Chapitre 10 : Amour et Renouveau

Bonjour tout le monde ! Je vous retrouve pour la suite de cette histoire qui touche bientôt à sa fin puisqu'après ce chapitre il ne reste que l'épilogue avant de passer au tome 10 ! Bonne lecture tout le monde !

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La pièce était plongée dans le noir depuis près de trois jours maintenant. Trois jours que la seule lumière perceptible de la chambre était un mince liseré de soleil qui pointait à travers les rideaux fermés qui obstruaient la pièce. Trois jours d'angoisse, de terreur, aussi bien pour les membres de la famille Lightwood-Bane que pour leurs plus proches amis. Trois jours qu'Alexander Gideon Lightwood-Bane était cloué au lit, malade à en vomir ses organes, aussi pâle que la mort elle même, couvert de sueur, le front fiévreux et l'esprit halluciné. Trois jours de patience continue, sans savoir quoi faire pour aider le Chasseur d'Ombre mal en point. Et pourtant, chacun d'entre eux faisait de son mieux pour trouver une solution afin de soigner le noiraud, n'importe laquelle. Mais rien, rien ne venait à bout du mal dont souffrait Alec, pour leur plus grand malheur à tous. Même Enoch, qui pourtant en savait déjà beaucoup, avait fouillé dans ses archives avec acharnement avant de leur annoncer, quelque temps plus tard, qu'il ne savait pas quoi faire de plus. Ragnor, repensant à ces trois derniers jours, soupira à en fendre l'âme, ses yeux noisettes embués de larmes qu'il s'efforçait de retenir depuis ce qui lui semblait être des siècles. Le sorcier était assis au bord du lit du Nephilim, laissant agir sa magie pour l'aider à canaliser ses nausées, ses douleurs et faire baisser sa fièvre. L'immortel cornus à la peau verte se doutait qu'Alec préparait une majorité magique imminente. Chaque jour, il pouvait sentir la magie se développer en lui, grandissante, ronronnante dans son cœur, vibrante sous sa peau, et chaque jour, l'état du noiraud empirait. Au début, ça n'avait été que des étourdissements et quelques vomissements, puis la fièvre et les douleurs s'étaient rajoutées, la plupart localisées dans son dos ou dans des migraines à répétition. Enfin, depuis la veille au soir, c'étaient les hallucinations qui avaient débutées. Alec passait donc ses journées à hurler et à pleurer, combattant silencieusement des démons invisibles qu'il était seul à voir, ses propres démons. Ragnor avait essayé de faire cesser ses visions ou, tout au moins, de les transformer en d'agréables souvenirs mais rien n'y faisait, la magie était trop forte, bien plus forte que lui. Magnus avait tenté à son tour d'aider sans homme mais sans grand succès. L'indonésien était bien trop inquiet pour pouvoir contrôler sa propre magie et chaque fois que son époux gémissait et pleurait en l'appelant à l'aide, en appelant un Magnus disparu, ou qu'il lui expliquait qu'il n'était pas mort, qu'il devait lui pardonner d'être devenu un frère silencieux, l'asiatique aux yeux félins fondait à son tour en larme, réalisant, bien que dans une moindre mesure, ce qu'avait pu vivre son mari lorsque lui-même était atteint de son cancer meurtrier. 

