Chapitre 8
Sicheng bifurqua lorsque Taemin apparu dans son champ de vision et rejoignit rapidement Yunoh. Ce dernier était assit sur les marches menant au restaurant universitaire, les yeux rivés sur son téléphone. En entendant la voix de son ami l'interpeller, il releva la tête et lui sourit. Les deux garçons descendirent l'escalier, attrapèrent un plateau et se servirent avant d'aller s'asseoir à une table.
« - Tu es sûr que ça ne t'embête pas qu'on mange ici plutôt qu'à la cafétéria ? demanda Sicheng, embarrassé.
- Bien sûr que non, lui répondit le coréen, d'une voix rassurante. Ça change un peu et si ça te permet d'être moins stressé, ça me va. D'ailleurs, si je vois la sale gueule de Yongguk, je te jure que je lui brise une côte. »
Le chinois lui fit un léger sourire pour le remercier avant de commencer à déguster son repas. « Tu sais, ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas vu de sourire sur ton visage, ajouta Yunoh doucement. Je suis heureux de te voir comme ça. » Sicheng parut gêné et se pinça les lèvres avant d'avouer : « Je crois que c'est grâce à quelqu'un que j'ai rencontré... » Yunoh ouvrit de grands yeux étonnés et reposa brusquement son verre, éclaboussant légèrement la table.
« - Tu as rencontré quelqu'un et tu ne m'en as pas parlé ?
- Je ne pensais pas qu'il me plairait autant...
- Attends, il ? Mais tu le connais depuis quand ? Comment est-ce qu'il s'appelle ? Il ressemble à quoi ? Raconte-moi tout ! s'écria Yunoh, soudainement très excité.
- Calme-toi, Yunoh. On s'est simplement parlé deux fois. Il s'appelle Taeil et est en troisième année de langues... Et à chaque fois que je me suis retrouvé avec lui, il a réussit à me faire sourire et à me remonter le moral... »
Le coréen affichait un large sourire.
« - Même si je suis un peu jaloux, je suis content. Et vous allez vous revoir ?
- On s'est échangé nos numéros et il m'a envoyé un message pour me proposer de le revoir ce week-end, en-dehors de l'université.
- Oh ~ ! Alors, notre petit Sicheng a un rendez-vous ~ ! s'écria Yunoh.
- Je ne sais pas encore si je vais y aller... marmonna Sicheng en jouant avec sa cuillère.
- Ah non ! s'exclama son meilleur ami, d'une voix grave. Il est hors de question que tu n'y ailles pas ! Tu vas peut-être pouvoir enfin partager ta vie avec quelqu'un, et tu l'as dis toi-même, il te plaît.
- Mais si jamais ce n'était pas quelqu'un de bien... ? demanda doucement le chinois.
- Sicheng... Ce n'est pas en fuyant toutes les personnes qui s'intéressent à toi que tu sauras qui est bien pour toi. »
Le jeune homme en question baissa les yeux et but une gorgée avant de souffler.
« - Tu as raison...
- Et si jamais il ose te briser le cœur, je te jure qu'il le regrettera ! ajouta Yunoh en prenant la main de Sicheng dans la sienne. Je serais toujours là pour toi. »
Le chinois sourit avant de répondre : « Merci, je serais là pour toi aussi. »
~
Le soleil brillait dans le ciel et une brise légère faisait bruisser l'emballage des gâteaux que Sicheng tenait dans les mains. Il s'approcha lentement du banc sur lequel était assit Taeil. Ses mains étaient moites et il se sentait extrêmement nerveux. Lorsque le coréen le vit, il se leva rapidement et s'inclina.
« - Je ne suis pas en retard ? demanda Sicheng, précipitamment.
- Non, non, ne t'en fais pas, sourit Taeil. »
Les deux jeunes hommes s'assirent sur le banc. « J'ai préparé quelque chose... Je ne suis pas le meilleur cuisinier de tout les temps, mais je crois que je me débrouille... Enfin... Tu me diras... » Et à ces mots, le chinois tendit les gâteaux qu'il avait emmené à son ami.
« - Oh, mais Sicheng, il ne fallait pas ! s'exclama Taeil. Du coup, je me sens mal car je n'ai rien apporté...
