Chapitre 9 : Miroir, miroir...

- Alexander ! Hurla Magnus en voyant son époux s'écrouler au sol, commençant à convulser. 

Rafael, qui ne se tenait qu'à quelques pas de là, observa son Dad, qui allait pourtant parfaitement bien quelques instants plus tôt, s'effondrer comme un pantin de bois cassé et désarticulé. Le jeune homme écarquilla les yeux d'éffrois, incapable de réagir face à la situation qui se présentait à lui. Tout se passa très vite, tant et si bien qu'il n'eut pas le temps de réagir. Magnus qui se précipitait sur Alec, les pleurs, les gémissements, les regards implorant et les échanges inquiets à voix basse comme si chacun souhaitait se préserver lui-même de la dure réalité qui les accablait en cet instant. Le Chasseurs d'Ombre aux long cheveux sombre se sentait dépassé, meurtri, et pourtant il était loin d'être le seul. Max, qui se tenait juste à ses côtés et dont une main reposait sur son ventre comme un signe de protection, sentit ses larmes dévaler ses joues comme deux torrents incontrôlables et ravageurs. Sa poitrine se comprima d'angoisse et son cœur s'accélèra jusqu'à tout rompre. Malheureusement, ce détail passa inaperçu même aux yeux de Rafael qui, malgré la présence de son collier autour du cou, ce collier qui battait au même rythme que le cœur de son amant, semblait perdu en pleine bataille contre ses propres émotions. Ce n'est que lorsque le corps lourd et inconscient de son époux s'affaissa contre le siens que l'Argentin réalisa, avec une horreur grandissante, que Max venait de faire un malaise vagal, incapable de supporter la douleur de son inquiétude pour son père qui ne cessait de convulser au sol. Le plus vieux des fils Lightwood-Bane glissa rapidement un bras sous la nuque de son amant, l'autre autour de sa taille et de son ventre pour protéger leurs bébés d'un quelconque choc. 

- Max ! Max, amor, Corazon, por favor....Réveille toi s'il te plaît..., souffla-t-il d'une voix basse et sans timbre, meurtrie, tandis qu'il secouait doucement son épaule. 

Mais Max gardait obstinément ses yeux clos et sa respiration devenait sifflante. Sa peau, même, se ternissait peu à peu sous les yeux inquiets et attristés de L'Argentin. Soupirant d'angoisse, Rafael ressera sa prise sur son compagnon et, sans même avoir à activer sa rune de force, puisant dans son amour pour lui, dans toute l'inquiétude qu'il ressentait pour lui, sa volonté de mettre le père de ses enfants à l'abri, le jeune Chasseur d'Ombre le souleva comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'une plume à vent et s'empressa de l'emmener à l'étage, le plus loins possible de toute cette désolation. Le Nephilim les conduisit dans l'ancienne chambre qu'ils occupaient ici chaque fois qu'ils venaient dormir là avec leurs oncles et tantes, à l'Institut, et il déposa son cher et tendre sur leur lit, couché sur son flan, un oreiller pour soutenir sa tête et l'autre placé avec respect sous son ventre. Alors que Max était enfin à l'abri, Rafael se laissa tomber à même le sol, juste à ses côtés, une mains dans la sienne, et il attendit, sentant la pression redescendre. Insufflant à son amant toute l'énergie dont il aurait besoins pour se remettre, puisant dans leur rune parabatai et dans leur rune de mariage, le plus vieux vit avec soulagement la peau de son époux reprendre doucement sa teinte bleu d'origine, claire et scintillante, magnifique. Alors, comme si une digue rompait en lui, comme s'il s'autorisait enfin à lâcher prise, Rafael fondit en larmes, d'inquiétude, d'angoisse, de peur, de colère. 