Max, de son côté, avait une magie plus puissante que son père et son parrain réunit et il aurait, en théorie, était plus que capable de remettre son Dad sur pied, mais à peine le jeune homme posait un pied dans la chambre conjugale des deux époux qu'il faisait un malaise, sa peau se ternissant et virant en une sombre nuance de gris qui faisait voir trente six chandelles à Rafael qui avait décrété qu'il était hors de question que son cher et tendre se mette en danger, au risque de blesser leurs bébés encore à naître. Le sorcier à la peau bleue, ayant essayé une dernière fois le matin même, se reposait désormais dans leur lit, un oreiller soutenant sa tête, l'autre son dos et le troisième son ventre qui, étonnement, semblait s'illuminer d'une chaleureuse couleur dorée le soir venue, comme si leurs jumeaux pouvaient sentir l'afflux de magie qui assaillait leur grand-père. L'Argentin, de son côté, était sortit prendre l'air pour se changer les idées, incapable de rester enfermer une minute de plus dans cet appartement qui l'angoissait plus que de raison, comme si les murs se rapprochaient de lui pour l'ensevelir sans lui laisser la moindre chance de survit. Il était parti après s'être assuré de la stabilité du sommeil de son mari, déposant mille baisers sur son visage, ses mains venant caresser, comme un au revoir, le ventre rond qui abritait leurs bébés à naître. Le Chasseur d'Ombre aux longs cheveux sombres avait ensuite embrassé le front de son Dad, chuchotant quelques paroles d'espoir à son oreille, enlacé son Ayah et son oncle, puis il était partit, emmenant avec lui sa crainte, son angoisse et ses doutes, ne laissant dans le loft que Magnus et Ragnor pour s'occuper d'un Alexander malade au possible et dont l'état semblait s'aggraver d'heure en heure. Le Grand Sorcier de Brooklyn, par ailleurs, était dans la cuisine, préparant un bouillon pour son homme, une recette que lui faisait sa mère lorsqu'il était enfant et qu'il tombait malade, laissant son père faire le bilan de l'état de son cher et tendre. L'Indonésien faisait les gestes machinalement, comme un automate, sans même réfléchir à ce qu'il faisait, les larmes dévalant ses yeux alors que des sanglots et discrets reniflements brisaient le silence ambiant. L'immortel aux yeux dorés de chat était complétement perdu, incapable de penser correctement à quoi que ce soit et, au fond de lui, Magnus ne remercierait jamais assez son père d'être aussi présent pour lui et pour leur famille. Serrant les poings sur le plan de travail, tâchant de résister à la crise de larme qui menaçait de le submergeait, Magnus sursauta en sentant une main sur son épaule et soupira de soulagement en réalisant qu'il s'agissait de son père. 

- Comment va-t-il ? S'enquit le plus jeune avec inquiétude, refoulant temporairement ses larmes. Est-ce que....est-ce que ça va aller ? Il va s'en sortir, pas vrai ? Papa répond moi...

Ragnor déglutit difficilement et sentit plus de larmes venir emplir ses yeux clairs. L'immortel aux longs cheveux blancs ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait vu son fils aussi perdu et inquiet. Magnus ressemblait, pour l'heure, plus à un enfant apeuré qu'à un Grand Sorcier de plusieurs centaines d'années. La dernière fois, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, que le descendant d'Asmodée s'était montré aussi vulnérable et fragile, c'était un peu moins de huit cent ans plus tôt, lors de la première vie de Magnus, lorsque l'asiatique n'était encore qu'un enfant qu'avaient recueilli les Frères Silencieux de Madrid. Ragnor se souvenait du jour où il avait adopté Magnus, du jour où il l'avait pris sous son aile. A cette époque, l'Indonésien n'avait encore qu'une petite dizaine d'année, ne parlait pas un seul mot d'anglais et tremblait comme une feuille, toute magie dehors, chaque fois qu'il entendait un son un peu trop fort ou que quelqu'un s'approchait d'un peu trop près. L'ancien Grand Sorcier de Londres avait mis des semaines, des mois, si ce n'est des années avant d'acquérir la confiance pleine et entière de son fils, et plus de temps encore pour que Magnus se sente pleinement comme l'enfant légitime du britannique. Magnus n'était pas né couvert de paillettes et respirant l'assurance et l'affirmation de soi. Des siècles avaient été nécessaires pour que l'asiatique trouve sa voie et se construise cette armure de lumière et de spectacle, cette carapace de charme et de détermination qui faisait de lui, ou plutôt qui l'avait longtemps catalogué, comme le Grand Magnus Bane. Avec l'aide de son mari et de ses fils, ainsi que sa famille, l'immortel à la peau brune avait apprit à se libéré de ce carcan qu'il avait érigé autour de son coeur mais aujourd'hui, voir ses barrière tomber les unes après les autres et son esprit se briser sous la force de la douleur et de l'inquiétude, le rendait tout aussi vulnérable, si ce n'est plus, que Max lui-même, Magnus arrivait à faire chavirer son propre père. Ragnor secoua la tête et l'asiatique sentit plus de larmes surgir de ses yeux et les sanglots déchirèrent sa poitrine et sa gorge alors qu'il s'effondrait à même le sol, le britannique n'ayant qu'à peine le temps de le rattraper. Le Grand Sorcier de Brooklyn hurla de peine et de peur, son cœur se déchirant à ses pieds en un millier de morceaux et même son père ne sut quoi dire pour le réconforter. Alec allait mourir, c'était certain. Le problème, c'est qu'il n'était pas certain de revenir après ça. 

