Chapitre 70
Sicheng ouvrit lentement les yeux, découvrant la chambre plongée dans le noir. Il posa son regard sur le réveil, indiquant onze heures du matin. C'est alors que, étant un peu plus réveillé, il réalisa qu'il était complètement nu. Gêné, il bougea sa main à la recherche du drap ou de la couette. Mais alors qu'il se concentrait sur sa tâche, il sentit un bras l'entourer et des doigts venir lui caresser le ventre. Il eut un sursaut et s'assit, repoussant la personne invisible. « C'est juste moi, trésor. C'est Yuta. » Le chinois alluma rapidement la lampe de chevet et posa, effectivement, ses yeux sur son colocataire.
« - Tu m'as fais peur...
- Il ne peut rien t'arriver tant que je suis dans les parages.
- J'ai juste cru que-
- Taemin n'est pas là. Et il ne le sera plus jamais. »
Sicheng acquiesça lentement et s'allongea à nouveau, se glissant contre Yuta. Ce dernier le prit contre lui, déposant un tendre baiser sur son front.
« - Tu as bien dormis ? lui demanda-t-il.
- Oui, parfaitement bien et toi ?
- Je ne pouvais pas rêver mieux. »
Sicheng glissa lentement sa main sur le torse de Yuta et dit :
« - Qu'est-ce que ça voulait dire ce qu'il s'est passé hier soir ?
- Comment ça ?
- C'était sérieux ? C'était juste un test ?
- Non, pas du tout, trésor. Pour moi, ça signifiait énormément. Je ne prends pas ça à la légère. Et toi... ?
- C'était parfait. Et je veux toujours me sentir aussi proche de toi.
- Il n'y a pas de raison qu'on ne le soit plus. »
Le chinois releva la tête et approcha son visage de celui de son colocataire, avant de s'arrêter.
« - Est-ce qu'on est...ensemble ? Enfin, je veux dire, est-ce que tu es mon petit ami ou est-ce que c'est encore trop tôt ?
- J'ai très envie d'être ton copain. Je veux juste être sûr d'être Yuta pour toi.
- Oui, et je crois être en train de tomber amoureux de Yuta. »
Le japonais sourit et réduisit la distance entre leurs lèvres, avant de l'embrasser tendrement.
« - Au fait, tu n'as mal nulle part ?
- Un peu au bassin, mais si je ne bouge pas trop, ça va, répondit le plus jeune.
- Je savais que j'y étais allé trop fort...
- Non, tu n'as rien fais de mal. C'est juste moi qui ne suit pas habitué.
- Je peux t'aider pour ça, rit Yuta en venant l'embrasser dans le cou. »
Le chinois sourit, repoussant sans réellement le vouloir, son colocataire.
« - Yuta ?
- Hmm ? fit le garçon concerné, commençant un nouveau suçon.
- J'ai réfléchis à quelque chose cette nuit...
- Tu as réussis après la soirée qu'on a passé ? Personnellement, j'avais l'esprit tout embrouillé.
- Mais j'ai besoin de toi. »
Yuta redevint sérieux et se remit à côté de Sicheng, l'interrogeant du regard.
« - J'aimerais aller au commissariat... Et porter plainte contre Taemin.
- Pour de vrai ?
- Tu penses que c'est une mauvaise idée ? ajouta immédiatement Sicheng, le regard perdu.
- Tu sais très bien que je suis le premier à trouver que ta décision est géniale ; mais est-ce que tu te sens vraiment prêt ?
- Seulement si tu m'y accompagnes.
- C'est promis. »
Alors que Yuta allait continuer, la porte s'ouvrit et Renjun courut pour se jeter dans le lit, entre les deux garçons. « Quelle tornade de bon matin ! » s'exclama le japonais. Le plus petit leur fit face et expliqua en quelques gestes qu'ils savaient qu'ils étaient réveillés car ils les entendaient discuter.
Il leur demanda ensuite pour aller dans la couverture avec eux, mais Sicheng refusa, se rappelant qu'ils étaient nus. Il jeta très rapidement un coup d'œil au réveil. « Tu te souviens, Renjun, que tu dois aller chez Jaemin aujourd'hui ? » Le petit garçon sourit. « Dans ce cas, il faut que tu ailles te préparer ! On te rejoint tout de suite. » Renjun acquiesça et quitta la pièce aussi vite qu'il était venu.
