Epilogue : La lame de sang

Bonjour tout le monde, petite baisse de moral ce matin alors je vous publie avec un jour d'avance la dernière partie de ce tome 9 ! J'espère que vous êtes prêts ? Bonne lecture à tous.

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Rafael frissonna en remontant le col de sa veste pour se protéger du froid ambiant. Le jeune homme portait sa veste rouge et argent à épaulettes larges, celles que son Ayah lui avait offert lors de leur premier séjour à Paris et qu'il avait vu dans la vitrine de la boutique où Magnus avait acheté son costume pour demander une seconde fois Alec en mariage. L'Argentin adorait sa veste plus que tout. Elle lui rappelait la paix qu'il avait fait avec sa famille, elle lui rappelait la maison, son chez lui, et elle lui rappelait Max. Max. Le Chasseur d'Ombre jeta un bref regard en arrière alors qu'il s'éloignait de leur appartement, s'éloignait de Brooklyn. Il avait embrassé le visage de son amant, caresser leurs bébés à travers son ventre, enlacé son Ayah, son oncle Ragnor, et il avait assuré à son Dad, comme un secret, qu'il reviendrait vite avec une solution pour lui. Il avait mis trois jours pour se décider, trois jours de réflexion, trois jours pour peser le pour et le contre et finalement trancher pour aller retrouver Asmodée. En effet, il y a trois jours, le Démon Supérieur normalement disparut était apparut comme son reflet dans le miroir de la salle de bain pour lui proposer un marché afin de sauver la vie d'Alec. Évidement, Rafael n'avait aucune confiance envers le Prince d'Edom, lui qui les avait trahis plus d'une fois, à n'importe quelle occasion. Le Nephilim ne comptait plus tous les coups tordus que le démon avait mis au point pour les détruire, sa famille et lui. L'amnésie d'Alec, les deux kidnapping de Max, son association avec Camille pour faire d'elle une sorcière, la "mort" d'Alec, la possession de Magnus, et toutes ces fois où l'Argentin avait donné de sa vie face au démon pour sauver celle de ses proches. Et une fois encore, Rafael ne doutait pas que la situation ne serait pas comme il l'avait prévu de prime abord.

Et pourtant, l'Argentin ne savait pas ce qui l'attendait, du tout. Le Prince d'Edom ne lui avait pas donné la moindre explication sur l'état d'Alec ni comment le guérir, lui indiquant seulement comment le faire revenir d'entre les morts, l'incantation à suivre et le lieu dans lequel se rendre. En effet, Rafael allait vite le découvrir, il existait à New York, comme partout dans le monde, des passages, comme des Portails permanents, menant des dans endroits divers et variés et même, pour certains, jusqu'à Edom. Car c'était là que devait se rendre l'aîné des fils Lightwood-Bane pour espérer faire revenir Asmodee à la vie. Oh, bien sûr, le jeune homme n'avait aucune envie de se rendre en enfer comme il aurait rendu visite à un membre éloigné de sa famille (ce qui était quelque part le cas), mais il n'avait pas le choix. Comment aider son père, autrement ? Comment sauver la vie de son modèle, de l'homme qui l'avait sauvé lui des années plus tôt ? Évidemment, Magnus aussi avait fait le choix de l'adopter, mais en ce temps-là le noiraud était Consul, les démarches avaient donc été accélérées pour leur permettre de le faire rejoindre leur famille plus rapidement. Alec avait tout donné pour son fils aîné, et si Rafael ressemblait énormément à son Ayah, c'était son Dad qui le fascinait le plus. Il était un héro à ses yeux, aujourd'hui, son tour était venu d'être le héro d'Alec. Alors le Chasseur d'Ombre aux longs cheveux méchés de bleu qu'il avait tressé en un épis relâché, se dirigea vers l'Institut de New York. Asmodée lui avait avoué, et ce à son plus grand étonnement, qu'un Portail secret avait été battit près d'un millénaire plus tôt lors de la construction de l'Institut et que son existence avait été oubliée de tous, ou plutôt balayée sous le tapis par les Nephilims eux-même. Quoi qu'il en soit, personne à l'heure actuelle n'avait connaissance de l'existence de ce Portail, ainsi, personne ne viendrait déranger l'Argentin. Il restait cependant un problème. Le Prince des Enfers n'avait pas dit à son petit-fils où chercher exactement. Evidemment, c'aurait été trop simple auquel cas. Le jeune homme devrait donc chercher par lui-même, mais l'Institut était si grand qu'il était certain d'y passer des heures, si ce n'est des jours avant de découvrir l'emplacement exact du passage magique.

