Chapitre 38


Chittaphon referma la porte derrière lui et se mit à courir dans les rues de la capitale. Le rendez-vous hebdomadaire avec sa psychologue s'était éternisé et il se retrouvait en retard, il espérait juste ne pas manquer le début de l'appel. Il prit juste le temps, une fois dans le métro, d'envoyer un message à ses amis pour les prévenir que sa séance du jour s'était bien passée et qu'elle était terminée.

DoYoung et Yuta avaient été assez surpris lorsqu'il leur avait tout raconté, son abandon, sa peur panique, ses crises qui le suivaient depuis l'enfance et qu'il s'était toujours arrangés pour leur cacher. Chittaphon avait eu peur de leurs réactions, il avait conscience de leur avoir menti pendant près de vingt ans pour l'un et quinze pour l'autre. Ce n'était pas rien et il savait que dans une telle situation il aurait du mal à pardonner la cachotterie. Heureusement ses deux amis, après avoir encaissé la nouvelle, l'avaient simplement pris dans leurs bras et rassuré. Ils étaient surtout tristes et se sentaient coupables de ne pas avoir vu à travers son masque de tous les jours et avaient promis de tout faire pour le soutenir. Ils ne pouvaient pas effacer ses souvenirs et traumatismes mais ils étaient prêts à tout pour l'aider à s'en sortir. Cela suffisait à Chittaphon qui avait retrouvé le courage et la motivation d'affronter ses craintes.

Son gros bébé s'était renseigné de son côté, l'argenté ne savait trop comment, et dès le lendemain il lui avait fourni le numéro d'une psychologue très réputée qui acceptait de faire un trou dans son emploi du temps exprès pour le recevoir. Chittaphon n'avait su comment le remercier si ce n'est en se rendant sur place pour rencontrer l'experte.

La première séance avait été éprouvante mais ça n'avait été rien comparé à la nuit qui avait suivi. Il s'était réveillé en pleurs, paniqué et le cœur en morceaux. Il avait alors appelé YongGuk en catastrophe et son amant était resté toute la nuit à lui parler et à l'écouter lorsqu'il en fut capable. Le bouclé avait même proposé de venir le chercher pour que Chittaphon vienne dormir chez lui mais ce dernier avait refusé, il avait déjà dû lutter avec lui-même pour appeler car il craignait de le déranger.

Chittaphon sortit en trombe du métro et jeta un regard rapide à l'écran de son téléphone. Il n'avait que quelques minutes pour arriver jusqu'à chez lui alors il se mit à courir de toutes ses forces. Ses poumons criaient de douleur, ils n'avaient pas pour habitude d'être autant sollicités, et Chittaphon poussa la porte de la maison familiale en soufflant comme un bœuf. De la transpiration lui coulait sur le visage et dans le dos mais il était arrivé dans les temps, il prendrait sa douche plus tard. Heureusement que l'odeur ne se transmettait pas en visio. 

Le jeune homme s'empressa de monter dans sa chambre, saluant son petit-frère au passage qui se trouvait dans le couloir, et il se jeta sur son lit. En quelques secondes son ordinateur fut allumé, juste à temps pour qu'il réceptionne la demande de visio de son amant. Il y eut un petit temps de latence pendant lequel Chittaphon craignit d'avoir perdu la connexion mais enfin le visage de YongGuk apparut à l'écran. Le militaire était parti pour sa mission depuis neuf jours et c'était la première fois depuis tout ce temps qu'il pouvait l'appelé. L'argenté ne s'en serait pas remis s'il avait loupé cet appel qu'il attendait avec tellement d'impatience.

- Gukie ! Tu vas bien ?

- Je vais bien Chi, et toi ? sourit le sergent avec douceur. Tu as l'air en forme, ça me fait plaisir.

- C'est parce que je suis content de te voir, tu me manques beauté fatale.

Le visage basané du noiraud se fendit d'un sourire amusé et sa voix rauque s'exprima dans un rire sincère. Chittaphon sourit en conséquence, il était heureux de l'avoir fait rire et cela le rassurait en plus. YongGuk allait vraiment bien. 

- Tu me manques aussi. Comment s'est passé ton rendez-vous ?

- Plutôt bien. Bon j'ai encore pleuré en parlant mais j'ai pu me souvenir de certains détails et en parler avec elle. Je crois que ça m'a fait du bien, je pensais pas que j'avais autant besoin d'en parler, avoua l'argenté.