- Il ne peut pas...Papa il ne peut pas mourir...S'il te plait...

- Je suis désolé Magnus, souffla Ragnor en libérant finalement ses propres larmes de ses yeux tristes. Je suis vraiment désolé...

Et c'était la vérité. Désolé de ne pas savoir ce qui avait pu déclencher chez Alec, un Chasseur d'Ombre, un enfant de l'Ange, un Poussée et une Majorité Magique alors qu'il devrait normalement être dépourvu de toute magie. Désolé aussi de ne pouvoir rien y faire, même s'il le voulait du plus profond de son cœur. Rien ni personne ne pouvait intervenir contre ces passages obligatoire de la vie des sorciers. Il existait de quoi soulager la douleur, comme lorsque Magnus avait coupé la peau de son fils pour libérer plus facilement ses cornes, mais dans le cas d'Alec, ils n'avaient aucune idée de quelle serait sa marque de sorcier, si par miracle il réussissait à survivre, et malheureusement, Ragnor ne craignait fortement que le Chasseur d'Ombre ne sache pas relancer son coeur, n'ayant plus assez de force et d'énergie pour ça. Et ça, Magnus en était tout autant conscient. L'immortel aux yeux dorés enfouit son visage dans le cou de son aîné qui le berça contre lui en fredonnant, non pas la comptine qui leur était propre, mais celle que Magnus et Alec avaient l'habitude de chanter entre eux depuis l'arrivée de Max dans leur existence et qui leur rappelait tant de souvenirs : à la claire fontaine. Magnus ne sut ce qu'il devait faire, partager entre le calme qui lui apportait la chanson et ses larmes qui semblaient redoubler d'intensité, alors il ferma simplement les yeux à s'en fendre les paupières et se laissa bercer par les bras rassurants de son père qui les enveloppa tous deux de sa magie, blanche et étincelante, aussi pure que les cornes éclatantes de Max. Aucun d'eux ne sut combien de temps dura leur étreinte, mais lorsque Ragnor sentit la respiration de son enfant s'adoucir contre lui, son corps devenant plus lâche et détendu, le britannique réalisa que son cadet s'était tout simplement endormis sur son épaule, son souffle apaisé venant chatouiller sa nuque. Souriant quelque peu tristement mais soulagé de sentir son enfant légèrement plus calme qu'il ne l'était auparavant, l'ancien Grand Sorcier de Londres le porta et l'emmena jusqu'à la chambre qu'il partageait avec Alec. Sous ses yeux attendrit, le sorcier cornus vit que le noiraud, toujours connecté à son mari, s'était à son tour endormi en travers du lit, son torse nu ruisselant de sueur mais sa respiration aussi calme que celle de l'Indonésien. Rassuré, Ragnor déposa son fils dans le lit et Magnus, dans son sommeil, vint se nicher contre son cher et tendre, leur cœur semblant battre à l'unisson dans cet océan d'angoisse et, aussi, d'amour profond. Quelque peu rassuré, Ragnor décida de laisser son fils et son gendre se reposer dans les bras de l'autre, se disant qu'il n'y avait pas de mal à rentrer chez lui prendre une douche et se changer avant de revenir, il en aurait largement le temps après tout. 