« - Ça te va si on profite de l'absence de Renjun pour aller au commissariat ? demanda Sicheng à son colocataire.
- Oh déjà ?
- Je veux faire ça le plus rapidement possible pour ne plus avoir à y penser.
- Je comprends... Dans ce cas, tu peux compter sur moi. »
Yuta lui déposa un léger baiser sur les lèvres et se leva pour s'habiller. Sicheng fit de même, et lorsqu'ils furent prêts, ils descendirent à la cuisine, où Renjun était déjà en train d'essayer de préparer le petit déjeuner. « Il est peut-être un peu tard pour manger autant, lui dit son grand frère. Prends-toi juste un fruit. Tu vas sûrement déjeuner dans une petite heure chez Jaemin. » Le chinois suivit le conseil de l'aîné et prit simplement une pomme.
~
Une fois le plus jeune déposé chez son ami, Yuta redemanda à Sicheng s'il était sûr de se sentir prêt. Ce dernier acquiesça, et le japonais prit la route du commissariat. Ils arrivèrent rapidement devant le bâtiment, mais le chinois s'arrêta au moment où ils allaient sonner.
« - Que se passe-t-il ? l'interrogea Yuta, surprit.
- J'ai peur qu'ils se moquent de moi...
- Pourquoi feraient-ils ça ?
- Parce que j'étais en partie consentant...
- On a déjà parlé de ça, trésor. Ça ne change pas le fait qu'il se soit joué de toi. Et si l'un d'eux se met à rire, je n'hésiterai pas à leur en mettre une. »
En voyant les sourcils de son colocataire se froncer, il rajouta : « Bon, d'accord, je prendrai sur moi. Mais je suis là. Donc personne n'osera dire du mal de toi. » Il tendit sa main à son nouveau petit ami, qui finit par la lui attraper.
Yuta appuya sur la sonnette et attendit qu'un agent de police leur ouvre. « Vous avez rendez-vous ? » Voyant que Sicheng était bien trop nerveux pour répondre, le japonais s'en chargea.
« - Non. Mon ami aimerait voir quelqu'un pour porter plainte.
- D'accord. Attendez ici. Je vais chercher une collègue. »
Les deux garçons s'assirent sur des chaises dans le hall, attendant la fameuse collègue.
Et au bout de quelques minutes, une femme d'une trentaine d'année s'approcha d'eux.
« - Bonjour, c'est vous qui souhaitez déposer une plainte ?
- Oui.
- Vous deux ? »
Sicheng leva timidement la main.
« - Seulement moi...
- Dans ce cas, suivez-moi.
- Est-ce que Yuta peut venir avec moi ? demanda-t-il, sans lâcher la main de son colocataire.
- Seulement s'il ne vous influence pas, répondit la femme d'un ton dur. »
Les deux amoureux hochèrent la tête.
L'agent les précéda jusqu'à un bureau et les invita à s'asseoir en face d'elle. Elle fit quelques manipulations sur son ordinateur et porta son attention sur Sicheng.
« - Nous allons donc commencer. Je suis l'agent Lee Sunmi. Pourquoi voulez-vous déposer une plainte ?
- Pour... agression sexuelle ?
- D'accord. Je vais donc d'abord vous poser quelques questions générales. Pourrais-je avoir votre nom et prénom ?
- Qian Sicheng.
- Votre situation familiale ?
- C'est-à-dire... ?
- Êtes-vous mariés ? En concubinage ? Seul ?
- Euh... »
Le chinois tourna la tête vers Yuta, espérant qu'il lui vienne en aide.
« - Bon, on va dire que vous êtes célibataire, alors, s'impatienta Sunmi. Votre date de naissance ?
- 28 octobre 1999.
- Votre lieu de naissance ?
- A Zhejiang, en Chine.
- Et votre adresse ?
- Euh... Je vis officiellement dans un quartier non loin d'ici, mais je suis en ce moment à Osaka chez mon... ami, bafouilla Sicheng.
- Je vais avoir besoin des adresses exactes, s'il vous plaît. »
Le chinois se tourna vers Yuta qui la lui donna, et le plus jeune répondit à son tour.
« - Depuis combien de temps vivez-vous chez votre ami ?
- Six mois environ.
- Vous êtes seulement tous les deux ?