Arrivant enfin devant l'Institut, Rafael admira l'édifice, se sentant minuscule à ses côtés. Le bâtiment de pierre, semblable à une cathédrale, s'élevait haut et lui donnait l'impression de le juger, comme si l'Institut lui-même savait ce qu'il s'apprêtait à faire. Mais il n'avait pas le choix, il devait sauver son Dad, alors le jeune homme passa la lourde porte à double battant et s'éclipsa dans un recoin le temps de réfléchir à une stratégie. Personne ne devait savoir qu'il était là, sinon, tout tomberait à l'eau, et il ne pouvait pas se permettre de perdre encore une journée, il avait suffisamment attendu. Soupirant et tremblant comme une feuille, l'Argentin serra les poings et ferma les yeux pour reprendre une respiration plus régulière et calmer les battements frénétiques de son cœur. Il pouvait sentir le rythme régulier de celui de son époux pulser contre sa peau à travers son collier. Se concentrant sur Max, son cher Max qu'il aimait plus que tout au monde, Rafael se reconnecta aux battements de son cœur, les faisant battre à l'unisson. Deux corps, une seule âme. Il lui fallut encore de longues minutes de concentration mais, enfin, le Chasseur d'Ombre sentit sa respiration ralentir et communier avec celle de son cher et tendre. Rouvrant ses yeux chocolat, l'Argentin expulsa l'air qu'il avait dans les poumons et ses pensées s'éclaircirent comme rarement auparavant. Il avait l'impression d'y voir plus clair, même si, réalisa-t-il après coup, il n'avait toujours aucun plan ni aucune idée sur la façon dont il allait trouver le Portail dont parlait Asmodée trois jours plus tôt. Secouant la tête de dépit, incapcable de savoir quoi faire, le Nephilim aux cheveux méchés se tendit lorsqu'il entendit une voix dans son dos.

- Je ne pensais pas te trouver ici, remarqua la voix qu'il identifia comme celle de sa tante Clary. Tu te caches de nous ? Semblait-elle même le taquiner.

- Tu sais bien que je ne peux jamais rester longtemps loin de toi, rétorqua la voix basse et peinée de Jace.

Se retournant vivement, mais restant toujours dans l'ombre, hors de portée de vue, Rafael réalisa que ce n'était pas à lui que sa tante Clary s'adressait, mais bien à Jace, le parrain du jeune homme. Le fils de l'Ange était actuellement assis sur les marches du vaste escalier menant aux étages supérieurs. Ses cheveux blonds lui tombaient légèrement sur ses yeux d'ambre. Rafael ne put s'empêcher de sourire en le voyant. Le dernier Herondale avait laissé pousser ses cheveux, comme lui, pour soutenir Magnus lors de son cancer mais également parce que, toujours relié à son parabatai, Alec avait aussi décidé de les laisser récemment pousser afin de se faire de courtes queues de cheval que Magnus semblait apprécier par dessus tout. Et visiblement, ce n'était pas pour déplaire à son épouse à la crinière rousse qui s'installa à ses côtés, passant sa main dans ses mèches claires comme le soleil. Leurs gestes respiraient l'amour qu'ils se portaient et le plus vieux des fils Lightwood-Bane sentit son cœur se serrer en les voyant. Jace et Clary, bien qu'il ne les soupçonna pas d'être des âmes sœurs, étaient sans doute ce qui s'en rapprochait le plus. C'était bien connu, les Nephilims n'aiment véritablement qu'une fois, et Jace et Clary s'aimaient depuis toujours, pour toujours. Tout ce qui leur manquait était un enfant à eux, un petit trésor à chérir, et Rafael, même si ce n'était pas de sa faute, s'en voulait d'une certaine manière de devenir bientôt père alors que son parrain avait toutes les peines du monde à fonder sa propre famille. Mais Jace n'était pas non plus sans famille, car chacun savait que si l'Argentin était son filleul, ils avaient avant tout une relation père-fils que Magnus et Alec approuvaient même totalement. En effet, le Grand Sorcier de Brooklyn lui avait confié, bien des années plus tôt, qu'en prenant Alec dans sa vie, il avait prit conscience qu'il prenait également Jace en même temps. L'un n'allait pas sans l'autre, comme Rafael ne fonctionnait pas sans Max, comme Clary se sentait perdu sans Simon. Ils étaient une grande famille, plus étrange mais plus soudée que jamais, et ça leur allait parfaitement.