YongGuk lui sourit doucement et Chittaphon se sentit fondre. Son amant prenait aussi souvent de ses nouvelles que possible et prêtait une grande attention à l'évolution de sa santé mentale, il était toujours là pour lui et parfois le jeune homme craignait que ce soit au détriment de sa propre guérison. Pourtant le noiraud lui assurait le contraire et il voulait le croire de toutes ses forces. Le militaire passa une main dans ses cheveux noirs ras, réflexe qu'il avait gardé de lorsqu'il avait encore ses jolies boucles ébènes. Chittaphon regrettait un peu leur disparition, il aimait passer ses doigts dedans. Il en avait fait la remarque à son amant et celui-ci lui avait promis en riant qu'il se laisserait pousser les cheveux autant qu'il le souhaitait lorsqu'il reviendrait en Corée.

- Je suis content d'apprendre que ça te fasse du bien, tu te débrouilles à la perfection trésor, sourit YongGuk.

- Merci, je fais de mon mieux, gloussa l'argenté. Et toi ? Comment ça se passe là-bas ?

Le jeune homme ne savait même pas dans quel pays se trouvait son amant, une histoire de confidentialité de ce qu'il avait compris, mais ça ne l'empêchait pas de vouloir s'assurer que son quotidien était correct.

- Tu me manques, la nourriture est infecte et je crois bien que je vais finir traumatisé par les rations de survie. C'est pas que c'est mauvais mais ça n'a vraiment aucun goût, la nourriture coréenne me manque.

- Plus que moi ? sourit Chittaphon.

- Rien ne me manque plus que toi.

- C'est niais.

- Tu adores ça, je te vois sourire Chi. Je sais que tu es fleur bleue derrière tes airs de séducteur indomptable. Tu es un grand romantique.

Chittaphon sentit son sourire s'accentuer, c'était vrai.

- Seulement quand c'est toi qui me murmures des mots doux à l'oreille. 

- Je t'en dirai autant que tu le voudras.

Une masse brune apparut soudainement à l'écran et celui-ci écopa d'une léchouille bien baveuse. Chittaphon éclata de rire et mima des caresses à la webcam.

- Coucou Shishi, j'ai l'impression qu'elle est en forme elle aussi !

- Tout à fait, mais je crois que ta présence lui manque aussi. Il n'y a plus personne pour jouer avec elle comme tu le faisais ou la distraire pendant ses entraînements.

- Fais-lui une caresse de ma part à la grosse boule de poils, elle me manque aussi. 

YongGuk lui assura que ce serait fait et lui en donna même la preuve en s'exécutant sur le champ. Ils parlèrent aussi longtemps que leur en permettaient les vingt minutes autorisées du noiraud. Ils discutèrent de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, de la famille du Thaïlandais, de ses commandes en cours, mais jamais ils n'évoquèrent YoungJae. Chittaphon ne voulait pas que leur premier appel se termine sur une note sombre, il voulait avoir l'image de son amant rayonnant gravée sous ses paupières pour réussir à tenir jusqu'à leur prochaine discussion. Le cœur lourd, il finit par raccrocher en mimant un baiser.

Chittaphon resta un instant face à son écran noir, la connexion avait été coupée. YongGuk lui manquait déjà et ça ne faisait même pas une minute, il était complètement accro à son homme. 

La porte de sa chambre s'ouvrit sans vraiment de sommation et la bouille de Shotaro se glissa dans l'entrebâillement. L'adolescent ouvrit les bras en grand, quémandant un câlin, et Chittaphon remarqua alors seulement qu'il avait les yeux rougis. Peut-être même qu'il les avait déjà lorsqu'ils s'étaient croisés dans le couloir mais l'argenté était tellement impatient de parler avec YongGuk qu'il n'y avait pas prêté attention. Il ouvrit donc les bras en retour et Shotaro courut se jeter dedans, fondant en sanglots dans la seconde qui suivit.

- Hé Shot, qu'est-ce qui se passe petit frère ?

- C'est SungChan, pleura l'adolescent.

- Il a des problèmes ?

- Non... je lui ai dit que je l'aimais aujourd'hui.

Chittaphon resserra son étreinte autour de son cadet, si Shotaro était dans cet état c'était que tout ne s'était pas bien passé. Il se sentait terriblement désolé pour lui.

- Tout va bien se passer, je suis là Shot, murmura l'argenté. 

