Chapitre 46

— Et du coup tu lui as répondu quoi ?

DoYoung enfouit la tête dans le coussin en se roulant sur le tapis. Il regrettait vraiment d'être allé chez Yuta pour tout raconter à ses meilleurs amis, les deux étaient insupportables depuis et n'arrêtaient pas de le harceler de question. Le Thaïlandais avait même été jusqu'à lui confisquer son téléphone qu'il avait planqué dans un lieu inconnu pour le forcer à répondre et l'empêcher de fuir.

— Rien du tout, nos parents nous ont appelés à ce moment-là.

— Sauvé par le gong, ricana Yuta.

— Non mais vraiment, je sais pas ce que je dois lui dire moi !

— Merci déjà ? essaya Chittaphon. Nan parce que pour tomber amoureux d'un sauvage comme toi faut être motivé quand même.

— Je t'emmerde tellement fort Chi, tu ne peux pas imaginer, grinça DoYoung en lui lançant son coussin dessus.

L'argenté gloussa en esquivant l'attaque qui alla s'écraser sur le blond juste derrière. Yuta soupira en poussant l'objet sur le côté, loin des chamailleries de ses amis. DoYoung se redressa et s'assit en tailleur. Il n'arrêtait pas de se demander quelle réponse il devrait donner sans arriver à de conclusion, il tournait en rond depuis plusieurs jours et allait finir par devenir fou s'il ne trouvait pas de solution rapidement. Sa santé mentale en dépendait. 

— Vous pensez vraiment que je devrais lui dire merci ?

— Pourquoi pas ? Après tout c'est toujours plaisant de plaire à quelqu'un et même si tu ne lui retournes pas ses sentiments rien ne te force à l'ignorer ou à être désagréable.

— Il a dit qu'il voulait me connaitre.

DoYoung était assez perdu, il n'était pas habitué à rencontrer de nouvelles personnes ou tout du moins à garder le contact avec elles. Il ne s'était jamais fait d'amis par lui-même, il ignorait comment faire. Même ceux qu'il considérait comme ses frères ce n'était pas lui qui avait fait le premier pas, si Chittaphon n'était pas venu l'aborder à une récrée parce qu'il se sentait triste de le voir tout seul dans la cour alors ils ne seraient jamais devenus le trio qu'ils étaient à présent. Le jeune homme baissa les yeux sur le tapis et joua avec les fils.

— Et toi tu veux quoi ? lui demanda Yuta. Si tu as envie d'être son ami et d'apprendre à le connaitre rien ne t'en empêche. 

— Même pas vous ?

Chittaphon grommela dans son coin mais se tut lorsque le Japonais lui frappa l'arrière du crâne. Ils en avaient parlé tous les deux, alors que DoYoung ne les écoutait que d'une oreille peu attentive.

— Même pas nous, confirma Yuta. Chi râle mais en vrai ce sera bien que tu te fasses d'autres connaissances, que tu rencontres des gens que tu apprécies. J'adore être avec vous mais je pense que parfois ça fait du bien d'élargir ses horizons. San a l'air d'être un type bien, tu ne serais pas là sinon, et le fait qu'il ait des sentiments pour toi n'est pas forcément un obstacle à une amitié.

DoYoung vit le Thaïlandais hocher vigoureusement la tête à cette affirmation.

— Je suis d'accord avec Yuta et pis Shotaro le prouve ! Même si sa relation avec SungChan a été un peu bizarre après la déclaration de mon Shot d'amour ils sont de nouveaux inséparables et leur amitié est intacte.

— C'est pas trop douloureux pour Shot ? s'inquiéta le noiraud.

Il considérait Shotaro un peu comme son propre petit frère, il le connaissait depuis des années et était même présent le jour où il avait été adopté. Il l'aimait beaucoup même s'ils n'étaient pas les plus proches du monde et il avait été affecté le jour où le Chittaphon lui avait expliqué le cœur brisé du plus jeune. C'était la vie mais il aurait aimé que les sentiments de Shotaro lui soient retournés.

— C'était un peu compliqué au départ, surtout que son pote s'est mis en couple avec une fille peu de temps après mais il est passé à autre chose, répondit Chittaphon en haussant les épaules. Il est content de ne pas avoir coupé le contact parce que leur amitié lui est vraiment précieuse.