- On dirait pourtant bien que tu te caches, continua Clary qui voyait bien que son mari n'allait pas bien.

- J'avais besoin de réfléchir..., éluda le blond en grommelant.

- Jace...

- Je ne souffre pas ! S'écria-t-il en se relevant d'un bon, les larmes gonflant ses yeux rougis d'inquiétude et manquant de sommeil. Je ne souffre pas, Clary, et c'est bien tout le problème...Alec est malade, il ne tient même pas debout, il vomit, il a des hallucinations, et moi je vais bien ! Ma rune de parabatai ne me fait même pas un peu mal ! Tu sais ce que ça signifie ? Ça signifie que ce dont souffre Alec ne touche que lui, ce qui veut dire que ce n'est pas quelque chose qu'on maîtrise, ce qui signifie que je ne peux pas le sauver ! Par l'Ange, mon frère va peut-être mourir et moi je...

La fin de sa phrase fut ponctuée par un sanglot douloureux alors que Jace fondait en larmes, s'écroulant sur le sol, son corps secoué par ses pleurs. Rafael déglutit difficilement, le cœur en lambeaux de voir son parrain, cet homme si fort, ce Chasseur d'Ombre héroïque, ainsi détruit et brisé par l'hypothèse de la perte de son parabatai, la moitié de son âme. Clary, elle aussi émue aux larmes par la douleur de son mari, s'approcha de lui avec lenteur et drappa ses bras autour de lui, enveloppant son corps dans un cocon d'amour et de protection. Semblant sentir la douleur de sa sœur de cœur, Simon arriva quelques instants plus tard et se joignit à leur étreinte. Rafael n'était pas né à l'époque où ces trois là s'étaient rencontrés, mais son Dad lui avait raconté les liens de haine cordiale et d'amitié froide qu'avaient entretenues le blond et l'ancien terrestre avant de devenir de véritables amis soudés. Alec était le parabatai de Jace, son frère de cœur, la moitié de son âme, mais Simon, lui, était devenu ce qui se rapprochait le plus d'un meilleur ami pour le dernier Herondale. Le brun aida donc son ami à se relever, lui-même touché par sa douleur, et il l'emmena au salon pour l'entourer de l'amour des siens et attendre ensemble, soudés, le verdict concernant l'état d'Alec. Rafael, qui s'était mit à pleurer sans même le réaliser au premier abord, sécha ses larmes d'un geste vif et posa une main compatissante sur son cœur pour soutenir son parrain à sa manière. Il devait avouer que Jace n'avait pas eu une vie facile, surtout depuis ces dernières années. Le blond avait d'abord perdu son frère de coeur lorsque ce dernier s'était fait passer pour mort, puis Magnus avait eut son cancer, était devenu mauvais à cause de l'influence d'Asmodée qui, d'ailleurs, lui avait coûté la vie, bien que Max l'eut ramené à peine quelques minutes plus tard. Rafael fronça les sourcils dans ses réflexions alors qu'il se souvenait de ce triste épisode. Les démons. Le jour où Jace s'était fait tuer, des démons avaient envahi l'Institut, mais aucun Portail n'avait été retrouvé sur place : et s'ils étaient passés par le Portail dimensionnel dont avait parlé Asmodée ? Dans ce cas, ça réduisait considérablement le champ des recherches puisqu'ils étaient venus du hall d'entrée.