- Je sais même pas pourquoi je lui ai dit, j'ai pas réfléchi, couina le Japonais.

- Il ne t'a pas crié dessus ou insulté quand même ? Je vais me le faire sinon, grogna Chittaphon prêt à défendre le plus jeune.

- Non... il a dit qu'il était désolé mais qu'il était amoureux de Yeji. C'est une fille dans notre classe et elle est vraiment super jolie alors je comprends. Elle est gentille en plus.

- Humph, peu importe ce que tu dis je suis convaincu que tu es meilleur qu'elle. Il n'a pas de goût ton gus, plaisanta Chittaphon.

Shotaro sourit à travers ses larmes, amusé par les pitreries de son aîné. Chittaphon lui caressa les cheveux et ils s'allongèrent face à face sur le lit.

- Il t'a dit quoi d'autres ?

- Il a dit que j'étais comme son frère alors qu'il ne m'avait jamais vu de cette façon et qu'il était désolé parce qu'il voulait pas me faire pleurer. Il espère qu'on pourra rester amis parce qu'il m'aime beaucoup, juste pas de la façon dont moi je l'aime, chuchota Shotaro. 

- Je sais que c'est douloureux d'avoir le cœur brisé Shot mais même s'il n'a pas de goût il a l'air d'être un type bien.

- Il l'est, sourit le plus jeune. C'est pour ça que je lui ai répondu qu'évidemment je voulais qu'on reste amis, même si ça allait peut-être faire un peu bizarre au début.

- Mon bébé est un grand garçon, chouina Chittaphon les larmes aux yeux. Viens donc faire un câlin à ton grand-frère préféré !

Le Thaïlandais se jeta sur son cadet, causant des éclats de rire à celui-ci et le tirant de sa tristesse le temps d'un instant. Occupés à se chamailler, ils n'entendirent pas la porte de la chambre s'ouvrir.

- Eh bien, vous faites des câlins sans nous maintenant ?

- Ils peuvent continuer sans moi, je ne me plaindrais pas.

- De toutes façons si ce n'est pas Yuta personne ne peut toucher sa seigneurie, répondit Chittaphon en tirant la langue. 

- Sale gosse.

Les plus jeunes se réinstallèrent mieux sur le lit pour faire de la place. SiCheng et TaeIl qui venaient d'arriver allèrent s'asseoir chacun sur un rebord et frottèrent avec affection les chevelures de leurs cadets. Chittaphon gloussa et sa cala contre le plus vieux de la fratrie, cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu.

- C'est rare que vous veniez dans ma chambre, il s'est passé un truc ?

TaeIl hocha la tête, un sourire éblouissant sur le visage.

- Les parents ont été les premiers au courant la première fois et je vous avais promis que ce serait vous si ça devait se reproduire.

Un sourire barra aussitôt les visages des trois autres qui n'eurent pas besoin de temps pour comprendre ce que l'aîné voulait dire. Ils se jetèrent sur lui pour le féliciter, hormis SiCheng qui se contenta de lui presser affectueusement l'épaule et de sourire de toutes ses dents.

- Je suis tellement content pour toi ! C'est vraiment super !

- Depuis combien de temps ? s'enthousiasma Shotaro.

- D'après le médecin environ sept semaines, sourit TaeIl au comble du bonheur. Ma chère et tendre est persuadée que ce sera une petite fille cette fois, j'ai hâte de pouvoir serrer ma princesse dans mes bras.

- Et YeonJun il en pense quoi ? le taquina SiCheng.

Le visage de TaeIl se fit un peu embarrassé et il se frotta la nuque, suscitant les rires des autres.

- Eh bien la dernière fois qu'on a essayé de lui en parler il nous a répondu ne pas comprendre l'intérêt et qu'il préférait les chiens. Enfin dans son langage d'enfant mais la traduction donnait quelque chose du genre.

La fratrie rit ensemble jusqu'à ce qu'ils soient appelés pour le repas. Ils allaient se retrouver le temps d'une soirée, certains le cœur plus léger que d'autres mais dans tous les cas heureux d'être ensemble. 







Nda : 

Hello ! Ce n'était pas prévu mais comme je n'ai pas eu le temps d'écrire le chapitre de Blasphème et que j'ai de l'avance sur cette fiction je vous poste ici pour vous donner un peu de lecture x) J'espère que vous avez aimé et je vous retrouve ici vendredi comme d'habitude !

Dalion~ Kiss :3

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