Le jeune homme, à l'instar de Magnus, avait apprit au fil des ans à cacher ses émotions, à faire face à toutes les épreuves avec humour et ironie. Ce trait de caractère s'était même exacerbé avec le temps depuis la mort supposé d'Alec, et n'avait fait que se renforcer depuis lors. Il n'y avait qu'avec Max, son époux, son mari, son parabatai, son âme sœur, que L'Argentin acceptait de rendre les armes dans cette bataille intérieure qu'il menait quotidiennement. Max si pur et si doux qui, alors qu'il partageait la peine de tous les autres, arrivait à effacer celle de son homme sans même s'en rendre compte, rien que par son amour et par sa présence. Oui, Rafael était fou amoureux de son compagnon et il savait que désormais, avec leurs bébés qui viendraient bientôt combler un peu plus leur vie, son bonheur n'en serait que plus grand, plus beau, plus fort. Sentant la fatigue le gagner peu à peu, sa tête vacillante sous les efforts qu'il faisait pour rester éveillé, l'aîné des Lightwood-Bane se redressa avec lenteur, sans jamais lâcher la main de son homme, et il s'allongea tout contre lui. Il dégagea l'oreiller soutenant la tête de Max et le remplaça par son bras pour ramener le plus jeune plus près de lui encore, tandis que sa main de libre venait se poser sur son ventre arrondis. Sous sa paume, une douce chaleur se diffusa et un éclat doré illumina brièvement ses doigts avant de disparaître. Rafael sourit comme un bienheureux. Leurs bébés allaient bien, Max irait bientôt mieux. Et il espérait de toute son âme que son Dad aille bientôt mieux à son tour. Il l'espérait vraiment. Peu à peu, l'Argentin sentit son cœur s'apaiser et ses yeux se fermer avec lenteur, ses paupières lourdes de fatigue après l'ascenseur émotionnel qu'il venait de vivre. Le Chasseur d'Ombre ne tarda pas à sombrer dans les bras de Morphée, accueillant le sommeil avec reconnaissance, en sécurité dans les bras de son frère, son époux, son parabatai. Ce n'est que quelque temps plus tard que, sentant une humidité grandissante sur le haut qu'il portait, que Rafael se réveilla, réalisant avec tristesse que son compagnon pleurait sur son épaule. 

- Oh...Corazon..., murmura le plus vieux en l'enveloppant d'amour et de tendresse. Ne pleure pas amor, je suis là, tout va bien. Por favor, chéri..., soupira-t-il en couvrant de baisers le visage de son cher et tendre. 

- Est ce que...est-ce que Dad...Rafe, Dad va mourir ? S'enquit le plus jeune en sanglotant. Il ne peut pas mourir, Rafe, pas encore une fois...S'il meurt...Ayah le supportera pas, et nous...qu'est ce qu'on va faire, Kelinci ? 

L'Argentin sentit une pierre tomber dans son estomac et un froid glacial l'envahir, le paralysant de peur, d'angoisse, et d'un doute si profond qu'il se mit à trembler de pied en cape sans même le réaliser au premier abord, ne se calmant que lorsque les pleurs de son frère et époux redoublèrent face à son silence inquiétant. Le Chasseur noua ses bras autour du corps de son cher et tendre, déposant de chastes baisers sur sa tempe et son front, son esprit dérivant pourtant à mille lieux de là, de l'Institut, loins de New York et de ses lumières flamboyantes. Rafael n'y avait pas pensé sur l'instant, refusant inconsciemment dy croire, occultant l'information, mais Max, dans sa plus pure innocence et son angoisse légitime, avait bien raison : et si leur Dad mourrait ? Et si Alec disparaissait réellement cette fois ? Il se souvenait de la douleur qui l'avait étreint, des années plus tôt, cette douleur qui les avait tous déchirés. Jace avait perdu son parabatai, la moitié de son âme. Isabelle avait perdu son frère, Clary, Simon, Ragnor et Catarina avaient perdu un ami précieux. Magnus, lui, avait perdu son âme sœur, son époux, l'homme de sa vie. Mais Max et Rafael, eux, avaient perdu tout autant que les autres. Ils avaient perdu leur père, leur ancre, leur modèle, leur force, leur protecteur. Ils n'étaient que des enfants, rentrant à peine dans l'adolescence. Aujourd'hui, les deux jeunes hommes étaient pratiquement des adultes à part entière, pleinement accomplis, bientôt pères eux même, et pourtant le Nephilim aux longs cheveux brun se sentait aussi perdu qu'à cette époque, tout autant que son mari qui sanglotait comme autrefois après un cauchemar. 

