chapitres 12
Chapitres 12
Aujourd’hui j’ai rendez-vous chez mon tatoueur.
Certaines personnes n’aiment pas les aiguilles, moi ça ne me dérange pas. Je préfère me faire un joli tatouage plutôt que d’aller faire un tour chez l’esthéticienne. Ça fait moins mal !
J’en ai un sur le poignet. Ce jour-là, Émilie était avec moi et nous avons fait le même.
« Oh, non pas lui ! Putain, mais c’est pas possible ! Il m’a collé un GPS ou quoi ? C’est vraiment pas le moment ! »
— Salut, Paul. Que veux-tu ? demandé-je sur le ton de l’agacement. On dirait que ton cerveau ramolli au fil des jours… C’est peut-être à force de te faire pomper par ta copine ? Ah, non désolé… J’avais oublié que t’étais seul. Ça va ? Pas trop d’ampoules aux mains ?
Je ne lui laisse pas le temps d’en placer une et continue sur ma lancée.
— Je sais que c’est toi qui a parlé à mon père ! craché-je, rouge de colère. Tu veux quoi, maintenant ? Que je vienne pleurer dans tes bras ? Franchement, je préfère encore tomber d’une échelle, pauvre con ! T’es vraiment un malade ! On t’avais dit de la fermer ! Mais on dirait bien que la masturbation te fait perdre des neurones !
— C’est qu’elle devient vulgaire, la petite fille à son papa, me provoque-t-il.
— Moi ? Vulgaire ? craché-je. Non, pauvre tâche, je suis juste énervée contre toi ! J’ai le cerveau en effervescence par ta faute ! Je suis à deux doigts de te mettre mon genou dans les valseuses et de te les faire remonter jusqu’au cou pour qu’elles te servent de collier !
— Tu sais quoi ? T’es qu’une salope qui se tape un vieux ! T’es vraiment attiré par ce genre de vieux mecs tatoué de la tête aux pieds ? m’interroge-t-il, méprisant. Je suis allé voir ton père, c’est vrai. Au début il ne me croyait pas, mais on dirait qu’il a changé d’avis…
Je serre le poing de plus en plus fort, inspire une grande bouffée d’oxygène pour ne pas fulminer de colère.
— La vérité, c’est que t’es jaloux, révélé-je en riant jaune. T’es qu’un minable qui ne pense qu’à lui. Tu as joué avec moi, mais tu viens de perdre. Maintenant, va chercher une autre fille à manipuler. Je t’ai plaqué et ça ne t’as pas plu, voilà tout.
— Je ne voulais pas me venger au départ… J’avais des projets, mais vous avez foutu la merde. Je suis désolé de vous avoir trompé toutes les deux, mais avec Sarah… c’était plus que du sexe, elle représentait mon avenir. Je voulais construire quelque chose avec elle, mais maintenant tout tombe à l’eau. Oui, j’ai merdé, mais Émilie n’était pas obligée d’en rajouter ! Elle m’aurait peut-être pardonné, c’est pour ça que je suis allé tout dire à ton père. Je savais qu’il n’apprécierait pas que sa petite fille chérie se tape un vieux !
— On ne joue pas avec les gens, merde ! Nous ne sommes pas des objets ! hurlé-je malgré moi. Vous, les mecs, vous réfléchissez avec votre deuxième cerveau… celui d’en bas ! Je suis désolée d’être sortie avec toi, de t’avoir donné ma confiance. J’ai pas dit que je voulais faire ma vie avec toi, mais j’aurais aimé que tu sois honnête. A croire que c’est un jeu de coucher avec le plus de filles possible… Heureusement pour moi, t’as pas eu ce que tu voulais et franchement, je suis heureuse que Sarah connaisse la vérité. Maintenant, arrête de te plaindre. C’est TOI le fautif. Tu as voulu jouer, tu as perdu ! Alors arrête de pleurnicher comme une gonzesse… On ne récolte que ce que l’on sème.
