Chapitre 9

Depuis leur rendez-vous dans le parc, un mois plus tôt, Sicheng et Taeil se retrouvaient souvent. Ils discutaient de tout et de rien, mangeaient un morceau et lorsque le chinois en ressentait le besoin, l'aîné lui chantait une petite chanson. Sicheng avait d'ailleurs de plus en plus de facilité à parler de son passé avec sa famille, avant l'accident, sans ressentir une lourde pression sur le cœur. Certes, cela ne l'empêchait pas de ressentir des moments de profonds désespoir mais petit à petit, il parvenait à faire son deuil. Seule la disparition de son petit frère et l'envie de savoir qui avait pu s'en prendre à sa famille trottaient encore dans sa tête. Mais lorsqu'il était avec son ami, il essayait de chasser ces pensées et de se concentrer sur l'instant-même. Yunoh s'était rendu compte du changement qu'avait apporté la présence de Taeil dans la vie de son meilleur ami. Il avait alors insisté pour que le chinois l'invite à venir manger avec lui et Dongyoung au restaurant, un soir, afin de se faire une idée précise de ce jeune homme. Sicheng avait essayé de trouver des excuses pour éviter ce repas, mais il ne pouvait résister face aux yeux doux de Yunoh. Et puis le coréen était son meilleur ami, il lui dirait honnêtement si, pour lui, Taeil était quelqu'un de bien ou non.  

~

Le coréen était assit à une table, à côté de Dongyoung, attendant l'arrivée de Sicheng et du mystérieux Taeil.

« - Tu crois qu'ils vont nous poser un lapin ? demanda Dongyoung en jetant un coup d'œil à sa montre.

- Ce n'est pas le genre de Sicheng... Et il m'a fait la promesse de me présenter Taeil. »

Le coréen marqua une pause.

« - J'ai vraiment hâte de le connaître. J'ai l'impression qu'il a apporté beaucoup de bien à Sicheng. Ça m'intrigue... Par contre, si je vois qu'il joue avec lui ou cherche à lui faire du mal, je vais clairement lui faire payer.

- Je suis sûr que le grand Yunoh va l'effrayer et qu'il se tiendra à carreau, dit Dongyoung avec ironie.

- Tu te moques de moi mais je suis capable de faire beaucoup de choses pour Sicheng ! lui répondit le garçon en question pour se défendre.

- Et pour moi ? demanda Dongyoung en levant un sourcil interrogateur. »

Yunoh fit mine de réfléchir pendant quelques secondes avant de lever les yeux au ciel et de lui tirer la joue. « Mais bien sûr, pabo ! » Dongyoung sourit, attrapa le col de Yunoh et posa ses lèvres sur les siennes, l'entraînant dans un tendre baiser. Un bruit de chaise éclata leur petite bulle et le couple se détacha, se tournant vers le nouveau venu. « Faites comme si je n'étais pas là... » dit Sicheng en s'asseyant en face de son meilleur ami.

« - Ah bah c'est pas trop tôt ! s'écria Yunoh. Et que fait Taeil ?

- Il ne devrait pas tarder. »

Au même moment, la porte du restaurant s'ouvrit, et le coréen en question fit son apparition, deux paquets cadeaux dans les mains. Les trois amis se levèrent et saluèrent leur invité.

« - Bonsoir, je m'excuse pour le retard.

- Bonsoir, ce n'est rien, ne t'inquiète pas, le rassura Yunoh. »

Les quatre garçons s'assirent et Dongyoung interpella un serveur pour passer leur commande. Lorsque cela fut fait, Taeil tendit l'un des paquets à Sicheng et l'autre à Yunoh.

« - J'ai pris cela pour vous, expliqua le coréen, nerveusement.

- Pour moi ? demanda Yunoh, surpris.

- Oui... Enfin, c'est pour toi et Dongyoung.

- Merci beaucoup, Taeil. Mais tu n'aurais pas dû... lui dit Sicheng, touché par son geste.

- Ça me faisait plaisir, répondit le jeune homme en question, le sourire aux lèvres. »

Impatient, Yunoh déchira le papier cadeau, découvrant un coffret DVD.

« - Étant donné que je ne savais pas trop quel genre de films vous aimiez, j'ai pris ça. J'espère qu'il y en aura au moins un dans le lot qui vous plaira, expliqua Taeil sur un ton d'excuse.

- C'est super, merci beaucoup ! s'exclama Yunoh.

- On va passer de supers soirées ! ajouta Dongyoung. Comment peut-on te remercier ?

- Vous n'avez pas besoin de me remercier. C'était déjà très gentil à vous de m'inviter ce soir.