- Ce n'est rien, et puis ça me faisait plaisir, le rassura Sicheng. »
Taeil prit le paquet et l'ouvrit, révélant de délicieuses petites pâtisseries. Une odeur alléchante s'en échappait. « En tout cas, ça a l'air très appétissant ! » s'enthousiasma l'aîné. Sicheng rougit suite au compliment et observa son ami, curieux de savoir ce qu'il allait penser de sa cuisine. Taeil prit délicatement un des gâteaux et l'approcha de sa bouche. Lorsqu'il croqua dedans, il ouvrit de grands yeux. Sicheng devint soudainement tendu, inquiet.
« - Mais c'est super bon ! s'écria Taeil, la bouche pleine.
- Oh, merci... répondit Sicheng d'une petite voix, heureux d'avoir réussis sa recette.
- Où as-tu appris à cuisiner quelque chose d'aussi bon ? demanda Taeil, curieux.
- C'est mon grand frère qui m'a enseigné ça...
- Et bien, ton grand frère est quelqu'un de génial ! lui sourit l'aîné.
- Oui... »
Sicheng essaya de rapidement penser à autre chose, pour ne pas s'effondrer sous les yeux de son nouvel ami. « C'est pour cela que j'ai toujours voulu avoir un grand frère. J'aime mon petit frère aussi, mais notre relation n'est pas la même. On ne peut pas se confier de la même manière avec un petit frère qu'avec un grand frère, tu ne crois pas ? » Le chinois acquiesça et détourna son regard, dissimulant ses yeux humides.
« - Enfin bref, tu n'as pas recroisé l'autre con ? l'interrogea Taeil, en changeant de sujet, voyant que son ami n'était pas bien à l'aise.
- Non, heureusement, répondit Sicheng.
- Si jamais il te refait une scène, préviens-moi. Je n'ai peut-être pas l'allure du bagarreur mais je déteste que l'on s'en prenne aux personnes que j'aime bien.
- C'est très gentil, merci. »
Sicheng rougit.
« - Écoute, je te propose quelque chose. Ça te dis que je joue un petit morceau et que tu me chantes quelque chose ? J'ai spécialement apporté ma guitare pour toi, dit Taeil en sortant l'instrument de sa house, posée à côté de lui.
- Oh... Mais je chante simplement comme ça... Pour le plaisir...
- Et bien chante pour le plaisir pour moi, s'il te plaît, ajouta Taeil en faisant semblant de l'implorer. »
Sicheng rit nerveusement et ajouta timidement : « Non... Je ne suis pas à l'aise, vraiment... » Le coréen fit une mine boudeuse avant de lui répondre : « Bon, ce n'est pas grave. » Il posa la guitare sur ses genoux, s'éclaircit la voix et commença à fredonner une chanson :
« Apado gwaenchana saranghagi ttaemune
I jeuryeo doraseo bwado gaseumi chajaga
Ureodo gwaenchana geudael sarang hanikka
Apado gidaril nae majimak sarang
Geudaeraseo »
Losque la voix douce du jeune homme résonna, Sicheng se sentit transporté. Il eut l'impression de faire partie d'un autre monde, de se sentir enfin apaisé ; ce qu'il n'avait pas ressentit depuis longtemps. Son corps était emplit d'une chaleur reposante mais son cœur battait la chamade. Pendant quelques instants, le chinois eut l'impression de revivre. Mais lorsque la voix de son ami se stoppa, laissant planer le silence, la lourde tristesse qui submergeait Sicheng reprit sa place.
« - Merci Taeil, finit-il par dire. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentis aussi bien.
- J'en suis très content alors, répondit le garçon en question, en sentant ses joues virer au rouge.
- Ta voix est absolument magnifique...
- Merci... »
Taeil baissa la tête et se racla la gorge, avant de demander, gêné :
« - Qu'est-ce qui te tracasse à ce point, Sicheng ?
- Qu'est-ce qui te dis que quelque chose me tracasse ? nia le plus jeune.
