moment même où les deux lunes apparurent.

C'est donc ça, le bonheur. Mais il ne dure jamais longtemps... Trop vite, elle se détacha de moi.

-Ça va mieux ? Lui demandais-je.

-Grâce à toi...

Une idée germa dans ma tête.

-Tu sais quoi ?

Elle se tourna vers moi.

-Non, mais quelque chose me dit que je vais savoir. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je posai mes mains sur son visage.
-Tu verras...

La magnifique plaine où se tenait la fête n'était pas très loin.

Arrivé à la lisière de la forêt, je laissai de nouveau Jadina regarder autour d'elle.

–Danaël !

Les lampions se tintèrent de rose, et les musiciens invitèrent les couples à se former, puis à rejoindre la piste de danse.

-C'est la dernière danse.

Je m'agenouillai.

-Me l'accordes-tu ?

-Relèves-toi ! Fit-elle, l'air gêné. C'est oui !

J'attrapais son poignet et la menais jusqu'au centre de la piste.

Les violons, les flûtes... et les rhaumentiks de Shamalau commencèrent à jouer une mélopée douce et entraînante. Comme dans un rêve, les duos se mirent en marche. Les grandes robes planaient doucement, au rythme des notes, et partout l'on s'échangeait des regards amoureux. Plus rien n'avait de sens, si ce n'est les doigts de Jadina entre les miens.

La valse se conclut sur un accord atténué, et le son des instruments fut remplacé par celui des conversations.

Un grognement furieux se fit entendre. Saryn.
Je n'avais pas peur. Je ne savais pas quoi lui dire, mais j'avais pris ma décision.
J'irai toujours de l'avant.

                                                                     FIN

Je voulais faire une dédicace à une personne qui a énormément insisté pour que ce chapitre paraisse.
Je lui dois la fin de cette histoire ! Ma « GameraFlower » se reconnaîtra !

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