— Je vois... Vous pensez que je devrais le contacter ?

— Tu peux aussi aller directement le voir, tu sais où il habite non ? En plus c'est toujours mieux de régler ce genre de chose en face.

— Dixit celui qui a mis dix ans à résoudre ses problèmes avec SiCheng, souffla DoYoung.

— Oui bah ça va, en attendant je suis en couple depuis plusieurs mois et mon copain vient de me demander d'emménager avec lui, sourit narquoisement Yuta.

L'annonce fit l'effet d'une bombe sur Chittaphon qui se leva d'un coup et se mit à sauter sur place, surexcité. DoYoung était tout aussi surpris que son ami mais ses émotions restaient bien plus neutres.

— Tu vas vivre avec mon frère ? s'extasia l'argenté.

Yuta sourit grandement, heureux.

— Oui, il me l'a demandé hier soir et j'ai accepté. J'ai déjà envoyé ma résiliation de bail ce matin donc je n'ai plus qu'à faire mes cartons et le mois prochain je vivrai officiellement avec SiCheng. J'ai l'impression d'être sur un nuage. 

— Je ne pourrais plus squatter ton tapis du coup ?

DoYoung fit la moue, il aimait beaucoup ce tapis sur lequel il avait passé des centaines d'heures allongé, il se doutait que Chittaphon et lui n'auraient pas le double des clés de l'appartement du couple. Yuta lui frotta affectueusement les cheveux ce qui le fit grogner et se reculer.

— Désolé gros bébé mais SiCheng a posé une condition, interdiction aux parasites de venir polluer l'espace plus d'une fois par semaine, ce sont ses mots exacts.

— Bon bah j'irai chez Chi alors mais le sol est plus froid...

— Hé ! T'as une maison je te rappelle, grommela l'argenté. 

DoYoung leva les yeux au ciel et décida d'ignorer son ami, il savait en plus que celui-ci serait le premier à les appeler parce qu'il s'ennuierait.

— Et toi avec ton cap'tain korea ? demanda le noiraud pour détourner l'attention.

Chittaphon geignit et se roula au sol.

— Il me manque c'est affreux... moi aussi je veux vivre avec mon copain mais je sais même pas où il se trouve sur le globe et franchement, deux appels dans le mois autorisés c'est trop nul !

— Courage...

— En plus sa mission va certainement être prolongée et il ne sait pas de combien de temps mais il n'a pas un très bon pressentiment. Il m'a dit que les choses avançaient mais au rythme où ça va j'aurais des cheveux blancs avant son retour, grogna l'argenté.

DoYoung grimaça alors que son ami se mettait à produire des larmes de crocodile en grande quantité. Il pianota sur son téléphone en ignorant ouvertement le Thaïlandais qui fila se plaindre dans les bras de Yuta qui l'accueillant en ricanant. DoYoung n'avait pas de nouvelles de San mais il ne voyait pas ce qu'il pouvait envoyer comme message en premier.

— Regarde pas ton écran come ça tu vas finir par lui faire peur, se moqua le blond.

— Très drôle, je sais pas ce que je peux faire.

— T'as pas eu de nouvelles depuis la soirée chez toi ?

DoYoung hocha la tête pour confirmer.

— Il est peut-être vexé ? proposa Chittaphon. Tu nous avais dis qu'il l'avait un peu mal pris quand il avait découvert que t'étais blindé. La proposition de tes parents a peut-être heurté son égo.

— Il a dit qu'il ne voulait pas de ma pitié, se souvint DoYoung, mais je n'avais pas pitié de lui et je ne pensais pas que mes parents allaient faire ça.

Par ça il entendait offrir un nouveau local pour la boulangerie sans problème de fuite et avec un appartement salubre au-dessus. Pour eux ce n'était pas grand-chose, ils possédaient des dizaines de propriétés à travers la ville et d'autres encore au-delà mais peut-être que San l'avait perçu autrement.

