Chapitre 47

DoYoung était fasciné par le travail du robot. Il avait suivi à la lettre les instructions de San, oubliant même de lui parler tant il était concentré sur sa mission. Les ingrédients avaient été mesurés, puis ajoutés dans un ordre précis dans la cuve et à présent ils étaient mélangés. La pate épaisse laissait voir de gourmands morceaux de chocolat blanc et des cranberries appétissantes. Le jeune homme résista difficilement à la tentation de plonger son doigt dedans pour goûter et le blond finit par lui tendre une petite cuillère pour qu'il teste. San rit en le voyant enfourner la préparation dans sa bouche sans plus attendre.

— Alors c'est comment ?

— Trop bon, c'est les meilleurs cookies que j'ai jamais mangés.

— Attends un peu qu'ils soient cuits, ils sont encore meilleurs quand ils sortent tout juste du four.

DoYoung en eut l'eau à la bouche et un léger sourire souleva ses lèvres, la bonne humeur du sportif était contagieuse. Ce dernier était par ailleurs complètement détendu dans sa cuisine et DoYoung eut presque l'impression qu'ils étaient amis, il n'y avait pas de gêne ni de bizarrerie entre eux si bien qu'il hésitait à lancer la conversation.

— La boutique te plait ?

— C'est sûr qu'elle est bien mieux que celle où on était avant. Le matériel est de qualité, l'emplacement est cool et en plus il n'y a pas de fuite, rit doucement San.

— Mais ?

— Mais je me sens un peu comme un imposteur ici, je ne sais pas si on mérite cet endroit et je ne veux pas l'avoir par charité.

— Ce n'est pas de la charité, gronda DoYoung. Si mes parents avaient fait un chèque parce que vous leur faisiez pitié, oui, ça aurait été de la charité mais ils préfèrent le faire à des galas où tout le monde peut les voir. Là mes parents ont voulu vous offrir cet endroit parce que tu m'as sauvé la vie. Je suis leur fils unique et j'ai failli mourir stupidement à cause de mon impatience. Tu as sauvé ma vie, ils vous rendent la pareille en quelque sorte et c'est normal.

San sembla soulagé par ses paroles et DoYoung sentit un poids, dont il n'avait pas conscience jusque-là, quitter sa poitrine. Il se sentait bien mieux maintenant qu'ils avaient mis les choses au clair.

— Je vois, je suis... soulagé alors. Je me sentais mal de ne pas être heureux de la situation alors que ma mère...

— Ta mère ?

— Elle était tellement heureuse, elle en a pleuré et remercié le ciel. Je ne sais pas si tu le sais mais tes parents ont demandé à leurs avocats de se pencher sur le dossier de location de ma mère et ils ont prouvé que c'était la faute du bailleur qui refusait de faire les travaux.

— Parce qu'il disait que non ?

DoYoung fronça les sourcils, avant de faire sa licence de graphisme il avait fait du droit et de la gestion pour être en mesure de reprendre la tête de l'empire familiale le jour du départ à la retraite de ses parents, et cette situation lui semblait grotesque. Le blond hocha timidement la tête, à la différence lui et sa famille n'avaient aucune compétence juridique, ni les moyens de consulter un avocat pour résoudre pénalement cette affaire. 

— Il disait que c'était de la faute de mes parents, qu'ils n'avaient pas entretenus le bâtiment et qu'ils allaient devoir tout payer de leurs poches. Heureusement ma mère avait gardé toutes les preuves, tous les mails qu'elle lui avait envoyé.

— C'est vraiment un escroc, grogna DoYoung. Le bailleur est responsable de l'entretien des murs et des installations ancrées, ce ne sont que les accessoires et autres qui sont de la responsabilité du locataire. Il a dû vouloir profiter de votre situation pour demander l'argent de l'assurance et qu'en plus ta famille fasse les travaux.

— C'est ce que les avocats de tes parents ont dit à ma mère, ça l'a beaucoup soulagé, sourit San. Je ne dis pas que ta vie ne vaut pas ça mais je pense que je me sentirai toujours reconnaissant pour la chance que tu m'as offerte.