- Et toi, Sicheng ? Ouvre ton cadeau ! le pressa son meilleur ami. »

Le garçon en question défit à son tour le papier qui entourait le petit paquet et devina qu'il s'agissait d'un album. Un petit mot accompagnait le cadeau, sur lequel il était écrit : « Pour Sicheng, l'homme qui m'a redonner envie de travailler mon chinois ». Sicheng sourit en lisant le mot et tourna l'album pour en connaître l'artiste. Il fut surpris de voir que la pochette et la tracklist avait été faites à la main.

« - Ça va peut-être faire un peu prétentieux mais la dernière fois, tu m'as dis que ma voix t'apaisait et te permettait de penser à autre chose, commença le plus âgé. J'ai décidé de te faire un album personnalisé, avec des chansons écrites spécialement pour toi. Donc, si jamais tu as un coup de blues et que je ne suis pas là, tu pourras les écouter.

- Ooh... Merci infiniment, Taeil. C'est la première fois que quelqu'un me fait un cadeau comme cela, répondit Sicheng, le visage en feu. Je l'écouterai ce soir, en rentrant.

- Et la dernière chanson est un peu spéciale. J'espère que tu l'apprécieras... compléta Taeil en baissant les yeux.

- Je n'en doute pas. »

Yunoh les regardait, ravi, lorsque le serveur arriva avec les plats. Les quatre jeunes hommes le remercièrent et commencèrent à manger.

Ils discutèrent de longues minutes, apprenant à se connaître lorsque Dongyoung lança le sujet de discussion qui intéressait réellement les deux amis du chinois.

« - Et du coup, Taeil, tu aimes les hommes aussi ?

- Effectivement, répondit le plus âgé, s'attendant à cette question.

- Et tu as déjà eu un copain ? demanda Yunoh, à son tour.

- Oui, il y a maintenant un an à peu près. C'est grâce à lui que j'ai assumé mon homosexualité, en particulier auprès de mon père, répondit Taeil.

- Je comprends tout à fait, ce n'est pas une partie de plaisir, commenta Dongyoung en croquant dans un morceau de poulet.

- Mais c'est de l'histoire ancienne, ajouta-t-il en jetant un coup d'œil à Sicheng. Je n'ai plus aucun contact avec lui et je l'ai totalement oublié.

- Et tu recherches quelqu'un en ce moment ? Tu as un genre de mec ? demanda Yunoh.

- Pas en particulier ; l'amour est quelque chose de tellement inattendu... Je n'ai pas vraiment de critère. Mais honnêtement, j'ai eu un petit coup de cœur pour Sicheng. »

A ces mots, l'aîné tourna la tête vers le garçon en question et lui sourit. Sicheng rougit et son cœur rata un battement. Mais Yunoh brisa rapidement ce moment :

« - Sicheng est un garçon incroyable. Il mérite de connaître le bonheur. Alors, si jamais tu te décides à lui tenir compagnie, j'espère sincèrement que tu seras à la hauteur.

- C'est bon, Yunoh... le coupa Sicheng.

- Bien sûr, répondit Taeil. Je n'oserais jamais lui faire de mal. »

Les garçons attaquèrent le dessert et continuèrent leur discussion, Taeil essayant de montrer qu'ils pouvaient tous avoir confiance en lui.

Lorsque leurs assiettes furent vides, ils se décidèrent à rentrer chez eux. Taeil prit sa voiture, salua ses amis et lança un « A bientôt » en direction de Sicheng. Ce dernier monta à l'arrière de la voiture de Yunoh, tandis que Dongyoung se plaçait sur le siège passager.

« - Alors, qu'avez-vous pensé de lui ? demanda Sicheng, alors que son ami le ramenait chez lui.

- Moi, je le trouve très sympa, répondit Dongyoung. En tout cas, j'ai eu une très bonne première impression.

- Et toi, Yunoh ?

- Pour l'instant, je l'ai trouvé très bien aussi. J'attends maintenant d'être sûr qu'il ne joue pas un rôle. Mais toi, Sicheng, il te plaît vraiment ? dit le coréen, en regardant dans le rétroviseur pour croiser le regard de son ami.

- Je crois bien que oui... Enfin, j'ai du mal à décrire ce que je ressens...

- De toute manière, s'il doit se passer quelque chose entre vous, commenta Dongyoung, ça se fera tout seul. »

La voiture ralentit en arrivant dans la rue de la maison des Qian et Yunoh se gara juste devant le garage.

« - Et nous voilà arrivé !

- Merci de m'avoir raccompagné.

- Mais de rien. Passe une bonne soirée, Sicheng ! lui lança Yunoh.

- Et ne rêve pas trop de ton prince charmant, ajouta Dongyoung en lui faisant un clin d'œil. »

Sicheng sourit et salua le couple avant de les laisser partir.