Reprenant peu à peu confiance, l'Argentin vérifia que plus personne ne se trouvait dans les parages et commença à inspecter chaque recoin avec la plus grande des minuties. Si le passage menait à Edom, il devait y avoir un signe, un symbole, n'importe quoi de reconnaissable et qui lui fasse penser au Prince des Enfers. Mais rien. Il n'y avait rien sur les murs ou au plafond. Secouant la tête, le jeune homme sentit le désespoir le gagner en pensant qu'Asmodée s'était tout simplement moqué de lui. Comment pouvait-il y avoir un Portail démoniaque ici ? Il se trouvait à l'Institut de New York, le point de chute des enfants de l'Ange. Les Nephilims étaient des êtres de lumières, ils venaient du ciel, comment auraient-ils pu cacher dans leur demeure un Portail menant tout droit aux entrailles de la terre et aux enfers qui abritaient justement les démons qu'ils s'évertuaient à combattre sans cesse. Mais oui, c'était ça ! Rafael laissa échapper un rire en comprenant qu'il avait eu faux sur toute la ligne depuis le début. Evidemment que le Portail ne se trouvait pas caché, car Rafael connaissait sa famille, et plus particulièrement son Ayah, et même si Magnus affirmait qu'Asmodée n'était pas son père, il ne pouvait pas nier qu'ils partageaient le même sang, hors, que faisait Magnus quand il devait cacher quelque chose ? Il l'exposait bien en évidence, à la vue de tous...Écarquillant les yeux, l'Argentin se hâta de monter les escaliers quatre à quatre avant de se pencher à la balustrade pour admirer le sol carrelé du hall d'entrée de l'Institut et c'est là qu'il le vit. Dessiné en mosaïques sombres, un oeil doré à la pupille fendue de chat, l'oeil d'Asmodée qui observait les Chasseurs d'Ombre depuis une éternité d'existence et que les Nephilims avaient foulés de leurs pas sans même s'en rendre compte. Le Portail était juste là, en plein cœur de la demeure de l'Ange. Satisfait de sa trouvaille, Rafael poussa un soupir de soulagement et retourna au rez-de chaussé, au plus près de l'œil.S'agenouillant dessus, le futur père sortit son poignard séraphique de l'une de ses mains tremblantes et s'entailla la main pour activer le Portail. Autour de lui, le monde vacilla soudainement et Rafael se retrouva soudainement happé par les profondeurs d'Edom.

Lorsqu'il se releva, le Chasseur d'Ombre épousseta sa veste tachée de poussière et son regard chocolat se posa sur le spectacle désolé qui s'offrait à lui. Edom était aussi terne et morne que dans son souvenir, avec ses dunes de sable et son ciel rouge, son palais en ruine et ses démons environnant. Un froid glacial l'envahit en pensant que son Ayah avait vécu seul ici pendant des mois, sans personne à qui parler ou se confier, sans espoir de revenir. Il n'était donc pas étonnant qu'Asmodée ait pu le posséder aussi facilement : même le plus fort et le plus avisé des hommes deviendrait fou dans un tel chaos. Serrant les poings et soupirant pour se donner le courage qui lui manquait, la peur lui vrillant déjà les entrailles, Rafael s'avança vers le palais déchu du démon supérieur. Il savait ce qu'il avait à faire, mais la question n'était pas de savoir s'il savait, mais plutôt s'il en était réellement capable. Aurait-il la force de tracer le pentagram, de faire devenir le Prince d'Edom et de sauver son père ? Oui, pensa le jeune homme, parce que si la situation était inversée, son Dad n'hésiterait pas un seul instant pour le sauver d'une mort certaine. Alec avait déjà donné six ans de sa vie pour eux, Rafael pouvait lui offrir six ans en retour, si telle était la volonté du Démon. Pénétrant enfin dans le domaine du Prince, l'Argentin sortit sa stèle de sa poche et, comme le lui avait indiqué son grand-père, en trempa la pointe dans une mare de sang de démon qui trainait dans la pièce. La pointe en adama se noircit instantanément et se souilla de noirceur et d'obscurité, brûlant la main du Chasseur d'Ombre qui, pourtant, ne la lâcha pas un instant. La cérémonie pouvait commencer.

Démon puissant, démon de sang

Invoqué aujourd'hui par la main de l'Enfant

Entend mes paroles et renaît du néant !

Des cinq branches de l'Enfer

Prince d'Edom j'en appelle à toi

Qu'enfin tu revienne et règne sur Terre

Maître des démons de te l'ordonne répond moi

Par mon sang que je te donne

Vient à moi, ton maître et ordonne

Obéit et rejoint le monde vivant

Marche sur nous comme jadis auparavant !

Rafael cria les dernières paroles puis, continuant de prononcer l'incantation, il traça le pentacle et, lorsqu'il eut fini, se trancha la main, offrant son sang au Prince d'Edom, lui permettant ainsi de revenir d'entre les morts. Mais son sang n'était pas la seule offrande qu'il devait faire, et Rafael en avait conscience. Asmodée lui avait demandé d'abandonner ce qui lui était le plus précieux alors, les larmes aux yeux, le jeune homme termina l'incantation, la douleur brisant son cœur.

Amour disparu, à la magie confiée

Par nos liens rompu à toi je suis voué

Asmodée, Père des Démons

Par l'Enfer c'est le pouvoir que j'invoque en ton nom !

