Chapitre 32
- Hé Chi, ça te dit une bière chez moi ?
L'air chaud de la fin du mois de Juin chanta aux oreilles du jeune homme qui se demanda pendant un court instant s'il avait bien entendu et non pas rêvée la proposition. Il n'était jamais retourné chez YongGuk depuis la première fois, des semaines plus tôt, et ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé de s'y incruster mais le sergent avait tenu bon. Cette proposition était donc inespérée et il accepta avec un grand sourire. Il envoya un message à sa mère pour la prévenir qu'il ne rentrerait pas pour le dîner et certainement pas de la nuit si tout se passait comme dans son esprit mais il s'abstint de lui dire. Elle lui répondit rapidement qu'il n'y avait pas de problème et lui annonça que SiCheng était bien arrivé au Japon. Chittaphon savait que son frère vivait mal l'absence de Yuta depuis deux semaines et qu'il s'inquiétait pour lui, alors dès que son patron avait émis l'hypothèse d'un voyage d'affaire au pays du soleil levant il n'avait pas hésité et avait préparé ses affaires. Le Thaïlandais était heureux de savoir que son frère était bien arrivé et que son meilleur ami allait avoir un soutien sur place.
- Je suis toujours ok pour une bière, et encore plus si c'est avec la beauté sauvage de mon cœur, rit Chittaphon.
Tout content il sauta sur le dos du bouclé naturellement et les mains de YongGuk vinrent l'attraper par les cuisses pour le maintenir. A leurs pieds le chien attendait patiemment qu'ils se décident à avancer pour rentrer retrouver ses croquettes. Le noiraud se mit alors à marcher en direction de son appartement et le plus jeune glissa son menton dans son cou, ses bras l'enlaçant. YongGuk continuait de lui maintenir qu'il ne voulait pas de relation mais en attendant il avait l'impression d'être de plus en plus proche de lui et il le laissait être de plus en plus tactile, il était obligatoirement sur la bonne voie.
- T'as quoi comme bière au fait ?
- C'est vraiment important ?
- Evidemment, je ne bois pas n'importe quoi moi, s'offusqua Chittaphon.
- Vraiment ? Pourtant de ce que tu m'as raconté il n'y a pas beaucoup de type d'alcool qui n'a pas fini dans ton estomac, lui rappela le bouclé.
- On a tous vécu des bails sombres, tu peux pas juger, grogna le jeune homme.
- Très bien, j'irai au konbini si jamais ça ne te convient pas ou au pire je dois avoir du soju dans le frigo.
Chittaphon gazouilla son plaisir, son bouclé préféré était quelqu'un de fort serviable. Cette fois il profita de sa sobriété pour retenir le trajet jusqu'à l'appartement de YongGuk, on ne savait jamais, si un jour ou l'autre il avait besoin d'y retourner de lui-même, tout pouvait arriver dans la vie. Il n'avait jamais eu l'occasion d'être aussi collé au sergent et il remarquait seulement à quel point il était musclé, c'était loin de lui déplaire. Il sentait les muscles dorsaux rouler sous lui et les épaules se tendre, puis YongGuk n'avait aucun souci à le porter alors que lui aurait déjà été en train de tirer la langue, pire que Shishi après son entraînement à la base. Bon d'accord il l'avait déjà vu torse nu, mais il se remettait d'une cuite particulièrement difficile donc ça ne comptait pas.
Il descendit du dos de son porteur une fois devant la porte d'entrée et il trottina joyeusement dans le petit couloir pour rejoindre le salon non loin.
- Fais comme chez toi surtout, souffla YongGuk en levant les yeux au ciel.
- Je n'y manquerai pas !
Chittaphon déambula dans le salon comme dans un musée, le berger allemand venant gentiment se frotter à ses jambes. Le gros chien l'avait adopté dès leur première rencontre et ne le lâchait plus depuis, au point que YongGuk avait parfois du mal pendant les entraînements puisque Shishi préférait aller chercher des gratouilles auprès du styliste qui les observait.
La décoration était très épurée, voire inexistante dans l'appartement du sergent et Chittaphon laissa son doigt glisser sur le rebord d'un meuble. Pas un gramme de poussière. Il n'était pas étonné, l'appartement ressemblait bien à son propriétaire, il était quand même chaleureux sans pour autant faire familial. L'argenté s'y sentait plutôt bien. Il entendit du bruit dans la cuisine et YongGuk revint peu après avec deux bouteilles deux bières à la main et un décapsuleur. Chittaphon s'empressa de lui montrer la maîtrise qu'il avait de l'objet et ils trinquèrent en souriant.
