Chapitre 45
— Mon poussin ?
DoYoung leva à peine la tête de son jeu en grognant, épuisant sa mère qui l'appelait depuis le pas de la porte de sa chambre. HyeJa faisait des efforts pour se rapprocher de lui et rattraper les vingt années qu'ils avaient manquées ensemble depuis qu'il lui en avait fait le reproche quelques semaines plus tôt. Le noiraud ne savait pas comment réagir à ces tentatives, il avait simplement exprimé ce qu'il ressentait sans envisager les changements et conséquences que ses paroles pouvaient avoir. Depuis il se retrouvait donc couvert d'attention à chaque minute de la journée si bien qu'il avait fui plusieurs fois chez Yuta pour dormir, malheureusement ce soir-là son ami avait rendez-vous avec son copain et il se voyait mal dormir entre eux deux. Non merci.
— Hum ?
— Tu veux bien quitter ta console deux minutes et m'écouter ?
Le jeune homme soupira mais s'exécuta, sa mère ne lui demandait pas souvent quelque chose alors il pouvait faire cet effort. Surtout qu'il devait reconnaitre qu'elle en faisait beaucoup de son coté et que même son père semblait y mettre du sien, pour preuve il n'avait pas eu droit à de nouveaux rendez-vous arrangés depuis un moment pour son plus grand plaisir.
— Nous avons des invités ce soir, ce serait bien que tu quittes ce vieux sweat pour une fois.
— Encore des investisseurs ou je ne sais quoi ? soupira DoYoung.
— Pas vraiment, plutôt ton ami que tu nous as demandé d'aider et sa mère.
Le jeune homme fronça les sourcils tout en réfléchissant alors que sa mère quittait la pièce pour aller s'habiller d'une manière plus adaptée à la petite réception de prévue. La compréhension dans son esprit se fit mais DoYoung restait confus, il avait demandé à ses parents s'il y avait un moyen d'aider San parce qu'il se sentait redevable envers lui mais de là à imaginer qu'ils allaient l'inviter chez eux. Même ses meilleurs amis n'étaient entrés qu'une poignée de fois dans la demeure des Kim. Soupirant, le noiraud se força à se lever pour aller fouiller dans son armoire. Il en sortit une blouse bleue fluide et un pantalon noir tout ce qu'il y avait de plus simple mais sa mère serait satisfaite.
DoYoung envoya un message à San, chose qu'il n'avait pas fait depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, et il grogna en ne recevant pas de réponse. Ils n'avaient plus eu de contact depuis ce jour, le blond semblait l'esquiver même à la fac et DoYoung n'avait pas souhaité lui courir après, ils ne se connaissaient pas et n'avaient rien en commun après tout. DoYoung voulait juste payer sa dette.
Il joua dans sa chambre comme un adolescent asocial jusqu'à ce que l'une des gouvernantes ne vienne le chercher et l'avertir que leurs invités étaient arrivés. Il descendit en trainant les pieds, peu motivé à voir des gens, et le visage tendu de San le rassura sur le fait qu'il n'était pas le seul à ne pas vouloir être là. DoYoung se glissa à côté de ses parents et salua les nouveaux arrivants avant qu'ils ne soient tous dirigés vers la salle à manger. San l'attrapa par la manche pour le faire rester un pas en arrière.
— Je ne comprends pas ce que hyung fait, grimaça le blond entre ses dents.
— Je te rassure je n'en sais pas plus que toi, je t'ai envoyé un message dès que je l'ai su, je n'ai rien fait du tout, grimaça DoYoung en retour.
— Vraiment ?
— Oui. J'ai juste demandé à mes parents s'ils savaient comment je pouvais rembourser la dette que j'ai envers toi, je ne pensais pas qu'ils allaient organiser un repas ou je ne sais quoi.
Le noiraud se frotta énergiquement les cheveux.
— Ah bon sang, c'est tellement bizarre. On se connait même pas, on s'est parlés genre deux fois mais tu manges chez moi, soupira DoYoung. Même mes potes n'ont pas eu cette chance.