- Je ne sais pas ce qu'on fera si ça arrive, Corazon, avoua finalement le jeune homme en le serrant plus fort contre son cœur. Je ne sais pas ce qui va arriver à Dad, souffla-t-il encore, ne souhaitant jamais mentir à l'homme qu'il aimait. Mais je peux te promettre que quoi qu'il arrive, quoi qu'il puisse se passer, je ferais tout ce que je peux pour que tu n'en patisse pas, mon cœur. Je ferais ce qu'il faut pour que jamais ni toi ni Ayah ne souffrent si jamais...

Il ne termina pas sa phrase, non parce qu'il n'en avait pas la force, mais parce qu'il ne s'imaginait pas un instant la vie sans son père à leurs côtés. Alec devrait vivre tant que Magnus vivrait, tant que Max vivrait. Rafael, depuis longtemps maintenant, avait prit conscience que chaque jour passé sur cette terre était un cadeau, lui qui aurait dû mourir voilà des années dans les rues sales d'Alicante, destiné à finir seul et orphelin. Ses parents et son frère l'avaient sauvé, nourrit, hébergé, accueillit dans leur vie, dans leur famille, dans leur cœur, et L'Argentin aurait mille fois donné sa vie pour les remercier tous pour ce don qu'ils lui avaient fait, ce don de vie, ce cadeau éternel d'amour et de compassion. Et pourtant, bien que Rafael ne termina pas sa phrase, Max l'a cromprit comme s'il avait lu dans sa tête et dans son cœur. Étonnement, le sorcier à la peau bleue se calma aux paroles de son amant, plutôt que de sentir ses larmes redoubler une fois de plus. Bien sûr, il était toujours inquiet pour son père et son empathie le faisait toujours un peu souffrir, mais savoir que Rafael était là pour lui, qu'il ferait tout pour assurer son bonheur, leur bonheur à tout deux, le remplissait d'espoir et apaisait son cœur comme un baume d'amour et de lumière pour combattre les ténèbres de ses frayeurs. Le futur père cala donc sa tête dans le cou de son compagnon, fermant les yeux en inspirant son parfum qui lui rappelait le soleil sur une plage en été, la fraîcheur d'une brise printanière, la chaleur d'un feu dans l'âtre, la douceur d'une plume sur sa peau nue. Max inspira tous ces parfums qu'il associait au bonheur éternel qu'il ressentait dans son cœur, dans son âme, ainsi que dans ceux de son aîné. Oui, l'avenir faisait peur, mais avec Rafael, l'avenir était un peu moins effrayant.  

- Les garçons ? S'enquit une voix délicate en toquant à la porte de leur chambre d'une main gracile, leur faisant relever la tête à tous deux, ouvrant leurs yeux embués de fatigue et d'inquiétude. 

Dans l'encadrement de la porte, les deux amants virent leur tante Isabelle leur sourire d'un air triste et maternel, ses bras croisés sur sa poitrine. Ses yeux noirs étaient rougis et gonflés de larmes, témoins de son inquiétude pour son frère aînés dont chacun questionnait silencieusement l'état de santé actuel. Baissant brièvement le regard, la Chasseuse d'Ombre s'approcha de ses neveux et vint s'asseoir sur le bout de leur lit sans en silence, prenant le temps de choisir soigneusement les mots qu'elle allait utiliser pour leurs parler. Bien que la mère de famille ait conscience que ses cadets étaient aujourd'hui mariés et bientôt pères de famille, elle n'en oubliait pas leur jeune âge. A dix-huit et vingt ans, Max et Rafael n'étaient, quelque part, encore que des enfants, dans une certaine mesure. 