— J’ai parlé de Romain à mon frère, il m’a dit que ton mec était un collectionneur de femmes. Il les change, comme il change de chemises. Peut-être que tu seras la suivante, alors dis-moi merci. Je t’ai rendu service ! Ah oui, il m’a aussi dit q…
— LA FERME, PAUL ! fulminé-je d’une voix tonnante. J’ai plus envie de t’écouter ! A cause de toi, je deviens vulgaire. Tu m’énerves à un point inimaginable, je n’arrive plus à me contrôler.
— Pourquoi tu ne veux pas entendre ce qu'il m'a dit?
— Dégage, barre-toi ! Non, mais je rêve ! Toi, me rendre service ? Mon pauvre, je connais sa vie mieux que toi. Je savais comment il était, tu crois quoi ? Que j’attendais après toi ? T’as cru que je me mettrais en couple avec lui sans savoir qui il était ? Je respire une nouvelle fois, profondément, pour ne pas sombrer dans une rage folle.
— Tu ferais mieux de balayer devant ta porte, ajouté-je. Avant de parler de moi, souviens-toi que tu t’es tapé deux femmes en même temps. Vous avez choisi à notre place sans vous soucier du mal que vous pouviez faire. Tu vas le regretter, Paul. Si tu crois que je suis la gentille petite fille à son papa qui ne dit jamais rien, tu vas vite déchanter. Je suis polie et courtoise, mais quand on abuse de ma gentillesse, je me montre sous un autre jour et crois-moi, tu vas détester ça ! Ne te mets plus en travers de mon chemin… Et passe le bonjour à tes parents !
— Laisse mes parents en dehors de nos histoires, Éloïse ! Nous deux c'est terminé, elle n'a pas besoin de savoir.
— Quoi ? Que tu as couché avec deux filles en même temps et que l’une d’entre elle s’est aperçue qu’elle était cocue ? Que son fils chéri ait fini par tout perdre, qu’il se pensait être un homme ? Respecte les femmes, abruti ! Pense un peu plus avec ton cerveau du haut et non celui du bas. Maintenant, casse-toi de ma vie. J’veux plus te revoir ! Quel connard, j’aurai dû me douter que c’était lui le coupable… Quant à moi, j’ai été bête d’accorder ma confiance à ce genre de type et de sortir avec lui.
Franchement, tu devrais être désespérée, ma pauvre fille, soupire ma conscience.
J’arrive enfin au salon de tatouage. J’ai peur d’être en retard, l’autre taré m’a
sacrément retardé ! Je n’ai absolument pas peur de me faire tatouer. C’est pour dire que l'épilation m’effraie plus que les tatouages.
— Salon de tatouages. Les aigles
— Bonjour. Je viens de la part de Tom, je suis Éloïse.
— Bonjour, Éloïse. Oui, Tom vient de m’appeler. Je site les mots qu’il m’a dit : J’espère que t’es un bon tatoueur, sinon elle me coupe la tête !
— Il pouvait pas la fermer, ricané-je en me grattant l’arrière du crâne. Il me connait, je n’ai pas ma langue dans ma poche.
— Ne t’en fait pas, je connais bien Tom ! Tu es la fille dont Romain nous a parlé ?
— Pardon ? Vous connaissez Romain aussi ?
— Oui, c'est moi qui lui ai fait ses tatouages. Il sait que sa copine vient ici ? Il nous a dit que tu étais sa perle rare et je voudrais rester vivant, moi aussi. Il est passé cette semaine pour finir son tatouage.
— Et qu’est-ce qu’il a fait ?
— Désolé, ma jolie, mais je ne peux rien dire.
Secret confidentiel !
Je lui adresse un sourire pour seule réponse. Je finirai bien par le découvrir de moi-même, lorsqu’il reviendra…
— Et à part Tom, est-ce que Romain sait que tu viens faire un tatouage ?
— Non, je veux lui faire la surprise.