Ces dernières paroles prononcées, Rafael s'écroula en poussant un hurlement déchirant, sentant sa rune de mariage et sa rune de parabatai disparaître de sur son cœur. Son cœur lui-même, celui qui reposait en médaillon autour de son cou, cessa de battre. L'Argentin était seul désormais, ne sentant plus le cœur de Max contre le sien, ne sentant plus sa force en lui. Voilà le prix à payer pour recevoir l'aide dont il avait besoin pour sauver son père : sacrifier chaque lien qu'il avait avec son amant. Épuisé, les larmes dévalant ses joues, le futur père pria silencieusement son époux de lui pardonner son geste. Alors qu'il sanglotait, le cœur brisé, l'âme déchirée, le fils de l'Ange entendit des pas s'approcher de lui, eux-mêmes rythmés par une canne qui percutait le sol à un rythme régulier. Asmodée. Rafael releva la tête et c'est alors qu'il le vit, portant un costume gris perle à fine rayures couleurs de sang, son visage anguleux, ses yeux sournois, son sourire carnassier. Le Prince d'Edom était revenu des morts, comme il l'avait promis. Le géniteur de Magnus tendit une main vers son petit-fils pour l'aider à se relever mais l'Argentin la repoussa avec violence. L'immortel releva un sourcil avant de hausser les épaules et d'user de sa magie nouvellement retrouver pour le remettre sur pied sans lui demander son avis. Rafael se débattit jusqu'à ce que son ainé accepte enfin de le libérer de sa prison invisible, ce que, étonnement, il fit rapidement. Le plus vieux des fils Lightwood-Bane toisa son vis à vis et se plaça en position défensive, poignard séraphique en main. Asmodée se contenta de rire moqueusement en levant les yeux au ciel.

- Rafael, n'as-tu toujours pas compris que ce genre de méthode ne m'effraient pas le moins du monde ? Range ce jouet, nous sommes là pour discuter après tout...

- Alors parlez dans ce cas, dîtes moi comment sauver mon père, ordonna-t-il sans faire mine de ranger son arme, les yeux emplis de fureur et de détermination.

- Rafael Santiago Lightwood-Bane..., soupira Asmodée en tournant autour de lui comme un félin traquant sa proie. Tu es un jeune homme très courageux, voilà quelque chose que je ne peux nier. Et ton cas m'intrigue, pas toi ? Dis moi, as-tu enfin compris comment tu as pu vivre tout ce temps alors que, avouons-le, tu aurais dû mourir depuis des années ?

- J'ai eu de la chance, je suis résistant, rétorqua le jeune homme en priant pour que le Démon ne remarqua pas son trouble.

- De la chance...? répéta le Prince d'Edom avec un petit rire ironique. Crois-tu vraiment que la chance ait quoi que ce soit à voir avec la Prophétie ?

Rafael fronça les sourcils, baissant son arme et sa garde par la même occasion. Que pouvait bien vouloir dire Asmodée en parlant de la Prophétie de Raziel et Lilith ? Il avait lu la prophétie tant de fois qu'il la connaissait par cœur désormais. Il savait qu'elle parlait de son Dad, de son Ayah, et même de Max, mais il n'avait jamais compris la fin, et ne se doutait pas un instant qu'elle le concernait. Non, Asmodée devait faire erreur. Secouant la tête, le jeune homme reporta son regard sur le démon.

- La Prophétie ne me concerne pas; vous faites erreur.

- Oh que non, je sais que j'ai raison. Tu te souviens de la fin de cette prophétie, que dit-elle déjà sur le dernier ? Fit-il mine de réfléchir.

- "Par la mort le dernier viendra chercher, et le fils du premier renaîtra, alors que le corps au second préservé, attendra que l'heure sonne la vendetta". Sauf que ça ne veut rien dire.

- C'est là que tu te trompes. En parlant du dernier, la Prophétie dit aussi : "deux âmes aimantes avec eux, d'amour immortel ils s'uniront". Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Ton amour pour ce cher petit Max te rend immortel, Rafael, voilà pourquoi tu es revenu à la vie chaque fois que je t'ai tué ! J'ai fini par le comprendre après ce qu'il s'est passé à Paris. Tu ne peux mourir Rafael, sauf si tu choisis ta propre mort : "par la mort le dernier viendra chercher". Voilà le marché que je te propose aujourd'hui, une vie pour une vie. Sacrifie toi, offre moi ta vie, et je sauverais celle de ton père.