- Il y a aussi mon petit frère de sept ans, mais il avait disparu pendant plus d'un an, donc sa présence est récente.
- Et lorsque vous êtes en Corée, avec qui vivez-vous ?
- On est tous les trois aussi. Le reste de ma famille est décédé...
- Votre nationalité ?
- Je suis chinois et coréen.
- Étudiant ?
- Oui.
- Très bien, merci. Vous avez parlez d'agression sexuelle, c'est bien ça ?
- Oui.
- De qui avez-vous subi cette agression ?
- Un garçon de mon université.
- Vous étiez proche ? demanda l'agent.
- Non, pas tellement. Enfin, il me tournait autour depuis déjà un an à peu près, mais je l'ai toujours repoussé.
- Quand est-ce que cela s'est produit ?
- Euh... »
Sicheng se mit à réfléchir, essayant de se remémorer la date exacte.
« - C'était le 19 octobre... Je ne sais plus l'heure exacte... Peut-être vers minuit...
- D'accord. Je vais vous demander le nom et prénom de votre agresseur.
- Lee Taemin.
- Son âge ?
- Euh... Je pense qu'il a vingt ans aussi. Peut-être un ou deux ans de plus.
- Connaissez-vous son adresse ?
- Non.
- Son numéro de téléphone ? Je vais d'ailleurs en profiter pour prendre le vôtre en même temps.
- Je dois l'avoir, dit Yuta.
- Non, c'est bon, je l'ai aussi, répondit Sicheng. »
Il sortit son téléphone et donna son numéro, ainsi que celui de Taemin.
« - Est-ce que vous savez s'il vit avec quelqu'un ?
- Non pas du tout. Je sais juste qu'il a un petit ami qui s'appelle Jongin.
- D'accord, merci. Bon, passons maintenant aux choses sérieuses. Pouvez-vous me parler des faits ? »
Sicheng sentit une goutte de sueur perler le long de sa nuque. Il déglutit difficilement et raconta :
« - J'étais dans ma chambre, dans le noir. Il n'y avait personne d'autre chez moi. J'attendais mon petit ami, qui était censé me retrouver pour passer la nuit avec moi. Mais en fait, c'est Taemin qui est venu. Il est entré dans ma chambre, qui était dans le noir, et j'ai couché avec lui en pensant que c'était mon petit ami.
- Vous étiez consentant, donc ?
- Oui, mais seulement parce que je croyais que c'était Taeil. Il avait mit exactement le même parfum, avait fait la même coiffure et couleur que mon petit ami pour pouvoir me piéger. Il l'a suivit plusieurs fois juste pour apprendre chacun de ses gestes...
- Qui vous a dit cela ?
- Taemin en personne.
- Quand ça ?
- Quelques jours plus tard, je l'ai recroisé et il m'a tout avoué : son énorme obsession pour moi et cette fameuse nuit où il s'est fait passer pour mon copain. »
L'agent Lee Sunmi fronça les sourcils, un peu surprise par cette histoire et continua :
« - Ce n'est arrivé qu'une fois ?
- Oui, le reste du temps, il se contentait de m'offrir des cadeaux et me faire des déclarations.
- Est-ce que quelqu'un était témoin de toutes ces marques d'attention à votre encontre ?
- Oui, mon meilleur ami, Yunoh.
- Et moi, ajouta Yuta en levant la main. J'avais déjà eu l'occasion d'en discuter avec lui.
- Très bien. Vous me donnerez votre numéro aussi, après, et celui de votre meilleur ami, répondit la policière. Est-ce que Taemin vous a pénétré ? »
Sicheng fut surprit par le tact de la femme et répondit :
« - Oui...
- Combien de fois ?
- Une seule fois...
- Est-ce que vous savez combien de temps est-ce que cela a duré ?
- Non, pas du tout... Heu... Sûrement pas très très longtemps. Cinq minutes ?
- Est-ce qu'il vous a demandé des faveurs sexuelles ?
- Non, c'est plutôt lui qui m'en a faite...
- C'est-à-dire ?
- Toutes sortes de préliminaires... Caresses, fellation... »
Le chinois était devenu rouge pivoine, se demandant ce qu'il faisait là.
« - Taemin a-t-il éjaculé en vous lors de la pénétration ?
- Non, c'était un rapport protégé.
- Est-ce que vous étiez face à lui ?
- Oui.
