Chapitre 43
— Reste donc bien sous la couverture mon poussin, tu vas attraper froid !
DoYoung tira la langue de dégoût, récoltant un regard noir de son père à l'autre bout de la pièce. Il leva les yeux au ciel. Sa mère le couvait comme un enfant de quatre ans depuis qu'il était réveillé et il n'en pouvait déjà plus, d'autant que l'hypocrisie de la situation l'agaçait au plus haut point. Ses parents n'étaient jamais là lorsqu'il était enfant, il avait principalement été élevé par des nourrices et gouvernantes, même lorsqu'il était malade il ne se souvenait pas d'une fois où sa mère avait veillé à son chevet. L'effervescence qu'elle témoignait alors envers lui était irritante et le jeune homme ne se privait pas pour le faire savoir.
— J'ai eu tellement peur pour toi mon poussin.
— Ce serait bien la première fois, répondit DoYoung d'une voix glaciale. Pourquoi madame Choi n'est pas là ? Vous n'aviez pas une réunion ou un gala ?
— DoYoung, assez ! tonna son père.
Le jeune homme se renfrogna et retira sa main de celle de sa mère pour pouvoir croiser les bras sur son torse. Ses parents s'étaient toujours servis des autres pour veiller sur lui, qu'ils se découvrent tout à coup un instinct parental lui donnait envie de rire. Cyniquement.
— Mon poussin, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne voulais pas que l'on vienne ici ? s'inquiéta sa mère.
Kim HyeJa était une très belle femme, approchant la cinquantaine et au port de tête altier. DoYoung avait toujours entendu dire qu'il lui ressemblait, ils avaient les mêmes traits du visage fin, la peau étrangement élastique et des cheveux d'un noir d'ébène. Sa franchise brute en revanche il la tenait de son père, tout comme sa capacité à dire ce qu'il pensait sans détour. Pour une fois que ses deux parents étaient là il allait en profiter pour vider son sac, et qui sait les faire partir pour récupérer sa tranquillité. DoYoung ne pensait pas les détester, mais il ne pouvait pas dire qu'il les aimait. Il les connaissait par le biais de la télé, de ce qu'on lui disait, mais n'avait que très peu d'interactions avec eux si bien qu'ils s'apparentaient à des étrangers. La famille de Chittaphon était plus proche de lui que ne l'étaient ceux lui étant relié par le sang. Il trouvait ça un peu triste mais avait fini par se faire une raison, ses illusions d'enfant avaient été brisées depuis longtemps.
— Disons que j'aurais aimé que vous soyez là lorsque je me suis cassé le bras en primaire ou lorsque j'ai fait une indigestion sévère quand j'avais treize ans. J'aurais aimé vous voir lorsque j'ai fait ma première rentrée scolaire ou que j'ai eu mon diplôme.
— Mon poussin...
— Sauf que vous n'étiez pas là. Vous n'avez jamais été là alors excusez moi de trouver ça ironique que vous vous inquiétiez pour moi alors que je vais avoir vingt-cinq ans.
La culpabilité se lut sur le visage de sa mère mais le cœur de DoYoung resta de marbre, il n'arrivait pas à ressentir quoi que ce soit, la colère et l'amertume le dominaient. Son père fit cogner son poing sur la table d'appoint de la chambre d'hôpital mais sa femme lui demanda de se calmer et d'aller faire un tour dans le couloir pour s'apaiser.
— Mon poussin, tu nous en veux beaucoup ?
— Tu sais à quand remonte la dernière fois que l'on s'est vus ? demanda DoYoung amer.
La femme d'affaire remit une mèche derrière son oreille en secouant tristement la tête. Le jeune homme soupira et porta la main à son front, il recommençait à avoir mal.
— C'était quand vous m'avez imposé ces rendez-vous arrangés, avant ça je n'avais pas eu de nouvelles pendant quatre mois. Directement j'entends, parce que vos directives que vous demandiez aux employés de me transmettre je les recevais bien elles. Vous n'avez jamais demandé de mes nouvelles, si j'allais bien ou comment se passait la fac.