Le sourire solaire de San éblouit DoYoung qui en détourna le regard, perturbé. Il n'avait pas souvenir que quelqu'un lui ai déjà souri ou parlé avec autant de sincérité et de chaleur, hormis Chittaphon et Yuta mais les deux avaient toujours été à part de tout. 

— Tu m'aides pour ça aussi ?

— Qu'est-ce que c'est ?

— Une commande de gâteau d'anniversaire pour demain, un number cake je ne sais pas si tu vois ce que c'est ? Normalement on ne prend pas de commande au dernier moment mais la mère du gamin a débarqué en panique tout à l'heure, on ne sait pas trop ce qui s'est passé mais apparemment un mec s'est pointé dans la boulangerie où elle avait commandé et est parti avec le gâteau du petit.

— Ah merde.

— Oui, pouffa San, comme tu dis. Du coup le gamin n'a rien pour son anniversaire qui est ce soir donc on va lui faire un truc en vitesse pour rattraper tout ça, en plus c'est l'occasion de se faire une bonne pub donc on ne va pas dire non même si ça rajoute du travail.

DoYoung jeta un regard au plan de travail et à la recette. Autant il avait réussi à se débrouiller pour les cookies mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus compliqué à faire, il était un peu plus sceptique concernant ce nouveau challenge.

— Je suis pas sûr d'être capable de le faire mais pourquoi pas.

DoYoung était étrangement emballé à l'idée de continuer à pâtisser, c'était une découverte qui lui plaisait bien plus qu'il ne l'aurait cru. Lui qui vouait une passion aux écrans se retrouvait captivé par les choux et ganaches.

— On va faire ça ensemble, tu vas voir ça va être super facile !

San était aux anges et ça se voyait, son sourire ne faiblissait pas et il parlait comme un vrai moulin à paroles. La présence de DoYoung était inespérée et tellement agréable pour lui, il avait l'impression de rêver. 

— Ce sont tes parents qui t'ont appris à faire tout ça ?

DoYoung pesait méticuleusement les ingrédients demandés par le blond mais comme il avait apprécié leur conversation précédente, qui à la différence de celles avec ses amis s'était déroulée dans le calme et la tranquillité, il avait envie de la poursuivre un peu. En plus Chittaphon et Yuta lui avaient conseillé d'essayer de se faire des amis et pour la première fois depuis longtemps il en avait envie, il voulait faire cet effort.

— Oui, sourit le sportif chaleureusement. J'aimais traîner dans leurs jambes quand j'étais petit alors j'ai fini par y prendre goût. Pendant longtemps c'était un peu le seul moment qu'on pouvait passer tous les trois alors j'en profitais au maximum et au final c'est devenu une passion.

— Pourquoi le sport alors ?

San surveilla sa casserole qui chauffait en réfléchissant et DoYoung attendit.

— C'est une bonne question, je dirai que c'est parce que je suis bon dedans ? Cette filière me permettrait aussi d'être prof de sport par exemple, d'ailleurs j'entraine des ados au foot sur mon temps libre pour me faire la main, et c'est un emploi stable garanti par l'état. Pâtissier c'est plus aléatoire donc je dirai que le STAPS c'est un peu ma corde de sécurité.

— Et toi ? J'ai entendu dire que tu étais en gestion avant, c'est très différent de l'infographie.

DoYoung fit une grimace qui fit éclater de rire le blond.

— Mes parents veulent que je prenne leur suite alors j'ai été obligé de prendre ces cours, jusqu'au master. J'ai négocié avec eux pour faire ce que je voulais si je réussissais à avoir une mention, je l'ai eue et c'est pour ça que maintenant je fais du graphisme. J'aime cet univers, bien plus que les chiffres et la compta. 

— Mes parents m'ont toujours laissé faire ce que je voulais, du moment que ce n'était pas mauvais pour moi bien sûr.