— D’accord, dans ce cas, suis-moi !
— D'accord, je vous suis.
— Pas de vouvoiement s’il te plait. Ici, on se tutoie ! Ça ne te dérange pas ?
— Non, pas de souci.
Alors, comme ça, Romain s’est fait un autre tatouage ? Je vais devoir explorer son corps pour le découvrir. Oh oui, j’ai trop hâte !
— Installe-toi, Eloïse.
******
"Quelques heures plus tard."
Voilà, mon tatouage est fait ! Je suis contente et j’ai déjà hâte de faire le prochain. Comme celui-ci, il aura une vraie signification. Je vais rentrer à la maison et ce soir, mon rituel sera de discuter avec Romain de ma journée. Évidemment, je ne lui dirait pas pour mon tatouage. Je veux qu’il le découvre de lui-même, à part lui, personne ne le verra. Monsieur m’a devancé, mais qu’est-ce qu’il a fait ? Il n’est pas tatoué de la tête aux pieds, mais il en déjà pas mal.
— Mais c'est quoi encore ce bordel ? soupirai-je.
Karla et mon père sont encore en pleine discussion. Ils ne parlent pas de leur vie… mais de la mienne ! Mais merde, qu’est-ce qu’elle ne comprend pas cette salope. Je lui ai formellement interdit de parler de ma vie ! apparemment, en plus d’être stupide, elle est sourde comme un pot ! Je devrais ouvrir un cabinet pour tous les cons que je rencontre. Je suis certaine qu’ils me rapporterait un maximum de fric !
J’en ai vraiment marre et de plus, je ne peux pas trop l’ouvrir puisque c’est mon père qui gère mes comptes et qui les approvisionnent ! Mon petit boulot chez Marie ne me suffit pas à survivre et le seul compte que je possède est celui que ma mère m’a ouvert à la naissance. Malheureusement, je ne pourrais toucher de l'argent que dans trois ans, lorsque j’aurais 21 ans.
Ma mère s’est cassée… Elle aurait pu changer l’année, comme ça, dès mes 18 ans, j’aurais pu reprendre mon argent et ne rien demander à personne.
Mon père sait ce qu’il y a sur mon compte, mais refuse de me le dire et de le débloquer.
— Bonjour.
— Tu as passé une bonne journée, Éloïse ? me demande Karla.
— Oui, merci, mais qu’est-ce que ça peut lui foutre ? Et vous ? Papa, tu ne bosses pas aujourd’hui ?
— Non, j’ai pris des congés, je n'en avais pas pris depuis bien longtemps. J’ai discuté avec Karla … on pourrait prendre quelques vacances.
Alors là, ce sera sans moi. Je me la coltine tous les jours, je ne vais pas non plus aller en vacances avec elle. « Comme une vraie famille » ! (Faut pas pousser mémé dans les orties, surtout qu’elle ne porte jamais de culotte.)
Je pourrais demander à aller voir Émilie, mais parents ne savent pas que Romain est là-bas.
— Papa, écoute, soufflai-je d’une voix faussement angélique. J’aime pas les vacances en famille. Tu sais bien que ça me donne de l’urticaire.
Je pourrais aller voir Émilie chez sa tante, comme ça vous partiriez en amoureux ?
— Je voulais qu’on parte tous les trois, Elo… Ça te ferait du bien de voir un peu la mer.
— Je n’aime pas la mer ! craché-je. Tu sais pourquoi ou t’as oublié, papa ?
— Désolé, non je n’ai pas oublié, mais si on essaye, peut-être que tu auras moins peur ? Je sais que ce n’est pas facile, je n’ai pas oublié… loin de là !
— Tu n’es pas obligé de t’approcher du bord de mer, tu peux rester bronzer sur la plage, me dit la mégère.
— Karla, pour la dernière fois, articulé-je en serrant les poings, occupe-toi de tes affaires ! Je te l’ai déjà dit, les discussions entre mon père et moi ne te concernent pas ! Bon, j’aurais mieux fait de me la fermer car Paris va encore me passer sous le nez !