— Nous étions au courant de tout mon poussin, nous veillons sur toi du mieux que l'on peut, se justifia HyeJa bouleversée.
— Sauf que j'avais pas besoin de surveillants, j'étais pas en prison. Je voulais juste des parents.
DoYoung renifla et s'essuya rageusement les yeux. Il ne voulait pas verser une larme pour ça mais le stress engendré la veille et son accident l'avaient rendu à fleur de peau sans même qu'il ne s'en rende compte.
— Oh mon bébé, je suis tellement désolée...
Les larmes roulèrent sur le visage de sa mère et elle s'approcha pour le prendre dans ses bras mais il se recula. Il ne voulait pas être touché, il n'aimait pas ça.
— Je crois que j'ai dit tout ce que j'avais à dire, souffla DoYoung. Vous devriez y aller, je suis sûr que vous avez un emploi du temps très chargé, je ne voudrais surtout pas vous mettre en retard.
Le jeune homme se glissa sous la fine couette et tourna le dos à la porte, le message était clair. Il ne voulait plus voir personne et encore moins parler. HyeJa tenta une dernière approche avant de devoir se résoudre à abandonner, son fils était en colère et elle savait que celle-ci était justifiée. Le cœur brisé de ne pas avoir décelé la souffrance de son enfant, elle quitta la salle en lui soufflant un baiser qu'il ne vit pas.
DoYoung attendit quelques secondes pour être sûr d'être bien seul avant de se tortiller pour atteindre le sac que lui avait ramené Yuta. Il en sortit sa précieuse console et son ordinateur avant de se mettre à jouer, il avait besoin de se détendre et il ne connaissait pas de meilleur moyen. Il passa plusieurs heures sur les écrans, s'arrêtant uniquement pour grignoter des gâteaux avant d'être forcé à faire une pause par le médecin venu l'ausculter.
— Dites, il n'y avait pas un autre garçon avec moi quand je suis arrivé ?
— Hum ? Je ne suis pas sûre, il faudrait vous renseigner auprès de la secrétaire. Je n'ai vu que vous.
Le bandage autour de son crâne fut changé, la plaie nettoyée et il prit ses médicaments en rechignant. L'homme n'en avait de toute évidence rien à faire de sa question et ne comptait pas se renseigner, il allait devoir agir par lui-même. Soupirant lourdement en pensant à sa future interaction sociale pas vraiment désirée, DoYoung sortit les jambes du lit. Il avait été autorisé à faire quelques pas mais devait se recoucher au moindre signe de faiblesse.
DoYoung s'avança dans le couloir à la recherche du secrétariat de son étage et il remonta tout le couloir. Deux jeunes femmes travaillaient derrière une vitre en plexiglas et l'une d'elle finit par le remarquer.
— Monsieur Kim ? Vous avez besoin de quelque chose ?
— Je voulais savoir si quelqu'un avait été admis en même temps que moi. J'étais en équipe avec un garçon quand l'hélicoptère nous a trouvés.
— Attendez un instant je regarde ça.
Elle pianota rapidement sur son clavier pendant que DoYoung s'impatientait.
— Je vois qu'un certain Choi San a été admis en même temps que vous, vous avez été amenés par la même équipe.
— Dans quelle chambre est-il ?
Il avait beau ne pas encore savoir ce qu'il devait penser du jeune blond il savait également qu'il lui devait la vie, sans San il serait en train de servir d'engrais aux poissons. Il devait le remercier, c'était la moindre des choses mais également s'excuser pour son comportement. Le sportif n'y était pour rien mais il avait subi sa mauvaise humeur.
— Il n'est plus ici, il est parti depuis plusieurs heures maintenant.
— Comment vous avez pu le laisser partir aussi vite ! s'énerva DoYoung.
— C'est-à-dire qu'il n'était pas blessé, bafouilla la secrétaire. Sa tutrice est venue le chercher, il n'y avait aucun problème.