— Hyung n'a pas de dette envers moi, c'était normal. Je ne veux pas de paiement de sa part, je ne veux pas de pitié.
DoYoung surveilla les agissements des membres de sa famille pendant tout le repas mais ses parents paraissaient se contenter de faire la discussion le plus naturellement du monde. Ils échangeaient avec la mère de San sur un peu tous les sujets, incluant parfois les garçons dans la discussion. Cependant les deux plus jeunes avaient d'autres pensées en tête et ne suivaient pas vraiment.
— Les garçons, vous pouvez aller en haut si vous le voulez ? Mon poussin a une multitude de jeux vidéo auxquels il meurt d'envie de jouer j'en suis sûre.
DoYoung leva les yeux au ciel, aussi bien pour le surnom que pour l'invitation à quitter la table fort peu discrète. Il n'avait plus quatre ans à vouloir montrer ses jouets à ses copains, c'était ridicule.
— Si ça te dérange je peux dire que je ne me sens pas bien et rentrer chez moi, chuchota discrètement San.
— Non c'est bon, suis moi.
Le noiraud salua la mère du blond en quittant la table puis il emmena celui-ci jusqu'à l'étage. Pas à sa chambre, c'était son sanctuaire qu'il ne voulait partager avec personne, revanche sa salle de jeux privée il pouvait le laisser y entrer.
— C'est énorme !
— Tu trouves ?
DoYoung n'y faisait plus vraiment attention. Il avait grandi dans cet environnement, cette pièce était tout ce qu'il y avait de plus banale à ses yeux. Que ce soient les écrans plats, les dernières consoles ou les éditions limitées de jeux, tout faisait partie de son quotidien. Il alla s'installer sur le confortable canapé faisant face à l'écran principal et se blottit dans le recoin. Il préférait habituellement se vautrer sur les tapis mais ce sofa avait son affection.
San hocha doucement la tête, les yeux émerveillés. Il laissa ses doigts distraitement courir sur les étagères en retenant son souffle. DoYoung observa ses réactions avec curiosité et le blond s'arrêta devant le coin où se trouvait son PC gaming.
— J'ai toujours rêvé d'avoir un PC comme ça, souffla San.
— T'es un gamer ?
— J'ai pas vraiment le matériel ni le temps pour me considérer comme ça mais j'aime bien jouer.
San lui jeta un regard en coin avant d'avouer à demi voix.
— Je t'ai dit que mes parents venaient de divorcer mais ça n'allait plus entre eux depuis des années. Alors quand le ton montait trop j'avais pris l'habitude de me réfugier dans les jeux, ça me permettait de ne pas entendre les cris et les disputes.
— C'est l'inverse pour moi.
DoYoung vit le plus jeune se tourner dans sa direction, intrigué, et il grimaça. Il en avait trop dit pour s'arrêter là mais ça lui faisait bizarre de s'ouvrir à un inconnu, San avait tendance à le faire parler plus qu'il n'en avait l'habitude.
— Mes parents n'étaient jamais à la maison quand j'étais petit, j'ai été élevé par l'une des gouvernantes, madame Choi. Je n'avais personne avec qui m'amuser, je n'étais pas très sociable et j'ai rapidement sauté deux classes donc les autres ne m'approchaient pas trop, j'étais bizarre pour eux. J'avais que les jeux pour passer le temps et mes parents me payaient tout ce que je voulais à défaut d'être présents.
— Mes parents n'étaient pas très présents non plus, sourit faiblement San. La boulangerie leur demandait de se lever très tôt et ils travaillaient depuis un moment lorsque je me levais. Je ne les voyais que le soir lorsqu'il n'y avait pas de commandes particulières mais les dernières années avant leur séparation c'était surtout le moment des disputes alors j'en garde pas un très bon souvenir.
— T'as l'air proche de ta mère pourtant, fit remarquer DoYoung. Enfin c'est l'impression que j'ai eu, ça m'a fait penser à Chi et sa famille pendant le repas.