- La boisson convient à son altesse ?
- Peut mieux faire mais ça va aller, heureusement que la compagnie est bonne, ça compense le goût, minauda Chittaphon.
Il profita qu'ils soient sur le même canapé pour se rapprocher du bouclé et poser sa tête sur son épaule brièvement. YongGuk le laissa faire, un léger sourire aux lèvres. Le chien se coucha à leurs pieds et le noiraud mit la télé en fond sonore, pour éclipser les bruits parasites que faisaient son frigo. Ils discutèrent de tout et de rien, Chittaphon lui parlant de ses amis et de sa famille, YongGuk faisant de même avec ses amis, dont certains que l'argenté avait eu l'occasion de rencontrer à la base, à l'image de DaeHyun qui était le meilleur ami de longue date du bouclé.
Ce dernier retourna leur chercher des bières une fois les premières finies, puis ramena directement le pack en y retournant pour la deuxième fois. Les cadavres des bouteilles jonchaient la table basse, ils durent empêcher Shishi de partir avec une capsule dans la gueule de peur qu'il ne s'étouffe, mais ils étaient bien. Pas ivres, juste bien.
Chittaphon laissa sa tête glisser sur l'épaule du noiraud et leurs regards se croisèrent. Le temps d'un souffle, d'un battement de cœur et l'argenté se demanda « et si ... ». Il n'eut pas besoin de réfléchir plus, ce fut YongGuk qui prit la décision pour lui et qui combla l'écart qui les séparaient. Le jeune homme se laissa faire avec plaisir, ses mains se glissant derrière la nuque du bouclé pour l'accompagner alors qu'il glissait dans le fond du canapé, l'autre se hissant au-dessus de lui. C'était naturel, une évidence. Il n'allait rien faire pour empêcher la suite de se produire, bien au contraire. Il le voulait et YongGuk semblait le désirer tout autant alors Chittaphon plongea dans le plaisir qui lui était offert.
Un coup dans le dos fit grimacer Chittaphon de douleur et il ouvrit les yeux pendant que sa main allait masser la zone douloureuse. Un autre coup lui heurta l'épaule et il eut juste le temps de se décaler avant que le coude de YongGuk ne lui rentre dans les côtes. Le jeune homme tomba en dehors du lit, les fesses à l'air et l'esprit encore embrumé. Il ne comprenait pas tout ce qui était en train de se passer mais le sergent semblait passer un très mauvais moment. Son front était humide de sueur, il était brûlant et il se débattait comme un beau diable dans les draps. Comprenant qu'il faisait un cauchemar, Chittaphon tenta de remonter sur le matelas pour le réveiller et l'extirper de son mauvais songe. Cependant, à peine eut il effleuré le cou du bouclé que celui-ci ouvrit les yeux comme un dément et lui attrapa le bras. Le Thaïlandais ne comprit pas ce qui s'ensuivit, le haut et le bas s'inversèrent devant ses yeux et il se retrouva sur le dos, sous YongGuk, le bras de ce dernier lui compressant douloureusement la gorge. Il s'agrippa à son poignet pour lui faire lâcher, il n'arrivait plus à respirer.
- Yon- toussa l'argenté.
Ses ongles griffèrent le dos de la main qui empêchait l'air d'arriver jusqu'à lui alors que des points noirs se mettaient à danser sous ses paupières et le sergent sembla peu à peu revenir à lui. Son regard terrorisé par ses rêves s'éclaircit progressivement jusqu'à retrouver toute sa lucidité avant qu'il ne se teinte d'horreur à nouveau en prenant conscience de la situation.
YongGuk bondit hors du lit, libérant Chittaphon de sa prise par la même occasion et il alla se recroqueviller dans un coin de la chambre, l'effroi déformant son expression. L'argenté toussa et se massa la gorge, il avait l'impression qu'elle était en feu et que l'air lui râpait la trachée. C'était douloureux et il eut besoin de quelques minutes pour se remettre physiquement et mentalement sur pieds, il était perdu et un peu effrayé mais l'était du militaire semblait encore pire que le sien. Il le voyait trembler comme un enfant après un cauchemar particulièrement effrayant, ses mains s'agitaient nerveusement et il les regardait comme si elles étaient couvertes de sang. Peut-être même que c'était ainsi qu'il les voyait au vu des récents événements.
- YongGuk, l'appela faiblement l'argenté.
- Ne t'approche pas ! hurla le sergent.