Laissant tout de même un mot rapide sur la table de chevet dans l'éventualité où Magnus se réveillerait avant son retour, Ragnor quitta la chambre à pas de velour et ouvrit un Portail qui le ramena chez lui, lui permettant à son tour de souffler de toute cette pression qu'il ressentait depuis les derniers jours écoulés. Pourtant, à peine une demie heure après son départ, Alec recommença à gémir et à sangloter, ce qui réveilla Magnus par la même occasion. L'asiatique tomba sur le mot de son père et sentit une pierre tomber dans son estomac avant de secouer la tête. Il pouvait le faire, il pouvait gérer son Alexander avant le retour de son père, après tout, il l'avait soigné à plus d'une reprise pendant des années lorsqu'il se blessait pendant ses patrouilles, tout irait bien. L'Indonésien dressa donc le bilan de son homme avec attention, tâchant de repousser ses angoisses loin de lui, au moins pour un temps. Alec était étendu dans leur lit, uniquement vêtu d'un boxer à cause des bouffées de chaleur provoquées par la fièvre. Ses cheveux noirs et trempés collaient à son front et à l'oreiller sur lequel reposait sa tête. De faibles soupirs et gémissements s'échappaient de ses lèvres entrouvertes et son corps se tordait de douleur. Magnus refroidit ses mains de sa magie et les passa sur les membres tendus de son amant qui se mit à hurler de douleur, ses larmes coulant comme deux torrents sur son visage si pâle qu'il semblait luire dans la pénombre. Magnus retint ses sanglots mais ne s'arrêta pas, il ne voulait pas lui faire de mal. 

- Je suis désolé, pleura-t-il en caressant les cheveux détrempés de son cher et tendre. Pardon Sayang, je dois faire baisser la fièvre....Pardon mon ange, je suis désolé, je suis désolé...

- Non...Pitié arrêtez, arrêtez ! Plaida Alec en hurlant, comme s'il ne reconnaissait pas son mari. Stop ! Pitié, pitié, pitié...Ma...Magnus....

- Je suis désolé Sayang, chuchota encore le sorcier. 

Le Chasseur d'Ombre tendit un bras tremblant vers celui qu'il n'avait pas l'air de reconnaître et, griffant son dos à sang, rapprocha cependant l'asiatique de lui en gémissant de douleur, le corps et les membres en feu. Alec avait l'esprit brumeux, depuis trois jours le noiraud ne vivait que de douleurs et de cauchemars et pourtant, tout au fond de son coeur et de son esprit, alors qu'il sentait le feu croître sous sa peau, ce feu de magie qui menaçait de le submerger à tout instant, une voix lui soufflait qu'il avait besoins de Magnus, qu'il devait s'unir à lui, qu'il en mourrait s'il n'obtenait pas son mari. Le Chasseur d'Ombre, même s'il ne comprenait rien à ce qui lui arrivait, même s'il n'était plus maitre de lui-même, commença à onduler contre son cher et tendre, griffant de ses ongles aiguisés la peau sensible de l'Indonésien qui semblait commencer à comprendre ce que son époux attendait de lui. 

- Non, non Sayang, pas ça, tu n'es pas en état, c'est la fièvre qui te fait délirer mon amour, calme toi, lui intima-t-il en ravalant la boule d'angoisse qui lui obstruait la gorge. 

- Ma...Magnus...Veut...Toi...S'il te plait...Besoins...