— Tu devrais lui dire que tu n'as pas pitié de lui et que ce n'était pas ton idée, que tes parents se sont emballés mais c'est tout. Je pense qu'il comprendra mais si tu restes dans ton coin vous allez juste vous ignorer pour un malentendu stupide, souligna Yuta. 

— J'avais pas vraiment pensé à ça, marmonna DoYoung, mais est-ce qu'il voudra bien me parler ?

— Tu ne peux pas le savoir si tu n'essayes pas, allez bouge-toi gros bébé !

DoYoung grogna alors que Chittaphon lui attrapait les poignets pour le forcer à se mettre debout. Yuta se contenta de ricaner et de lui faire un signe de la main alors que le plus petit le poussait vers la sortie. Avant de comprendre ce qui se passait DoYoung se retrouva sur le palier de l'appartement de son meilleur ami, ses affaires à ses pieds et le nez face à une porte close. Le jeune homme soupira en levant les yeux au ciel puis envoya un message à son chauffeur pour qu'il vienne le chercher. Ce dernier était à son service depuis des années et conduisait l'héritier de la famille Kim aux quatre coins de la ville sur un appel de sa part. 

DoYoung mit bien sa capuche sur sa tête, le vent d'Octobre était froid et s'infiltrait sous ses vêtements pour le glacer jusqu'aux os. Déjà qu'il était frileux mais l'automne était terrible pour lui. Il se jeta dans la voiture dès que celle-ci arriva et donna la nouvelle adresse au chauffeur. La nouvelle boulangerie n'était pas très éloignée de l'ancienne pour ne pas perturber la clientèle habituelle mais restait trop éloignée du domicile du Japonais pour que le noiraud ait le courage de s'y rendre en marchant. 

La devanture du magasin était propre et nette, elle sentait le neuf et la qualité, plus rien à voir avec la petite enseigne familiale qui avait accueilli DoYoung la première fois. La vitrine était grande, protégée par un store descendu de moitié, et une petite clochette signala son entrée dans la boutique. SooNa se tourna aussitôt pour l'accueillir, un large sourire aux lèvres qui s'agrandit encore plus en voyant que c'était lui. Sa tresse rebondit sur son épaule alors qu'elle s'empressait de le rejoindre et elle le serra dans ses bras, figeant DoYoung qui contracta tous ses muscles.

— Merci, souffla la boulangère à son oreille.

— Je n'ai rien fait, bafouilla maladroitement le noiraud.

Heureusement elle se rendit très rapidement compte de son inconfort et le relâcha en s'excusant pour sa familiarité. Elle n'avait juste pas pu retenir son enthousiasme et sa reconnaissance, elle lui rappela alors San. Ils étaient tous les deux naturels dans leurs réactions, le blond avait de qui tenir. 

— Si tu es venu voir San il est dans la cuisine pour le moment, c'est la porte du fond. Je te laisse y aller tout seul je dois m'occuper des clients qui rentrent.

— Merci SooNa.

DoYoung s'inclina légèrement pour la salua puis emprunta la direction indiquer. La chaleur était intense derrière, principalement à cause des fours qui tournaient encore malgré l'heure avancée de la journée. Le noiraud s'avança dans l'atelier, son regard glissant sur les pates en pousse sur les plateaux jusqu'à ce qu'il ne trouve San. Le blond lui faisait dos, les mains dans une cuve où il pétrissait une pate. DoYoung le rejoignit et se racla la gorge, maladroit.

— San ?

Le sportif sursauta et manqua d'en faire tomber son plat qu'il ne sauva que de justesse.

— Hyung ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

— Je voulais te parler, tu as un moment ?

— Pas vraiment, c'est le rush là mais...

Un sourire malicieux s'étendit jusqu'aux yeux de San qui pétillèrent.

— On peut parler pendant que tu m'aides à faire ces cookies si tu veux. 

DoYoung baissa les yeux sur la préparation, soudainement pâle. Il n'avait jamais approché une cuisine de sa vie, soit il commandait soit le cuisinier se chargeait de lui préparer ses plats. Il déglutit et planta son regard dans celui de San qui attendait une réponse, plein d'espoir.

— Te plains pas s'ils sont immangeables. 








Nda :
Chapitre du jour, bonjour ^^
Dalion~ Kiss :3

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