─ Je n'y crois toujours pas, dit Jeno sonné après avoir appris la nouvelle.

─ Je te l'avais bien dit, tu ne fais jamais attention à rien.

─ Mais je ne pensais pas à ce point ! On m'a toujours dit qu'il y en avait que très peu ici...

─ Il ne faut pas croire à la lettre « on dit » Jeno. Et comme tu l'as vu de toi-même, ce n'est pas si rare que ça.

─ Il y en a d'autre du pense ? Je veux dire, pas que des gays...Mais des membres de la communauté LGBT ici ?

─ Je ne pense pas, je te le confirme. Tu en es entouré, c'est juste que notre société et surtout ici, n'accepte pas toujours très bien ça, donc les gens ne le crient pas sur tous les toits, et comme je te le répète depuis un bon moment, ouvres tes yeux.

─ Je te jure Nana ! J'essaie mais jamais j'aurais deviné ! Chenle et Jisung quoi, on est sensé bien s'entendre, ça craint qu'ils ne m'aient jamais rien dit.

─ Ils ne l'ont jamais dit directement mais ne le cachent pas, tout le monde le sait enfin... A croire que dans ta tête tout le monde est parfaitement hétéro, regarde en face de toi.

Jaemin referma son casier en soufflant, Jeno était mignon mais il le fatiguait tout de même.
Et si un jour son meilleur ami venait à apprendre que lui-même n'était pas hétéro ?
Impossible, Jaemin s'était juré de garder ça pour lui.
Et tout à coup, alors qu'ils s'apprêtaient à quitter leurs casiers, le plus jeune fixant le sol, Jeno s'arrêta.
Jaemin n'eut pas à relever la tête qu'il avait déjà compris.
Un bruit désagréable de talons résonnait entre les murs du couloir à casiers, et ici, peu de personnes avaient le cran d'en porter, personne sauf une certaine nouvelle nous venant tout droit du Canada.
Alors elle passa, elle et ses talons claquants, sa forte odeur féminine prenant le dessus sur toute les autres. Jaemin avait relevé la tête pour regarder son meilleur ami.
Ses yeux brillaient, et il souriait bêtement. A ce moment-là, Jaemin regrettait. Il regrettait fortement, d'être tombé amoureux de la mauvaise personne. De Lee Jeno.

Jaemin rentra seul ce soir-là, son meilleur ami avait un rendez-vous.
Avec qui ? Le plus jeune l'ignorait, et il avait peur, peur de cette potentielle nouvelle concurrente.
Heureusement pour lui, Jeno était un tombeur au cœur d'artichaud, et non un coureur de jupons.
Certes il tombait vite pour une fille et elles aussi, mais s'il s'engageait, il était sérieux.
Et Jaemin se maudissait intérieurement, il était fou amoureux de lui, mais étant lui aussi un homme, cet amour était impossible. Il se haïssait, pourquoi il avait fallu qu'il ait un torse à la place d'une jolie poitrine et d'un sexe masculin ?
Ça y est, il se passait exactement ce que Jaemin voulait à tout prix éviter, c'est à dire souffrir à cause de sa jalousie et son amour pour Jeno.
Sur le chemin, il laissait trainer ses pieds contre le sol, il faisait la moue et avait lancé sa playlist spécial pour pleurer.

Et malheureusement, en rentrant sa mere ne l'attendait pas.
Pas de feu en route, aucune odeur, pas de repas préparé, personne pour venir le serrer dans ses bras, il était seul. Il ne pouvait pas appeler Jeno pour lui remonter le moral d'une part pour son indisponibilité, de l'autre car il était l'une des raisons de son humeur.
Il sorti donc son téléphone, sauta sur son canapé et appela Renjun qui passa finalement pour diner et resta dormir avec lui.

Jaemin avait hors de Jeno, tout de même quelques amis, et Renjun avait toujours été le plus présent lors des situations de crises, et inversement.
Le chinois était cet ami avec qui seuls les sujets serieux etaient abordés avec bienveillance, franchise mais tact. Cet ami dont vous avez l'intime conviction qu'il devrait se repentir vers une carrière de psychologue prometteuse.
Avec Jeno, c'était différent. Ils riaient, faisaient leurs pires bêtises ensembles, et avaient finalement plus une sorte de relation frere de cœur qu'ami.
Jeno était même le seul à parler d'amour pour des raisons nous semblant évidentes, tandis que Jaemin le consolait ou le conseillait.
Et en cette soirée, ce n'était pas de quelqu'un avec qui il voulait jouer ou écouter dont il avait besoin.
Mais de Renjun avec qui il pourrait échanger et lui faire part de ses inquiétudes tandis que lui aussi le ferait sans doute.
Heureusement, le noiraud accepta de suite son invitation, et au bout d'une heure à peine, ils s'étaient retrouvé dans la chambre du blondinet à pleurer l'un dans les bras de l'autre.