San alla timidement s'asseoir à l'autre bout du canapé, les mains à plat sur ses genoux. Il semblait plus à l'aise avec la présence de son aîné à présent qu'ils s'ouvraient un peu tous les deux à l'autre.
— C'est assez récent en fait, depuis leur séparation. Elle s'est aperçue qu'elle m'avait laissé de côté pour travailler mais je ne lui en veux pas, il fallait bien nourrir la famille et je n'étais pas malheureux non plus. Depuis on parle beaucoup plus et on essaye de passer un maximum de temps ensemble, d'être une famille unie même si mes parents sont séparés.
— Je sais pas comment tu fais pour ne pas leur en vouloir, grimaça DoYoung. Je trouve ça étrange d'être invisible pendant des années puis d'un coup de devenir le fils de quelqu'un. Je sais que mes parents essayent de faire des efforts mais j'ai quand même la sensation que ce sont des étrangers.
— C'est triste mais... je pense que chacun réagit différemment même si la situation est similaire, dit San. Je ne pensais pas que hyung et moi avions des points communs...
DoYoung grimaça et se frotta les cheveux.
— Ouais... Tu veux pas me tutoyer plutôt que de parler de moi à la troisième personne ? C'est étrange.
— Je n'ose pas tutoyer hyung...
— Je te dis de le faire c'est que tu peux, soupira le noiraud.
— Je vais essayer mais je ne- je ne te promets rien, se reprit le plus jeune.
— Tu veux faire une partie d'un truc ? Je ne sais pas pour combien de temps ils en ont encore et ça va être interminable si on se contente de se regarder dans le blanc des yeux.
San accepta la proposition et partit en quête d'un jeu pouvant les satisfaire tous les deux, il ne mit pas longtemps à trouver la perle rare pendant que l'autre allait allumer le matériel nécessaire. Une manette à la main, ils commencèrent à jouer dans un silence seulement coupé par les bruits du jeu avant de se remettre à parler naturellement.
— Tu penses qu'ils se disent quoi en bas ?
— Je sais pas, mes parents ne m'ont rien dit. On va devoir attendre la fin de la discussion à moins que tu préfères descendre voir par tout-même.
— Non c'est bon, je demanderai à ma mère tout à l'heure.
DoYoung cligna des yeux face au sourire solaire du blond, il ne s'attendait pas à ce qu'il retrouve tout d'un coup son enthousiasme et sa bonne humeur. Haussant les épaules, le jeune homme se concentra sur la partie en cours. Il n'avait pas vraiment de mal à défaire son adversaire, bien plus expérimenté que lui peu importe le jeu que San pouvait choisir. DoYoung avait passé des dizaines voire des centaines d'heures sur chacun d'eux, il le connaissait par cœur. Néanmoins il trouva agréable de jouer avec quelqu'un. Chittaphon et Yuta étaient trop pris par leur vie de couple et leur travail en ce moment pour jouer avec lui et ça lui manquait quand même. Même si les deux étaient nuls, en particulier Chittaphon qui mélangeait encore les touches.
— Je suis content d'avoir pu jouer avec toi, sourit San rêveusement.
— C'était sympa.
— Tu penses qu'on pourra le refaire un jour ?
— Je sais pas, je sais même pas si on va se revoir après aujourd'hui.
San leva un regard de chiot battu vers lui, l'implorant silencieusement.
— J'aimerais vraiment beaucoup te revoir. Je sais que tu me connais pas et que c'est bizarre parce que j'ai dit que je t'aimais et pas toi mais, vraiment, je voudrais apprendre à te connaitre. Pas juste l'image que j'ai de toi mais... plus. J'ai envie de te connaitre comme personne ne te connait.
DoYoung rougit jusqu'aux oreilles, pris au dépourvu. Il ne s'attendait pas à cette demande et ne savait comme y réagir, les interactions sociales n'étaient pas du tout son point fort. Personne n'était jamais tombé amoureux de lui avant, ou alors il ne le savait pas, et il n'avait aucune idée de ce qu'il était censé répondre à San.
Nda :
Hop, chapitre du vendredi disponible :)
Dalion~ Kiss :3
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