Le sorcier secoua la tête, en larme, essayant de repousser son compagnon, mais Alec se cambra contre lui en hurlant, se tordant de douleur, la magie claquant en lui comme un fouet chauffé à blanc dans les flammes d'Edom. Le noiraud ne faisait pas semblant, Magnus le voyait, sa souffrance était réelle. Fermant les yeux pour s'empêcher de pleurer, l'immortel hocha la tête, décidant d'accorder à son homme ce qu'il désirait. Les poussées magiques étaient différentes pour chaque sorcier et il avait déjà entendu, notamment pour les sorciers descendant de démons de luxure, que certains d'entre eux soient victimes de symptômes s'apparentant à des chaleurs et que la jouissance leur permettait d'atteindre l'apogée de la Poussée et d'y mettre fin plus rapidement. Si, comme semblait le penser Ragnor, Alec devenait sorcier de part son lien d'âme sœur qu'il partageait avec Magnus, il avait donc une part de la magie de son homme en lui, la même magie qu'Asmodée, démon supérieur de la luxure. Dans ce cas, la chaleur se tenait. Le Grand Sorcier de Brooklyn se déshabilla donc et pénétra doucement son amant, même si le plus petit contact semblait le faire souffrir mille torture. Alec pleura, hurla, criant, ne sachant quoi faire, s'il devait se débattre contre la douleur ou l'accueillir pour ne plus souffrir ensuite. Magnus allait et venait en lui avec autant de douceur que possible, comme si le noiraud risquait de se briser en mille morceaux s'il y allait trop brusquement. L'immortel embrassa le visage de son amant, cueillant ses larmes de ses lèvres alors que les siennes coulaient en abondance de ses yeux dorés et ternes. C'était douloureux, plus que toutes les tortures au monde, et pourtant, pourtant Alec s'accrochait désespérément au corps de son aîné, refusant de le laisser partir, comme si Magnus était son salut. Malgré tout, malgré la douleur, les deux amants ne sentaient que l'amour de l'autre inonder leur cœur et, après de longues minutes, l'orgasme les fauche enfin. Sous la force de leur amour qui pulsait en lui comme un cœur tambourinant, Magnus laissa sortir ses ailes noires qu'il avait gardé malgré son retour à la normale et, soudain, Alec se cambra et, dans un cri sourd, ses propres ailes, blanches aux reflets dorés, prirent leur essors et se déployèrent de son dos douloureux. L'Inodnésien ouvrit grand ses yeux de surprise et constata avec émotion que les ailes n'étaient pas la seule marque de sorcier de son amant. En effet, les yeux cobalts du plus jeune arboraient désormais une pupille fendue comme les yeux d'un chat, comme les yeux de Magnus lui-même. 

- Alexander..., souffla Magnus bouche bée comme s'il n'en revenait pas lui même de la beauté du noiraud. 

Voyant enfin ses yeux de chats dans ceux de celui qui faisait battre son cœur, l'Indonesien réalisa qu'il les aimait plus que toi, lui qui avait détesté son regard pendant des siècles et des siècles. Alors qu'il tendait la main pour caresser la joue de son amant, le sorcier réalisa que ses orbes cobalt étaient fixes et que son souffle était absent. Secouant son mari en appelant son nom, encore et encore, l'immortel vit avec douleur son corps s'affaisser dans les draps, immobile. Son teint déjà pâle était si blanc qu'il se confondait avec avec le tissus de la couette, contrastant avec ses cheveux noirs ébouriffés et emmêlés de sueur. Magnus caressa le torse immobile de son homme de ses mains tremblantes avant de poser ces dernières sur son cœur. Rien. Pas un battement. Pas un souffle de vie ne l'animait. Alec était dans sa majorité magique. Pris de panique, le Grand Sorcier jeta un rapide coup d'œil vers le réveil puis, se refusant à la possibilité que son Chasseur d'Ombre ne meurt réellement, le descendant d'Asmodée puisa dans sa magie qui crépita en étincelles bleutés au bout de ses doigts bagués et joignit ses mains pour les posées à plat sur le cœur de son homme. Alors, l'asiatique commença un massage cardiaque, tachant d'envoyer des décharges de magie dans l'organe vital de son époux. Le corps d'Alec se souleva brièvement sous la force des coups mais son cœur ne répartit pas. En désespoir de cause, Magnus commença à lui faire du bouche à bouche, les larmes dérivant sur ses joues, et il supplia, supplia encore et toujours à l'homme de sa vie de revenir, de ne pas l'abandonner, de ne pas le laisser seul dans ce monde. Mais Alec était mort, son corps froid comme la glace, sans plus d'espoir de revenir à la vie. 