Le noiraud grommela.
— Vous avez son numéro de téléphone ou son adresse ?
— Oui mais je ne peux pas vous les donner, c'est une question de confidentialité vous comprenez...
La secrétaire n'en menait pas large avec le jeune homme qui n'en démordait pas, il voulait ces informations. Il insista, allant jusqu'à utiliser le nom de ses parents en dernier recours, puis repartit dans sa chambre satisfait. Il avait eu ce qu'il avait demandé même s'il ne se sentait pas très fier de son chantage. Il aurait aimé ne pas en arriver là mais il n'avait aucun autre moyen de récupérer les informations de San, il aurait pu attendre d'être autorisé à retourner à la fac pour le chercher par lui-même mais le médecin lui avait formellement interdit de quitter l'établissement avant plusieurs jours. Il ne voulait pas attendre aussi longtemps, la patience était loin d'être son fort.
DoYoung n'aimait pas appeler alors il se contenta d'envoyer un message à San. Il lui demanda comment il allait, après tout il n'avait pas eu de ses nouvelles depuis leur arrivée à l'hôpital, s'il était blessé ou avait besoin de quelque chose. Après quoi il continua en le remerciant pour son aide, pour lui avoir sauvé la vie et s'excusa pour son comportement. Le jeune homme jeta ensuite son téléphone sur le côté pour se concentrer sur ses jeux, il avait fait ce qu'il fallait.
Chittaphon et Yuta passèrent ensuite pour lui tenir compagnie et il posa sa console pour les écouter raconter leurs bêtises. Il rit à leurs anecdotes et ses amis furent rassurés de voir qu'il allait bien. DoYoung en profita pour leur expliquer ce qui s'était passé avec ses parents un peu plus tôt, Chittaphon réussit à le prendre dans ses bras pour lui faire un câlin auquel il ne parvint pas à se soustraire. La fin des visites arriva assez rapidement et il dut leur dire au revoir, une moue contrariée sur le visage : il avait l'impression d'être à la garderie.
Son téléphone avait été en silencieux, comme à son habitude, si bien qu'il n'avait pas vu la multitude de messages reçus. Quasiment tous venaient de ses parents qui semblaient avoir décidé de se rattraper après des années de négligence involontaire, les autres provenaient de ses camarades de licence. L'incident n'était pas passé inaperçu et tous voulaient savoir ce qu'il en était et savoir quelles parties de la rumeur étaient vraies. DoYoung grogna en ignorant les messages, aussi bien ceux de la fac que ceux de sa famille.
En revanche la réponse qu'il attendait n'était pas venue et il avait été laissé en « vu ». Une veine s'agita sur sa gorge, signe qu'il était contrarié. Il n'était pas du genre à faire de longs messages ou à prendre des nouvelles mais il avait fait des efforts pour San. SI celui-ci ne lui répondait même pas il allait s'agacer. DoYoung renvoya un message qui fut lu presque immédiatement, mais encore une fois il ne reçut aucune réponse.
Le jeune homme tapota sur son écran, impatient, puis finalement il passa outre son dégoût des appels pour composer le numéro du blond. Il fut basculé sur la messagerie dès la première sonnerie.
— Réponds à mes messages blondinet ou je vais débarquer chez toi pour avoir ma réponse, grogna DoYoung.
Il raccrocha par la suite et se retourna dans le lit, l'esprit bouillonnant. Est-ce que San ne voulait plus entendre parler de lui ? Il le comprendrait, après tout il avait failli mourir à cause de lui ou tout du moins être blessé. DoYoung le comprenait mais il voulait avoir sa réponse, il voulait savoir s'il allait bien après quoi il le laisserait tranquille et ils reprendraient leurs vies comme avant.
Nda :
Voilà le chapitre du jour ! Mine de rien on se rapproche de la fin, j'espère que vous aimez cette histoire :)
Dalion~ Kiss :3
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