Lorsque la voiture disparut de son champ de vision, Sicheng avança dans l'allée. Il serrait son album contre lui et sentit son cœur s'emplir de joie. Mais lorsqu'il pénétra dans le hall d'entrée, sa gaieté disparue soudainement. Son père se précipita sur lui et l'empoigna par la chemise avant de lui mettre une claque. « C'est à cette heure-ci que tu rentres ? Où étais-tu ? Tu vois dans quel état tu mets ta mère ? » Madame Qian était sur le canapé, et son corps était prit de soubresauts. « Tu aurais pu au moins nous prévenir ! » Monsieur Qian était rouge de colère.

« - Je... Je suis désolé. J'ai travaillé à la bibliothèque et je suis directement allé au restaurant avec Yunoh et d'autres amis. J'aurais dû vous le dire... 

- Ne refais jamais ça ! Tu te permets de t'amuser alors que nous nous faisions un sang d'encre pour toi ? Ça te fais rire de nous mettre dans cet état ? Dégage dans ta chambre ! »

Sicheng n'attendit pas une seconde de plus et se précipita jusqu'à sa chambre où il jeta ses affaires. Il s'approcha du miroir et vit qu'il avait la trace de la main de son père sur la joue. Il passa ses doigts dessus et grimaça de douleur. Soudainement, il se sentit à nouveau envahi par la souffrance. Il baissa les yeux et son regard se posa sur l'objet qu'il tenait contre lui. Il s'approcha de son poste et y glissa le CD. Il prit soin de baisser le son, afin de ne pas prendre le risque de déranger ses parents et de se faire à nouveau réprimander. Le disque tourna quelques secondes avant de laisser place à la douce voix de Taeil. Sicheng ne prit même pas la peine de se déshabiller et se glissa sous la couverture. Il ferma les yeux et se concentra sur la voix du coréen afin d'apaiser ses sanglots. Cela dura plusieurs minutes. Sicheng ressentait à nouveau cette impression de ne pas être seul et de pouvoir revivre. Soudain, quelqu'un toqua à la porte. Sicheng sursauta et lança un petit « Oui... ? ». Madame Qian fit son apparition dans l'embrasure de la porte et s'approcha du lit dans lequel son fils s'était assit. Elle se mit à côté de lui et passa sa main sur la joue de son fils en plongeant son regard dans le sien. « Je suis désolée... Je ne suis pas une bonne mère... Je devrais m'occuper de toi comme il se doit... Oh, Sicheng... » La jeune femme le prit dans ses bras et le serra contre elle.

« - Tu es tout ce qu'il me reste et tu m'es tellement précieux...

- Māmā, tu es une personne extraordinaire. Tu n'as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit. Et je serais toujours là pour toi, je te le promets, lui répondit Sicheng en lui passant une main réconfortante dans le dos.

- Je t'aime, Sicheng...

- Je t'aime aussi, māmā... »

Les deux membres de la famille Qian continuèrent leur étreinte lorsqu'une voix attira leur attention. Le CD était arrivé à la dernière piste et les paroles qui étaient prononcées par Taeil atteignirent le chinois en plein cœur. A ce moment exact, il ne savait pas ce qu'il était en train de ressentir. Sicheng avait parlé à son nouvel ami de la chanson que sa mère avait l'habitude, à l'époque, de leur chanter, à lui et ses frères. Mais cette fois-ci, les belles paroles ne sortaient pas de la bouche de madame Qian, mais bien de celle de Taeil. La mère de Sicheng, étonnée, se détacha de son fils et demanda :

« - Qui est-ce qui chante ?

- Un... un ami... parvint à articuler le jeune garçon. Je... je lui avais parlé de ta chanson... et il m'a fait une surprise... »

Madame Qian sourit à son fils et lui passa une main dans les cheveux. « Et bien, j'ai l'impression que c'est une très bonne surprise... et un très bon ami. » Sicheng acquiesça et tous deux s'allongèrent, l'un contre l'autre, dans le lit du jeune homme, se laissant bercer par la tendre musique.

« Nae soneul jaba woneul geuryeo
I mankeum nanwo gajin geojanha
Nae on maeumi nae gyeote
Ne kkumi ne gyeote... »  


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J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes !
Je sais que c'est un peu lent entre Taeil et Sicheng mais c'est fait exprès et ça va très bientôt s'accélérer ;)
J'ai atteins les 100 abonnés alors merci beaucoup ! :D

Comme je l'ai dis dans l'espace commentaire du chapitre précédent, je ferais une partie, à la fin de la fiction, pour vous présenter l'histoire originale du mythe qui m'a inspiré pour cette histoire. Ainsi, vous pourrez les comparer. Et si j'en ai le courage, je vous parlerais aussi de toutes mes autres inspirations puisque cette fiction est remplie de références à mes propres expériences et que l'écrire m'a aidé à me sentir beaucoup mieux et à me connaître !
A vous de voir, bien sûr, si cela vous intéresserait ou non ^^ ♡♡♡

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