- Comment va Dad ? L'interrogea Rafael en resserrant sa prise sur son amant comme pour le protéger de la conversation à venir. 

- Je ne sais pas, avoua la Nephilim avec regret. Votre père et votre oncle Ragnor sont partit avec lui à la Cité Silencieuse pour le faire examiner par Frère Enoch. Il connaît bien Alec, ils sont amis depuis qu'il avait rejoint la confrérie, je suis certaine qu'il saura quoi faire pour lui venir en aide. 

- Et s'il te trouve pas la solution ? Senquit Max avec dépit, ses larmes revenant avec force dans ses yeux clairs, ses émotions renforcées par son empathie puissantes et ses hormones de grossesse qui lui mettaient les nerfs en vrac. 

Isabelle n'eut même pas le temps de lui répondre que la magie de Max se manifesta sous leurs yeux. Les volutes argentés et étincelantes comme de la nacre, animées d'une volonté propre et unique, tangible, unique, s'enroulèrent autour du corps du sorcier aux cornes immaculées ainsi qu'autour des poignets de Rafael. La magie, protectrice mais respectueuse, ayant apprit sa leçon quelques instants plus tôt, attira le jeune homme à elle tout en repoussant avec insistance et délicatesse l'adulte qui était pourtant là pour leur apporter son soutient indéfectible et immuable. Isabelle sourit un peu plus tristement et passa sa main au dessus du spectre magique et le caressa avec tendresse comme elle aurait affectueusement ébouriffé les cheveux d'un enfant. La magie ronronna presque sous ses doigts, signe de son appartenance descendante avec la magie de Magnus et ses instincts félins. Rafael sourit à son tour et vit, non même étonné, que son époux venait de s'endormir entre ses bras, épuisé par les émotions de la journée. 

- Je pense qu'on ferait mieux de rentrer, chuchota le Chasseur d'Ombre en posant une main protectrice sur le ventre légèrement arrondit de son compagnon. Je voudrais que Max se repose et qu'on soit à la maison quand Dad et Ayah rentreront...

- Tu as bien raison, confirma la mère de famille en hochant la tête. Vous méritez tous deux de vous reposer, Rafe. Surtout tant que vous le pouvez, plaisanta-t-elle en parlant de la grossesse du plus jeune. Encore félicitations à vous deux, je suis tellement fière de vous deux, et je sais que vos parents le sont tout autant. 

Rafael la regarda avec une confiance et un soulagement certain dans le regard, la remerciant silencieusement pour ses mots tendres et son soutient. Le jeune homme tendit la main vers la magie de son compagnon qui s'enroula autour de des doigts avec timidité et tendresse et l'Argentin ne put que sourire face à tant d'affection de la part de cette entité singulière et pourtant si attendrissante. Puisant donc dans la magie de son homme comme s'il s'agissait de la sienne propre, l'aîné des fils Lightwood-Bane fit d'amples mouvements du poignée pour ouvrir un Portail qui apparut devant eux, scintillant dans la pénombre de la chambre. Le Nephilim glissa ses bras sous le corps de son homme, le soulevant avec tant de délicatesse qu'Isabelle pensa un instant que Max, dans sa fragilité et sa pureté empathique, était fait de verre. Les deux époux traversèrent donc le Portail et s'en retrouvèrent chez eux, dans leur chambre, à l'appartement de leurs parents qui, aucun des deux ne l'envisageaient, jamais il ne quitterait, même pour tout l'or du monde. Rafael déposa le père de ses enfants dans leur lit, par dessus les couvertures, son ventre rond de presque quatre mois désormais reposant lui meme sur un oreiller molletonné et délicat pour soutenir leurs bébés sans mal et sans les blesser. Lui-même épuisé par la journée qui venait de se dérouler, le Chasseur d'Ombre aux orbes chocolat se drappa dans le dos de son mari et, passant un bras protecteur autour de sa taille, s'endormit sans plus de cérémonie, plongeant d'un sommeil agité dans les bras accueillants de Morphée. 