— Les miens pas vraiment, grimaça DoYoung. Ils veulent toujours tout contrôler, c'est un pénible. Tu parles de tes parents, ton père aussi ?

DoYoung tendit la mousse qu'il venait de préparer à San qui vérifia rapidement la consistance avant de commencer à garnir son moule.

— Oui, bien sûr. Tu sais, mes parents se sont séparés parce qu'ils ne s'aimaient plus. Mon père a trouvé quelqu'un d'autre et même si ça ne s'est pas fait de la meilleure des manières il ne m'a jamais laissé tomber. Il n'habite pas très loin d'ici alors je vais le voir régulièrement et on se parle au téléphone. 

— C'est cool ça.

Le jeune homme grimpa sur un plan de travail, ses jambes pendantes dans le vide, pour observer au mieux les gestes de San sans le déranger. Il trouvait vraiment la pâtisserie fascinante et il avait une folle envie de mettre son doigt dans les plats pour goûter les préparations sucrées.

— Hop, ça part au frais avant qu'ils ne viennent le chercher !

San sourit et s'essuya le front visiblement épuisé. Ils allèrent se laver les mains et le blond fila chercher un sweat à l'étage pour DoYoung, celui-ci s'était tâché en plein milieu de son vêtement. Il en profita pour jeter un œil à son téléphone et crut halluciner, il était dans la cuisine depuis plusieurs heures mais c'était comme s'il venait d'arriver, il avait été aspiré dans une faille temporelle.

— Tout va bien hyung ?

— Oui... c'est juste que je pensais pas que ça faisait aussi longtemps que j'étais là.

— C'est traître la pâtisserie, sourit San. Tu crois commencer et en fait la matinée s'est déjà écoulée. J'espère que je ne t'ai pas mis en retard.

DoYoung eut un micro sourire et il se mordilla la lèvre.

— San... je vais devoir y aller mais tu sais, par rapport à ce que tu m'as demandé la dernière fois, si on pouvait apprendre à se connaitre ? Je ne suis pas doué pour me faire des amis, je ne sais pas comment on fait et je ne comprends toujours pas comment tu peux être amoureux de moi mais... si tu veux qu'on se parle c'est d'accord pour moi. J'ai trouvé que c'était très sympa aujourd'hui et si tu veux je voudrais bien qu'on recommence de temps en temps.

Des étoiles illuminèrent les prunelles de San et DoYoung se sentit rougir.

— J'adorerais ! Je ne pense pas pouvoir voir hyung, pardon, te voir beaucoup dans les prochaines semaines parce que j'ai mon stage à faire mais j'aimerais vraiment qu'on échange des messages ou qu'on s'appelle. 

— Pas de soucis, sourit timidement le noiraud. Tu le fais où ton stage ?

— Tu te souviens que je t'ai dit que j'entrainais une équipe de foot ? Ils ont accepté de me prendre là-bas donc ça va être bien, au moins je connais tout le monde et je n'aurais pas de temps d'habilitation, je serai efficace immédiatement. 

San, un sourire jusqu'aux oreilles, alla chercher une boite dans laquelle il glissa les cookies qu'ils avaient fait tous les deux avant de la tendre à DoYoung.

— Tiens, une preuve de son initiation à la passion de la pâtisserie et comme ça tu penseras à moi, gloussa le blond.

DoYoung ne releva pas et secoua doucement la tête. Il récupéra la petite boit puis San le raccompagna jusqu'à la sortie. Le noiraud salua la mère de son nouvel ami puis celui-ci le laissa lorsqu'il monta dans la voiture qui l'attendait. La boite sucrée sur les genoux, DoYoung sourit doucement et porta son regard sur l'extérieur. Il n'avait pas passé une aussi bonne journée depuis très longtemps. 






Nda :

Je crois que je ne réalise pas encore vraiment que cette histoire touche bientôt à sa fin alors qu'elle est au rendez-vous toutes les semaines depuis presque un an ToT
Merci pour vos lectures, j'essaye de répondre aux coms que j'ai manqués dans la journée :)

Dalion~ Kiss :3

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