- Sayang...Sayang je t'en prie réveille toi...mon amour..., supplia Magnus avant de fondre en larme une nouvelle fois, réalisant qu'il était incapable, même avec toute la magie et la bonne volonté du monde, de ramener son amour à la vie. 

Le sorcier supplia, gémissant comme un petit garçon, appelant son compagnon pour qu'il se réveille, mais il n'en fut rien. Alec était mort, éteint, sa lumière disparut du monde sans qu'il ne puisse plus rien y faire. Tout à coup, Magnus se retrouva à hurler, sa rune de mariage se brisant à l'intérieur de son coeur. Comme une digue rompant en lui, un coup de feu tiré en plein milieu de son âme, l'immortel se plia sous la douleur fantôme qu'il ressentit dans son ventre, à l'endroit même où Alec l'avait poignardé quelques mois plus tôt. L'Indinesien pleura en haleta, priant Lilith, Raziel, ou n'importe qui, qui accepterait de l'écouter et de lui accorder la délivrance de le tuer à son tour pour qu'il rejoigne son Chasseur d'Ombre dans l'éternité. Les minutes s'ecoulèrent comme des heures, comme si le monde avait cessé de tourner, d'avancer, comme si l'univers pleurait à son tour la perte d'Alexander Gideon Lightwood-Bane. Puis, comme une caresse sur son âme, un baume sur son cœur, Magnus sentit une douce chaleur emmaner de sa blessure, faisant refluer la douleur. L'asiatique avait l'impression qu'il n'aurait plus jamais mal, comme si quelque chose se reparaît en lui, quelque chose de cassé, de brisé depuis qu'Asmodée avait prit possession de lui. Il se sentait enfin complet. Baissant les yeux sur son ventre, le Grand Sorcier de Brooklyn vit une lueur vert émeraude émaner de lui et remonter jusqu'à son cœur pour réformer sa rune de mariage, comme si elle n'avait jamais disparu. De la magie. De la magie neuve et frêle, inconnue, d'une magnifique teinte précieuse qui lui rappelait sans le vouloir les yeux d'un amour passé qu'il avait presque oublié, le même vert que les yeux d'Etta, sa chère Etta. Les yeux écarquillés, Magnus vit alors que cette magie provenait de son cher et tendre qui l'observait les yeux mis clos, épuisé, un sourire amoureux et serein peint sur ses lèvres. 

- Tu ne te débarrassera pas de moi aussi facilement..., sourit le noiraud en se forçant à rester éveiller. Dix huit minutes...autant que toi....

L'Indonesien tourna la tête vers le réveil et constata que son amant avait raison. Il était mort dix huit minutes, tout comme lui à l'époque, avant de revenir à la vie. C'était dix minutes de moins que Max, certes, mais pour un Nephilim, c'était un véritable miracle. Soulagé, Magnus fondit en larme et captura les lèvres de son homme en riant de joie, heureux et profondément apaisé de le savoir en vie. Alec, épuisé, lui rendit son baiser avec amour et s'endormit entre ses bras, complet. Les deux hommes sombrèrent de concert dans les bras de Morphée et ne surent pas que, une heure plus tard, Ragnor revint, les trouvant dans la même position que lorsqu'il les avait quitté. Le sorcier à la peau verte sentit le changement dans l'air, de crépitement de magie, et sourit. Oui, tout irait bien, il n'avait plus qu'à annoncer la bonne nouvelle aux enfants...

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