Ce n'est que quelques heures plus tard que le plus vieux des fils Lightwood-Bane se réveilla après avoir entendu un cri étouffé provenant de la chambre de ses parents. Le jeune homme se leva en fronçant les sourcils, veillant cependant à ne pas réveiller son amant qui semblait enfin dormir d'un sommeil paisible et réparateur. Rafael quitta alors sa chambre et arriva dans le salon en frottant ses yeux embués de sommeil et de doute. Là, face à lui, le fixant avec autant de surprise et d'interrogation dans le regard que lui même en portait en lui, Ragnor Fell, les joues encore légèrement humides de larmes, les yeux brumeux, les mains serrées, crispés. 

- Oncle Ragnor ? S'enquit le plus jeune des deux. Qu'est ce qu'il se passe ? 

- Je ne sais pas, avoua Ragnor, quelque peu craintif face au silence soudaine. Ne t'en fais pas Rafe je pense que...

- PAPA !! Les coupa la voix paniquée de Magnus, les larmes et l'angoisse perceptible dans son ton d'urgence. 

Neveux et oncle s'observèrent avec une angoisse grandissante avant de se précipiter vers la chambre conjugale d'Alec et de Magnus. Ragnor fut le premier à pénétrer dans la pièce aux rideaux tirés et Rafael suivit avant de se figer dans l'encadrement de la porte, ses orbes chocolat fixées sur la silhouette de son Dad, sanglotant et gemissant dans son lit, couvert de sueur, de larmes et de bile dont l'odeur le prit aux tripes et le fit chanceler, reculer d'un pas. Le jeune Chasseur d'Ombre entendit vaguement la voix de son Ayah parvenir à ses oreilles, lui demandant de quitter la chambre pour sa propre sécurité. Le monde tournait autour de lui comme une toupie eternelle, une valse sans fin, un tourbillon de cauchemar. Ses oreilles bourdonnaient et un froid mordant et mortel vint glacer son cœur qui tomba à ses pieds pour venir se briser dans un choc assourdissant. Le jeune homme sentait son angoisse monter, toujours plus forte, et il baissa les yeux pour camoufler ses larmes avant de s'enfuir de la chambre presque au pas de course. Le Chasseur d'Ombre alla s'enfermer dans la salle de bain, refermant la porte à clé derrière lui, la lumière du plafonnier l'aveuglant lorsqu'il appuya sur l'interrupteur. Se retenant de hurler sous la force de l'angoisse qui le submergeait en cet instant, l'Argentin s'assit au bord de la baignoire pour calmer sa nausée grandissante, ses yeux clos à s'en fendre les paupières. Il sentait son cœur battre avec force et frénésie dans sa cage thoracique, menaçant à tout instant de s'en échapper pour venir mourir sur le carrelage immaculé. Il lui fallut plusieurs minutes de concentration, une main posée sur son cœur, sur sa rune de mariage, sa rune parabatai, une main posée sur le cœur de son mari qui battait contre sa peau, pour retrouver un simulacre de calme et de sérénité, bien que relativement fragile. 

- Rafael Santiago Lightwood-Bane, murmura une voix d'un ton relativement amusé, presque moqueur. La dernière fois que je t'ai vu tu ne manquait pas de mordant, et regarde toi aujourd'hui, si faible, si....pathétique ! 

- Qui est là ? Senquit le plus jeune en redressant la tête, ses yeux affutés observant la pièce autour de lui avec panique. 