Rafael sentit toute couleur quitter son visage et il recula sous la force du choc. Il était immortel, il ne pouvait mourir à moins de le décider lui-même. Voilà pourquoi la malédiction d'Hannahaki avait été si dangereuse pour lui : il avait choisi de mourir plutôt que de se faire retirer ses sentiments. Voilà pourquoi il avait repris vie à Paris : parce qu'il ne voulait pas abandonner Max. Et voilà qu'Asmodée lui demandait de se sacrifier pour sauver Alec. Mais le jeune homme ne pouvait pas abandonner une nouvelle fois son mari, surtout avec leurs bébés à naitre. Et pourtant, d'un autre côté, si son Dad mourrait, ils perdraient également leur Ayah, et ça, Rafael ne pouvait pas prendre le risque, il préférait encore mourir que de voir sa famille se déchirer. Malgré tout, malgré son jeune âge, le Chasseur d'Ombre n'en restait pas moins pragmatique.

- Qu'est-ce qui me dit que vous sauverez réellement mon père ? Intérrogea-t-il en plissant les yeux. Une fois mort, je ne saurais pas si vous tenez parole ou non. Je veux que toute ma famille soit sauve si j'accepte de me sacrifier pour eux.

- Tu m'as invoqué, grommela Asmodée à contre coeur, tu peux me demander ce que tu veux en usant de ce pouvoir, et il sera valable même après ta mort, je te le promet. Tu sais que je dis la vérité, tu as étudié les serments démoniaque, certainement, non ?

- Très bien..., soupira Rafael. Asmodée, Démon Supérieur et Prince d'Edom, j'accepte de donner ma vie pour sauver celle de mon père, annonça-t-il d'une voix forte mais tremblante, les larmes dévalant ses joues alors qu'il plantait son regard dans les yeux de chats de son aîné. En échange de mon sacrifice, je t'ordonne de permettre à mon père, Alexander Gideon Lightwood-Bane, de vivre. Tu laissera aussi toute ma famille tranquille, que tu n'interviennes plus jamais dans nos vies ni que tu cherches à nous détruire, est-ce que c'est clair ?

- A vos ordres...maître, souffla le démon avec ironie. Bien, maintenant tu sais ce qu'il te reste à faire. Voici mon bien le plus précieux, expliqua-t-il en lui tendant un petit poignard, semblable à une dague, dont la lame semblait faite de verre rouge sombre. Il s'agit d'une lame de sang, il n'en existe que deux dans le monde, et je possède la première créée, façonnée avec le sang de Lilith elle-même. Accepte ta mort, Rafael, sauve ton père...

Avec un rire sardonique, le Prince d'Edom quitta la pièce, sans doute pour laisser à son cadet le temps d'accepter son sort. Rafale l'observa partit puis baissa les yeux sur la lame de sang qui reposait dans sa main, ses pensées tournant dans sa tête comme une toupie folle et incessante. Plus de larmes gagnèrent ses yeux et il posa une main sur son cœur, espérant y sentir la présence de son mari, mais seuls ses propres battements retentissaient contre sa paume.

- Max...Je ne sais pas si tu pourras m'entendre, si par un quelconque miracle tu savais que j'étais ici...Je suis désolé Corazon, tellement...J'aurais voulu trouver une meilleure solution, je sais que je vais te faire souffrir, mais ce sera toujours moins douloureux de me perdre moi que de perdre Dad et Ayah...J'ai peur Max, sanglota-t-il en serrant son poing autour du manche du poignard. Ne me laisse pas partir seul, por favor, laisse moi croire que ton cœur sera avec moi de l'autre côté...Te quiero, Corazon...Pardonne moi....

Fermant les yeux, Rafael pensa à son époux, à son sourire, à tout ce qu'il avait vécu avec lui, et il accorda une dernière prière à ses enfants, leur souhaitant une longue vie, leur soufflant à quel point il les aimait déjà. Puis, tant qu'il en avait encore la force et le courage, le Chasseur d'Ombre enfonça le poignard dans sa chair, écorchant son cœur déjà meurtri. Un dernier souffle s'échappant à ses lèvres, Rafael Santiago Lightwood-Bane s'écroula sur le sol glacé d'Edom, la vie le quittant peu à peu. Et le dernier, de la lame de sang, mourut...

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A suivre dans le tome 10 :

Forever Lightwood-Bane Love...

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