— Ça suffit, tonne mon père. Soit tu viens avec nous, soit tu restes ici !
Et merde, j’aurais dû faire le canard… Seulement, je n’arrive pas à la fermer.
— Je reste ici, abandonné-je. J’irai travailler la journée au garage et le soir, je garderais Milie.
— Si tu préfères on peut aller à la campagne? Je sais que tu aimes la nature.
—Tu ne vas pas lui demander son avis chéri. Ce n’est pas à Éloïse de choisir la destination de nos vacances ! Nous en avons discuté, si elle préfère rester ici elle est assez grande pour se débrouiller seule.
J’ai comme une envie de ramener ma fraise et lui dire que je préfère la campagne à la mer, juste pour l’emmerder, même si dans le fond la seule chose que je veux c’est lui. Romain.
Qu’ils partent, ça me fera de sacrées vacances.
Trop de mauvais souvenirs, je n’ai pas envie que les cauchemars reviennent hanter mes nuits. Je n’ai plus confiance en personne, pourtant j’en ai envie. Émilie m’a dit que c’était comme le cheval. Une fois que tu tombes, il faut que tu remonte en selle. Apparemment, elle n’a pas compris qu’une fois que tu te noies, tu ne peux plus recommencer. Ce jour-là, j’ai cru mourir. Heureusement, mon amie était là… Sinon j’aurais fini dans le fond de l’océan et aurais servie de nourriture aux poissons.
— Partez tous les deux, moi je reste ici. Et Karla, renchérit-je, la prochaine fois on ira à la campagne. Tu verras, c’est génial ! L’air est pur et il y a beaucoup d’animaux… mais oublie les talons et la manucure, la crotte de vache ça colle au semelle.
Je ricane en l’imaginant entourée de cochons et de bouse de vaches… tout cet amas de merde lui ressemble bien, finalement. Je lui apprendrai à traire une vache, mais je suis certaine que cette cruche ne saurait pas faire la différence entre un taureau et une vache.
Nous mangeons tous les trois dans un silence de mort, le bruit des couverts resonnant autour de nous. J’ai l’impression que mon père me cache quelque chose. Je suis curieuse de nature, donc je finirai bien par le découvrir. En principe, mon père me dit tout, mais depuis la venue de sa femme, les choses ont changées…
Après avoir pris un bon bain, je rejoins ma chambre. Je vais envoyer un message à romain pour lui parler de ma journée et lui dire ce qu’il s’est passé avec Paul, lui dire que c’est cet enfoiré qui nous a balancé !
Romain me manque. Il m’a dit qu’il avait trouvé un travail dans un garage, il n’en a pas vraiment besoin, mais il le fait pour ne pas craquer. Il réfléchit à comment revenir car ça fait bientôt 2 mois qu'il est parti. Tom a pris une personne avec lui, juste pour les grandes journées, ça aide mais ce n'est pas Romain… Ce n’est plus la même ambiance. Moi, je suis uniquement là pour gérer les factures et prendre les rendez-vous.
Si ça continue, il va perdre des clients. Les habitués connaissent Tom et Romain depuis longtemps. Je ne peux plus prendre de rendez-vous, Tom est débordé et je suis forcée de rester avec lui pour lui donner un coup de main à ranger.
Ça ne lui plait pas, mais le voir comme ça me fait chier !
Je vais lui dire de revenir… Ensuite, je parlerais à mon père parce que si on continue sur cette lancée, Tom devra fermer la boutique. Au nom de quoi ? D’un connard qui n’a pas fermer sa putain de grande gueule. Il ne va pas m’enfermer toute ma vie…
Et pour ça, je vais avoir besoin de Karla. Pour une fois, il faudra qu’elle soit de mon côté… Pour sauver le garage avant tout !
Merci de m'avoir lu.
@Cathyzene
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