Face au silence soudain, Rafael pensa un instant qu'il devenait fou et il se leva sur ses jambes tremblantes, déambulant jusqu'au lavabo où il ouvrit les robinets pour y faire couler l'eau et s'asperger le visage, tentant de retrouver son calme. Les yeux désespérément clos, le Nephilim tendit la main pour attraper sa serviette et, après avoir essuyer ses yeux, les ouvrant finalement, il poussa un cri de stupeur, ses larmes s'amoncelant de nouveau dans ses yeux sombres. Asmodée. Car ce n'était pas son propre reflet qu'il voyait dans le miroir, mais bien le visage fourbe et anguleux du démon supérieur. Le Prince d'Edom le regardait fixement de ses yeux mordorés. Ils étaient parfaitement identiques en tous points à ceux de Magnus, la forme de la pupille, la couleur, chaque nuance était la même. Mais pas le souffle qui l'habitait. La lueur de vie, maligne et étincelantes dans les yeux félins du Grand Sorcier de Brooklyn ne se résumait qu'à un fantôme de mort dans ceux de son géniteur, comme si la vie elle même avait décidé de quitter son regard, ne lui laissant pour pupilles que deux fentes sombres donnant sur un vide abyssal. Rafael, tremblant de tous ses membres, s'approcha à pas lents et mesurés du miroir, comme s'il craignait qu'Asmodee ne passe les bras au travers de la surface et ne l'attrape pour le tirer à lui comme il aurait pu aspirer son âme. Pourtant, il n'en fut rien. Le géniteur de Magnus se contentait de le fixé de son sourire narquois, comme un requin traquant sa proie jusqu'à ce qu'elle craque et s'abandonne à lui. L'Argentin frôla le miroir du bout des doigts avec crainte avant de faire de même avec son propre visage, s'assurant silencieux que ce n'était pas lui, Asmodée. 

- Vous...vous êtes mort..., bredouilla l'enfant de l'Ange en se frottant les yeux, terrorisé, alors même qu'il n'avait jamais tremblé devant lui auparavant. Vous ne pouvez pas être là...

- Il est facile de tuer un corps, admit bien volontiers le démon, mais il est bien plus difficile de tuer une idée. Tant qu'Edom vivra, tant que mon souvenir perdurera, je trouverais toujours un moyen de revenir, que ça te plaise ou non mon garçon. Maintenant, libre à toi de ne pas m'écouter, mais si tu souhaite que ton cher papa ne meurt...

- Qu'est ce que vous savez sur mon père ?! Hurla Rafael en abattant son poing contre le mur, sa peur remplacée par une colère farouche. Si vous êtes à l'origine de son mal...

- Je ne suis à l'origine du mal de personne, s'amusa le Prince avec un rire à la fois triste mais ironique, et crois le où non, je connais ce genre de peine. Les démons aussi peuvent perdre des êtres chers...c'est pourquoi je vais t'aider à le sauver, si toutefois tu acceptes de me laisser finir. Ton père mourra si tu ne fais rien Rafael. Mais tu es un garçon intelligent, alors qu'en dit tu ?

Le jeune homme serra les poings tout aussi fort que sa mâchoire, incertain, méfiant. Asmodée n'avait jamais rien fait que de leur créer des problèmes chaque fois qu'il en avait eu l'occasion et il l'avait même tué à trois reprises avant qu'ils n'arrivent à lui régler son compte une bonne fois pour toute. Et malgré tout, le Prince des Enfers revenait toujours à la charge, comme si ça ne lui suffisait pas, comme s'il était aimanté à cette famille et que sa volonté même n'y pouvait rien. Rafael ne voulait pas lui faire confiance, même s'il aurait tout donné pour sauver la vie de son Dad et ramener la paix dans leur foyer. Et pourtant, malgré son manque de confiance, malgré ses doutes et sa peur sous jascente, il y avait quelque chose, il ne savait pas encore quoi, dans le regard du démon qui lui soufflait de l'écouter. De toute façon, ce n'était pas comme s'il avait le choix, pas vrai ? S'il devait mourir, autant le faire en homme, et non en pleutre. 

- Très bien, dites moi ce que vous savez..., exigea-t-il sur un air de défi. 

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Des avis, des théories ? A bientôt !

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