- Je sais que les paroles de cette chanson n'étaient pas très joyeuses mais tu as l'air triste... Et tu viens de me dire que tu ne t'étais pas sentis aussi bien depuis un moment... Tu n'es pas obligé d'en parler si ça te dérange, mais sache que je suis là si tu as besoin, même si on ne se connaît pas beaucoup... »
En disant ces mots, le plus âgé eut envie de poser sa main sur celle de Sicheng mais il se contenta de lui faire un sourire réconfortant, pensant qu'il était encore trop tôt pour cela.
« - Je ne veux pas que tu aies pitié de moi... Je ne veux pas que tu me regardes comme si j'étais une pauvre petite chose malheureuse...
- Je te fais la promesse que ça n'arrivera pas. »
Le chinois prit une profonde inspiration et commença à expliquer, doucement : « Je me suis souvenu du temps où ma mère nous chantait des chansons, à moi et mes frères... Je vivais dans une famille soudée, qui partageait énormément de choses. Bien que mes parents passaient pas mal de leur temps au travail, ils étaient toujours là pour nous lorsque nous en avions besoin. Mon grand frère cuisinait beaucoup et donnait de très bons conseils. Il était un employé modèle ; les patrons se battaient pour l'embaucher. Mon petit frère avait, lui aussi, une voix merveilleuse et chantait parfois avec ma mère. Il avait lancé sa propre chaîne Youtube qui comptait de plus en plus d'abonnés. Et le plus jeune de la famille était sûrement le plus gentil garçon du monde. Il était généreux et aimant. Je ne pense pas avoir été le frère idéal, mais je me suis toujours montré ouvert et à l'écoute. Et un jour, des monstres se sont introduis chez nous alors que mes parents n'étaient pas là et que je me trouvais à une fête avec mon meilleur ami. Ils s'en sont prit à deux de mes frères et la petite amie du plus âgé. Ils les ont... tués... J'ai retrouvé mon frère... étendu sur le sol... Le plus jeune, quant à lui, a disparu... On ne sait pas s'il s'est enfui ou s'il a été kidnappé... Ça fait cinq mois que nous n'avons aucune trace de lui... La police a abandonné toute recherche... Notre famille plane dans une sorte de culpabilité constante. Mon père passe ses journées à chercher mon petit frère, tandis que ma mère reste dans son lit, impuissante... » Au cours de son récit, des larmes s'étaient mises à rouler sur les joues de Sicheng. Taeil, quant à lui, l'avait écouté jusqu'au bout sans broncher.
« - Je suis sincèrement désolé... Je me sens coupable d'avoir parlé de relations fraternels tout à l'heure...
- Tu n'as rien fais de mal, Taeil, je te l'assure. Tu ne pouvais pas savoir.
- Tu sais, Sicheng. Je trouve que tu es une personne extrêmement courageuse.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Et bien, tu continues de te rendre en cours, de parler avec les autres, de sortir, même si je suppose que tu le fais moins qu'avant. Lorsque ma mère a quitté la maison, quand j'étais plus jeune, je me suis enfermé dans ma chambre pendant une très longue période et je n'ouvrais jamais la bouche... Tu m'impressionnes. Je ne sais pas dans quel état je serais à ta place.
- Je suis désolé pour ta mère...
- Je m'y suis fais maintenant. »
Taeil tourna la tête vers Sicheng et lui sourit. « Est-ce que si je me mets à chanter, tu arrêteras de pleurer ? Ça me brise le cœur de te voir comme ça... » Le chinois rit doucement avant d'essuyer ses larmes. « Merci, Taeil. Je pense que j'avais besoin d'en parler. » Et de manière assez surprenante, il posa sa tête sur l'épaule du plus âgé et ferma les yeux. Ce dernier sentit son cœur accélérer et doucement, se mit à gratter les cordes de sa guitare, en chantonnant...
~
Et voilà encore un petit rapprochement entre Taeil et Sicheng, qui a pu partager un petit peu ce qu'il ressentait ! J'espère que vous appréciez leur relation ;)
Je vous remercie encore pour tous vos votes et vos commentaires. Cette histoire me tient vraiment à cœur personnellement et je travaille vraiment dur dessus, donc ça me touche vraiment de voir que ça plaît ! ♡♡♡
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