- Mais vous n'avez pas vu son visage, c'est bien ça ?
- Oui, on était dans le noir et j'étais tellement nerveux que je n'ai pas fais attention...
- Est-ce qu'il a prononcé quelque chose ?
- Non, rien du tout. Sinon, vous pensez bien que j'aurais reconnu sa voix.
- S'est-il montré violent pendant l'acte ? Vous a-t-il forcé à faire quelque chose que vous ne vouliez pas ?
- Non plus. Au contraire, il rêvait de ça depuis longtemps et voulait que ça se passe parfaitement.
- Avez-vous d'autres choses à ajouter ? »
Sicheng réfléchit mais finit par secouer la tête.
« - Très bien. Donc pour résumer, vous avez été violé par votre camarade Lee Taemin, qui vous tournait autour depuis un moment, lorsque vous étiez seul chez vous, se faisant passer pour votre petit ami. C'est bien ça ?
- Un viol ? Il ne faut peut-être pas abuser... J'étais en partie consentant...
- Monsieur Qian, pourquoi porter plainte contre lui si vous étiez consentant ? »
Cette question prit au dépourvue le jeune chinois, qui sentit les larmes lui monter aux yeux.
« - Je... Je ne sais pas...
- Vouliez-vous de cette relation sexuelle avec lui ?
- Non... »
La voix de Sicheng se brisa, mais il essaya de se montrer fort.
« - Il s'agit donc là d'un « viol par surprise », puisqu'il s'est servit de vous, vous a trompé afin d'obtenir ce qu'il désirait. Ce n'est pas la première fois que quelque chose comme cela arrive. Voyez, par exemple, un homme chattait sur internet avec de jeunes femmes, se faisant passer pour une sorte d'Apollon. En jouant sur les fantasmes du style 'Cinquante nuances de Grey', il a demandé à ces femmes de le rejoindre dans une chambre, les yeux bandés. Cependant, elles ont par la suite découverts que c'était un vieux monsieur qui voulait simplement profiter d'elles. Sicheng, pensez-vous que l'on peut parler de viol dans ce cas-là ?
- Je suppose que oui... ?
- Et c'est la même chose pour vous.
- Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant... ? demanda le garçon d'une petite voix.
- Et bien, nous allons sûrement entendre d'autres personnes. Vous, dit-elle en désignant Yuta. Mais aussi votre meilleur ami, le petit ami de Taemin et ce dernier bien sûr. Suivant ce qu'il dit, les choses peuvent se dérouler assez facilement mais aussi de manière un peu plus compliqué, d'autant plus qu'à part votre témoignage, nous n'avons aucune preuve, aucun témoin. Ce sera votre parole contre la sienne. »
Sicheng se contenta de hocher la tête.
« - Est-ce que vous voulez revenir sur un point dans votre témoignage ?
- Non...
- Est-ce que vous avez d'autres questions ?
- Non plus...
- Dans ce cas, je vais imprimer votre plainte, et vous faire signer quelques papiers. Voulez-vous un exemplaire ?
- Heu pourquoi pas... »
L'agent Sunmi se leva et se dirigea dans la pièce d'à côté, d'où l'on pouvait entendre l'imprimante en plein travail. Elle revint avec les papiers, qu'elle déposa sur la table, indiquant au jeune homme où signer. « Et voici votre récépissé qui constitue la preuve de votre dépôt de plainte. » Sicheng rendit le stylo à la jeune femme.
« - Merci. Vous pouvez y aller. Nous vous tiendrons au courant de l'évolution de la situation.
- Merci beaucoup à vous, répondit Yuta. »
Le japonais se leva, prêt à partir, quand Sicheng lui attrapa le bras. « Attends... » Il reporta à nouveau son attention sur l'agent, qui l'interrogeait du regard.
« - J'aimerais encore faire quelques déclarations.
- Quoi donc ?
- Je voudrais signaler un cambriolage, des meurtres et de la violence conjugale. »
~
Notre Sicheng a fait un grand pas en avant dans ce chapitre ; et en plus de ça, il ne s'est pas contenté de dénoncer Taemin...
Mardi prochain, je vous posterai le dernier chapitre bonus, où je vous expliquerai l'origine de cette fiction et en son lien avec la mythologie !
J'espère que le confinement n'est pas trop difficile à supporter ; faites bien attention à vous ♡♡♡
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