Le cri grave figea Chittaphon qui resta bloqué sur le matelas. Il était complètement nu, perdu et il avait peur, ce n'était pas vraiment ainsi qu'il avait envisagé sa première nuit avec son coup de foudre. Rassemblant son courage, et parce qu'il ne supportait pas de voir l'autre souffrir de la sorte alors qu'ils étaient dans la même pièce, le jeune homme quitta son assise pour rejoindre le militaire. Il rampa presque sur le sol pour le rejoindre, avançant doucement et silencieusement.
Il ne refit pas l'erreur de toucher YongGuk, il s'assit simplement à côté de lui, son regard de biais pour vérifier qu'il n'allait pas de nouveau être attaqué par surprise. Alors il lui parla. De tout, de rien. Il occupait juste l'espace de sa voix en espérant qu'elle parvienne à le faire revenir complètement à lui, pendant une heure, ou peut-être deux, il ne savait pas, il parla. Il avait soif mais il parla. Il avait mal à la gorge, au dos, mais il continua parce qu'il avait l'impression que ça aidait YongGuk.
Puis le bouclé releva la tête vers lui et Chittaphon fut incapable de reconnaitre l'expression qui traversa son visage. La rage, la peur, la tristesse. Un mélange sombre qui lui fendit le cœur. Chittaphon tendit la main mais une tape sèche lui fit regretter son geste et il baissa la tête.
- Désolé, marmonna le sergent.
- Pas grave, chuchota Chittaphon. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Rien, t'occupe pas de ça.
L'argenté fronça les sourcils, mécontent de cette réponse. Il ne s'était pas fait frapper pour rien tout de même.
- Ce n'était pas rien, tu peux me parler.
- Je t'ai dit que je ne voulais pas, qu'est-ce que tu ne comprends pas là-dedans ? Ça ne te regarde pas, s'agaça le plus âgé en le foudroyant du regard.
- J'ai quand même le droit de savoir pourquoi je me suis pris un coup ! s'énerva Chittaphon en retour.
- Putain mais t'es toujours comme ça ? Tout ne tourne pas autour de toi à la fin. T'es pas le centre du monde, t'es tellement envahissant c'est chiant. Tu peux pas être un peu plus indépendant et arrêter de demander aux autres ? T'es pas le seul à avoir des problèmes merde.
Le sang déserta le visage de Chittaphon alors que les larmes se mettaient à couler sans discontinuer. Ça résonnait à ses oreilles, dans son esprit. Il se sentait tellement mal qu'il en avait envie de vomir ses tripes sur le sol.
- Je suis à ce point un poids pour toi ? murmura le jeune homme.
- Je-
- Ouais non, dis rien de plus. C'est ma faute, pardon. Je voulais pas t'envahir, je suis désolé, pardon de te déranger, pleura l'argenté.
Il se leva sur ses jambes tremblantes sous le regard dévasté de son aîné mais il ne le vit pas, il ne voyait plus rien tellement il pleurait. A l'aveugle il enfila ses affaires et s'enfuit sans un regard en arrière. Il avait le cœur complètement brisé, il se sentait tellement mal. Pourquoi est-ce que ça s'était passé de la sorte ? Pourquoi est-ce qu'il avait dû insister ? Tout ce serait tellement mieux passé s'il n'avait pas été aussi lourd, c'était à cause de ça que les gens l'abandonnaient mais il n'apprenait pas, il ne cessait jamais d'être un poids mort.
Courant dans les rues de la capitale, Chittaphon appela ses amis. Il ne voyait qu'eux pour réparer les morceaux brisés de son cœur. DoYoung ne répondit pas et il lui en voulut cette fois de le faire passer après ses jeux, mais celui qui lui brisa le peu de morceaux de son cœur intacts qu'il restait fut Yuta. Il n'eut pas l'occasion de prononcer le moindre mot que son ami le coupa.
- Chi tu sais que je t'aime mais là t'es un peu chiant, j'aimerais bien passer une soirée tranquille avec mon copain. Je t'appellerai demain, garde tes infos pour toi jusque-là, allez bonne soirée, débita rapidement le décoloré avant de raccrocher.
Chittaphon cessa de courir. Il était vide.
Nda :
Hey ! Le chapitre ne se termine pas sur une note très joyeuse, Chi me fait de la peine ^^" J'espère que vous avez quand même passé une bonne lecture et j'aurais une question pour vous : le prochain chapitre est un peu particulier, il n'est pas dans la continuité directe de celui-ci donc je voulais savoir si vous préfériez l'avoir le jour prévu donc le vendredi, ou à la moitié du temps, style mercredi, pour avoir le chapitre qui fait suite à celui-ci vendredi prochain ? Je sais pas si c'est très clair ^^"
Dalion~ Kiss :3
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